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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mardi 6 septembre 2011

La Dépêche de TAHITI



“Intellectuellement, ce n’est pas un phénix”

Publié le vendredi 26 août 2011 à 10H41
Trois ans de prison ferme pour avoir tenté de violer une touriste
Freddy T., 29 ans, a été condamné, hier, à trois ans de prison ferme pour avoir tenté de violer une touriste, en octobre 2010, à Rurutu.
Proche de la débilité, le prévenu a un lourd passé, marqué par les violences familiales et l’isolement social.
Bien que son cas relèverait de la psychiatrie, il a été incarcéré en raison de sa “dangerosité”.
Pour avoir tenté de violer une touriste belge en octobre dernier, Freddy T. a été condamné, hier, à trois ans de prison. (Photo d’archives)
Barbe finement tressée, débardeur et “nouilles” aux pieds, Freddy T., 29 ans, se présente tout sourire à la barre du tribunal correctionnel. Cet homme simplet est accusé d’avoir tenté de violer une touriste belge, à Rurutu, en octobre 2010. “J’étais sur la plage pour ramasser des coquillages (…) Il m’a attrapée par les poignets puis il a mis son bras autour demon cou pour m’étrangler (…) Il m’a baissée mon pyjama et a essayé de me pénétrer debout mais il n’a pas réussi”, relate la victime, une femme de 58 ans, dans sa déposition devant les gendarmes. Le prévenu, qui ne parle pas un mot de français et “ne sait pas écrire son nom”, ne cherche pas à nier les faits. D’ailleurs, il n’est pas sûr, au vu de son parcours et de son profil, qu’il mesure la gravité de son geste.
L’homme a grandi dans une famille où les coups pleuvaient à tel point que, régulièrement, il s’enfuyait dans la montagne pour y vivre “comme un ermite”. Coupé de la société, il n’a jamais entretenu de liens avec les femmes, et s’en était déjà pris, par le passé, à une enfant. “Son seul moyen d’avoir des relations sexuelles c’est soit de sauter sur des fillettes, soit sur des touristes”, commente l’un des assesseurs du tribunal avant de tempérer : “Bref, ce tableau à la Zola peut expliquer, en partie, le caractère un peu frustre de l’intéressé. Intellectuellement, ce n’est pas un phénix”.
“Où est sa place ?”

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Ghana - Changer les mentalités vis-à-vis des malades mentaux
Etre atteint d’une maladie mentale au Ghana relève le plus souvent de la double peine. Outre la souffrance, le malade doit faire face à un rejet de sa propre famille —qui le plus souvent le chasse— et de sa communauté, comme de la société. À tel point qu’il devient extrêment difficile de s'y faire soigner, expliquait le 22 août 2011 un article d’Irin, le site d’information des Nations unies.
Pour lutter contre cette stigmatisation, le Parlement ghanéen est en train de voter un projet de loi visant à faire connaître, puis accepter ces maladies. Une manière aussi d’améliorer les soins prodigués:
«Il y a très peu de prestige à être psychiatre ou à travailler avec des personnes atteintes d'une maladie mentale [au Ghana], explique Peter Yaro, directeur de programme de l’ONGBasicNeeds qui s’occupe de ce fléau dans le pays et ailleurs en Afrique. La stigmatisation est le principal enjeu affectant le niveau de soins et de services».
De nombreuses croyances entourent les personnes atteintes de maladies psychiatriques, imaginant une possible sanction divine ou une vie surnaturelle. Autant d’idées préconçues qui limitent les vocations en psychiatrie.
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Banlieues

Pointe avancée de la clinique contemporaine
Louis Sciara
Editions Erès
par Anne Djamdjian
05.07.11

Cachez ces banlieues que nous ne saurions voir. Etranges, opaques, assommantes. Un sentiment de malaise, un nouvel unheimlich nous envahit lorsque nous pénétrons entre ses murs. Même si jusqu’à preuve du contraire la banlieue n’est pas encore l’équivalent du ghetto de Varsovie, les médias, les ouï-dire et les ouï-lire nous accompagnent. Et justement la psychanalyse dont on nous dit qu’elle n’intéresse plus personne ne disposerait-t-elle pas des outils les plus à même de dresser une carte de cette terra incognita ? C’est le pari de ce livre.

Aujourd'hui certains de ses praticiens s’installent en ces lieux ce qui n’est pas sans panache ni sans audace. Puisqu’à côté de cette inquiétante étrangeté sociale dont les médias se font l’écho depuis des lustres s’en dévoile une autre, psychique, clinique. C’est d’abord le sujet de cet essai qui le rend intéressant, forcément, vu le nombre de « spécialistes » qui en ont fait le tour sans y pénétrer comme les lieux dont il est question.

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Les Ordres des professions de santé à la rescousse de l’Ordre infirmier

31/08/2011
      

En pleine débâcle financière à la suite des erreurs de gestion de la précédente équipe, et du refus d’une bonne part des professionnels d’y adhérer, le Conseil national de l’Ordre des infirmiers vient de recevoir le soutien appuyé des autres Ordres des professions de Santé. Les Ordres des médecins, des pharmaciens, des sages-femmes et des chirurgiens-dentistes cosignent en effet un document dans lequel ils rappellent tout d’abord que « des erreurs de gestion ont mis l’Ordre des infirmiers dans une situation financière périlleuse ». Le communiqué assure ensuite que cette institution est « plus que jamais indispensable en tant que garant du respect de la déontologie et de la qualité de l’offre de soins »« Est-il nécessaire de rappeler, s’interrogent les Ordres de ces professions de santé, le rôle essentiel, incontournable, de ces nombreux professionnels, dévoués aux soins et aux relations avec les malades ? »
Le communiqué assure également que le plan de restructuration proposé par les élus actuels de l’Ordre des infirmiers devrait en« assurer la pérennité et l’indépendance ». En conclusion, le manifeste de soutien en appelle à « l’appui des pouvoirs publics et des organismes financiers pour la mise en œuvre de ce plan ».
L’Ordre infirmier, mis en place en 2009, a traversé diverses tempêtes depuis sa création. Structures disproportionnées, refus d’une bonne part des infirmiers d’y adhérer, créances et dettes diverses ont contraint Dominique Le Bœuf, première présidente de cette jeune institution, à passer la main le 8 juillet dernier.
Son successeur par intérim, David Vasseur, confronté à un refus des banques d’apporter un soutien financier à l’Ordre, a présenté sa démission 15 jours plus tard, un geste qui a poussé ces banques à accorder à l’institution le soutien qu’elles lui refusaient auparavant.
Le nouveau président par intérim, Didier Borniche, assure sur le site de l’Ordre infirmier, qu’« en septembre, l’Ordre va réduire drastiquement ses dépenses en mutualisant les ressources logistiques et humaines à tous les niveaux ».
Un nouveau président et un nouveau bureau devraient être élus au cours du mois de septembre.
› H. S. R.

jeudi 1 septembre 2011


Soins psychiatriques : une loi délirante


Le 30 août 2011

"Sécuritaire", "antithérapeutique", la loi du 5 juillet sur les soins psychiatriques est loin de faire l'unanimité. Hôpitaux, centres d'accueil alternatifs : qu'en pensent les professionnels ?










Au centre psychothérapique de Saint-Martin-de-Vignogoul (Hérault). Photo : Cyril Weiner pour “Télérama”




Difficile d'oublier ces visages denses qui scrutent intensément l'interlocuteur, le questionnent avec une clairvoyance incisive. Impossible de laisser filer ces voix laborieuses, et pourtant si désireuses de parler. Au centre psychothérapique de Saint-Martin-de-Vignogoul (Hérault), une évidence prend à la gorge : la psychose que l'on y soigne, c'est la part de folie, de difficulté à vivre, que tout humain porte en lui, mais que certains, plus fragiles, ne parviennent pas à dompter. Ils sombrent alors dans l'hystérie, la schizophrénie, les bouffées délirantes, ils sombrent en eux-mêmes, jusqu'à trouver une main tendue.

<p>Thérapies de groupe, jeux de rôles, sorties et ateliers sont proposés à Saint-Martin-de-Vignogoul. Photo : Cyril Weiner pour “Télérama”</p>
Thérapies de groupe, jeux de rôles, sorties et ateliers sont proposés à Saint-Martin-de-Vignogoul. Photo : Cyril Weiner pour “Télérama”




Alejandra, Angèle, Rémi, Marie (1) et beaucoup d'autres ont voulu témoigner de leur vie au centre. D'au­tres sont venus, sans pouvoir ou vouloir parler, offrant leur présence comme un témoignage silencieux. Ouverte en 1972 dans un château du Moyen Age bordé de somptueux lauriers, cette clinique privée, agréée par la Sécurité sociale (2) , accueille quatre-vingt-cinq patients venus 
« prendre le temps d'essayer de comprendre ce qui leur arrive », explique son directeur, le Dr Hervé Bokobza. Atteints de divers troubles psychi­ques, rarement nommés précisément « pour ne pas les étiqueter », presque tous sont passés par l'hôpital ou les cliniques psychiatriques, avant d'atterrir sur cet « îlot de résistance ». Adressés par des hôpitaux ou des psychiatres de toute la France, ils ont tous écrit une lettre de motivation. « Leur consentement est le socle du travail, insiste Hervé Bokob­za. Il faut qu'ils soient d'accord pour entrer, pour prendre leur traitement. Ils décident de leur départ. Ils sont ­acteurs de leurs soins. »


 Soins obligatoires et fichiers d'antécédents


 Ici, la loi du 5 juillet 2011 sur les soins psychiatriques, entrée en vigueur en catimini le 1er août, a été longuement expliquée. 
« Le jour où on en a parlé, j'ai pleuré toute la soirée », se souvient Marie. Conçue pour pallier le manque de lits hospitaliers, et lutter contre la dangerosité supposée des malades, cette loi instaure des soins obligatoires à domicile, sous la menace d'hospitalisation, renforce le pouvoir des préfets pour lever les internements forcés, crée un fichier d'antécédents qui suit le malade pendant dix ans. Après deux semaines de soins forcés, elle prévoit l'intervention d'un juge. Faute de moyens, la « rencontre » peut se faire par visioconférence : patient et juge chacun devant un écran vidéo ! Tollé général, comme dans le service de psychiatrie de l'hôpital des Murets (94), où le Dr Bernard Martin s'insurge : « Ce dispositif est absurde, et même dangereux, pour des malades en crise, qui se sentent persécutés et croient souvent que la télévision leur parle personnellement. »
Qualifiée de « sécuritaire » et « antithérapeutique », la loi a mis dans la rue quantité de professionnels, qui dénoncent une méconnaissance effrayante de la réalité des malades, la dégradation depuis des années de leurs conditions de travail, et un virage inquiétant vers une psychiatrie policière.




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Le SYNCASS-CFDT dénonce l’incohérence de la politique de santé
29/08/2011
       
Le Syndicat des cadres de direction, médecins, dentistes et pharmaciens des établissements sanitaires et sociaux publics et privés (SYNCASS-CFDT) s’insurge contre la politique de santé menée par le gouvernement. « Les erreurs de la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) ne sont pas corrigées et le service public reste la portion congrue de l’hôpital public », s’alarme le SYNCASS-CFDT. Le syndicat cite pêle-mêle les « aléas de la tarification qui perturbent les établissements », l’érosion des financements des services de soins infirmiers à domicile et le report en 2012 du lancement de la réforme de la dépendance. « Le dossier du 5e risque était prioritaire, estime le SYNCASS-CFDT. Le report du financement de la dépendance laisse planer le doute sur les suites qui seront données ». Le syndicat estime que le gouvernement doit revoir sa méthode et associer davantage les corps de direction des établissements de santé.



Les magistrats se déplacent à l'hôpital
LUNDI 22 AOÛT 2011

L
es hospitalisations à la demande d'un tiers ou du préfet doivent désormais être validées par le juge. Le tribunal de Moulins a choisi d'organiser les audiences à l'hôpital.


La justice s'introduit dans le milieu psychiatrique. Jusqu'alors, les magistrats n'avaient pas leur mot à dire dans l'hospitalisation forcée (à la demande d'un tiers ou du préfet) dans un établissement psychiatrique. La loi relative « aux droits et à la protection des personnes faisant l'objet soins psychiatriques », appliquée depuis le 1er août (votée le 5 juillet), change la donne. Désormais, toute hospitalisation sous contrainte, est examinée par le juge des libertés et de la détention (JLD). Il doit confirmer l'hospitalisation ou au contraire l'invalider.
Autrement dit, le patient comparait devant le JLD lors d'une audience. « Avant, la loi était fondée sur un avis médical et une décision préfectorale. Là, il y a un rééquilibrage évident qui veut aller dans le sens du respect du droit des personnes » estime Jean-Philippe Gidon, responsable du pôle psychiatrie du centre hospitalier Moulins-Yzeure.
Ce qui ne va pas sans poser de problèmes d'organisation. D'abord sur le lieu de l'audience. Exceptionnellement, la loi permet à ce qu'elles se tiennent en dehors de l'enceinte du tribunal. Une solution choisie par les magistrats de Moulins : « Nous nous déplaçons à l'hôpital, indique Thierry Grandame, président du tribunal de grande instance (TGI) de Moulins. Le tribunal est à cinq minutes en voiture de l'hôpital. C'est faisable. L'hiver, s'il y a des difficultés de circulation, on s'y rend en un quart d'heure à pied ». Une solution qui évite à l'hôpital de mobiliser du personnel pour accompagner les patients au tribunal, au patient d'être emmené parfois en état de crise dans un tribunal, et de permettre l'intervention rapide, si nécessaire lors de l'audience, des soignants vu qu'ils sont sur place.
La nouvelle loi impose la tenue de l'audience dans un délai de quinze jours suivant l'admission du patient. Un délai jugé trop court par le psychiatre Jean-Philippe Gidon : « Je pense que le passage devant le juge est un petit peu trop tôt. Beaucoup de patients ne sont pas en capacité psychologique de comprendre ce qui sera dit à l'audience. Quelqu'un dans un grand état délirant, n'est pas soigné au bout de deux semaines. Le délai idéal serait de trois semaines ou un mois ».
Quinze jours, cela laisse aussi peu de temps aux magistrats pour organiser les audiences. D'autant qu'ils ne sont pas libres d'en fixer les dates : « Nous dépendons de la saisine du préfet ou du directeur d'établissement », indique Thierry Grandame. Quatre juges des libertés et de la détention du TGI de Moulins, les assureront à un rythme qui devrait être d'une audience par semaine. Elles sont publiques (*). Ce qui d'ailleurs pose un problème : « Cela contrevient au secret médical », s'alarme le docteur Gidon.
Lors de l'audience, le patient est assisté d'un avocat : « Nous allons voir la défense que l'on peut avoir... » confie le bâtonnier William Hillauraud. « Les avocats vont découvrir ce monde-là ».
Si le patient doit passer devant le juge au bout de deux semaines d'hospitalisation, il doit le revoir tous les six mois pour lever ou non l'hospitalisation sans consentement.
Pour prendre la décision, le juge possède les certificats médicaux, le dossier médical du patient s'il est déjà suivi. Mais précise Thierry Grandame, « à l'audience, il n'y a pas que l'écrit. Il y a le rapport à la personne, l'écoute de l'autre. Si j'ai une appréhension, c'est par la problématique humaine que cela pose ; le rapport à quelqu'un qui est malade. Si je décide de dire à une personne "vous serez soigné malgré vous", c'est quelque chose de pas banal... ».
Une décision que le juge prend seul.
(*) La loi permet de demander le huis clos s'il y a une « atteinte à l'intimité »

Psychiatrie : une loi à rendre fou

DECRYPTAGELa législation sur l’hospitalisation sous contrainte est entrée en vigueur hier. Problème : les juges, amenés à prendre des milliers de décisions, n’ont pas reçu de moyens supplémentaires.
44 commentaires
Par ERIC FAVEREAU
Définition commune d’un état délirant : c’est un état incontrôlable. Eh bien, c’est tout à fait dans cette situation que se retrouve le monde de la psychiatrie en France depuis hier matin, lundi 1er août, date à laquelle est entrée en vigueur la législation sur les hospitalisations sous contrainte.
Voilà une loi «confuse» aux yeux de tous les syndicats de psychiatres, et surtout extrêmement contraignante car, comme l’avait exigé le Conseil constitutionnel, tout malade hospitalisé contre sa volonté au-delà de deux semaines doit passer devant un juge des libertés et de la détention (JLD). D’un coup, ce sont plusieurs dizaines de milliers de décisions que la justice va devoir rendre en toute urgence.
«Avec cette surcharge énorme de travail, cette loi est inapplicable dans l’immédiat, affirme Virginie Duval, secrétaire générale de l’Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire). On nous avait promis 80 magistrats supplémentaires. Il n’y en a, à ce jour, aucun.» La même situation de pénurie prévaut dans les hôpitaux psychiatriques. «On va réquisitionner des infirmiers, mais s’il n’y en a pas…» ironise le Dr Paul Machto, psychiatre à Montfermeil (Seine-Saint-Denis). «C’est la panique, tout le monde est angoissé», raconte un jeune médecin de l’hôpital de Clermont dans l’Oise.«Les responsables ont multiplié des réunions pour voir comment faire,poursuit Patrick Chemla qui dirige un secteur de psychiatrie, près de Reims, dans la Marne. Notre directeur se dit inquiet, mais il nous a dit que l’on n’avait pas le choix.»
Qui est concerné ?

Jusqu’à présent, en France, il y avait deux grands types de placement à l’hôpital : l’hospitalisation libre qui ne pose pas de problèmes. Et celle sous contrainte, à la demande soit d’un tiers, soit du préfet ou du maire. Désormais, ce sont les soins qui peuvent être contraints. La loi a créé une nouvelle hospitalisation pour péril imminent, signée par le directeur de l’hôpital.
Dans le cas de ces décisions sans consentement, le juge doit désormais donner son accord au bout de deux semaines, et le réitérer tous les six mois. Applicable au 1er août, un décret, publié en juillet, demande que cette loi s’applique immédiatement à tout patient hospitalisé depuis le 23 juillet. Pour les autres malades déjà internés, le juge doit les avoir vus dans les six mois. En 2010, il y a eu près de 80 000 patients qui ont été hospitalisés contre leur volonté. Cela fait, au minimum, autour de 160 000 actes judiciaires sur une année. Si au bout de deux semaines, le patient n’a pas été vu par un juge, il peut sortir librement.
Comment se passe l’audience ?

Le législateur est précis : le malade doit être conduit devant le JLD. Le procureur doit donner son avis en présence d’un greffier. «Dans notre hôpital, raconte le Dr Chemla, la direction a imaginé des ambulances pour trois malades. S’ils sont hospitalisés sans consentement, c’est qu’ils ne vont vraiment pas bien. C’est intenable, en tout cas franchement pas thérapeutique. En plus, il faut au minimum deux infirmiers pour les accompagner. Vous les trouvez où ?» Question subsidiaire : au tribunal, quelle place pour les patients qui attendent ? «En cellule», s’inquiètent des médecins.
Sachant que ce dispositif est lourd, le législateur autorise la visioconférence, ainsi que la justice dite foraine, c’est-à-dire le JLD se déplaçant à l’hôpital.«Nous sommes radicalement contre la visioconférence», a dénoncé le Syndicat de la magistrature (SM, gauche). «Vous imaginez un grand délirant se laisser filmer et parler devant une caméra, s’insurge le Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire. Et l’avocat ? On le met où ?»
«Le juge se déplaçant à l’hôpital ? Pourquoi pas, avance de son côté l’USM.Mais qui va tenir le rôle de greffier ? Le personnel soignant ? N’y a-t-il pas confusion des rôles ?»Dans les hôpitaux, l’audience devra en plus se dérouler dans une salle de 30 mètres carrés minimum, pouvant recevoir 15 personnes.
Comment le juge va décider ?
Le Conseil constitutionnel a statué que toute privation de liberté est du ressort de la justice. Certes, mais sur quelle base ? «Le juge n’est pas un médecin. Il y a un risque qu’on lui demande de prendre parti sur une décision d’ordre sanitaire», s’était inquiété le garde des Sceaux lors du débat à l’Assemblée nationale. Le JLD peut demander une autre expertise, ce qui ouvre un nouveau délai de deux semaines. «Mais on connaît le manque chronique d’experts», note aussitôt l’USM.
Au passage, ce dispositif met à mal un des fondements de la relation thérapeutique : le secret médical. Toutes les audiences sont en effet publiques, comme l’a voulu le législateur. De ce fait, le dossier médical du patient est révélé au grand jour. Bizarrement, le conseil de l’ordre des médecins se tait face à cette transgression inédite.
Cette loi prend des allures de véritable casse-tête pour ceux qui doivent l’appliquer. A titre d’exemple, le service d’informatique médicale de l’hôpital de Reims a comptabilisé les types de certificats médicaux à rédiger désormais selon les situations d’hospitalisation : il y en a 27. Délirant.


Réforme de la psychiatrie : un collectif appelle à la résistance
Mise en ligne : 1er août 2011 

Le collectif Mais c’est un homme [1] vient de lancer une« déclaration d’entrée en résistance ». En ce 1er août, date d’entrée en vigueur de la loi du 5 juillet 2011 sur la psychiatrie, le collectif a décidé d’appeler à « un plan d’action et de résistance éthique » pour maintenir la pression contre ce texte très décrié et obtenir in fine son abrogation.


« Cette loi, avertit le collectif, participe des atteintes considérables portées aux libertés et aux droits sociaux. Elle organise la surveillance sociale des vulnérables et précaires stigmatisés en "classes dangereuses" ». Et de poursuivre : « Cette loi est fondamentalement inacceptable car elle impose la contrainte et le contrôle social comme organisation du soin en psychiatrie, de l’hôpital au domicile, sous la nouvelle appellation aberrante de soins sans consentement ».


Remettant en cause la vision sécuritaire de la loi, Mais c’est un homme appelle les psychiatres et soignants à « mettre en place des mesures de contrainte. Et notamment, le refus des collectifs soignants de tout programme de "soins contraints" à domicile contraires à la déontologie et aux droits fondamentaux ». Il appelle également à « la saisie systématique du juge des libertés » ainsi qu’à la « construction d’un observatoire national de suivi de l’application de cette loi ».
« Nous dénonçons l’hypocrisie du législateur et la duperie de la loi : un véritable soin psychique ne peut se concevoir sans le consentement », résume le collectif.
P.S. A lire aussi : 


[1] Membres du collectif : Advocacy France, Association pour la recherche et le traitement des auteurs d’agressions sexuelles (Artaas), Attac France, Cercle de réflexion et de proposition dʼ actions sur la psychiatrie (CRPA), Collectif dʼassociations dʼusagers en psychiatrie (CAUPsy), Collectif « Non à la politique de la peur », Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et des maternités de proximité, Fédération pour une alternative sociale et écologique, Fondation Copernic, Groupe multi professionnel des prisons, Ligue des droits de l’Homme, Nouveau Parti anticapitaliste, Parti communiste français, Parti de Gauche, Parti socialiste, Résistance sociale, Les Sentinelles égalité, SERPsy, Solidaires, Sud santé sociaux, Syndicat de la magistrature, Syndicat de la médecine générale, SNPES-PJJ-FSU, Union syndicale de la psychiatrie, Les Verts.
Les psys au bord de la crise

de nerf


ELSA SABADO


Les infirmiers des urgences psychiatriques ont manifesté place  Baylac./Photo DDM, Nathalie Saint-Affre
Les infirmiers des urgences psychiatriques ont manifesté place Baylac./Photo DDM, Nathalie Saint-Affre



Une vingtaine de blouses blanches se sont rassemblées hier sur la place Baylac, distribuant des tracts devant l'ancien hôpital de Purpan. C'est la quatrième manifestation de l'été pour les infirmiers des urgences psychiatriques : leur grève a commencé le 12 juillet. « Nous sommes débordés : la population toulousaine augmente, comme le nombre de pathologies, et les effectifs ne suivent pas. Du coup, elles sont mal soignées, et les gens reviennent plus souvent. Sans compter les plus précaires qui vont se faire soigner aux urgences » explique Christophe Malinowski, infirmier. Son service, divisé entre Purpan et Rangueil, est mobilisé à 100 %, hors intérimaires. Ils reprochent à la direction la répartition du budget en interne : « Les fous, c'est tabou, donc la psychiatrie est le parent pauvre de l'hôpital », et les coupes dans le budget : « Sarkozy ferme les vannes », affirme Christelle. Ils demandent donc un infirmier en plus sur 24 heures (soit l'embauche de 6 ou 7 infirmiers), une prime de risque de 100 euros et le remplacement des congés maternité et maladie. « Nous avons vu la direction. Elle nous parle rentabilité quand nous lui parlons humanité, continue Christophe. Les urgences psychiatriques sont une véritable cocotte-minute, prête à exploser à tout instant. Un infirmier pour quinze patients, ça n'est plus possible, on risque des fugues, des agressions qui finissent mal et des tentatives de suicide. Les soins prennent du temps, et nous n'en avons plus assez pour bien faire notre travail ».

Le conflit bientôt résolu ?

Valérie Hannon, membre de la direction du CHU : « Nous avons recruté deux des trois infirmiers manquants, ainsi que deux médecins. Nous allons procéder à une analyse des services pour redistribuer plus
justement les budgets, mais nous avons besoin de temps »

La psychanalyste Joyce McDougall
est morte

Mondialement connue, la psychanalyste Joyce McDougall, née Hilary Joyce Carrington, est morte à Londres le mercredi 24 août. Née en Nouvelle Zélande, le 26 avril 1920, dans une famille de commerçants aisés issus de l'immigration anglaise, elle fut très tôt sensible aux différences et aux inégalités au sein d'une culture encore très coloniale.

C'est à travers la lecture du Livre du ça de Georg Groddeck qu'elle découvrit la psychanalyse, ce qui la conduisit à poursuivre des études de psychologie. Après avoir épousé Jimmy McDougall, dont elle conservera le patronyme toute sa vie, elle se rendit à Londres où elle reçut sa formation clinique. Trois ans plus tard, elle s'installa en France et intégra la Société psychanalytique de Paris sans changer de nationalité.

Au fil des années, elle deviendra une clinicienne célèbre pour son talent et sa manière de mener des cures avec une finesse inouïe puis de publier des cas, toujours en accord avec ses patients. Comme le grand psychanalyste américain Robert Stoller, qui était son ami, elle s'orienta vers une compréhension novatrice des sexualités dites "déviantes" à une époque où la communauté psychanalytique méprisait les homosexuels au point de leur interdire de devenir des praticiens.

Dans un livre admirable, publié en 1978, Plaidoyer pour une certaine anormalité (Gallimard), elle aura le courage de dénoncer ce qu'elle appelait la"normopathie" (pathologie de la norme) en vigueur chez ses collègues et de montrer que ceux que l'on qualifiait de pervers pouvaient aussi être à l'origine d'une véritable créativité pour la psychanalyse.

Elisabeth Roudinesco