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dimanche 8 mai 2011

Un petit coin de ralenti


Label. Bienvenue à Segonzac, en Charente, première «ville lente» de France.
Par LISA VIGNOLI Envoyée spéciale à  Segonzac (Charente)
25/04/2011
Un escargot dans une ferme à escargot bulgare, en 2009.
Un escargot dans une ferme à escargot bulgare,
en 2009. (Stoyan Nenov / Reuters)

Et si Segonzac devenait aussi célèbre que son voisin Jarnac ? En Charente, à 9 kilomètres seulement du fief de feu François Mitterrand, ce village, situé en plein cœur des vignes, vit depuis quelques mois une expérience qui fait beaucoup parler : l’adhésion à «Città Slow», le réseau international des «villes lentes» (lire ci-contre). La commune est en effet la première en France à avoir obtenu ce label, créé en 1999 dans la lignée du mouvement italien slow-food. L’idée ? Se concentrer sur une meilleure qualité de vie et créer un environnement sans pression des horaires. Très tendance à l’heure où on dénonce la dictature de l’urgence.


Escargots.
L’hôtel de ville donne le ton. Des sculptures d’escargots, qu’on appelle ici «cagouilles», symboles par excellence du mouvement, trônent sur les comptoirs, consoles et bureaux. S’ils font sourire le maire, Véronique Marendat, l’intérêt est, pour elle, avant tout de faire de Segonzac un «village où il fait bon vivre». Pour obtenir ce label, décerné par un comité scientifique, il a fallu respecter 70 critères, allant du respect de l’environnement à l’hospitalité en passant par la réduction du bruit.


Colette Laurichesse, adjointe au tourisme et à la culture, a mené le projet de A à Z et se dit fière d’en être arrivée là. Elle évoque ses nombreuses initiatives. Pour éviter que les supermarchés deviennent la norme, elle a fait revenir les commerçants de proximité qui avaient déserté le «centre-bourg» : «On va enfin avoir un boucher avant la fin de l’année, ça faisait un moment qu’on l’attendait.» Aussi, afin de privilégier les acteurs régionaux, tous les dimanches, un rassemblement de producteurs de la région, pour férus de panier bio et autres locavores, a été instauré sur l’esplanade du triangle d’or mairie-église-boulangerie.


Parmi les commandements slow, nombreux sont ceux qui font la part belle à l’écologie. A Segonzac, la consommation d’énergie a été réduite dans tous les lieux publics : écoles, maison de retraite, médiathèque… sont chauffés au bois et non au gaz. En outre, chaque foyer possède sa poubelle individuelle de tri sélectif, et les murs du futur hôpital sont entièrement végétalisés.


Côté transports, les pistes cyclables prennent toute leur place, tandis que les voitures sont appelées à ralentir, voire à s’effacer au profit de voies piétonnes. Mais on milite aussi pour un aménagement urbain raisonné. Résultat, les espaces verts sont rois, on construit des maisons passives et, pour éviter le mitage du territoire, on privilégie le patrimoine déjà bâti au détriment d’une construction à tout va.


Derrière cette philosophie, il y a des actes concrets, une révolution lente. Néanmoins, insiste l’adjointe, «il nous reste des choses à améliorer», comme parvenir à ce que le label devienne fédérateur pour les gens. Pour ça, on envisage notamment la création de jardins partagés, où chacun viendra récolter ce qu’il a semé.


«Mou».
Aujourd’hui, dans ce village de 2 200 habitants, c’est davantage la municipalité que les Segonzacais qui porte ce label. Pour eux, ce côté «ville lente» est loin de faire rêver. Instinctivement, «les gens font le raccourci entre lent, mou et peu dynamique», raconte une mère de famille.


Ils sont peu nombreux à vouloir d’une ville en sommeil, d’une bourgade qui ronronne. La veille, d’ailleurs, raconte Delphine, gérante du (seul et unique) Café de la place, «j’ai vu arriver un habitué, le dos volontairement courbé et qui marchait au ralenti. Quand je lui ai demandé pourquoi il avait cette allure de vieillard, il m’a répondu : "Ben quoi, on n’est pas dans la ville lente ici ?"». L’expression a clairement du mal à passer. «On nous a même demandé de faire changer le nom du label», s’étonne Véronique Marendat. Personne n’avait anticipé une telle réaction. Surtout en Charente, où prendre son temps est un leitmotiv. Et pour cause : au pays du cognac, le temps a une valeur. «Pour nous, c’est un outil de travail», raconte une productrice. Il suffit de rentrer dans un chai de vieillissement pour le comprendre. Dans un silence absolu, les fûts d’eau-de-vie ambrée patientent jusqu’à ce qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes. Et, souvent, ceux qui y reposent le plus seront les plus précieux.

Illustration Laurent Lolmède

«Un groupe, cela se construit»
Nicole Catheline
, pédopsychiatre


Interview
Par NOÃMIE ROUSSEAU

Nicole Catheline est pédopsychiatre au centre hospitalier Henri-Laborit à Poitiers. Elle est l’auteure de Harcèlement à l’école (1).
Y a-t-il un profil de l’élève harcelé ?
Il n’y a pas de «type» avec d’un côté la pauvre victime et de l’autre le vilain harceleur. Ils passent de l’un à l’autre, se ressemblent, notamment par leur devenir, avec des épisodes dépressifs et suicidaires, des difficultés à s’intégrer, une instabilité affective à long terme. Leur proximité tient au même besoin identitaire : comment je me situe par rapport aux autres ?
Comment en arrive-t-on à des situations de harcèlement ?
Les adultes considèrent que le monde des enfants leur appartient, qu’ils n’ont pas à aller y voir. Jusqu’aux années 60, cela pouvait fonctionner, car toute la vie était articulée autour de groupes. Aujourd’hui, l’individualisme a pris le pas, l’école est devenue le seul lieu où le groupe est obligatoire pour les enfants. Mais un groupe, cela se construit. Et les enfants ne savent plus comment faire. Livrés à eux-mêmes ils peuvent se transformer en petits monstres. Les adultes ne s’en doutent pas toujours et les laissent dans des situations dramatiques. Il faut intervenir, il suffit souvent de dire : «Si on te faisait la même chose, est-ce que tu accepterais ?» L’enfant répond en général ne pas s’être rendu compte de son comportement.
Pourquoi y a-t-il urgence à agir maintenant ?
Avant, les inhibés, les timides, trouvaient du travail, s’intégraient. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. C’est un vrai problème de société. Il ne s’agit pas d’une simple question de surveillance des cours de récréation, à laquelle il faut répondre par un discours sécuritaire. En 1968, on s’est libérés d’une société paternaliste et hiérarchisée. Mais la tradition judéo-chrétienne est encore fortement présente, avec cette idée : les bons élèves font des efforts, on apprend dans la douleur. Et, finalement, une certaine violence dans l’éducation est tolérée.

(1) Ed. Albin Michel, 2008.

La littérature hors les murs
Nancy Huston
07.05.11

Les romanciers reçoivent toutes sortes d'invitations et, comme il se doit, chacun accepte celles qui font vibrer le mieux ses papilles ou les fibres de son âme. Pour ma part, ces dernières années, je suis frappée de constater qu'en règle générale, plus loin je pénètre dans les colloques et facultés, études et symposiums spécifiquement "littéraires", plus je m'éloigne de la littérature. En revanche, chaque fois que je suis invitée à intervenir dans une prison - ou lorsque, comme la semaine dernière, on me propose de parler au Salon Nomade, groupe littéraire auquel participent une trentaine de femmes d'une banlieue populaire d'une ville du Nord, je sais que je m'y trouverai confrontée de la manière la plus intense et authentique.
Ce n'est pas du snobisme à l'envers ; dans ces derniers contextes, plus que dans les premiers, la littérature prend réellement tout son sens. Non seulement vos interlocuteurs ont lu votre livre, ils l'ont pris à coeur. Vos personnages les habitent, dialoguent avec eux, comptent pour eux. L'enjeu est énorme, vital. Là où les universitaires vous demandent poliment de "faire un bref exposé soit critique, soit créatif, soit critique et créatif (cinq à dix minutes) à une ou plusieurs tables rondes de votre choix, même si votre présence à toutes les tables rondes serait appréciée et encouragée" (sic, une invitation récente), les hommes et les femmes en marge vous parleront, deux heures durant, sans retenue, de leur existence. Sa dureté. Sa saleté. Ses ironies. Ses passions qui bouleversent, chamboulent, transportent. Prenant comme point de départ l'histoire que raconte votre livre, s'interrogeant sur les lubies et les travers de vos personnages, ils en viennent à s'interroger sur leur propre -histoire.

Lors du tour de table à la maison d'arrêt des hommes de Fleury-Mérogis, au mois de mars, il va de soi que les détenus ne précisent pas la raison pour laquelle ils se trouvent derrière les barreaux... mais j'ai l'habitude, je sais à peu près ; certains ont commis de graves violences contre des femmes, allant jusqu'au viol et au meurtre. Là, ils viennent de lire Infrarouge et se montrent interloqués pour ne pas dire déstabilisés par le personnage principal, cette femme photographe, grande voyageuse passionnée par la gent masculine, avec sa manie de faire des photos des hommes au moment de l'orgasme. La discussion est drôle et désordonnée : quand je réponds à la question rituelle, incontournable : "S'agit-il d'une autobiographie ?" par la boutade de Brigitte Fontaine : "Non, c'est de la littérature pure bio !", ils éclatent de rire ; à partir de là ils réussissent à chercher dans le livre, non ce qu'il raconte de la vie de son auteur, mais ce qu'il raconte de la vie tout court.

Dans la banlieue du Nord, je me retrouve face à une trentaine de femmes maghrébines d'âges divers, moitié voilées moitié non ; sont venues aussi certaines de leurs filles, sans voile, lycéennes. Animation incroyable : elles se coupent la parole, connaissent par coeur l'histoire de la famille protestante que j'évoque dans Ultraviolet, habitant dans l'ouest du Canada, en pleine crise économique des années 1930. Les questions fusent : "C'est quoi la différence entre protestantisme et catholicisme ?" "D'où vient cette notion de péché ?" "Pourquoi la mère est-elle si sévère ?" "Et pourquoi elle blâme Dieu, la fille ? Elle ne devrait blâmer que ses parents !" "Moi je pense que la mère est jalouse de sa fille ! A mon avis elle aurait préféré que le beau docteur s'intéresse à elle !" "J'ai vu ça du point de vue de la fille, mais aussi de celui de la mère. Elle a raison de vouloir protéger sa fille !"

Dernière question, tout à fait à la fin de la rencontre, venue d'une des lycéennes : "Excusez-moi, mais, quand vous écrivez, est-ce que vous vous dites : là je mets une métaphore, là une prolepse, là une allitération, là une inversion chronologique ? Parce que c'est tout ce qu'on nous apprend à l'école, quand on étudie des romans !"

Ah oui l'école. Littérature douche froide. La critique, pas l'art. Les structures, pas la vie. Le recul, pas le cul. Distance, distance ! Pas de naïveté, voyons ! Un roman est fait de mots et de phrases, pas trace d'un être humain là-dedans, faut pas se laisser prendre ni surprendre ! L'identification, c'est bon pour les ploucs, les béotiens. Distance, distance, visons l'immortalité !

(Souvenir de cette journaliste qui, dans un quotidien de gauche, évoquait le livre "cru" et "lucide" de la jeune auteure Heather Lewis, morte de sa propre main à l'âge de 28 ans, ne mentionnant l'inceste de l'auteure avec son père que pour évoquer un passage particulièrement "cru" et "lucide" et "bien écrit" où Heather disait pouvoir sentir, petite, presque toujours, le moment où son papa allait éjaculer dans sa bouche. O mais la journaliste était si bien éduquée, si littérairement correcte, qu'elle ne s'est pas permis la moindre émotion, car lorsqu'on parle littérature dans les milieux chics et chocs et pros n'est-ce pas, on n'est pas dans la saleté des choses mais dans la propreté et je dirais même la propriété des mots.)

O littérature ! Littérature qui sauve un peu la vie ! Qui permet de vivre mille vies et pas seulement la sienne ! D'apprendre le monde par le coeur, par le corps, en se glissant dans la peau et la pensée des êtres différents de nous ! Dostoïevski nous permettant d'écouter des bagnards, O'Connor nous plongeant dans le subconscient de grands pervers, Gary nous administrant l'antidote à tous les héroïsmes ! Littérature liberté ! Bol d'air ! De grâce, reviens !
Nancy Huston

Une "marche du cannabis" pour réclamer la dépénalisation

Les manifestants ont répondu à l'appel d'une quinzaine d'associations et de groupes politiques.
Les manifestants ont répondu à l'appel d'une quinzaine d'associations et de groupes politiques.
AFP/JACQUES DEMARTHON

P
lusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés samedi après-midi place de la Bastille à Paris pour réclamer la dépénalisation de la consommation de cannabis, la régulation de sa production et sa prescription dans un cadre thérapeutique.

Scandant "je ne me drogue pas, je me soigne" ou "on veut du bédo bio", le cortège, d'où s'échappaient des effluves de chanvre, s'est ébranlé en direction de la place de la rotonde de Stalingrad (XIXème arrondissement).

Les manifestants ont répondu à l'appel d'une quinzaine d'associations et de groupes politiques, dont Act Up, AIDES, le CIRC (Collectif d'information et de recherche cannabique), Cannabis sans frontières, les Jeunes écologistes, EELV, le Mouvement des jeunes socialistes ou la Ligue des droits de l'homme. "A un an des élections présidentielles, on veut faire émerger le thème de la dépénalisation dans la campagne politique", a dit Farid Ghehioueche, de l'association Cannabis sans frontières.

FAIRE BAISSER LA VIOLENCE

"Il y a 4 millions de consommateurs réguliers de cannabis en France, 12 millions de consommateurs occasionnels. Il n'y a pas ou très peu de gens qui meurent du cannabis, en revanche, il y a des morts liés au trafic illicite"
, a souligné pour sa part André Gattolin, délégué national d'Europe Ecologie Les Verts, présent dans le cortège. "Je suis persuadé que la dépénalisation, accompagnée d'une production de cannabis contrôlée, permettrait de faire baisser cette violence", a-t-il poursuivi, relayant les propos récents de Stéphane Gatignon, maire EELV de Sevran (Seine-Saint-Denis), ville gangrenée par le trafic de cette drogue.

Cette marche était organisée simultanément à Lyon, Marseille, Nantes, Toulouse, Aurillac ou Strasbourg et aussi en Guadeloupe et à La Réunion.

Chronique d’une mort annoncée

« Au XVIIe siècle, les médecins étaient des domestiques, aujourd'hui il faut qu'ils le redeviennent… » C'est ce qu'on peut entendre de certains orateurs exerçant à Sciences Po ou à l'ENA.

Dans le Courrier de l'Ouest du 26 janvier, on peut lire que les subventions pour le maintien du CAPS ne sont pas renouvelées, et que donc le système de garde mis en place par les médecins généralistes dans le cadre de la PDS, ne semble pas être une priorité pour nos organismes de tutelle. Cette situation créée donc un préjudice pour l'accès aux soins des malades.


En dernière page, on peut lire aussi dans un autre article que 99 % des gens interrogés se disent satisfaits des recommandations délivrées par les pharmaciens, et que ceux-ci souhaitent mettre en place « un coin enfant ». Ce sera un espace où seront délivrées des recommandations sur les vaccinations, l'alimentation, la prévention,…


Dans le même journal, le lendemain, on parle des IDE qui sont au contact des patients âgés déments pour finir par : « Ils vont toujours voir leur neurologue une fois par mois, ainsi que leur guérisseur en qui ils ont confiance ».


Enfin, dans le Quotidien du médecin de la même journée, on relate le fait que les agressions vis-à-vis des médecins généralistes ont augmenté de 20% en 2010.


Au total de la petite enfance aux personnes âgées le médecin généraliste est étrangement absent du paysage médiatique. On ne s étonnera donc pas de voir nos jeunes médecins déserter une profession aussi mal considérée et agressée dans la pratique de son art. Absent des médias, bientôt absent dans les esprits mais aussi sur le terrain, notre société a oublié que les médecins généralistes (homme de terrain, au contact de la population, souvent médecin urgentiste (médecin de SP), coordonnateur de maison de retraite, vacataire sur les hôpitaux ruraux, actifs sur la mise en place de l'HAD, des réseaux de soins palliatifs et gérontologiques, SIAD, addictologie, maître de stage pour étudiant en médecine … et j'en oublie), ont perdu leur identité dans la société d'aujourd'hui. Leur activité au quotidien est si lourde qu'ils ont oublié, ou non pas le temps de communiquer auprès de leurs instances , parce que leur priorité est d'être au service des malades. Il est vrai que notre profession s'est "dispersée", en acceptant, cautionnant et finançant même des médecines dites parallèles par exemple, certes présentant parfois un intérêt mais loin des préoccupations de santé publique et plutôt centré sur l'individualité. D'où la difficulté de mettre en place des politiques de préventions cohérentes de dépistage (cf la prise en charge de la vaccination antigrippale de 2010 où les MG ont été"évincés").


Nos organismes de tutelle et nos politiques ont participé à ce déclin par manque de soutien. Aujourd'hui, en urgence, on nous demande même de participer à des audits que nous devons nous-même financer !


Devant ce constat affligeant, si la profession ne prend pas la mesure des difficultés présentes, en se rassemblant autour d'un projet commun et cohérent, quelque soient les sensibilités syndicales ou autres. Si nos futurs successeurs (s'ils existent !) (les étudiants) ne s'impliquent pas dans une reforme originale, ils seront les « domestiques » d'une institution qui favorise la médecine hospitalière et institutionnelle. Onze sur douze de mes stagiaires ont cédé à cette activité où les responsabilités sont « diluées » et les horaires programmés.


Enfin, j'ose espérer que le pôle santé (où les pôles ) qui se créera à Doué-la-Fontaine répondra aux exigences d'une médecine générale dont la pratique va inévitablement changer. Il vaut mieux être les acteurs d'une réforme que les spectateurs d'un déclin de notre identité. Je serais le transmetteur de mes compétences et de mon expérience, mais il faut aller chercher nos successeurs dans les facultés auprès du département de MG, pour qu'ils s'impliquent dans la médecine qu'ils pratiqueront eux, demain.


Dr Philippe Babin
, Doué-La-Fontaine (Maine-et-Loire)
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Magnéto, docteur !
Publié le 04/05/2011


Proposée depuis 1993 dans le traitement des dépressions pharmaco-résistantes, la stimulation magnétique trans-crânienne (SMT) est reconnue comme une approche efficace depuis une étude en double insu en 1997 et une approbation officielle de la Food and Drug Administration en 2008 [1]. The American Journal of Psychiatry offre un éclairage sur cette nouvelle méthode, vouée à deux évolutions possibles : devenir soit une thérapeutique banale, proposée par « la plupart des psychiatres, sinon tous », soit au contraire une technique spécialisée ne concernant qu’une partie des psychiatres auxquels seraient adressés les patients réfractaires aux traitements (médicamenteux) habituels.

Les auteurs rappellent l’indication actuelle (dépression pharmaco-résistante, après essai infructueux – ou intolérance – d’au moins un antidépresseur) et les modalités pratiques de la SMT : séances de 20 à 40 minutes avec impulsions magnétiques de 1,5 à 3 Tesla délivrées très brièvement (pendant « une fraction de milliseconde » chacune), à raison de « 3 000 à 6 000 impulsions par séance, 5 jours par semaine et durant 4 à 8 semaines » par cure. Après « bien des controverses » depuis une quinzaine d’années, les données disponibles montrent désormais que la SMT appliquée sur « l’aire préfrontale gauche pendant plusieurs semaines » traite la dépression aiguë « chez des patients unipolaires modérément (mais non absolument) résistants aux antidépresseurs. »

Les effets de cette méthode sont « à peu près équivalents à ceux des antidépresseurs » mais « moindres que ceux de l’électro-convulsivothérapie. »
La recherche se focalise désormais sur l’amélioration de la technique (pour optimiser « son efficacité clinique et sa durabilité »), sur la question de savoir si la SMT peut représenter aussi un traitement d’entretien, et pour quels types de patients. On s’efforce ainsi de tester son efficacité dans d’autres groupes que son indication initiale (sujets unipolaires pharmaco-résistants), notamment chez les adolescents, les patients bipolaires, ou en cas d’association avec des troubles anxieux ou d’autres comorbidités.


Dr Alain Cohen

George MS et Post RM : Daily left prefrontal repetitive transcranial
magnetic stimulation for acute treatment of medication-resistant depression. Am J Psychiatry, 2011; 168-4 : 356-364.
Québec

Le CHUS utiliserait souvent les électrochocs

Publié par Vincent Franche-Lombart
05 mai 2011 

Le CHUS-Hôtel-Dieu aurait réalisé 717 électrochocs pour l'année 2009.

C'est du moins ce qu'affirme le porte-parole du comité Pare-chocs, Ghislain Goulet.

Ces chiffres classeraient le CHUS au deuxième rang des hôpitaux ayant offert le plus souvent ce genre de traitement au Québec.


Monsieur Goulet déplore l'absence de documentation en lien avec cette pratique qu'il juge dangereuse.


Il mentionne également qu'une étude commandée par le Ministère de la santé en 2003 avait proposé des solutions qui n'ont pas été appliquées.


Le CHUS confirme avoir recours régulièrement aux électrochocs

Publié par Vincent Franche-Lombart
06 mai 2011

Le département de psychiatrie du CHUS Hôtel-Dieu confirme que des traitements d'électrochocs sont données à certains patients, mais elles se font dans un cadre sécuritaire.


Le psychiatre Claude Arbour signale qu'on est toutefois bien loin des méthodes utilisées dans les années 40 ou 50 alors que la personne était consciente.

Il précise qu'aujourd'hui, les patients qui reçoivent des électrochocs sont endormis et l'objectif est de les soulager des symptômes de dépression majeure qu'ils éprouvent.


Le docteur Arbour souligne que le CHUS prend toutes les mesures nécessaires pour diminuer les risques associés aux électrochocs pour les patients.


Les patients du CHUS qui reçoivent des électrochocs doivent signer un formulaire de consentement.


Depuis 2005, le comité Pare-chocs questionne de façon continue le ministre de la santé afin d'obtenir les chiffres exacts et les détails des méthodes utilisées, mais sans succès.