L’apprentissage des touchers vaginaux et rectaux sur des patients endormis au bloc opératoire se fait-il en violation des règles éthiques ? Sur Internet ou au bout du fil, des dizaines d’étudiants en médecine racontent qu’on leur a déjà proposé de s’exercer à des touchers pelviens au cours d’opérations gynécologiques et urologiques. Souvent sans information préalable du malade.
Ils expliquent que ces examens sont effectués «en doub le», en plus de celui pratiqué par le médecin chef. «J’ai vu au moins une vingtaine de ces touchers pendant mes trois mois de stage. Je m’arrangeais pour obtenir le consentement du patient avant, mais beaucoup ne pensaient pas à le faire, car ils n’y étaient pas incités.Ces gestes étaient clairement inutiles pour le patient. La preuve : les chirurgiens qui me les demandaient ne prenaient pas la peine de connaître leur résultat. Il était évident que c’était uniquement pour m’exercer», témoigne une étudiante en sixième année de médecine dans un hôpital parisien. Après la publication, en février, d’un carnet de la faculté de médecine de Lyon mentionnant l’«apprentissage au bloc sur patient endormi» des touchers vaginaux, des médecins ont fermement démenti. «Je n’ai jamais entendu parler d’entraînement en bloc sur patiente endormie», a réagi Nicolas Nocart, le président de l’Association des gynécologues obstétriciens en formation (AGOF). «La formation à l’examen gynécologique se fait en consultation», a indiqué pour sa part le Pr François Golfier, chef du service de gynécologie de l’hôpital Lyon-Sud.