blogspot counter

Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mardi 12 juin 2012

Sexthétique
Le sexe peut-il nous rendre heureux ? Posée par Freud dans Malaise dans la civilisation, cette question fut au départ des réflexions de Leo Bersani sur la sexualité, la psychanalyse et l'art.
Dans ses travaux antérieurs (Baudelaire et Freud, Théorie et violence), Leo Bersani soulignait, après Freud et Lacan, l'affinité de la sexualité avec l'agressivité et la pulsion de mort plutôt qu'avec le bonheur. Il précise ici sa résistance à ce qu’il a critiqué, dans la théorie queer, comme la foi en un bonheur sexuel enfin libéré des impératifs de la normativité hétérosexuelle et (mariage gai aidant) homosexuelle.
Par son appel à de « nouveaux modes relationnels », Foucault a suscité chez Leo Bersani un nouveau point de départ, qu’oriente une subjectivité en correspondance sensuelle avec le monde : non plus le désir, mais le plaisir de tracer des mouvements, psychiques aussi bien que physiques.
Ce sont là les formalisations d'un sujet esthétique et, partant, d'une nouvelle éthique.
Une critique attentive et élogieuse de Fabrice Bourlez dans nonfiction.fr
Date de parution : octobre 2011
230 pages
ISBN : 978-2-35427-023-0
25,00 €

Face aux drogues, tirer les leçons de l’échec

7 juin 2012
Par ALAIN MOREL Psychiatre, directeur général de l’association Oppelia, JEAN-PIERRE COUTERON Psychologue, président de la fédération Addiction
La politique menée depuis cinq ans par la France en matière de stupéfiants avait l’ambition de faire baisser les usages de drogues : rappel de la dangerosité des substances illicites, légitimation de la pénalisation, multiplication des sanctions, hausse des interpellations, médiatisation des opérations coup de poing… Rien ne devait affaiblir l’action publique dans sa volonté d’ériger une ligne Maginot entre les drogues illicites et les autres, entre les jeunes et les produits psychoactifs. Dans le même temps, le gouvernement refusait de relancer les actions sociales et de réduction des risques, rejetait l’expérimentation de salles de consommation supervisées et limitait la prévention dans les collèges et les lycées au passage de policiers et gendarmes. Quelques universitaires, chercheurs, addictologues étaient convoqués pour servir de caution scientifique. Une poignée d’ex-policiers et magistrats, recyclés dans la politique, amplifiaient le message. Ceux qui ne voulaient pas se prêter à ces gesticulations mais s’en tenir aux réalités scientifiques étaient livrés à la vindicte populaire. La moindre contestation était assimilée à un éloge des drogues, la moindre évocation d’une adaptation de la loi était taxée de laxisme, la moindre main tendue à l’usager devenait de l’angélisme. Cette politique rassurait l’opinion, les sondages étaient bons. Seul cela importait.
Aujourd’hui, une enquête mesurant sur les cinq années écoulées l’évolution des usages des adolescents établit que cette politique a connu le même fiasco que la célèbre ligne Maginot : alcool, tabac, cannabis sont à la hausse chez nos adolescents [lire Libération d’hier, ndlr]. Substances licites ou illicites, même combat ! L’ennemi n’a pas eu la courtoisie de passer là où nous l’attendions ! Cet échec n’est pas une surprise pour ceux qui savent cette idéologie basée sur une vision mythique des drogues qui voudrait que les substances illicites soient plus dangereuses que les autres. Pourquoi prévoir une peine de prison pour un fumeur de cannabis si cette drogue n’est pas criminelle ? Et, si fumer une cigarette ou boire de l’alcool laisse en règle avec la loi, cela ne confirme pas que leur danger n’est pas aussi grand. Il suffit d’en faire un «usage raisonnable» si l’on en croit des sportifs recrutés par un industriel de l’alcool pour une campagne de pub lancée à l’occasion d’un grand tournoi de tennis. Et pourtant, l’enquête précitée le confirme : l’expérience des substances licites telles que tabac et alcool précède toujours celle des substances illicites, notamment du cannabis.
Mais il serait malhonnête d’attribuer entièrement les mauvais chiffres de consommation à cette politique, des éléments structurels y ont une part importante. Il est ainsi urgent de prendre en compte l’environnement addictogène dans lequel nous vivons, non pour y trouver une excuse, mais pour en déceler les difficultés quand il s’agit de garder la maîtrise de nos comportements d’usage de produits. Nul ne peut imaginer que dépénaliser représente la seule solution, que déréguler constitue la panacée dans une société marquée par la dérégulation. Mais nul ne peut accepter que l’interdit, sans autre précision, soit brandi comme seule réponse à l’hypersollicitation consommatoire de notre société. Une politique du XXIe siècle doit être globale et agir sur au moins quatre domaines.
Elle doit d’abord contenir cet environnement addictogène en posant règles, interdits et limites, en prévoyant des sanctions, y compris pénales. Mais sans craindre de remettre en cause une pénalisation de l’usage simple qui ne sert à rien et coûte cher. Dans le même temps, le développement de l’éducation préventive sous toutes ses formes permettra aux familles d’anticiper l’attractivité des substances, d’accompagner leurs enfants dans l’appropriation progressive des effets du monde moderne et de ses technologies, renforçant les compétences des personnes. Toutefois, dans un monde où tout circule et s’échange, les adolescents feront encore des expériences. Nous devons donc développer les actions permettant de les rencontrer, plus tôt et au plus près de ces premières expérimentations, avant qu’elles n’aient creusé le sillon de l’habitude. Les actions d’intervention précoce faites en milieu scolaire, la relance des consultations jeunes consommateurs sont des pistes à suivre. Le dernier axe est celui où nous anticiperons les risques pris par ceux qui continueront de tester leurs limites, de franchir nos interdits. Autant de raisons de soutenir les équipes qui proposent des actions de réduction des risques et déploient des filets de sécurité.
La politique passée a rendu tout débat impossible. Il ne s’agit pas d’affaiblir les interdits, mais de dépasser l’obsession de la loi pour promouvoir une politique de santé publique diversifiée et équilibrée. L’actuel gouvernement semble hésiter, le candidat Hollande n’évoquait qu’un rééquilibrage entre logique de soins et logique pénale. Or, continuer de choisir entre soigner ou punir, sans logique d’éducation et de prévention, c’est accepter de continuer à fabriquer des consommateurs dépendants. Unanimement, les acteurs qui travaillent, réfléchissent et s’engagent sur le terrain réclament et proposent une autre politique. Ils ne demandent qu’à y contribuer.
Auteurs de : «Drogues : faut-il interdire ?», Dunod, 2011.

Les Livres de Psychanalyse

La revue nationale des Collèges cliniques n° 11 : "Ce qui nous affecte"
Mars 2012

LACAN, tout au long de son enseignement, précise et nuance l’importance de l’affect pour l’être parlant. À·la suite de FREUD, il donne un statut particulier à l’affect d’angoisse, affect fondamental qui contrairement aux autres affects, ne trompe pas sur sa cause : l’imminence du réel et l’imprévisibilité du désir de l’autre qui surprennent le sujet.

Avec ce thème, « Ce qui nous affecte », l’accent est porté d’emblée sur la distinction à faire entre, ce qui affecte, le langage, et ce qui est affecté, le corps. L’affect est un effet : celui de l’incorporation de la structure du langage, dès les premiers ancrages langagiers de jouissance dans la lalangue maternelle.

Sont examinés ici, les modalités et les limites de cette incorporation, notamment dans la psychose ou dans les expériences de jouissance féminine. L’affect y est envisagé dans son ancrage pulsionnel (sur l’axe satisfaction/insatisfaction), dans le lien au désir de l’Autre (assujettissement ou séparation), dans sa dérive signifiante (glissant de représentation en représentation, il trompe sur sa cause) et dans son rapport au réel.

Est questionnée l’apparition des affects propres à la situation analytique, ceux liés au transfert et au savoir insu de lalangue. Les affects, soumis à l’éthique du bien-dire, se modifient au cours et jusqu’en fin d’analyse et sont transmis dans la passe

William Boyd

Les investigations psychanalytiques de William Boyd

21/05/2012
Retour au roman d’espionnage pour William Boyd. Avec L’Attente de l’aube (Seuil), l’écrivain balaie les prémices de la Première Guerre mondiale, entre Vienne et Londres, à travers les mésaventures d’un acteur parachuté espion après une psychanalyse un brin trop libératrice.



L’auteur en un clin d’œil : Comme ses compatriotes Graham Greene et John Le Carré, l’écrivain britannique William Boyd aime brouiller les codes littéraires pour souligner les dérives du monde contemporain. Né en 1952 à Accra, passé par Oxford, il est l’auteur d’une œuvre qui mêle biographie, roman d’espionnage, fresque historique ou encore chronique sociale. En savoir plus sur William Boyd
Lou Andreas-Salomé.
_blankEn toute liberté
Isabelle Mons
Paris : Editions Perrin, 2012.
Enfant de Russie, Européenne dans l'âme, voyageuse au long cours, Lou Andreas-Salomé (1861-1937) fut tout à la fois muse, écrivain et psychanalyste, vivant de sa plume à une époque où cela ne se faisait pas. Auprès de Nietzsche, rencontré en 1882, dont elle est l'indispensable disciple, Lou prend son envol. Présentation de l'éditeur :
"Vous m'avez manqué hier soir à la séance (...) et je n'ai cessé de fixer comme fasciné la place vide que l'on vous avait réservée." Ainsi écrit Freud à Lou Andreas-Salomé, le 10 novembre 1912. Outre le fondateur de la psychanalyse, et avant lui, le philosophe Nietzsche ou le poète Rilke, Lou aura "fasciné" quelques-unes des plus grandes figures de son temps.  
Lire la suite ici
4 e Congrès Travail social et psychanalyse de Montpellier: octobre 2013


Le 4e Congrès "Travail social et psychanalyse" organisé par Psychasoc  se tiendra les 11, 12 et 13 octobre 2013 à Montpellier, sous le titre (pas définitif) de 
"L'acte en intervention sociale 
Acte éducatif, pédagogique, thérapeutique"
Je lance la discussion.

On attend des travailleurs sociaux, des enseignants, des soignants des actes qui produisent des changements chez des sujets en souffrance, en perte de lien social... L’acte n’est ni l’action ni l’activité, encore moins l’activisme, même si tout y pousse dans le contexte néolibéral actuel, où le chiffre tend à remplacer tout processus d’évaluation. « On a sombré dans l’activisme », disait récemment une directrice. L'acte procède avant tout d'une rencontre humaine, c'est tout le sens d'une clinique qui donne au sujet toutes ses chances. Une clinique qui agit sous transfert et met souvent à mal le praticien social. L'acte dans l’intervention sociale, qu’elle agisse dans le champ socio-éducatif, pédagogique ou thérapeutique, exige des professionnels non seulement une compétence, un savoir-faire, mais aussi une certaine forme d'engagement qui relève d'une éthique, donc d’une représentation de ce qu’est un être humain et des processus d’humanisation. Il procède d’une invention, d’une création inédite, d’une trouvaille…

Lire la suite ici








" Psychanalyse et politique, politique de la psychanalyse"

Journées de l’Association Patou
23 et 24 juin 2012
URIOPSS - Centre Vauban
199 rue Colbert
Bâtiment Douai - 5ème étage
59000 LILLE

Le sujet de l’inconscient freudien ne peut s’envisager indépendamment des discours qui l’instituent. Pour cette raison, la psychanalyse est une pratique qui touche au plus près à ce qu’on appelle « le politique ». De la Psychologie des foules, à L’homme Moïse, en passant par l’Avenir d’une illusion et le Malaise dans la civilisation, Freud le premier a mis l’accent sur la dimension politique de son invention. Et Lacan après lui n’a fait qu’en souligner la portée. On se souvient de son affirmation « L’inconscient c’est la politique » et de l’écriture des quatre discours qui en est le développement.


Lire la suite ici
(2012) Rôle bénéfique de Facebook pour certains patients présentant des troubles mentaux chroniques


Lire la suite ici
Près d'un militaire américain se suicide en moyenne chaque jour

Un soldat américain s'est donné la mort pratiquement chaque jour depuis le début de l'année, soit le rythme le plus élevé des dix dernières années, démontrent des données obtenues par l'Associated Press.
Lire la suite ici
20 mai 2012

La maison où les ados respirent

Un lieu où on ne « leur prenne pas la tête ». Où on ne leur propose rien, ne leur organise pas la moindre activité. Leur lieu. Leur point de rendez-vous. Un café idéal où il ne serait pas besoin de consommer. Il y aurait de quoi se divertir. On pourrait simplement s’y retrouver pour discuter.
Les Ateliers, à Sceaux. ©Fabrice Gaboriau
Voilà ce dont rêvaient les adolescents de Sceaux, ce qu’ils ont tenté d’expliquer il y a un peu plus de quatre ans en Conseil municipal des jeunes. « Ils nous ont dit qu’à la MJC, il fallait choisir une activité et payer, se souvient le maire, Philippe Laurent. On les a laissés développer leur idée, aller voir ce qu’il y avait dans les autres villes ».Résultat de l’enquête : rien de ce genre, nulle part. « Donc on a conçu avec eux cet espace où ils peuvent se retrouver, échanger, partager des moments en dehors des lieux scolaires et du domicile familial ». Une structure innovante que désormais d’autres villes viennent étudier.
Car elle satisfait ses concepteurs. Les ados. Ouvert fin 2008, l’Espace public numérique (dit « Les Ateliers », puisqu’il occupe les anciens ateliers municipaux) peut se prévaloir de 400 inscrits « et de parents contents parce qu’il y a moins d’orphelins de 16 heures », ajoute le maire. Comme Valérie Weber-Haddad dont le fils, en quatrième, fréquente les Ateliers depuis l’an dernier : « Je rentre à la maison vers 19 heures, nous précise-t-elle. Avant cela, je sais qu’il est ici à partir de 17 heures, qu’il vient avec plaisir. Il n’est pas seul, il y a une présence adulte. C’est sécurisé. Les personnes qui se comportent mal sont sur liste noire, refusées à l’année. Je sais qu’il est en interactivité, qu’il partage avec d’autres enfants de son âge, parce qu’à la maison, il pourrait passer son temps devant l’ordi et la télé...».
Chaque année, la fréquentation grimpe d’une centaine de jeunes. Après inscription, et engagement pris de respecter le règlement intérieur, les 11-18 ans (de la 5ème à terminale) qui habitent Sceaux ou fréquentent un établissement scolaire de la ville peuvent venir traîner ici les mardis, jeudis, vendredis de 17 à 19 heures, après les cours. Et les mercredis et samedis de 14 heures à 19 heures. Ces deux grosses journées, ils sont souvent une cinquantaine à se côtoyer, tissant ainsi un réseau. Au lycée, ils se retrouvent : « Je te connais des Ateliers ».
Gros avantage de cet « établissement municipal recevant du public » (au budget annuel de fonctionnement de 55 000 euros) : il ne ferme pas durant les vacances scolaires.
D'anciens ateliers qui jouxtaient des garages municipaux, rue des Imbergères. © Fabrice Gaboriau
En centre-ville, rue des Imbergères, non loin des deux cités scolaires (Lakanal et Marie-Curie), ces 200 mètres carrés d’anciens ateliers ont été réhabilités par des architectes dans une ambiance très « loft ». Du bois, de l’acier, du rouge, du gris, de la brique. Aucune trace, jusqu’à présent, de dégradations. Au rez-de-chaussée, un baby-foot, un billard américain, un écran géant qui diffuse matchs de foot, de rugby, ou clips vidéos (de la musique invariablement taxée de « chelou » par les ados, qui pourtant sélectionnent eux-mêmes la chaîne).
Et des ordinateurs en pagaille, pour pratiquer le montage photos, surfer sur les réseaux sociaux ou You tube – avec contrôle parental sophistiqué. Ou pour jouer aux jeux vidéo en réseau (maximum 45 minutes). « Pourgeeker entre potes, résume l’une des animatrices, Jasmine Vérité. Ce qui évite qu’ils ne le fassent chez eux, tout seuls dans leur chambre, jusqu’à pas d’heure le soir, qu’ils arrivent à l’arrache le matin au lycée. Et que les parents craquent ! ».
A l’étage, sur la mezzanine, encore des ordinateurs mais cette fois plutôt réservés au travail, notamment de groupe. Des télés et des consoles de jeux vidéo, XBox et Wii. Deux ados nous rejoignent avec à la main des mini-guitares qui servent de manettes de jeu. Les deux Guitar heroes du moment, ce sont Théo, 14 ans, le fils de Valérie Webber-Haddad avec qui nous avons conversé plus tôt. « Chez moi, je n’ai pas l’équipement. Ici, c’est bien, on est entre potes, on s’amuse, il y a toujours quelque chose à faire. C’est convivial, c’est mieux que chez soi devant la télé. Et les animateurs sont cool si on ne dépasse pas les limites ». Et Nicolas, même âge, qui confirme l’« ambiance super cool ». « J’ai la Wii à la maison, mais je préfère venir ici, c’est plus sympa. En plus, on peut compter sur les gens d’ici. A une ou deux reprises, je me suis fait agresser, je suis venu, ils m’ont rassuré ».
Théo et Nicolas en pleine partie de Guitar Hero. © Fabrice Gaboriau
Des adultes de confiance, bienveillants - deux ou trois la semaine, jusque cinq le samedi -, familiers puisqu’ils sont quasiment tous là depuis l’ouverture. Ils prêtent une oreille, donnent un coup de main, réexpliquent pour la millième fois les règles du billard, aident à rédiger une lettre de motivation pour un stage... Ce soir, ils sont assis sur des tabourets hauts autour d’une longue table surélevée couverte de magazines. Une partie de « Monsieur je sais tout » est en cours, dont on perçoit vite qu’elle est surtout prétexte à discussion. Les ados vont et viennent, jouent un coup, s’éloignent pour échanger quelques "vannes" avec l'un ou l'autre, prendre une boisson au distributeur. Puis reviennent. Comme s’ils disputaient avec des copains une partie sur la table basse du salon, entre deux plongées dans le frigo familial.
« Ils nous disent qu’ici, c’est un peu leur deuxième maison », témoigne Jasmine Vérité. Mais à 26 ans, elle pense avoir davantage l’âge et l’état d’esprit d’une grande sœur que d’une mère. « Ils viennent avec qui ils veulent, on n’est pas dans le contrôle parental. Si un gars est avec une fille, on ne fait pas d’insinuations... Ils peuvent se confier, lâcher prise. S’il leur arrive une de ces bricoles qui fait mal aux ados, il savent qu’ils peuvent en parler, qu’on n’en fera pas tout un foin comme les parents ».
Et que lui confient-ils ? Leurs angoisses scolaires ! « Ils sont vachement inquiets de leurs notes. Il y a deux gros établissements élitistes à Sceaux qui exercent une grande pression aux résultats. On récupère des gamins qui écopent de 2/20 en devoirs sur table ! C’est terrible, les moqueries entre eux par rapport à la médiocrité scolaire. On essaie de leur faire comprendre qu’il existe d’autres filières que les classiques ». Encore faut-il que les parents puissent les envisager. Comme ceux de ce jeune garçon qui amène régulièrement de délicieux gâteaux. Il rêve d’être cuisinier, ses parents ne veulent rien entendre. Jasmine poursuit : « On tente de les rassurer. T’inquiète pas, telle prof est dure, ça ira mieux après. Et surtout on les valorise car le tissu éducatif les dévalorise énormément. On leur dit que ce n’est parce qu’ils ne seront pas Polytechniciens qu’ils ne feront rien de bien dans leur vie ».
En mezzanine. © Fabrice Gaboriau
Devant les ordinateurs, Maxence, qui vient depuis la cinquième et est actuellement élève de seconde, et Mathieu, en troisième, partagent une partie. Ils nous disent être là pour déstresser, pour parler d’autres choses que du travail, sujet de conversation prédominant à l’école. Omar Dziri, l’autre animateur, veille discrètement au grain. Et engage dès que possible la discussion. Régulièrement, il retrouve le soir des jeunes devant sa porte. « Ils sont angoissés. Matraqués de boulot, c’est dément ! Ils font des insomnies dès la quatrième. Il n’y a même plus besoin des parents pour leur mettre la pression...» Les Ateliers, pour lui, jouent un rôle salutaire de soupape. "Ici, ils ne sont pas jugés. Pas méprisés. On ne va pas leur demander s’ils ont bien travaillé, quelles notes ils ont eues. Ils ont le droit de ne rien faire !".
Est-ce lié à la pression scolaire ? Les animateurs sentent bien qu'il leur faut, l’air de rien,  sensibiliser ces ados aux conduites à risque. Abrutissement devant les jeux vidéo. Alcool piqué dans le bar parental. Et drogue, tellement facile d’accès quand on reçoit, comme certains de ces ados, des 200 euros d’argent de poche...
Jasmine Vérité, animatrice depuis quatre ans. © Fabrice Gaboriau
NDLR: Nous avions dans un premier temps indiqué un budget de fonctionnement de 2700 euros, mais ce dernier ne correspond qu'au "petit fonctionnement", aux différentes fournitures nécessaires quotidiennement, nous a précisé la mairie. Le véritable budget de fonctionnement, incluant les frais de personnel et l'entretien des locaux, est de 55 000 euros annuels. Merci à certains commentateurs d'avoir relevé cette erreur. 

Petit ajout, pour ceux que cette thématique adolescente passionne
François de Singly, le célèbre sociologue de la famille, vient de produire (avec Guillaume Macher, doctorant) une note pour la Fondation Terra Nova sur la politique de l'adolescence (24 avril 2012). Il y suggère notamment d'"Inventer des lieux pour adolescents". Lieux qui ressemblent fort aux Ateliers que nous venons de visiter. Voici un extrait de sa note:
- INVENTER DES LIEUX POUR LES ADOLESCENTS
(...) "A côté des nombreux clubs sportifs, conservatoires, cours de dessin... qui gardent leur intérêt, en particulier pour les adolescents qui s’inscrivent dans une logique d’apprentissage, on pourrait envisager la mise à disposition d’espaces récréatifs que les adolescents s’approprieraient à leur guise, c’est-à-dire quand ils le souhaitent et avec qui ils souhaitent, mais aussi dont ils peuvent définir la destination dans une certaine mesure. Il s’agirait d’espaces modulaires et modulables, qui puissent accueillir différents types d’activités simultanément et dans le temps. (...)
En dehors de l’école, les lieux pour se retrouver entre amis, notamment les lieux clos, sont relativement rares. En extérieur, les adolescents ne tarissent pas d’imagination pour s’approprier des « bouts d’espace », mais en ce qui concerne les lieux clos, il n’y a guère que les logements des uns et des autres pour trouver refuge. Or, cette solution présente deux inconvénients : d’une part, elle est injuste socialement dans la mesure où toutes les familles ne disposent pas nécessairement de logements qui permettent de tels « rassemblements » ; d’autre part, et là encore d’autant plus que les logements sont étroits, elle oblige les adolescents à se placer sous la surveillance des parents… Une idée pour une ville plus ouverte aux relations amicales adolescentes serait donc de concevoir des lieux de rencontre dédiés, de véritables « maisons des adolescents » en ce que les adolescents auraient la possibilité de décider de certains aménagements, seraient en situation d’autonomie partielle dans la gestion du lieu. Celui-ci aurait essentiellement vocation à accueillir les adolescents qui souhaitent discuter, jouer, s’amuser, faire des rencontres… Néanmoins, il serait surveillé de manière discrète par un personnel adulte auprès duquel les adolescents pourraient également faire part de leurs inquiétudes, de leurs difficultés, de leurs souffrances… "
Le bilinguisme, un stimulant pour le cerveau des enfants
Par figaro icon damien Mascret - le 22/05/2012
Les bénéfices de l'apprentissage de deux langues différentes rejaillissent sur le fonctionnement général du cerveau des enfants.

Lire la suite ici
De plus en plus d'étudiants renoncent à se soigner, faute d'argent et de temps
LE MONDE | 
Coût de la vie, du logement, des soins médicaux... la crise économique n'a pas épargné les étudiants. Plus de la moitié d'entre eux vivent avec moins de 400 euros par mois. C'est ce qui ressort de la troisième enquête nationale "Santé et conditions de vie des étudiants", réalisée par La Mutuelle des étudiants (LMDE) auprès de quelque 8 500 étudiants et publiée mardi 22 mai. Conséquence : les étudiants sont de plus en plus nombreux à travailler, ils étaient 48 % en 2003, ils sont 68 % sept ans plus tard.
Cette précarité financière entraîne des arbitrages constants dans leurs dépenses, notamment de santé. Alors qu'ils étaient 23 % en 2008 à déclarer avoir renoncé à des soins au cours des douze derniers mois, le taux atteint 34 % selon la dernière enquête de la LMDE. C'est deux fois plus que pour l'ensemble de la population. "Plus grave, alors qu'en 2008, ce renoncement concernait les soins les plus coûteux, dentaires et optiques, aujourd'hui il touche les soins les plus courants", souligne Gabriel Szeftel, président de la LMDE.
Outre le manque de temps et l'automédication, les raisons financières sont en réalité les principales causes de ce renoncement. Les étudiants subissent, comme le reste de la population, le recul du régime de base. D'où la nécessité de souscrire une complémentaire santé, selon Gabriel Szeftel ; mais là aussi, les inégalités demeurent : près de 20 % n'en possèdent pas contre 6 % pour l'ensemble de la population.
Les réponses à l'appel à témoignage concernant l'accès aux soins lancé sur Lemonde.fr le confirment. "Me soigner n'est pas ma priorité, je n'ai ni l'argent ni le temps", explique Ombeline Duprat. A 25 ans, cette étudiante en master de recherche en histoire de l'art à l'EHESS travaille vingt heures par semaine à la Bibliothèque nationale. Elle vit avec 640 euros par mois, dépense 425 euros pour son loyer sans les charges - une colocation avec deux autres personnes dans le Val-de-Marne. Il lui reste environ 150 euros pour la nourriture et quelques loisirs. Du coup, pour se soigner, elle privilégie le fameux "ça va passer" ou encore "un Doliprane fera l'affaire".
Ombeline estime que sa situation financière s'est dégradée au fil des années. "Tout est calculé, je dépense environ 80 euros pour me nourrir. Je privilégie les plats faits maison et heureusement que je peux déjeuner pour un euro au travail." Elle a encore quatre ans de "galère" devant elle car elle veut préparer une thèse mais avoue qu'elle ne sait pas "si elle est prête psychologiquement à vivre encore quatre ans dans ces conditions".



Infographie Le Monde

Etudiant en licence d'administration économique et sociale à l'université Lille-II, Alexandre Guérillot avance lui aussi un budget "calculé à l'euro près, surtout la deuxième moitié du mois", pour expliquer son renoncement aux soins. "Si je dois avancer les frais de la consultation et le coût des médicaments, alors je ne peux pas manger pendant un ou plusieurs jours, affirme-t-il. Le calcul est vite fait, je préfère m'en remettre à mon système immunitaire qui, jusqu'ici, n'a pas mal fonctionné pour les pathologies bénignes."
Car l'une des raisons invoquées aussi par les étudiants dans notre appel à témoignage mais qui ne figure pas dans l'enquête de la LMDE concerne la lenteur des remboursements. Tout particulièrement lorsque le médecin n'est pas équipé d'un terminal carte Vitale et que les étudiants doivent avancer les frais, qu'ils soient adhérents de la LMDE ou de la Smerep, leurs deux caisses d'assurance-maladie. "Cela fait six mois que j'ai une dent de sagesse douloureuse mais j'ai renoncé à aller consulter car je sais qu'il faudra passer chez le dentiste et ensuite faire des radios, mais compte tenu des retards de remboursement, j'attends d'avoir de l'argent de côté", indique Sophie Caille, 21 ans, étudiante à Bordeaux.
"La santé des étudiants devra être l'un des grands chantiers du nouveau gouvernement", martèle Emmanuel Zemmour, président du syndicat étudiant UNEF. Car, selon lui, au prétexte que cette population se porte bien (82 % selon la LMDE), les pouvoirs publics ne se sont jamais vraiment préoccupés de la santé des étudiants. Et cette thématique a souffert d'un éparpillement des compétences entre ministères de la santé et de l'enseignement supérieur. Ainsi, dans le gouvernement de Nicolas Sarkozy, c'est Valérie Pécresse puis Laurent Wauquiez qui furent les interlocuteurs des étudiants.
En décembre 2006, Laurent Wauquiez, alors député UMP de Haute-Loire, avait établi un état des lieux de la santé et de la protection sociale des étudiants. A l'époque, il soulignait des "dégradations inquiétantes" et une"santé des étudiants négligée". Pour éviter que le défaut d'une couverture complémentaire entraîne des renoncements aux soins, il avait suggéré dans ses dix propositions du "plan santé étudiant" la création d'un chèque-santé de 100 euros, permettant aux étudiants de souscrire une mutuelle.
En 2007, Nicolas Sarkozy, fraîchement élu président de la République, avait promis la création d'un chèque national santé de 200 euros. Il n'a jamais vu le jour. Pour pallier ce manque, quelques régions ont mis en place des aides à la complémentaire santé : l'Ile-de-France, Midi-Pyrénées, Centre... Au total, 20 000 étudiants bénéficient d'un tel dispositif.
Lancement d'un chèque-santé national, création de centres de santé dans les universités pour faciliter les consultations comme le prévoit un décret de 2008... L'UNEF compte bien faire entendre sa voix sur ces sujets.

Harcèlement sexuel : le projet de loi dévoilé

Le nouveau projet de loi sur le harcèlement sexuel, qui vise à combler le vide juridique créé par l’abrogation de l’ancienne loi en mai dernier par le conseil constitutionnel, a été dévoilé aujourd’hui. Le texte, préparé conjointement par les ministres de la justice Christiane Taubira et des droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem, doit être présenté demain en Conseil des ministres. Il « vise à protéger efficacement, totalement les femmes », avait récemment assuré Mme Vallaud-Belkacem. Le projet de loi prévoit deux formes de harcèlement sexuel, avec des peines bien distinctes. Le premier cas de figure stigmatise tout agissement consistant à « imposer à une personne, de façon répétée, des gestes, propos ou tous autres actes à connotation sexuelle soit portant atteinte à sa dignité, en raison de leur caractère dégradant ou humiliant soit créant pour elle un environnement intimidant, hostile ou offensant ». Le harceleur risque alors un an de prison et 15 000 euros d’amende.

Dans la seconde situation, « est assimilé à un harcèlement sexuel », le fait mentionné dans le premier cas qui, « même en l’absence de répétition, s’accompagne d’ordres, de menaces, de contraintes ou de toute autre forme de pression grave accomplis dans le but réel ou apparent d’obtenir une relation sexuelle ». Dans ce cas de figure, les sanctions seraient doublées : deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende. Des peines plus élevées sont prévues en cas d’abus d’autorité, d’actes commis sur des mineurs de 15 ans ou sur des personnes vulnérables.

Un texte inapplicable ?
Pour le gouvernement, ce texte se rapproche de la directive européenne de 2002 sur le harcèlement sexuel, jamais transposée dans le droit français et propose une « définition aussi précise que possible d’une infraction pénale. »

« On sent que le gouvernement a fait l’effort de couvrir le maximum de situations possibles de harcèlement sexuel », a reconnu Marilyn Baldeck, déléguée générale de l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT). Pour autant, « c’est un texte compliqué, c’est une usine à gaz », a-t-elle estimé.

En effet, « les conditions de la première forme de harcèlement sexuel sont cumulatives avec les secondes », a-t-elle décrypté. « Pour obtenir l’infraction la plus sévèrement réprimée, la victime va devoir prouver énormément de choses » ce qui rend le texte « inapplicable en l’état ».

« Pour le gouvernement, la forme la plus grave de harcèlement sexuel reste moins punie que le délit de vol, le message est quand même gravissime », a déploré Marilyn Baldeck. L’association a également critiqué le fait que le projet de loi sanctionne un acte unique deux fois plus sévèrement qu’un acte répété.

Le ministère du droit des femmes a indiqué que le gouvernement souhaite que le texte soit adopté avant la fin du mois d’août. Il sera donc présenté en procédure accélérée au Parlement, avec une seule lecture par assemblée.
› CÉCILE RABEUX



Les victimes de harcèlement sexuel prises en charge

Publié 

Environ 80 personnes sont condamnées chaque année pour harcèlement sexuel. Un chiffre bien en deçà du nombrede victimes annuelles de ce type d'agissements qui laisse entrevoir la difficulté de porter plaintedans de telles circonstances.

À Paris, une cellule de prise en charge psychologique de ces victimes vient de se créer dans un CHU. Le projet, piloté par le professeur Charles Peretti, chef du service psychiatrie de Saint-Antoine et Tenon, est une première à l'hôpital. En parallèle, un numéro vert d'écoute pour les victimes de harcèlement sexuel (0800 00 46 41) a également été mis en place.

Lire la site ici