blogspot counter

Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

dimanche 15 mai 2011

Festival de Cannes

Psychanalyse du drame de Columbine

12/05/11

Critique de "We need to talk about Kevin", par Donald Hebert.

Un film sur un fossé entre une mère, son fils... Et ses conséquences. (D.R.) Un film sur un fossé entre une mère, son fils... Et ses conséquences. (D.R.)

De notre envoyé spécial à Cannes.

Le dégoût. Celui qu’éprouve une mère pour son fils, parce qu’il se révèle différent de ce qu’elle attendait. Voilà le thème de "We need to talk about Kevin", de Lynne Ramsay.

Le film met en scène Eva (interprété par Tilda Swinton)  qui tente de garder la raison après la tuerie dont son fils est l’auteur. Bercée entre la culpabilité d’avoir mis au monde un monstre et la volonté de chasser ses démons, elle revisite les moments-clés de l’éducation de son fils. Les crises de désespoir face à un bébé qui ne cesse de pleurer avec elle, mais qui est calme avec son père. La frustration de voir son jeune enfant ne lui témoigner aucune affection. La peur de voir l'adolescent se venger du mal qu’elle lui a fait.


Une femme prise dans un engrenage.


Peu à peu, un duel s’installe entre la mère et le fils, une lutte pour le pouvoir, invisible mais permanente. Si la thèse de l’erreur de naissance est évoquée au début à travers les doutes de la mère qui ne reçoit pas les signes qui devraient la rassurer, on s’écarte très rapidement d’un Rosemary’s baby pour plonger dans un névrose maternelle. A travers cette psychanalyse, on découvre la dureté d’une femme prise dans un engrenage et qui n’arrive pas à témoigner de son amour.


Les choix artistiques sont au service de l’histoire, la photo et le montage sont des œuvres à eux seuls. Les plans serrés et les effets plastiques s’alternent dans un montage complexe de flash back et de rêves qui piègent le spectateur dans la tête de cette famille tourmentée. A voir.

Donald Hebert - Le Nouvel Observateur

Des milliers de sages-femmes défilent à Paris
12.05.11

Actuellement, 23 870 sages-femmes exercent en France, dont moins de 2 % d'hommes.
Actuellement, 23 870 sages-femmes exercent en France, dont moins de 2 % d'hommes.

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté pour une meilleure reconnaissance des sages-femmes, jeudi 12 mai à Paris, à l'appel d'une intersyndicale de la profession et de collectifs d'usagers. Les manifestants (2 900 selon la police, 5 000 à 6 000 selon les organisateurs) ont défilé de Port-Royal aux Invalides derrière une grande banderole proclamant "une femme, une sage-femme".
Les sages-femmes, dont le mouvement était soutenu par le conseil de l'ordre de la profession, réclament une autonomie de leur formation initiale au sein de l'université, comme les médecins et les dentistes. Elles souhaitent aussi une évolution de leur statut avec la reconnaissance de leur niveau d'étude (bac +5) ainsi qu'une revalorisation de leur salaire et des cotations de leurs actes médicaux.

1 621 EUROS EN DÉBUT DE CARRIÈRE

"Non aux usines à bébés"
, "Cigogne oui, pigeon non", a scandé la foule, qui a aussi ironisé sur les rumeurs de grossesse concernant Carla Bruni, l'épouse du chef de l'Etat, en chantant : "Carlita, quand t'accoucheras, sois forte, les sages-femmes, elles ne seront plus là." Un appel à la grève avait également été lancé à l'occasion de la manifestation, qui coïncidait avec la journée internationale des sages-femmes. Le nombre de grévistes, qui peuvent être réquisitionnés dans les hôpitaux publics, n'étaient pas disponibles en début d'après-midi.

Actuellement, 23 870 sages-femmes exercent en France, dont moins de 2 % d'hommes, selon les chiffres officiels. Le traitement net mensuel d'une sage-femme de classe normale dans la fonction publique hospitalière est de 1 621 euros en début de carrière et de 2 691 euros en fin de carrière, primes et indemnités comprises.
Angelo Poli, médecin psychiatre et président du Syndicat des psychiatres d'exercice public (SPEP)

"Nous redoutons que les soins psychiatriques sans consentement deviennent la règle"

11.05.11

Gilles : Pour quelles raisons vous opposez-vous aux soins en ambulatoire sans consentement qui, a priori, semblent poursuivre le mouvement de désinstitutionnalisation entamé à la fin des années 1960, et qui, de fait, existent déjà sous la forme des sorties d'essai ?
Angelo Poli : Le projet de loi sur les soins psychiatriques actuellement débattu au Sénat est critiqué par les magistrats et par les psychiatres. Sur ce point, mais pas seulement.

Effectivement, comme vous le dites, les sorties d'essai existent et lorsque l'on se contente de lire le texte au premier degré, on peut avoir l'impression que les soins ambulatoires sans consentement sont au fond une nouvelle manière de formuler les sorties d'essai.

Le problème, c'est qu'effectivement, à un deuxième degré, les psychiatres et les magistrats s'interrogent sur le rôle que l'on veut leur faire jouer. En effet, rappelons que cette réforme de la loi de 1990 devait se faire dans les cinq ans. Il y a eu plusieurs groupes de travail qui ont fait des propositions, mais il y avait déjà eu une première tentative en 2007 d'introduire la réforme de la loi de 1990 dans un texte émanant du ministère de l'intérieur qui avait attiré l'opposition de l'ensemble des professionnels.

Entre-temps aussi, il y a eu le discours du président de la République à Antony, le 2 décembre 2008, qui a insisté sur l'aspect sécuritaire qu'il souhaitait donner à ce texte. Entre-temps également, il y a  eu une circulaire du 6 janvier 2010, cosignée ministère de l'intérieur-ministère de la santé, qui donnait pouvoir aux préfets de s'opposer aux sorties d'essai.

Ce qui fait qu'aujourd'hui, les professionnels – il s'agit donc d'une lecture au deuxième degré du texte – redoutent que ce qui était quelque chose d'exceptionnel, une sortie d'essai, devienne quelque chose de banal et de banalisé à travers les soins ambulatoires sans consentement, que cela devienne une règle, et que cela nous amène à devenir des contrôleurs sociaux.

Marion : Que recouvre concrètement cette nouvelle procédure de "soins sans consentement" ? Pourquoi se distingue-t-elle de "la sortie d'essai" ?

Rappelons que lorsque quelqu'un va mal, présente une pathologie mentale aiguë, il est hospitalisé sous contrainte. Ce qui veut dire que le psychiatre et l'équipe soignante ont la possibilité d'obliger le patient à recevoir un traitement.

Lorsqu'il va mieux, lorsqu'il est stabilisé et a mieux compris ses difficultés, on peut utiliser une possibilité, la sortie d'essai : il va pouvoir aller à son domicile, dans sa famille, pour quelques jours, mais reste sous la responsabilité de l'hôpital.

Quand il s'agit d'une hospitalisation sur demande d'un tiers (HDT), cette sortie d'essai se fait simplement sur proposition du médecin traitant. Lorsqu'il s'agit d'une hospitalition d'office (HO), le médecin traitant fait une demande au préfet, qui accepte ou n'accepte pas cette sortie d'essai et précise la durée de celle-ci. L'usage jusqu'à il y a deux ans était que pratiquement à 99 %, les préfets suivaient les propositions des médecins.

Depuis dix-huit mois environ, il y a beaucoup plus de difficultés à obtenir des sorties d'essai, car le préfet sent sa responsabilité engagée, rappelée par le président de la République, et nous demande des garanties.

Les soins ambulatoires sans consentement auraient pu être une prise en charge qui se fasse sans passer par l'hospitalisation, le but étant de contraindre un malade à prendre un traitement et à accepter un suivi.

Le choix du gouvernement a été de passer systématiquement par au minimum une période d'hospitalisation de 72 heures, au terme de laquelle peuvent être mis en place des soins ambulatoires sans consentement.

La différence fondamentale entre les deux systèmes est que la sortie d'essai permettait de vérifier que le patient allait effectivement mieux dans son milieu familial. Les soins ambulatoires sans consentement sont plutôt un engagement de l'équipe soignante à faire que le patient reste stable pendant longtemps. Or le but des soignants est effectivement de sortir du système de contrainte, pour passer à celui de convaincre le patient, où l'on prend le temps d'entrer en relation avec celui-ci, de créer une relation de confiance avec lui, pour l'amener à accepter l'idée qu'il est effectivement malade, qu'il a besoin d'un traitement et d'un suivi, d'un accompagnement.

La différence fondamentale est donc que pour nous, les sorties d'essai étaient quelque chose de provisoire – le temps d'arriver à construire quelque chose avec le patient – et nous redoutons que les soins ambulatoires sans consentement soient quelque chose de durable, dans la mesure où il y aura, entre le médecin et son patient, un tiers qui sera le préfet et/ou le juge.

Ces derniers auront le droit, chacun de leur côté, de dire : nous estimons que cette personne a encore besoin de soins sans consentement.

Franck : Je suis en sortie d'essai depuis maintenant quatre ans. Que puis-je espérer ou regretter de cette loi ?

Vous devez être considéré par votre médecin traitant comme encore fragile. La loi ne changera rien pour vous. On vous annonce dans ce texte que vous pouvez avoir recours au juge, mais cette procédure existait déjà dans le texte antérieur. Même si elle est davantage marquée cette fois-ci.

Thomas : Pouvez-vous nous détailler les autres éléments qui, dans le projet de loi sur les soins psychiatriques débattu actuellement au Sénat, vous inquiètent le plus ?

Il faut d'abord rappeler que le projet de réforme fait suite à la loi de 1990, qui elle-même réformait la loi du 30 juin 1838. Ce que nous attendions du texte au fond, c'était : à l'époque de la loi de 1990, ce qui était redouté était l'internement arbitraire. D'où l'introduction pour pouvoir être hospitalisé, de la nécessité de deux certificats. Nous attendions de la réforme actuelle qu'elle supprime ce deuxième certificat, dont les études montrent qu'il n'a pas d'intérêt.

Le deuxième élément que nous attendions, c'était le remplacement du trouble à l'ordre public par une formulation du style "mise en danger d'autrui". Les autres éléments étaient de savoir s'il fallait rester avec comme interlocuteur le préfet, comme depuis 1838, ou le juge, comme c'est le cas dans la plupart des pays européens.

Nous attendions aussi de ce texte qu'il redéfinisse les missions de la psychiatrie publique, et donc qu'il évoque les moyens nécessaires à ces missions.

Ce qui pose problème dans ce projet, c'est d'abord la regrettable absence de concertation, et l'urgence actuelle.

L'autre point, c'est ce que nous ressentons comme un almagame entre malades mentaux et délinquants en puissance, qui se révèle dans le fait que dans ce texte est repérée une catégorie particulière de patients considérés comme dangereux : les patients d'UMD (unités pour malades difficiles), ceux sortant de prison étant jugés non responsables de leurs actes.

On a l'impression que dans ce texte, le but est qu'il n'y ait plus de drames liés aux malades mentaux. Or nous n'arrêtons pas de le répéter : le risque zéro n'existe pas. Donc toutes les procédures mises en place dans ce texte, dans notre perception, visent à faciliter l'entrée – ce qui n'est pas forcément une mauvaise chose –, mais visent aussi à compliquer le processus de sortie.

Or une loi nouvelle devrait toujours tendre à simplifier et clarifier les règles, poser des principes, tout en veillant à leur applicabilité par les professionnels et à leur compréhension par le citoyen. Le présent projet est loin de cet objectif.

Marlène : Quelle solution préconisez vous aujourd'hui pour protéger les malades mentaux, à la fois face à l'institution judiciaire et face à l'institution psychiatrique ?

Je suis surpris de la formulation de la question, car notre but, que ce soit les soignants ou les magistrats, est plutôt d'aider les personnes en souffrance. Il n'y a donc pas de raison de les protéger des soignants et des magistrats.

Il faut rappeler que le but des psychiatres est d'abord de soigner une personne qui n'a pas conscience de ses difficultés, de l'aider à prendre conscience de son problème et de voir avec elle quels moyens sont nécessaires et possibles pour qu'elle puisse vivre mieux dans la société.

Nous avons donc un rôle thérapeutique à double titre : d'une part, en proposant un traitement médicamenteux, et d'autre part, en proposant un suivi psychothérapeutique.

Nous avons aussi une mission éducative vis-à-vis du patient pour lui rappeler que dans la société, il y a des règles qu'il doit respecter s'il veut vivre à sa manière.

Notre souhait est que l'on fasse confiance aux soignants, qui essaient de faire ce travail de leur mieux. Et dans ces conditions, nous essayons de limiter au minimum nécessaire l'hospitalisation sans consentement, les soins ambulatoires sans consentement afin d'aboutir à ce but : que la personne puisse retrouver une place pleine et entière dans la société, donc au milieu des autres.

Marie : Le virage sécuritaire n'a-t-il pas été entamé depuis longtemps dans le domaine de la psychiatrie ?

La logique sécuritaire a, d'une certaine manière, toujours existé en psychiatrie, puisque ce sont les fondements de la psychiatrie publique. Nous avons, nous, psychiatres, une mission de garants du bon fonctionnement social des personnes.

Au sens où, dans les personnes présentant des troubles, il est reconnu depuis 1838 qu'il y a des malades et que ceux-ci doivent être traités non pas en fonction de leurs actes, mais en fonction de leur maladie.

Donc tous les psychiatres publics ont le souci que les personnes qui sortent de l'hôpital soient en capacité de vivre dans la société sans poser de problème à eux-mêmes, aux autres et à la société.

Simplement, jusqu'à présent, c'était notre expertise qui faisait foi et qui était attestée par des certificats que nous adressions aux préfets, qui suivaient notre avis en se positionnant davantage sur la forme que sur le fond. Et quand il y avait un questionnement, il y avait un dialogue entre la préfecture et le médecin traitant.

Ce dialogue permettait d'aboutir à la meilleure solution pour tous.

C'est la rupture de ce dialogue et la méfiance vis-à-vis des soignants qui nous font entrer dans cette logique sécuritaire.

Doudi : Quels sont les moyens des préfets pour faire pression sur vous, les professionnels de la psychiatrie ?

Dominique :  Quels éléments sont fournis au préfet lors de la demande ?

Les préfets peuvent intervenir uniquement sur les hospitalisations d'office. Nous les informons régulièrement de l'évolution de l'état de santé du patient, et lorsque celui-ci va mieux, nous proposons aux préfets soit la levée de l'hospitalisation d'office, la poursuite des soins en libre, soit la sortie d'essai. Ce qui a changé, c'est qu'effectivement, aujourd'hui, le préfet nous demande de plus en plus d'information sur : le lieu où va le patient, les liens qui le lient à la personne chez qui il va, les conditions de prise en charge à la sortie. Au fond, il nous demande d'engager notre responsabilité sur le fait que le patient ne posera plus de problème. Ce qui nous pose problème...

Donc il existe une possibilité pour le préfet de refuser nos demandes lorsqu'il estime ne pas avoir suffisamment de garanties.

Dom : Comment faire prendre un traitement par voie orale sans consentement ? Le texte ne fait-il référence qu'à des traitements injectables sous contrainte ?

Lorsque le patient est hospitalisé, la plupart du temps, il est opposé – puisqu'il ne se reconnaît pas malade – à prendre un traitement. Il est donc souvent nécessaire d'utiliser des traitements injectables.

Notre but est très vite de passer à une forme orale et journalière de médicaments. Nous avons à notre disposition des traitements dits "retard" qui se font tous les quinze jours ou tous les mois, que nous proposons à nos patients soit quand ils nous le demandent par commodité – ils ont peur d'oublier leur traitement journalier –, soit parce que, en accord avec eux, nous savons que le patient, au bout d'un moment, va interrompre ce traitement oral.

Bien évidemment, cette pratique se fait avec l'accord du patient. L'idée du législateur, qui n'est pas écrite dans le texte, est peut-être de nous inciter à avoir recours plus souvent aux traitements dits "neuroleptiques retard" en espérant qu'à travers cette prise en charge, cela réduira les troubles du comportement de ces personnes.

Le risque pour nous est que le préfet nous "suggère" de mettre en place un traitement retard pour donner son accord à une sortie.

Bien évidemment, il ne nous est pas possible d'imposer à un patient qui refuserait de venir nous voir, qui déciderait d'interrompre les soins, la prise d'un traitement si c'est par choix, sans qu'il y ait rechute. Après tout, une personne peut choisir de vivre de manière originale, même si c'est peut-être marginal, mais je ne vois pas à quel titre les psychiatres devraient lui imposer un traitement au prétexte de cette originalité de vie.

Donc il est difficile d'imposer un traitement à quelqu'un qui ne collabore pas à son soin.

Marlène : Quelles dispositions manquent à cette loi ?

Plus que "quelles dispositions", je pense que ce qui manque est surtout un véritable temps de réflexion et de concertation. Il est nécessaire que les professionnels du soin, les magistrats et les politiques, y compris les maires, réfléchissent ensemble pour aboutir à un texte de compromis qui ne prête pas le flanc aux interprétations et aux procès d'intention.

Par exemple, une proposition serait de faire disparaître la notion de "trouble à l'ordre public" et de la remplacer par le risque de mise en danger d'autrui, ce qui amènerait probablement à ce qu'il n'y ait plus qu'une seule forme d'hospitalisation sous contrainte au lieu de deux actuellement.

Ce qui améliorerait le texte aussi, c'est qu'il n'y ait qu'un seul interlocuteur, soit le juge, d'après le Conseil constitutionnel. Et enfin, il serait important de redéfinir les missions de la psychiatrie publique, de garantir le mode d'organisation français de la psychiatrie publique, le secteur, qui est la base même du travail de proximité et de continuité de la prise en charge.

Il faudrait aussi mettre les moyens nécessaires à ces missions, car on demande beaucoup à la psychiatrie publique, on lui demande d'intervenir sur de multiples lieux et dans de multiples situations, alors que nos moyens ont été réduits très largement. Même s'il y a eu une petite amélioration à travers le dernier plan "santé mentale", qui a surtout permis un rattrapage plus qu'une véritable amélioration des moyens.
Chat modéré par Emmanuelle Chevallereau

Nomination


Un nouveau patron pour la Direction Générale de la Santé

Jusqu’alors directeur de l’ARS de Lorraine Jean-Yves Grall a été nommé mercredi Directeur général de la Santé. Le nouveau patron de la DGS n’a pas été recruté dans le sérail des universitaires comme à l’accoutumée. Ancien praticien libéral, il s’est fait connaître en 2007 par un rapport sévère sur la PDS et plus récemment pour avoir viré un chirurgien messin dont le service connaissait une surmortalité inhabituelle.

Comme annoncé par legeneraliste.fr dès le 22 avril, c’est donc le directeur de l’ARS de Lorraine, le Dr Jean-Yves Grall, qui devient le nouveau Directeur général de la Santé. Sa nomination a été officialisée par le conseil des ministres de mercredi. Ce cardiologue de 54 ans n’est pas un professeur de médecine, une grande première à la DGS. D’abord praticien libéral de 1986 à 1995 puis hospitalier à Châteaubriant jusqu’en 2003, date à laquelle il rejoint l’administration. Dans un premier temps, conseiller médical auprès du directeur de l’ARH d’Ile-de-France, puis conseiller général des établissements de santé et enfin conseiller médical de la directrice de l’hospitalisation et de l’organisation des soins, Annie Podeur. Il prend la tête de l’ARH de Lorraine en 2007 avec l’appui du ministre de la Santé de l’époque... un certain Xavier Bertrand.


À l’été 2007, il s’était illustré par un rapport très dur sur l’organisation de la permanence de soins, un dispositif qu’il jugeait alors « fragile, aléatoire et coûteux ». Il soulignait alors à Roselyne Bachelot que « dans le contexte de création des ARS, il existe une réelle opportunité de remettre à plat la situation et de changer de stratégie ». De fait, il a été entendu : la loi HPST a effectivement prévu de confier l’organisation de la PDS aux ARS, même si celle-ci ne s’est pas encore mise en place. « Un pilotage unique de l’organisation et des financements par le directeur de l’ARS semble d’évidence le plus cohérent, » observait-il alors. Il a également été l’auteur d’un rapport sur « le médicament à l’hôpital » en 2003, « les maisons médicales de garde » en 2006 et « l’évaluation du Plan Urgence » en 2007.


À la tête de l’ARS de Lorraine, il a notamment eu à gérer le scandale du service de chirurgie cardiaque du CHR Metz. En octobre 2010, il avait suspendu l’activité de ce service en raison d’un taux de mortalité des patients double de la moyenne nationale et triple pour la pose de valves cardiaques. Pour l’heure, c’est la directrice adjointe de l’ARS de Lorraine, Marie-Hélène Maître, qui va assurer la direction par interim de l’agence.

Valse de hauts fonctionnaires au ministère de la Santé

Son prédécesseur le Pr Didier Houssin qui a été notamment à la man?uvre pour la gestion de la campagne de vaccination contre la grippe A devrait prochainement prendre la tête de l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur. Choisi par le Président de la République, ce chirurgien de 61 ans, qui était arrivée à la DGS en avril 2005, en remplacement de William Dab, a été auditionné la semaine dernière par les commissions des affaires culturelles du Sénat et de l’Assemblée nationale.


La nomination d’un nouveau DGS vient compléter le jeu de chaise musicale dans les administrations centrales et agences sanitaires en cours depuis le début de l’année, à la faveur notamment de l’affaire Mediator. Un mouvement d’une ampleur et d’une rapidité jamais observées jusque-là, même en cas d’alternance politique. Reste encore à Xavier Bertrand à trouver un ou une nouveau patron pour l’INCA qui est sans directeur depuis la nomination du Pr Dominique Maraninchi à l’Afssaps. Encore une fois, il pourrait puiser dans le vivier des directeurs d’ARS.

Près de 18 % des quinquas au travail se sentent en mauvaise santé
   
Les 50-59 ans qui travaillent se portent mieux que les chômeurs et les inactifs. C’est l’étude européenne SHARE (Survey of Health Ageing and Retirement in Europe) 2006-2007 qui confirme « l’effet travailleur en bonne santé ». Elle montre aussi de grandes différences selon les pays. Et si la France détient le record de l’espérance de vie, ses quinquagénaires au travail ne figurent pas parmi ceux qui ont le meilleur état de santé.

Ainsi, 17,8 % d’entre eux se perçoivent-ils en mauvaise santé (32 % des chômeurs et inactifs). C’est beaucoup plus qu’en Irlande (6,3), en Suisse (7,3), au Danemark (10,3), en Belgique (10,4) ou aux Pays-Bas (12,7). Mais loin du record polonais (26,6) et moins qu’en Allemagne (20,4).

La France est en outre en tête pour la proportion de personnes déclarant deux symptômes physiques ou plus, avec 37,4 %, devançant même la Pologne (35,1). Et en deuxième position pour les symptômes dépressifs : 26,5 % des travailleurs français quinquagénaires déclarent au moins trois symptômes évocateurs de dépression (31,4 % en Pologne mais 9,4 % seulement en Grèce).

En fait, quel que soit l’indicateur retenu, les conditions de travail, telles qu’elles sont ressenties, sont fortement corrélées avec l’état de santé. D’autres facteurs, connus, entrent aussi en ligne de compte : le fait de vivre en couple et le niveau d’éducation sont protecteurs ; les hommes ont moins de risques de déclarer des symptômes physiques ou dépressifs que les femmes et l’âge accroît la mauvaise santé perçue et la faiblesse de préhension.

Pour les auteurs de l’étude publiée par l’IRDES (Institut de recherche et documentation en économie de la santé)*, le résultat français « est d’autant plus préoccupant dans un contexte où le recul de l’âge de la retraite est au cœur des débats politiques actuels ». Et il se demande s’il est « possible d’harmoniser les politiques publiques du marché du travail et de la protection sociale en Europe avec des états de santé aussi divers ».
R. C.

14/02/2011


mercredi 11 mai 2011

Revue de presse

Psychiatrie: la majorité sénatoriale accepte les soins ambulatoires sans consentement

PARIS - La majorité sénatoriale UMP et Union centriste s'est finalement ralliée, vendredi, à l'une des dispositions centrales du projet de loi sur l'hospitalisation d'office, la possibilité de soins ambulatoires sans consentement pour troubles psychiatriques.

Alors qu'une bonne partie d'entre eux, notamment centristes, critiquait cette mesure, la majorité a adopté vendredi à l'aube un amendement de compromis d'Alain Milon (UMP), sous-amendé par le rapporteur UMP Jean-Louis Lorrain, précisant le dispositif.

Nous ne voyons pas comment quelqu'un qui est soigné sans son consentement peut être soigné chez lui, avait pourtant déclaré lors de l'examen en commission Alain Milon (UMP).

Son amendement précise notamment que ces soins ambulatoires peuvent avoir lieu indifféremment dans des unités hospitalières temps plein et dans tous les autres lieux où les équipes psychiatriques interviennent habituellement.

La présidente de la commission des Affaires sociales, la centriste Muguette Dini, qui avait claqué la porte comme rapporteure du texte après que ses propositions eurent été rejetées en commission, s'est toutefois abstenue.

D'amendement en sous-amendement, nous arrivons à un texte en léger progrès. Encore un effort, madame la ministre, et les soins ambulatoires ne pourront être prescrits qu'à des malades consentants a-t-elle ironisé.

Ces tâtonnements montrent combien le projet de loi n'est pas abouti, a-t-elle asséné.

La gauche a vivement combattu cette disposition, jugeant comme Annie David (CRC-SPG, communistes et parti de gauche) que les patients ne doivent être ni livrés à eux-mêmes ni mis à la charge de leur famille.

Ces soins ne font l'objet d'aucune définition précise, rien sur le contenu du protocole, sur les conditions de sa mise en oeuvre, et ils sont inapplicables en raison du manque de personnel qualifié, a renchéri Jacky Le Menn (PS).

L'examen du projet de loi, qui est contesté par tous les syndicats de psychiatres, pourrait se prolonger jusqu'à vendredi.
(©AFP / 11 mai 2011 13h43)


Le Sénat accepte les soins ambulatoires sans consentement en psychiatrie

La majorité sénatoriale UMP et Union centriste s'est finalement ralliée à l'une des dispositions centrales du projet de loi sur l'hospitalisation d'office qui fait polémique, la possibilité de soins ambulatoires sans consentement pour troubles psychiatriques, à l’instar de ce qui existe déjà sous forme d’hospitalisation d’office. La majorité a ainsi adopté mercredi à l'aube un amendement de compromis précisant que ces soins ambulatoires «peuvent avoir lieu indifféremment dans des unités hospitalières temps plein et dans tous les autres lieux où les équipes psychiatriques interviennent habituellement». La présidente de la commission des Affaires sociales, la centriste Muguette Dini, qui avait claqué la porte comme rapporteure du texte après que ses propositions eurent été rejetées en commission, s'est toutefois abstenue. «D'amendement en sous-amendement, nous arrivons à un texte en léger progrès. Encore un effort, madame la ministre, et les soins ambulatoires ne pourront être prescrits qu'à des malades consentants» a-t-elle ironisé. La gauche a aussi vivement combattu cette disposition, jugeant comme Annie David (CRC-SPG, communistes et parti de gauche) que "les patients ne doivent être ni livrés à eux-mêmes ni mis à la charge de leur famille"."Ces soins ne font l'objet d'aucune définition précise, rien sur le contenu du protocole, sur les conditions de sa mise en oeuvre, et ils sont inapplicables en raison du manque de personnel qualifié", a renchéri Jacky Le Menn (PS).L'examen du projet de loi, qui est contesté par tous les syndicats de psychiatres, est loin d’être terminé. Il pourrait se prolonger jusqu'à vendredi.


Psychiatrie : polémique sur l'obligation de soin
11/05/2011

Manifestation mardi devant le Sénat à Paris contre le projet de loi sur l'obligation de soin en psychiatrie.
Manifestation mardi devant le Sénat à Paris contre le projet de loi sur l'obligation de soin
en psychiatrie.
Crédits photo : PIERRE VERDY/AFP

Les sénateurs examinaient ces jours-ci le projet de loi sur l'obligation de soins en cas de troubles psychiatriques. Un projet vivement décrié par la profession.

Le projet de loi sur l'hospitalisation d'office continue de faire parler de lui. Déjà adopté par les députés en mars, il était examiné au Sénat mardi et mercredi, sous l'œil critique des syndicats de psychiatres, dont une partie a manifesté mardi devant le Palais du Luxembourg pour marquer son désaccord. Le texte, voulu par Nicolas Sarkozy après le meurtre d'un étudiant grenoblois par un malade échappé de l'hôpital, est controversé tant chez les professionnels que chez les politiques.

Au cœur de ce texte, la possibilité nouvelle d'imposer des soins psychiatriques à un malade sans l'enfermer à l'hôpital. Les personnes concernées ne sont pas en mesure de comprendre qu'elles ont besoin d'être soignés, sans pour autant avoir besoin d'être hospitalisées, soit parce qu'ils sont bien entourés par leurs proches soit parce qu'ils ne représentent pas de danger pour eux-mêmes ou pour autrui sous traitement. Ils peuvent par exemple souffrir de certains troubles de l'humeur, de dépression ou de schizophrénie.

«Une mesure contre-productive»

Le Dr Pierre Parésys était en grève mardi, à l'appel de l'intersyndicale des psychiatres publics. Vice-président de l'Union syndicale de la psychiatrie, il fait partie des spécialistes qui ont signé «l'Appel des 39 contre la Nuit Sécuritaire», un collectif en première ligne de la contestation qui réclame le retrait du texte. Il dénonce une loi dont le but est de généraliser le traitement sans consentement, ouvrant la voie aux abus. «Le risque pour les médecins est de succomber à la facilité. Il est plus facile d'imposer un traitement que d'établir une relation de confiance avec les patients pour les convaincre qu'ils ont besoin d'être soignés», dénonce-t-il. «Mais au final, cela va s'avérer contre-productif : si les patients redoutent d'être soumis à des soins obligatoires, ils vont devenir méfiants et finiront par éviter les psychiatres. Résultat : ils iront de plus en plus mal».

A l'inverse, et même s'il déplore que la loi «manque d'ambition» et introduise des «lourdeurs» dans les procédures, le Pr Thierry Bougerol estime que permettre d'imposer un traitement à une personne sans l'enfermer est positif. «Cela va dans le sens de l'évolution de la psychiatrie moderne. On essaie le plus possible de ne pas hospitaliser les gens à temps complet, car cela leur permet de garder un lien avec leur famille, leurs proches, et de ne pas être stigmatisés», explique le chef de service du CHU de Grenoble.

Lire la suite ici


Rodez : Les salariés de Ste-Marie ne sont pas d’accord

PH.R.
11/05/2011
La colère gronde.
La colère gronde.(D.B.)

Ce matin, devant le siège de l’association hospitalière Sainte-Marie, à Chamalières dans le Puy-de-Dôme, ce sont près d’un millier de salariés, sur les 5 000 qu’elle compte, qui manifesteront leur mécontentement à l’occasion d’une commission paritaire.

Une première qui traduit bien ce malaise qui dure depuis le mois de décembre. La psychiatrie ne semble pas échapper à "la gestion comptable de la santé", comme l’a souligné un des délégués syndicaux qui, ce matin est parti de Rodez dans un des trois bus en direction de Chamalières.

Lire la suite ici
«Papotin» Des autistes à la page
Chaque mercredi, un comité de rédaction un peu particulier se tient dans un cinéma parisien: des jeunes et moins jeunes qui souffrent de troubles du développement préparent leur journal. Une expérience pionnière qui dure depuis vingt ans.
Par SONYA FAURE
09/05/2011

Impossible de se souvenir précisément de quoi on parlait (d’amour ? de moto ? de pieds ?) : les discussions s’enchaînaient, les questions se bousculaient. Quand Thomas a dit d’un air entendu : «Tu sens une petite symphonie en toi quand même…» Voilà. C’est pour ces phrases sans bride, ces mots qui riment même s’ils ne finissent pas pareil, que le Papotin est né, il y a vingt et un ans. Le Papotin, «journal atypique»,écrit par des personnes autistes ou souffrant de troubles envahissants du développement. «Un jour, un des papotins a inventé le mot "fierteur", raconte Driss el-Kesri, chef de service éducatif à l’hôpital de jour Santos-Dumont, à Paris, et rédacteur en chef du journal. Il avait raison : fierté, c’est un peu étriqué.»


C’est mercredi, les papotins sont au «Paradis», le nom de la salle tout en haut du cinéma le Lucernaire, à Paris, où le comité de rédaction se réunit chaque semaine. Ils ont tenu à s’installer hors les murs de l’hôpital, dans un lieu de culture pour les gens «ordinaires», le mot qui revient dans leur bouche pour désigner la société des non-autistes. C’est tout l’enjeu du journal : faire un pont entre ces jeunes adultes (les quarante papotins ont entre 15 et 45 ans) et les autres. Un livre sort, écrit par le chanteur Marc Lavoine, qui les accompagne depuis leur début, et Driss el-Kesri, en forme d’anthologie : extraits de textes, d’interviews ou de chansons tirés de la publication (1).

Lire la suite ici

Presse
Citron

Intelligence artificielle : des chercheurs ont créé le premier ordinateur schizophrène !

Après une légère modification de son système d’intelligence artificielle, un ordinateur présente des symptômes proches de la schizophrénie et s’accuse notamment d’être le responsable d’attentats à la bombe !
HAL9000 460x276 Intelligence artificielle : des chercheurs ont créé le premier ordinateur schizophrène !
HAL 9000

« Je sais que Frank et toi avez l’intention de me déconnecter. C’est quelque chose que je ne peux vous laisser faire. »
Cette célèbre citation de HAL 9000, l’ordinateur conscient hors de contrôle dans « 2001, l’Odyssée de l’espace » vient de faire un pas de la fiction vers la réalité. Heureusement, la lutte contre la schizophrénie aussi.

Lire la suite ici

Viedemeuf, c'est le blog ouvert par Osez le féminisme pour mettre en lumière les inégalités femmes - hommes qui persistent dans notre société. En 2011, en France, les femmes gagnent en moyenne 27% de salaire en moins, assument 80% des tâches ménagères, représentent 18,5% des députés, constituent 85% des travailleurs précaires, sont victimes de violences au quotidien (chaque année, 75 000 femmes sont violées en France) et sont obligées de se coltiner régulièrement les blagues machistes encore fortement en vogue... La liste pourrait continuer longtemps. L'objectif de ce blog est de rendre visible le sexisme ordinaire pour montrer l'importance d'être - encore aujourd'hui - féministe !

Famille, travail, couple, rencontres, soirées... : cliquez ici pour raconter votre "vie de meuf".

mercredi 11 mai 2011

J'allais faire un tour en vélo, journée ensoleillée, chouette balade... je vois un homme se tourner vers moi depuis le trottoir, et m'adresser le plus naturellement du monde :"Toutes des salopes !"... Super, belle violence gratuite! #viedemeuf

T.

En famille

En ce moment, la maison est en travaux, et il y a pas mal de béton a faire, donc pas mal de sable de cailloux, et de ciment a transporter. aujourd'hui nous sommes allez chercher du sable, et nous sommes rentrés a la maison un peu tard. Ma mère repartis donc les taches :
"Bon, les mec vous videz le sable, et nous on va s'occuper de faire a manger et tout"
ce a quoi mon frère répond "ouais, les femmes au ménage !!"
Stéréotype quand tu nous tiens ... #viedemeuf
Angel

Lire la site ici

Jouer pour de vrai. Du psychodrame individuel à la psychanalyse

Patrick DELAROCHE (ed)
4
Avril 2011 – Erès – Coll. Hypothèses

Le psychodrame psychanalytique individuel (PPI) permet à un patient (enfant, adolescent, adulte) de mettre en scène de façon improvisée et ludique les fantasmes qu'il ne pourrait ni dire ni même se représenter en relation duelle.

Lire la suite ici
Ces hommes stériles par choix

Tabou. Pour assumer leur part dans la contraception, quelques hommes, en France, choisissent la vasectomie. Une pratique radicale encore perçue comme une castration.

Par LISA VIGNOLI
Vous
20/04/2011
(Anne-Lise Boutin)

Certains parlent d’un «frémissement». D’autres constatent que des choses bougent vraiment. C’est le cas de l’urologue Franck Bruyère qui voit, chaque semaine, des hommes «consulter pour une vasectomie». Derrière ce mot se cache la stérilisation masculine. Cette méthode de contraception est aujourd’hui très répandue dans les pays anglo-saxons, utilisée par 16% des couples américains (500 000 vasectomies y sont pratiquées chaque année). Outre-Atlantique, ça n’a rien de nouveau. Il y a vingt-cinq ans déjà, dans les rues de New York, des hommes affichaient leur soutien au mouvement féministe en ayant recours à la vasectomie, épinglant avec fierté un badge sur un blouson :
«Je l’ai fait, je suis vasectomisé.»

Lire la suite ici
A Cognacq-Jay, l’hospitalité en fin de vie
Par ERIC FAVEREAU

Société

03/05/2011
Etre hospitalisé dans cet étrange bâtiment tout en verre ? On en aurait presque envie. Peut-être est-ce en raison du jardin. Il y a des rigoles de pierre, des bouts de ruisseau, des roseaux. Il y a des buissons. Un jardin sépare les deux bâtiments de l’hôpital Cognacq-Jay, celui de la rééducation et celui des soins palliatifs. C’est un drôle de lieu, planté entre deux rues dans le XVe arrondissement de Paris.

Lire la suite ici

Les Livres de la Philosophie

La ville au loin
Jean Luc Nancy


La ville n'a pas toujours été, elle ne sera pas toujours, elle n’est peut-être déjà plus. Si l’on songe qu’en même temps « la ville » est un motif (un concept peut-être, en tout cas un schème, une sorte de monogramme ou d’emblème) qui converge, confine et consonne avec rien de moins que le motif de la « civilisation » elle-même, on mesure l’enjeu de son existence désormais reconnue transitoire.
D’autre part, la ville par elle-même – la cité matérielle, l’urbs, la place forte devenue simplement place, lieu de connexion, de coagulation et de diffraction en même temps – joue un rôle dont aucune culture rurale n’offre l’équivalent ou le substitut. L’essence de la ville se montre très exactement en cela : un échangeur qui n’enveloppe pas ses propres destinations.
D’avoir trop regardé la ville à l’horizon comme le schème pur, le monogramme de la civilisation, nous en avons perdu la vue ou bien l’image est devenue obscure, confuse, brouillée, obstruée ou oblitérée. N’essayons plus de voir : écoutons les rumeurs inouïes de la ville incivile, au loin, tout près.

Janvier 2011 - Éditions de la Phocide – 19 €