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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

dimanche 9 octobre 2011


La Fête du livre à la Chesnaie salue aussi les 40 ans de l'Épic

08/10/2011


« Solstices, les enfants de la parole » sera projeté.
« Solstices, les enfants de la parole » sera projeté. - (Photo dr, La Mare aux canards)
C'est autour du thème de l'insolite que se tient dimanche la Fête du livre et le 40 e anniversaire de la naissance de l'Épic, École de psychiatrie institutionnelle de la Chesnaie, à Chailles. Conférences, expositions, animations, brocante de livres, buvette, restauration... 

Dimanche, 11 h 30 : à la Haute-Pièce se tient une conférence sur la psychanalyse en Iran par Nader Aghakhani.

13 h : pendant le déjeuner, l'Épic offre un concert de flamenco traditionnel par la Compagnie Torre.

15 h : à la Haute-Pièce : conférence « Zazoulipoésie ou la fabrique de Queneau ». Roman, poésie, expérimentation, par Christine Méry.
L'après-midi, exposants : libraires, bibliothèque de la Chesnaie, expositions d'ateliers (photos, livres objets...).
Mais encore, dédicace et exposition de Jean-Gilles Badaire, expositions de sculptures de Jihel et Stéphane Salaün, installation de Bruno Bianchi...

Enfin, pour terminer cette journée en musique, en association avec le club de La Chesnaie, à 17 h au Boissier, concert de musique Iranienne, avec Nader Aghakhani (târ), Taghi Akhbari (chant), Bruno Caillat (zarb, daf, tambourin). 
Entrées au concert : 5 € adhérents Club et Épic, 8 € plein tarif. Le Train Vert (restaurant associatif) sera ouvert pour le déjeuner (réservation conseillée au 02.54.79.73.13). 

Les Éditions de la Casserole seront également présentes avec leurs livres, cartes postales du Musée de la Casserole, poster de casseroles musiciennes et marques pages poétiques ! 
Le séminaire de l'Épic du lundi soir, 21 h/23 h, reprendra le lundi 17 octobre, avec la projection du film « Solstices, les enfants de la parole ». Autismes, autogestion, psychanalyse, utopie réaliste. Par Bernard Richard, réalisateur du film. La projection sera suivie d'un débat.

Dimanche 9 octobre, de 11 h 30 à 20 h, entrée libre.

Le choix de la solidarité, seul remède à notre politique de santé

Par FRÉDÉRIC PIERRU Sociologue chercheur au CNRS-Irisso et à Paris-Dauphine
Depuis au moins deux ans, gouvernement et «experts» nous fredonnentad nauseam une petite rengaine, selon laquelle l’endettement public et la purge qu’il impliquerait ne seraient que la juste punition du fait que «pendant des années, nous avons vécu au-dessus de nos moyens». Dans le domaine de la santé cela donne : «Nous, Français, dépensons sans compter, creusant de façon irresponsable le trou de la Sécurité sociale et la dette aux dépens des générations futures.» Ajoutez à cela l’exploitation politicienne du ressentiment contre les «assistés», tels les bénéficiaires de la CMU complémentaire ou de l’Aide médicale d’Etat, et vous avez là les justifications les plus communes - pour ne pas dire vulgaires - de la politique en cours de vente à la découpe du service public de la santé.
La solidarité face à la santé, à la maladie et la mort serait ainsi devenue un luxe et devrait être retirée aux «profiteurs» de tout poil, qu’ils soient pauvres et/ou immigrés. Plus généralement, depuis le début des années 2000, les gouvernements successifs se sont employés à «vaporiser» le service public de la santé. En matière d’assurance maladie, les soins courants (hors affections de longue durée et hospitalisation) connaissent une baisse continue du taux effectif de leur prise en charge par la Sécu, lequel n’est déjà plus que de 55% - le taux de 75,5% dont le gouvernement se targue n’étant qu’une moyenne trompeuse.
Tout cela au nom de la «responsabilisation financière» des assurés sociaux, alors même que, d’une part, il n’y a aucune spécificité française d’augmentation des dépenses de santé et que, d’autre part, ce ne sont pas les patients qui prescrivent ! Les assurances maladies complémentaires et, surtout, les individus, ont dû compenser cette rétractation de la solidarité, au prix d’inégalités croissantes d’accès aux soins. Rappelons qu’il n’y a pas d’échappatoire à ce fait : tout transfert de dépenses de l’assurance maladie vers les organismes complémentaires se traduit par une hausse des inégalités d’accès aux soins, «régulation» ou pas.
Dans le domaine de l’hôpital, la décision, purement politique, d’aller à marche forcée vers le financement intégral à l’activité des services de médecine, chirurgie, obstétrique et celle, non moins idéologique, de faire converger les tarifs des secteurs public et privé ont déséquilibré les budgets hospitaliers. Déficits qui ont justifié les suppressions massives d’emplois. Cette orientation libérale a été consacrée par la loi HPST qui a supprimé la conception unitaire du service public hospitalier, vendu à la découpe aux établissements de santé publics et privés. De leur côté, les principaux syndicats de médecins libérauxexigent que soit restaurée la seule liberté qu’ils avaient concédée, non sans mal, à la Sécu, à savoir la liberté de fixer leurs honoraires. Or, sans discipline tarifaire négociée avec la Sécu, il n’est point d’assurance maladie viable ni d’accès égal aux soins. Couplée à une politique clientéliste des partis de droite traumatisés par le «plan Juppé», qui avait tenté (en vain) d’instaurer une enveloppe budgétaire fermée pour ce secteur, cette intransigeance a permis aux médecins, spécialistes surtout, d’engranger de substantielles augmentations de revenus alors que le pouvoir d’achat des salariés - la grande masse des financeurs du système de santé - stagnait voire reculait. Dans le même temps, l’aménagement des libertés de la médecine libérale, pourtant indispensable à la lutte contre les déserts médicaux (liberté d’installation), au contrôle d’un secteur à honoraires libres (libre entente entre patient et praticien), à la maîtrise des dépenses et à une meilleure intégration des pratiques de prévention (paiement à l’acte), a été sacrifié sur l’autel des calculs politiciens.
Enfin, en matière de prévention, l’on a préféré stigmatiser les «cultures» et habitudes individuelles plutôt que de mener des actions volontaristes sur les milieux de vie, de travail, de logement, ce qui supposait, il est vrai, de s’attaquer à des intérêts économiques puissants. Et que dire des très fragiles transparences et impartialité de l’Etat face aux lobbies, comme l’a tristement montré la récente affaire du Mediator ?
Contre ce délitement, progressif mais bien réel, du service public de la santé, mes collègues et moi-même avons décidé de rappeler, dans un manifeste signé par 123 personnalités, un constat incontournable : en matière de santé, le choix de la solidarité se justifie non seulement du point de vue social mais aussi des points de vue économique et sanitaire. Nous proposons de restaurer les quatre piliers du service public de la santé. Tout d’abord, il s’agira de revenir à l’ambition de 1945, celle d’un remboursement à hauteur de 80% des soins courants, tout en conservant la prise en charge à 100% des plus malades et des plus démunis et en supprimant les franchises médicales. Tout déficit constaté mais non compensé déclencherait une augmentation des ressources de l’assurance maladie ; par l’augmentation d’un taux de CSG rendu progressif et à l’assiette élargie. Avec une telle règle d’or, toute ristourne aux assurances complémentaires, pire aux malades ou, pire encore, au service de la dette du coût des soins que la collectivité a évalués comme médicalement utiles serait de facto bannie. Ensuite, il faudra rétablir le service public hospitalier dans son unité, ses missions, ses moyens et en exclure les cliniques commerciales. De même, il faudra convaincre les médecins de ville d’accepter (enfin !) d’aménager les libertés conquises en 1927 pour devenir les composantes clés d’un nouveau service public de médecine de proximité.
Enfin, il conviendra d’engager une politique volontariste de prévention dont le budget augmenterait progressivement à hauteur de 7% des dépenses de santé, et décidée à agir aussi bien sur les déterminants individuels que collectifs afin de réduire les inadmissibles inégalités de santé dans lesquelles la France bat des records en Europe. A l’heure des «best practices» dont se gargarisent les élites technocratiques et politiques, il est temps de repositionner le débat public sur la seule base rationnelle qui soit : la solidarité - entre malades et bien portants mais aussi entre riches et pauvres - est une politique d’avenir ; et il ne peut y avoir d’avenir sans une politique de solidarité.
Dernier ouvrage paru : «Manifeste pour une santé égalitaire et solidaire», Odile Jacob.

Toujours inégaux face à la mort


SOCIÉTÉ Hier à 12h50 (Mis à jour à 13:47)

Toujours inégaux face à la mort

L'espérance de vie progresse mais les inégalités entre cadres et ouvriers se maintiennent. L'Insee publie une enquête, le détail.
Par LIBÉRATION.FR

Au final, ça se termine toujours par des chrysanthèmes. (REUTERS)

On vit plus longtemps. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'espérance de vie a progressé sans interruption: 82 ans pour les femmes, 78 pour les hommes. Ça c'est pour le cadre général. Quand on regarde dans le détail, les inégalités face à la mort ont la vie dure. L'Insee publie une étude sur le sujet (à consulter ici in extenso). Voici ce qu'il en ressort, en quatre points.

L'espérance de vie progresse pour tout le monde

En un quart de siècle, les hommes de 35 ans ont gagné cinq années d'espérance de vie et les femmes quatre ans et demi. A 35 ans, une femme peut espérer vivre en moyenne encore 49 ans (jusqu'à 84 ans, donc) et un homme 43 ans (jusqu'à 78 ans). La baisse de la mortalité a profité à peu près de la même façon à toutes les catégories sociales : les femmes ont ainsi gagné entre 3,9 et 4,8 ans selon leur catégorie sociale et les hommes de 4,3 à 5,5 ans

De fortes inégalités sociales face à la mort

6,3 années, c'est l'écart d'espérance de vie entre les hommes cadres et ouvriers. Les hommes cadres de 35 ans peuvent espérer vivre encore 47 ans (soit jusqu'à 82 ans) et les hommes ouvriers 41 ans (soit 76 ans). L'écart existe de la même manière pour les femmes.
L'espérance de vie d'une femme cadre de 35 ans est de 52 ans (87 ans) tandis que celle d'une ouvrière n'est que de 49 ans (soit 84 ans).«L'espérance de vie des ouvrières d'aujourd'hui correspond à celle des femmes cadres au milieu des années 80», pointe l'Insee.
Cliquez ici pour voir le tableau en grand.
Signe inquiétant, les inégalités se maintiennent. On aurait pu espérer qu'elles s'estompent avec le temps, mais non. Les écarts d'espérance de vie entre catégories sociales sont stables depuis vingt-cinq ans. «Aujourd'hui, la probabilité de mourir entre 35 et 80 ans serait ainsi 1,21 fois plus élevée pour les hommes ouvriers que pour l'ensemble des hommes, à structure par âge identique», indique l'Insee. «Depuis le début des années 1980, cet indice est proche de 1,2 pour les hommes ouvriers et de 0,6 pour les hommes cadres.»

Les ouvrières vivent plus longtemps que les hommes cadres

Les femmes vivent plus longtemps que les hommes, quelle que soit leur catégorie sociale. «Même les ouvrières, les femmes les moins favorisées en termes d'espérance de vie vivent en moyenne 1,5 année de plus que les hommes cadres», note l'Insee.
Pourtant, rappelle l'Institut de la statistique, elles cumulent plusieurs facteurs défavorables pour la santé comme la pénibilité de certaines conditions de travail ou des revenus inférieurs à ceux des hommes cadres. En contrepartie, elles ont certains comportements de santé plus favorables que les hommes cadres, rappelle l'Insee: elles consomment moins d'alcool et fument moins après 60 ans.

Ces inégalités que l'espérance de vie ne montre pas

L'espérance de vie est une moyenne. Avec ses biais, comme toute moyenne. Ainsi, cela ne met pas en évidence le risque de mourir précocement. Là encore, ouvriers et cadres ne sont pas égaux. «Un homme de 35 ans, soumis toute sa vie aux conditions de mortalité de 2000-2008, a 13 % de risque de mourir avant 60 ans s'il est ouvrier (contre 6 % s'il est cadre).» Un ouvrier sur deux n'atteindrait pas 80 ans, contre un cadre sur trois.
Vivre oui, mais dans quelles conditions ? Sans surprise que les cadres, hommes et femmes, ont une «espérance de vie sans incapacité» plus longue que les ouvriers.
En revanche, les différences de mortalité entre les cadres et les ouvriers s'atténuent avec l'avancée en âge. «A 45 ans, le risque de mourir dans l'année est 2,5 fois plus fort pour un homme ouvrier que pour un cadre, à 90 ans, ce risque n'est plus que 1,4 fois plus important.»

Psychanalyse de l'Indicible

De la procréation à la création, l’avancée des choses ne peut se faire qu’au travers du surgissement de ce qui a été fécondé, imaginé à l’insu du sujet, mais dont l’engendrement suppose un dessaisissement et un renoncement. C’est de cette position de la vie psychique, installée entre le nulle-part et l’au-delà que nous allons tenter de pénétrer… D’un ici-ailleurs, indicible, innommable et souvent impensable…


Colloque ÉCRITURE ET CRÉATION

A partir des années 70, l’abord du champ de la Jouissance amène Lacan à repenser la psychanalyse en fonction de l’écriture qui devient une notion ouverte à la question de la trace. Dès lors l’image, plastique ou acoustique, tout autant que le corps, en tant qu’ils se construisent dans son nouement au mot et à la lettre peuvent se faire écriture :« […] Le concept de style se réfère aussi bien à l’aspect global par lequel l’art devient langage – […] – qu’aux entraves qui allaient depair avec la particularisation.1 » Cette particularisation se manifeste dans la nécessité d’invention qui constitue pour chacun sa singularité. Si le dire de l’oeuvre dépasse les dits de l’artiste : « […] Les oeuvresd’art organisent le non-organisé. […] L’oeuvre devient semblable au langage dans le devenir de la liaison de ses éléments. […] Ce que disent celles-ci n’est pas ce que disent leurs paroles.2 » Enpsychanalyse, le savoir est aussi un savoir en cours de construction,un savoir y faire dont le psychanalyste doit se rappeler « […] qu’en sa matière, l’artiste toujours le précède […]3 » en lui frayant la voie.Dans cette journée nous nous proposons d’ouvrir un questionnement sur le rapport de la création à l’écriture en tant qu’elle est transcription d’une parole mais aussi en tant qu’elle est marque,trace. Et puisque l’artiste précède le psychanalyste, nous voulons partir des artistes parlant des rapports qu’ils entretiennent avec l’écriture dans leur faire artistique et faire résonner cette parole avecla façon dont l’oeuvre peut être lue par un critique et entendue par un psychanalyste.
1 Theodor W. Adorno, Théorie esthétique, Paris : Klincksieck, 1989, p. 262.
2 Theodor W. Adorno, 
Théorie esthétique, op. cit., p.236.
3 J. Lacan, « Hommage à Marguerite Duras », dans 
Autres Écrits, op. cit., p. 192.
PROGRAMME
Samedi 19 novembre 2011
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L'école française a-t-elle tué le plaisir d'apprendre ?

05.10.11

En 2010, sur 760 enfants interrogés par l'Association de la fondation étudiante pour la ville (AFEV), seuls 9,6 % affirmaient se sentir à l'aise à l'école.
En 2010, sur 760 enfants interrogés par l'Association de la fondation étudiante pour la ville (AFEV), seuls 9,6 % affirmaient se sentir à l'aise à l'école.AFP/FREDERICK FLORIN

"Plaisir et ennui à l'école"… En consacrant à ce sujet leur numéro de rentrée, les animateurs de la Revue internationale d'éducation de Sèvres, lue dans vingt-cinq pays, ne s'attendaient pas à susciter un tel intérêt. "Les contributions ont afflué de partout, des Etats-Unis, de Norvège, du Sénégal, d'Inde, du Brésil… mêlant les regards de professeurs, de chercheurs, d'historiens, d'écrivains", se réjouit Alain Bouvier, rédacteur en chef de cette publication, et membre du Haut Conseil de l'éducation.
C'est que le thème réveille, chez chacun, ses propres souvenirs d'écolier –"souriants ou amers, uniformes ou divers, toujours vifs après les années", écrit la philosophe Laurence Cornu-Bernot en préface du dossier. C'est qu'il révèle, aussi, une quête de sens de l'école, un peu partout dans le monde.
PLAISIR ET JEU S'EFFACENT AU COLLÈGE
En France, le resserrement autour de la notion d'autorité s'est accéléré après Mai 68. La tonalité générale des programmes et instructions est plutôt fondée sur la rigueur, le travail, l'attention. Le plaisir et le jeu, reconnus dans les textes en maternelle, s'amenuisent à l'école élémentaire, pour s'effacer pratiquement au collège, "lieu où le lien enseignant-élève se dissout", regrette François Dubet.
"Les collégiens s'ennuient de plus en plus", confirme Pierre Frackowiak, inspecteur honoraire de l'éducation nationale. "Ils ne comprennent pas le sens des apprentissages, ne parviennent pas à mettre en relation les savoirs scolaires avec ceux qu'ils acquièrent ailleurs, autrement, ils viennent consommer du cours… Toutes les conditions sont réunies pour détruire le plaisir d'apprendre", déplore-t-il.
L'enseignant français "n'est pas formé pour transmettre du plaisir", estime le sociologue Pierre Merle. Pour lui, "si un professeur est prêt à se mettre en quatre pour intéresser ses élèves, il lui est difficile de rivaliser avec le plaisir immédiat que confèrent aujourd'hui la télévision ou Internet. La culture du zapping ne profite pas à l'école." L'idée que l'apprentissage n'est pas une partie de plaisir demeure très répandue – "peut-être une sorte d'héritage judéo-chrétien", suggère M. Merle. La rhétorique de l'effort s'impose encore dans toutes les bouches : on"travaille" à l'école, on fait ses "devoirs"… Les petits Anglais, eux, confient volontiers aller à l'école "pour s'amuser".
PERTE DE CONFIANCE
Le bien-être à l'école est-il réservé à une poignée de privilégiés fréquentant les écoles "nouvelles""ouvertes", Montessori, Steiner… essentiellement privées ? Sur les bancs de l'école publique, trop souvent, le malaise l'emporte, le stress, la peur d'échouer. En 2010, 73,3 % des 760 enfants interrogés par l'Association de la fondation étudiante pour la ville (AFEV) affirmaient "aimer peu, voire pas du tout aller à l'école ou au collège". Ils étaient 23,7 % à dire s'y ennuyer souvent, voire tout le temps ; 52,8 % reconnaissaient y avoir subi des violences et seulement 9,6 % confessaient s'y sentir à l'aise. En 2011, 42 % des 600 familles interrogés se sont dites inquiètes de la réussite scolaire de leurs enfants.
La perte de confiance en soi et en l'institution, alimentée par la course aux diplômes, l'usage de la notation et du redoublement, le recours de plus en plus immodéré à l'évaluation, semblent être une spécificité nationale. Aux tests PISA, qui comparent les résultats des élèves de 15 ans dans les pays de l'OCDE, la France ne brille guère. "Les élèves sont inquiets en cours, mais aussi lors des devoirs à la maison", souligne Eric Charbonnier, analyste de l'OCDE. "Les résultats de PISA 2009 ont montré que ceux qui prennent du plaisir à lire, et qui sont motivés, sont aussi ceux qui s'en sortent mieux aux épreuves de compréhension de l'écrit, explique-t-il. Dommage que la peur d'échouer fasseperdre une partie du bénéfice engendré !"
Si l'on s'accorde à reconnaître les vertus du plaisir à l'école, peut-on espérer un changement, officiel, de cap ? Les premières propositions faites par les candidats engagés dans la campagne présidentielle laissent sceptique. "La réforme de l'école est abordée de manière quantitative, pas qualitative", regrette Pierre Frackowiak. "Pas sûr que rajouter des postes d'enseignants suffise àdonner du sens à l'école."
Ce pourrait être, néanmoins, une première étape.
Mattea Battaglia



La loi HPST à l'épreuve des faits
Deux ans après le vote de la loi HPST, le colloque Rencontres de la santé organisé à Paris a permis de faire le point sur les avancées de la loi HPST sur le terrain.

Qu'a donc apporté la loi HPST, votée le 21 juillet 2009, aux hospitaliers ? Beaucoup d'espoirs, autant de disconvenues, ont semblé dire les intervenants de plusieurs tables rondes organisées à Paris le 28 juin dernier. Pour Jean-Paul Durousset, président de la FHP, HPST a été conçue sous de bons augures : « Pour la première fois, via les ARS, on rassemblait le secteur libéral, hospitalier, médico-social. Le privé pouvait enfin participer aux missions de service public. » À l'euphorie a succédé la perplexité : « Les ARS sont-elles de nouvelles usines à gaz ? La transparence, l'équité de traitement semblent être des objectifs difficiles à atteindre pour ces nouvelles agences. » Mireille Faugère, directrice générale de l'AP-HP, ne trouve que des vertus à la loi HPST. Pour une bonne raison : elle privilégie l'organisation sanitaire au niveau des territoires de santé : « À l'AP-HP, nous réfléchissons aux besoins de santé, au niveau du territoire. Nous avons créé douze groupes hospitaliers. Les ARS peuvent aider l'ensemble des acteurs de santé à s'ouvrir aux autres. La CRSA a permis de faire discuter ensemble des libéraux, la FHF, l'AP-HP… » Gérard Raymond, du Lesiss, remarque que les associations d'usagers étaient plutôt favorables à la loi HPST, qui favorise le rapprochement entre le sanitaire et le médico-social. Deux ans plus tard, il montre des signes de scepticisme : « Des autorisations sur des programmes d'éducation thérapeutique hospitalière ont été données, mais les associations de patients n'ont pas été associées. Nous regrettons également que, dans les autorisations d'exercice, les ARS n'aient pas considéré l'innovation comme un critère de choix… » Du côté du Conseil national de pilotage (CNP), Emmanuelle Wargon, secrétaire générale des ministères des Affaires sociales en charge du CNP, concède que les processus mis en œuvre sont parfois pesants : « 300 instructions par an, c'est beaucoup trop. » Dans l'objectif de rendre les relations plus fluides entre le national et les régions, Emmanuelle Wargon annonce vouloir « créer des fonds d'intervention régionaux. Nous devons développer deux axes : notre capacité à donner aux régions, et notre capacité à financer leurs actions. » Annie Podeur, directrice de la DGOS, note quant à elle « des problèmes d'appropriation de la réforme ». Mais relève également de premiers effets positifs : « Tous les 15 jours, l'assurance maladie, la CNSA, l'État échangent. C'est une première. Par ailleurs, nous constatons chez les libéraux une volonté de se regrouper. » Il n'empêche : devant les difficultés rencontrées pour imposer cette réforme, une mission, sous la houlette du Dr Francis Fellinger, président de la conférence des présidents de CME de CH, et de Frédéric Boiron, président de l'Association des directeurs d'hôpital, a été lancée. Elle devra diagnostiquer le malaise causé par HPST, et proposer ses remèdes.
J.-B. G.
Article du : 07.09.2011
destinationsante.com



Le système de santé français en péril ?

[26 septembre 2011 -

Notre système de santé doit rester « égalitaire et solidaire ». Dans un manifeste de près de 200 pages, trois « grands patrons » de la médecine française, un sociologue et le responsable de la chaire « santé » de Sciences Po interpellent les candidats à l’élection présidentielle de 2012. Soutenus par 123 signataires issus du monde médical mais également de la société civile, ils alertent les politiques face à la « déconstruction » du système de santé français.


Le Pr Olivier Lyon-Caen, chef du service de neurologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris), jette un pavé dans la mare. A 7 mois de l’élection présidentielle, il cosigne avec 2 confrères, un sociologue et le responsable de la chaire « santé » de Sciences Po, un Manifeste pour une santé égalitaire et solidaire. Ce document est sévère à l’égard de la politique actuelle de santé, dont il formule une critique sur le fond. Ses auteurs appellent des mesures essentielles pour sauver le modèle de santé français.

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ENQUÊTE
Les révélations qui ébranlent la Haute autorité de santé



La thèse d'un médecin dénonce les conflits d'intérêts de l'institution, (trop) proche des labos pharmaceutiques.


En pleine tempête sur le Mediator, qui a mis à jour la « bureaucratie sanitaire » de l'Afssaps, c'est désormais à la Haute autorité de santé (HAS) d'être vivement critiquée. Non par un rapport officiel mais dans unethèse de médecine générale accablante sur les rapports de la HAS avec les laboratoires pharmaceutiques.
Soutenue en juillet dernier à l'université de Poitiers par Louis-Adrien Delarue, médecin généraliste à Angoulême, elle secoue le milieu. Son titre :
« Les Recommandations pour la pratique clinique élaborées par les autorités sanitaires françaises sont-elles sous influence industrielle ? A propos de trois classes thérapeutiques. »
La Haute autorité de santé a été créée en 2004 avec pour mission de veiller au renforcement de la qualité des soins, au bénéfice des patients. Ses trois principes fondateurs sont « l'indépendance, la rigueur scientifique, la transversalité ».
La thèse de Louis-Adrien Delarue démontre qu'au moins quatre recommandations émises entre 2006 et 2008 sont erronées. Depuis 2010, le contrôle des conflits d'intérêts s'est durci, enfin… sur le papier.

Balance bénéfice-risque clairement défavorable

Louis-Adrien Delarue a étudié trois classes de médicaments utilisées pour soigner le diabète de type 2, la maladie d'Alzheimer et certains troubles articulaires. Ces pathologies fréquentes font l'objet de préconisations dans quatre guides de la HAS. « Les biais sont multiples », selon la thèse :
« Etudes scientifiques omises, présentations de données mal étayées ou connues pour être falsifiées, conclusions hâtives et mal argumentées. In fine, la HAS promeut des médicaments dont la balance bénéfice-risque est clairement défavorable et qui impactent les dépenses publiques à hauteur de centaines de millions d'euros par an. »
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