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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

jeudi 8 mars 2012


Ethique



Une campagne pro-euthanasie qui fait scandale
L’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), qui milite depuis des années en faveur de l’euthanasie vient de lancer une campagne choc. Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen et François Bayrou y sont mis en scène sur un lit d’hôpital représenté en malades en phase terminale. Un choix condamné par le ministre UMP Jean Leonetti, auteur d’une loi sur la fin de vie...

Ils ont décidé de frapper fort. La «campagne choc» lancée par l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) qui vient d’être diffusée, ce mercredi, dans le magazine « Les Inrocks » est destinée à faire du bruit. Elle met en scène le président de la République, Nicolas Sarkozy, sur un lit d'hôpital, bardé de perfs et de tuyaux. Accompagnant la photo, figure cette interpellation «M. le candidat, doit-on vous mettre dans une telle position pour faire évoluer la vôtre sur l'euthanasie?» Dans la même veine, deux autres encarts montrent Marine Le Pen , les joues creusées et François Bayrou , agonisant. Le but ? Interpeller les candidats à l’élection présidentielle sur le droit à l’euthanasie. Si ce sont ces candidats qui ont été choisi par l’association, ce n’est pas par hasard. Ils se sont déjà clairement déclarés opposés à toute éventuelle dépenalisation ou légalisation de l’euthanasie.

La réaction de l’UMP ne s’est pas fait attendre. Jean Leonetti, actuel ministre des Affaires Européennes, mais surtout auteur de l’actuelle loi sur la fin de vie, qui proscrit l’acharnement thérapeutique mais reste ferme sur l’interdiction de donner la mort, a qualifié cette campagne d’ « indigne » et « partisane ». À ce propos, il vient de demander à François Hollande de «condamner sans ambiguïté la campagne de l'ADMD», association présidée par Jean-Luc Romero, élu apparenté socialiste au Conseil régional d'Ile-de-France. « Il est révoltant que l'ADMD utilise des moyens indignes pour défendre une prétendue dignité » s’insurge-t-il, avant de reprocher au candidat socialiste de manier «ambiguïté et contradictions» et d’échapper au traitement que l'ADMD réserve aux autres candidats! François Hollande n’est en effet pas représenté. Et pour cause: s’il n’a jamais prononcé le mot d’euthanasie, il s’est néanmoins déjà prononcé à plusieurs reprises en faveur d’une loi pour mourir dans la dignité.

Marisol Touraine, chargée du pôle Santé-social dans l'équipe de campagne de François Hollande, a réagi, sur son compte twitter, évoquant « une campagne que je trouve personnellement inappropriée mais le PS n'est pas engagé par le choix d'une association». Mais sur le fond, elle rappelle: «L'essentiel, c'est la clarté des choix, l'aide active à mourir strictement encadrée : une liberté affirmée, pour une dignité préservée».

Si cette campagne peut choquer, il faut rappeler que ce n’est pas la première fois, au cours de cette campagne électorale, que l’image des présidentiables est détournée par les associations pour faire passer un message. En janvier, la Fédération des aveugles de France (FAF) avait fait parler d'elle par les images impertinentes qui illustraient un calendrier distribué gratuitement aux donateurs. Les photos des candidats, mais aussi d’autres personnalités politiques et du monde du spectacle, avaient alors été retouchées pour leur donner l'apparence de malvoyants.
Giulia Gandolfi

"A l'ombre de la République" : la vie sans liberté

Critique | LEMONDE.FR | 06.03.12
Une image du film documentaire français de Stéphane Mercurio, "A l'ombre de la République".
Une image du film documentaire français de Stéphane Mercurio, "A l'ombre de la République".ISKRA
Le poste, créé en 2007, est occupé pour six ans par Jean-Marie Delarue. Assisté de contrôleurs issus de la gendarmerie, de la magistrature, de l'administration pénitentiaire, on le voit à l'œuvre de maison d'arrêt en hôpital psychiatrique, de centrale en centre de détention.
En suivant ce guide, on arrive directement au cœur des conditions carcérales, et l'on découvre que les travaux forcés n'ont pas tout à fait été abolis, qu'un détenu frappé de maladie psychiatrique est automatiquement privé de visites, que les condamnés à de longues peines ont en partage une extraordinaire facilité d'expression qu'ils exercent dans un silence assourdissant.
Stéphane Mercurio tire parti des contraintes de son tournage, des visages qui veulent échapper à la caméra, de la monotonie désespérante des lieux modernes, de la banalité sordide des vieilles prisons, pour établir la dramaturgie de son film : l'équipe du contrôleur général arrive, pose ses questions, tire ses conclusions. On perçoit ainsi l'incroyable variété des contraintes qui s'imposent aux détenus, en plus de la privation de liberté, et le peu de ressources dont ceux-ci disposent pour recouvrer un peu de leur place en société.
Peut-être pour la récompenser de sa rigueur, les dieux du documentaire ont fait ce cadeau à Stéphane Mercurio : sa première étape l'a amenée à la maison d'arrêt pour femmes de Versailles en 2010. Là, on entend détenues et surveillantes parler à mots couverts d'un directeur qui passe beaucoup de temps"en détention" (avec les détenues) et de privilèges exorbitants. Jean-Marie Delarue dit sa volonté d'alerter les autorités.
A l'ombre de la République saisit ainsi le premier chapitre d'un feuilleton qui conduira à la condamnation du directeur de la prison, convaincu d'avoir faitpasser une puce téléphonique à une détenue, Emma Arbabzadeh, incarcérée pour avoir attiré Ilan Halimi dans un piège pour le compte du "gang des barbares".
Ce passage sous la lumière d'un fait divers fameux ne doit pas détourner du propos essentiel du film, qui montre comment, à l'ombre de la République, les citoyens deviennent des ilotes.
LA BANDE-ANNONCE

Film documentaire français de Stéphane Mercurio. (1 h 40.)
Sur le Web : la présentation de la réalisatrice Stéphane Mercurio sur le site de Canal+.
Thomas Sotinel

Télégramme.com

Rennes. Suicide à la Poste : applaudissements posthumes pour le jeune postier

5 mars 2012 
Entre 100 et 200 salariés de La Poste, rassemblés ce lundi midi, devant le bâtiment de la poste centrale de Rennes pour rendre hommage à Jeremy Buan, un jeune cadre supérieur qui s'est suicidé mercredi, ont salué sa mémoire par des applaudissements. Le père de la victime a, pour sa part, déclaré sur Europe 1 que le suicide de son fils était "un assassinat de la part de ses supérieurs". La Direction du courrier de haute-Bretagne réagit ce soir.
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Un rapport critique l'organisation du travail à La Poste

LEMONDE | 06.03.12 |

Le PDG de La Poste, Jean-Paul Bailly, devait annoncer, mardi 6 mars,"l'ouverture d'un cycle d'écoute et de dialogue sur le bien-être et la santé au travail". La veille, alors que l'entreprise restait sous le choc du suicide, le 29 février, d'un jeune cadre supérieur de 28 ans à Rennes, M. Bailly avait reçu un rapport d'expertise sur les "liens entre travail et santé", rédigé par le cabinet Isast, spécialisé sur la santé au travail.

Ce rapport de 28 pages, daté du 29 février, avait été commandé par le CHSCT (Comité d'hygiène, de sécurité, et des conditions de travail) du centre financier postal de Paris (1 237 employés), sur les conseils de l'Inspection du travail, après le suicide, le 15 septembre 2011, d'une femme de 52 ans, de retour d'un congé pour longue maladie.
Il se montre très critique envers la politique de ressources humaines de l'entreprise publique, en mutation permanente depuis quinze ans : "Les conséquences des changements organisationnels ne sont pas suffisamment prises en compte (...), les questions de travail ne sont pas analysées, les agents et les cadres ne sont pas écoutés alors qu'ils font remonter les problèmes de travail au quotidien. Ceci n'est pas conforme à l'accord sur la santé au travail (signé en 2010) qui affirme favoriser l'expression de tous", peut-on lire en conclusion.
ANALYSE "PSYCHOLOGISANTE" DU TRAVAIL
Le principal grief adressé par l'Isast à La Poste porte sur la médicalisation des problèmes : "l'action reste centrée sur l'individu et non le collectif de travail (...). Les formations sur le stress et sa gestion accréditent l'idée que faire face à une telle organisation de travail est avant tout une histoire d'adaptation personnelle (...), laissant entendre que certaines personnes, de par leur structure de personnalité, seront toujours inadaptées au travail". Le cabinet invite La Poste à une réflexion approfondie sur le lien entre santé et organisation du travail.
Pour les auteurs du rapport, les causes d'un mal-être au travail ne sont pas uniquement à rechercher du côté de la vie personnelle. Or, estiment-ils, La Poste refuse de mettre en cause l'organisation du travail, en "interrogeant le contexte professionnel". "Cette analyse psychologisante du travail est à l'opposé de notre analyse", poursuivent-ils.
Les témoignages de postiers, anonymes, convergeraient : "Les agents ont dittrouver surprenant qu'on les envoie à la médecine du travail comme s'ils étaient malades ou en passe de l'être (...). Les agents seraient (...) la cible de remarques désobligeantes : 'ce n'est pas une annexe de l'asile psychiatrique'".
Par ailleurs, l'expertise évoque des conditions de travail détériorées, dans un contexte de réorganisations, et une perte de sens face à des tâches segmentées et minutées selon leur rentabilité. Un "pilotage de flux" a été mis en place - avec"x minutes pour une ouverture de compte, x minutes pour l'envoi d'un courrier, etc." – qui déconcerterait les agents.
Ainsi, des pochettes sont distribuées le matin aux agents chargés des ouvertures de comptes, des demandes de cartes bancaires, etc. A l'issue de sa vacation, l'agent rend à son supérieur sa pochette avec les tâches non effectuées.
"SURVEILLER LE RENDEMENT DE CHAQUE AGENT"
Cette évaluation par le travail non fait, négative, affecterait le moral des agents. Le découpage des activités, qui ôte du sens à leur travail et ne permet plus depiloter un dossier de A à Z, achèverait de les déstabiliser. La "pesée" des tâches reposerait sur des données datant des années 1990, lorsque les dossiers étaient"moins complexes à traiter".
Ce bilan défavorable trouverait, selon l'Isast, de l'écho chez les chefs d'équipes et les cadres dirigeants. Certains d'entre eux verraient cette organisation du travail comme "une injonction de surveiller le rendement de chaque agent".
S'agissant du suicide de la postière de 52 ans, le rapport se veut prudent. Il évoque des pistes d'explications, dont une prise en charge insuffisante de cette personne lors d'un retour au travail dans lequel elle avait beaucoup investi.
La Poste déclare prendre acte du rapport, qui "nourrira son analyse" face à ces situations difficiles à appréhender. Cependant, l'entreprise publique tient àrelativiser la portée d'un document qui, précise-t-elle, a été réalisé avec un tiers des effectifs du centre financier concerné. "Le rapport sera complété avant sa sortie définitive, il y a des choses à corriger", indique un porte-parole.
Surtout, La Poste, dont le souci est de ne pas être comparée à France Télécom, où une vague de suicides avait eu lieu en 2009 et 2010, conduisant au départ du PDG, Didier Lombard, fait valoir son implication en matière de santé au travail."Nous restons vigilants, mais 2011 montre une diminution de la fréquence et de la gravité des accidents de travail et du nombre de jour d'absences pour maladie", souligne Pascale Duchet-Suchaux, directrice prévention, sécurité et santé au travail.
Anne Michel

L’identité (Photomaton 2)

Alain Baczynsky, Regardez, il va peut-être se passer quelque chose, 1979-1981
Le photomaton (auMusée de l’Élysée à Lausanne jusqu’au 20 mai), ce n’est pas seulement un procédé, c’est aussi une représentation, un portrait, une identité. Cette exposition, m’a-t-on dit, regroupe 6992 visages : le photomaton est rarement utilisé pour représenter autre chose qu’un visage (ou plusieurs à la fois, sept au maximum, paraît-il). Et donc, naturellement, d’abord, une question sur ce qu’est le portrait. À travers les surréalistes, puis la Factory, ce thème est amplement développé ici. Le fait que la photographie automatique soit désormais possible a bien sûr captivé les adeptes de l’écriture automatique, et ces bandes de portraits où Prévert, Tanguy, Aragon, Queneau, Éluard et même Breton font les pitres, sont bien connues, ainsi que la frise des yeux clos autour de la femme nue cachée dans la forêt. Si Warhol est aussi un grand adepte du photomaton, il en est surtout un transformateur, produisant à partir d’eux de nombreuses sérigraphies, elles aussi bien connues.
Alain Baczynsky, Regardez, il va peut-être se passer quelque chose, 1979-1981
Mais, au-delà de cet aspect historique, l’exposition aborde la question de l’identité, de la manière dont le photomaton la révèle, ‘connais-toi toi-même’ des temps modernes. De ce point de vue, la révélation de l’exposition est l’artiste israélien Alain Baczynsky, dont Pompidou vient d’acquérir les archives photomatiques et dont une quinzaine de photos sont présentées ici (voir son livrepour plus d’images) : de 1979 à 1981, après chaque séance de psychanalyse, Baczynskyse rend dans un photomaton voisin, mu par la pulsion de compléter l’analyse par une image. Chacune est datée au verso et agrémentée d’un commentaire, quelques mots ou tout le verso, en général acerbe, voire violent. Baczynsky règle ses problèmes avec sa mère, avec sa judaïté, avec le monde. Il montre sa résignation ou sa
Alain Baczynsky, idem
rage, il mime parfois ses séances (mangeant ici  un billet de 50FF, honoraires de l’époque). J’ai trouvé extraordinaire cette photo (en haut) où il raye compulsivement son visage, déchire sa bouche dans un refus de la parole et ne préserve que ses yeux, seule résistance possible face au langage. Vers la fin, avant d’interrompre son analyse (et de partir vivre en Israël), son visage disparaît peu à peu de l’image, on ne voit plus que ses vêtements, de face, puis de dos, puis le rideau, seul. Fin de partie.
Deux autres séries également très fortes (à côté deCindy Sherman et de Gillian Wearing, dont les pièces fictionnelles montrées ici sont, me semble-t-il, moins liées à la spécificité du photomaton) sont celles deSusan Hiller et de Anita Cruz-Eberhard. La première, modeleuse d’inconscient, insomniaque, se lève la nuit et va se prendre en photo dans lephotomaton de gare le plus proche, à demi consciente, presque en transes dirait-on ;  elle agrandit ensuite ces photos, les recouvre de peinture et de calligraphies indéchiffrables
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CouRts-de-psy-6-MALAKOFF.jpg

29 mars à 14h
à Maison Blanche salle Van Gogh
6-10 rue Pierre Bayle 75020 Paris

apès-midi projection-réflexion
Programme proposé par

ID-Visions ateliers 18

MALAKOFF


INSCRIPTION GRATUITE SUR INSCRIPTION
dans la limite des places disponibles
par mail à danielsimonnet@hotmail.com

mercredi 7 mars 2012


Criminalisation des personnes atteintes de maladie mentale : les psychiatres du Canada demandent aux gouvernements d'intervenir

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dimanche 4 mars 2012


Établissements psychiatriques en lutte
dimanche 4 mars 2012

À Sotteville-lès-Rouen comme à Rennes, les salariés des hôpitaux psychiatriques se battent pour que les patients bénéficient de conditions d’accueil dignes. Et il obtiennent des résultats.

Après trois jours de grève, les salariéEs du centre hospitalier du Rouvray (hôpital psychiatrique de Rouen) ont décidé de suspendre leur mouvement, certaines avancées ayant été obtenues.

Depuis le mois de décembre les actions se sont multipliées contre la « sur-occupation » des lits. L’hôpital étant sans cesse saturé, les malades sont accueillis en nombre croissant dans des conditions indignes (lits dans les couloirs, les bureaux…).

Le 21 février, le personnel se met en grève reconductible, un barrage filtrant très suivi bloque l’entrée de l’hôpital, provoquant des embouteillages massifs autour de l’établissement.

Après une entrevue infructueuse à l’Agence régionale de santé (ARS) le 22 février, le personnel organisé en comité de grève (syndiqués, non syndiqués) soutenu par les deux syndicats, CGT et CFDT, décide de durcir son action en bloquant le service des entrées (Unacor).

Ce durcissement a provoqué l’intervention du président du conseil de surveillance, affirmant son accord avec les revendications. Une négociation avec la direction permet alors de concrétiser des solutions immédiates par rapport à la sur-occupation (augmentation du nombre de places pour accueillir d’anciens patients dans une maison d’accueil spécialisée, réouverture provisoire de 20 lits dans une unité désaffectée).

Des perspectives sont ouvertes concernant l’hospitalisation des adolescents (élargissement de l’équipe mobile, perspective pour 2013 d’une unité de dix lits pour adolescents).

Sept places dans des appartements collectifs en ville seraient également créées.
Les grévistes ont souligné les limites de ces propositions qui ne résolvent pas les problèmes de fond. La crise de sur-­occupation des lits est en effet la conséquence de l’abandon progressif du travail de prévention et de soins hors hôpital, mis en place au cours des 40 dernières années par la psychiatrie publique, dans le cadre des centres médico-psychologiques, des hôpitaux de jour, des équipes de soins travaillant à domicile. Sur ce terrain, les négociations se sont heurtées à un mur.


De plus, les engagements de la direction doivent être confirmés par l’ARS jusqu’alors totalement fermée à la discussion.
Rendez-vous est donc pris pour le 13 mars, où une nouvelle assemblée générale constatera ou non les avancées effectives et décidera des suites à donner à la mobilisation.


Cette expérience de lutte, débouchant sur des avancées grâce à des formes d’action radicales a redonné confiance dans l’action collective, notamment pour de jeunes soignants dont c’était la première grève. D’autant plus que son organisation démocratique leur ont permis d’y trouver leur place. Un premier succès qui en appelle d’autres. 

À Rennes, une victoire retentissante
« Nous avons obtenu la réouverture de 27 lits, l’ouverture de 20 nouveaux et la création d’un hôpital de jour de 10 places ouvert 7 jours sur 7 » triomphait, à juste titre, Michel, responsable syndical de SUD de l’hôpital Guillaume-Régnier de Rennes.


Il aura fallu cinq jours de grève reconduite en assemblée générale, à l’initiative de l’intersyndicale CGT, CFDT, SUD. Malgré un froid vif, le piquet de grève bloquait symboliquement l’entrée jour et nuit. Cet hôpital a donc connu une lutte massive et nécessaire, face la situation scandaleuse d’accueil des patients dont certains dorment sur des matelas et d’autres sont déménagés plusieurs fois par jour. Le personnel réclamait l’ouverture de 60 lits... Le scandale a été révélé par une photo de SUD transmise au ministère et à la presse locale et nationale. Tous les secteurs se sont mobilisés. Ce matin, les services techniques sont même venus distribuer des tracts à 6 heures du matin. Beaucoup de jeunes salariés inconnus des syndicalistes ont participé activement à ce mouvement sans précédent.

Les patients se sont également déplacés, certains ont été interviewés par les médias, d’autres ont fait signer une pétition pour dénoncer leurs conditions d’hospitalisation. La grève a été massive, de très nombreux soutiens extérieurs, citoyens ou militants, sont venus rencontrer le piquet de grève.

Le vendredi soir devant l’ARS, frigorifiés, nous étions une centaine pour soutenir les négociateurs syndicaux face à la direction du CHSP et de l’ARS. Ils sont sortis victorieux, fiers d’avoir mené un combat exemplaire et d’avoir retrouver leur dignité de soignants.

Une hirondelle ne fait pas le printemps… mais cette même semaine à Rennes, les cheminots ont aussi débrayé pour défendre 300 postes ; les salariés de l’inspection du travail pour leur condition de travail, idem les archéologues, enseignants et parents d’élèves, les ouvriers d’Eifage ont gagné une augmentation de salaire…

Plan Santé mentale II : mais où sont les sous ?

La secrétaire d’État à la Santé, Nora Berra a présenté mercredi en Conseil des ministres, le plan Psychiatrie et Santé mentale 2011-2015. Renvoyée à la concertation entre acteurs locaux, la question des moyens de ce plan « nouvelle génération » reste posée.
« L’enjeu majeur de ce nouveau plan est de prévenir les ruptures dans les parcours de vie des personnes concernées, quel que soit leur lieu de vie, y compris celles en grande précarité ou en milieu pénitentiaire », indique un communiqué du ministère de la Santé. La version définitive de ce plan dévoilé mercredi est quasiment identique au document de travail soumis à concertation fin janvier et dont le « Quotidien » s’est fait l’écho. Ce plan se décline en quatre axes stratégiques : prévenir et réduire les ruptures au cours de la vie de la personne, selon les publics et les territoires, entre la psychiatrie et son environnement sociétal, entre les savoirs. Présenté comme un plan « nouvelle génération », il ne comporte pour le moment aucun financement contrairement au premier plan santé mentale 2005-2008 qui avait engagé 475 millions de crédits en fonctionnement et 750 millions en crédits en investissement. Ce second plan n’est pour l’heure qu’un ensemble de grands principes que les agences régionales de santé (ARS) et « les acteurs de terrain » auront à mettre en musique selon les spécificités locales. « Les ARS ont ainsi à décliner le plan en mesures opérationnelles dans les 26 projets régionaux de santé (…). Les administrations centrales et opérateurs nationaux seront également invités à faire connaître la façon dont ils intégreront le plan dans leur propre feuille de route d’ici juillet 2012 », précise le ministère. L’ensemble de ces contributions sera annexé au plan. La Direction générale de la santé (DGS) pilotera le plan au niveau national « afin de s’assurer de sa bonne mise en œuvre par les administrations et les ARS et de la définition des indicateurs de suivi ». Un premier bilan sera établi en 2016. Entre-temps, une conférence de suivi sera organisée chaque année sous la présidence des ministres de la Santé et des Solidarités.

L’incantation ne suffit pas.

De leur côté, les professionnels restent pour l’heure sceptiques vis-à-vis du nouveau plan. Si l’Union nationale des cliniques psychiatriques (UNCPSY) « souscrit à (ses) orientations », son président, le Dr Olivier Drevon, s’alarme « d’une absence totale de volet économique et de pistes de financement, qui permettraient la mise en œuvre effective des mesures proposées ». Bien que l’UNCPSY ne soit « pas hostile à cette démarche compte tenu des observations, par ailleurs faites, concernant le volume et l’opacité des dépenses associées à la maladie mentale (…), un rappel des engagements concernant la mise en œuvre de la tarification à l’activité pour la psychiatrie apparaîtrait comme une annonce a minima ». Pour le Dr Alain Vaissermann, président du Comité d’action syndicale de la psychiatrie (CASP), la question des moyens se pose. « Une partie de la profession avait réclamé un budget spécifique à la psychiatrie à l’intérieur de l’ONDAM. Or ça non plus on ne l’a pas dans ce plan. C’est l’une des raisons d’ailleurs pour laquelle nous avions réclamé une grande loi de santé mentale », ajoute-t-il. « Dans un contexte économique que personne n’ignore, aucun engagement n’est pris dans ce plan pour modifier vraiment le cours des choses », déplore la Fédération d’aide à la santé mentale-Croix-Marine. « L’incantation ne suffit pas. On peut ainsi évoquer la collaboration avec les autres professionnels de santé mais il ne s’agira que d’un vœu pieux si rien n’est fait pour harmoniser la densité médicale et paramédicale sur l’ensemble du territoire », considère la fédération dans un communiqué.
› DAVID BILHAUT

Le gouvernement lance un nouveau plan santé mentale à deux mois des élections

LEMONDE.FR | 29.02.12

A deux mois de l'élection présidentielle, la secrétaire d'Etat à la santé Nora Berra a présenté, mercredi 29 février en conseil des ministres, un nouveau plan de santé mentale qui s'attache à fixer les objectifs de prise en charge des patients souffrant de troubles psychiques pour les années 2011 à 2015. Un plan qui concerne " la vie des patients dans son ensemble ", insiste-t-elle, et non seulement les hospitalisations. "Il faut prévenir et éviter les ruptures de soins, mais aussi toutes les ruptures dans l'accompagnement social", ajoute-t-elle.

Sans grande surprise ni ambition, ce plan tente de répondre au manque de lisibilité et de coordination de l'offre de soins pointé par le Haut conseil à la santé publique et la Cour des comptes. Cette dernière, dans un rapport publié en décembre 2011 évaluant le plan de santé mentale 2005-2011, avait jugé que le recours à l'hôpital restait trop excessif, faute de développement des prises en charge extérieures.
Le nouveau plan prône le développement d'alternatives à l'hospitalisation dans les zones trop peu pourvues, qui sont souvent celles "suréquipées en structures d'hospitalisation complète, qui doivent donc être transformées". L'accent est mis sur l'accès au logement, mais aussi leur maintien, car les hospitalisations répétées peuvent provoquer la perte de leur domicile par les malades. L'idée est d'améliorer l'offre de "logement accompagné", comme les appartements associatifs pour éviter l'isolement et la rupture des liens sociaux. L'accès aux soins des sans domiciles fixes devra par ailleurs être facilité grâce à des équipes mobiles psychiatrie-précarité notamment. Chaque Agence régionale de santé (ARS) devra faire un bilan des structures et outils existants sur son territoire, etdécliner le plan selon ses besoins. Mais dans le document, pas un mot sur les moyens.
En janvier, avant même la publication du plan, le Syndicat des psychiatres des hôpitaux s'était alerté, y voyant "un simple assemblage de thèmes et de recommandations régulièrement déclinées depuis quinze ans sans qu'il soit donné réellement les moyens de les mettre en œuvre". Le syndicat doutait que de "simples orientations stratégiques adressées aux ARS" puissent bâtir une"politique de santé mentale". Autre point qui risque de mécontenter les médecins,"le rôle du secteur et ses missions n'est pas clarifié", estime Michel Priantafyllou, vice-président du Syndicat des psychiatres d'exercice public. Le secteur de psychiatrie est la zone d'intervention des équipes soignantes (hôpital et centres médico-psychologiques). Il en existe plusieurs par départements et la profession craint sa remise en cause. L'idée, selon le document, est d'en "dépasser certaines limites (inégalités territoriales, méconnaissance des autres acteurs du territoire) ", et d'instaurer une prise en charge en "complémentarité et coopération avec les autres acteurs" comme les médecins libéraux. Le secteur demeure donc, mais n'est plus le seul territoire de référence.
"SOINS SANS CONSENTEMENT"
La question est toutefois posée de l'avenir du plan en cas de changement de majorité. François Hollande a annoncé une nouvelle loi sur la santé mentale, souhaitant "mettre un terme à la déshérence dont souffre " la psychiatrie."J'aimerais bien savoir ce qu'il compte mettre dedans", réagit Nora Berra, puisque, explique-t-elle, l'intervention d'un juge pour les hospitalisations sans consentement, rendue obligatoire par le Conseil constitutionnel, a été incorporée dans la loi de juillet 2011, et que l'amélioration de l'organisation de l'offre de soins est l'objet du plan.
Cette loi de 2011 a instauré également des "soins sans consentement" en ville ou en journée à l'hôpital, alors que la prise en charge sous contrainte était jusque-là réservée à l'hôpital. La profession, qui critiquait une focalisation du texte sur la question de la sécurité, réclame toujours une loi plus globale qui redéfinirait les missions et l'organisation de la psychiatrie.