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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mercredi 23 mars 2011

Police  et cetera

23 mars 2011
Les policiers sont parfois appelés pour maîtriser un individu qui a visiblement perdu la raison. C’est une opération délicate, l’une des rares, d’ailleurs, où l’utilisation du Taser peut se justifier. Mais une fois cette mission menée à bien, les questions surgissent. Que faut-il faire de l’individu arrêté ? Garde à vue ? Procédure ? Ou au contraire, la mission de police administrative doit-elle prendre le pas sur la mission de police judiciaire…
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Hier, l’assemblée nationale a adopté en première lecture le projet de loi sur les soins psychiatriques. Cette réforme, voulue par le Président à la suite d’un meurtre commis par un schizophrène en cavale, est fortement contestée dans le monde médical et même chez les magistrats. Certains parlent d’une dérive sécuritaire, tandis que d’autres, plus terre-à-terre, notent qu’il s’agit d’un artifice pour masquer « la misère » des services psychiatriques (deux fois moins de lits qu’il y a vingt ans).

Mais le projet de loi prévoit également d’apporter des modifications à l’hospitalisation d’office – autrement dit l’internement sans consentement.  On parle de 70 000 personnes retenues ainsi contre leur gré. Dans le même temps, dans un avis publié au JO du 20 mars , Jean-Marie Delarue, le Contrôleur général des lieux de privation de liberté, tire la sonnette d’alarme. Il s’inquiète de l’accroissement préoccupant dans les hôpitaux de personnes dont la maladie n’exige plus qu’elles soient privées de liberté. Et il dénonce aussi (et surtout) les modalités de l’internement d’office lorsque la décision est prise par les préfets.

Quelles sont aujourd’hui les conditions requises pour procéder à un internement d’office ? Tout est dans le Code de la santé publique, lequel a fait l’objet d’un sérieux relookage dans les années 2000 (art. L3212 et suivants).

Le plus fréquemment, il s’agit d’une décision qui fait suite à la demande d’un tiers, souvent un parent. Cette demande doit être manuscrite et signée par la personne qui la formule. Elle est accompagnée de deux certificats médicaux datant de moins de quinze jours.

Dans les autres cas, lorsqu’il s’agit de malades dangereux ou susceptibles de troubler gravement l’ordre public (environ 15 000 par an), c’est le préfet (à Paris, le préfet de police) qui prononce un arrêté pour décider de l’hospitalisation d’office. Et, le directeur de l’établissement doit lui transmettre dans les 24 heures un certificat médical établi par le psychiatre maison. Tous ces mouvements, (entrée, sortie, etc.) sont inscrits sur un registre (que certains nomment “fichier des fous”). Le préfet a ensuite trois jours pour transmettre les informations concernant sa décision au procureur de la République. Au bout de deux semaines, le psychiatre doit établir un nouveau certificat médical pour faire le point sur l’évolution de la maladie. Au vu de ce document, l’hospitalisation peut être maintenue pour une durée d’un mois, renouvelable ad vitam aeternam selon les mêmes modalités. Pour ressortir, le patient doit obtenir le feu vert du psychiatre et une décision positive du préfet. Avec le principe de précaution, c’est pas gagné…

C’est donc dans ce genre de situation que le policier ou le gendarme intervient, puisque le comportement dangereux se manifeste le plus souvent dans un endroit public. Il s’agit donc bien d’un acte de police administrative effectué sous l’autorité du préfet.

Sauf à Paris, où le commissaire de police possède, en cas d’urgence, le même pouvoir qu’un maire. C’est-à-dire celui de faire procéder à l’internement d’office, à charge d’en référer au préfet de police dans les 24 heures. Pouvoir personnel du commissaire d’arrondissement, dont se fait l’écho le Contrôleur général des lieux de privation de liberté, dans un rapport où il accable la séculaire « infirmerie psychiatrique de la préfecture de police ». Et de s’interroger pour savoir si cette organisation parisienne « qui tire son origine de la compétence donnée au préfet de police en 1800 » présente des garanties suffisantes…

Depuis la nuit des temps, le sort des malades souffrant de troubles mentaux a toujours été lié au sort de ceux qui peuvent être victimes de leur comportement. Avec des controverses sans fin. Et le plus souvent, à défaut de pouvoir les soigner, on a choisi de les écarter de la société. Ce qui a conduit parfois, sous prétexte de bienséance, à des internements arbitraires. Car, dans les faits, on donne au médecin et au préfet le pouvoir du juge : priver quelqu’un de sa liberté.

Il n’y a pas de solution miracle, mais en liant le juge et le médecin, on pourrait peut-être se rapprocher du « moins mal ». En tout cas, le renforcement des pouvoirs du préfet pour placer ou maintenir quelqu’un dans un milieu fermé peut difficilement passer la porte d’une démocratie. Dans ce domaine, le représentant de l’État n’est légitime que pour gérer l’urgence. Ensuite, il doit passer la main.

Une grève pour dire les maux de la psychiatrie à La Couronne

Les grévistes entendaient dénoncer des conditions de travail de plus en plus difficiles. Photo Quentin Petit
Les grévistes entendaient dénoncer
des conditions de travail de plus en plus
difficiles.
Photo Quentin Petit

"Des maux pour le dire": tel était le thème de la grève d'hier, à l'appel de la CGT, au centre hospitalier spécialisé (CHS) Camille-Claudel à La Couronne. L'objectif était de permettre aux salariés de dire ce qu'ils vivent au quotidien. «Je suis frustré dans mon travail face aux patients. Parce que je n'ai pas assez de temps», explique l'infirmier Joël Estival, le responsable de la CGT du CHS.

Les grévistes ont saisi l'occasion pour lancer une enquête afin d'évaluer le degré de satisfaction ou d'insatisfaction au travail des personnels. «Et puis les patients sont de plus en plus considérés comme des délinquants. On a remis des grillages, des caméras de surveillance, depuis l'an dernier», proteste un collègue.

En vrac, les salariés dénoncent «l'hôpital géré comme une entreprise», les moyens qui diminuent quand les missions se multiplient, les économies qui se font toujours sur la masse salariale, avec un recours de plus en plus important aux emplois précaires: ils représentent un quart des effectifs de l'hôpital.

«30% des psychologues sont employés en CDD de trois ou quatre mois,
cite l'une d'eux. Si on s'engage dans une thérapie longue, le patient va devoir changer de personne en cours de route.» Elle redoute une autre dérive: «On va nous obliger à faire des thérapies brèves pour être plus rentables.»«avec des salaires de misère, qui sont qualifiés et sans qui l'hôpital ne pourrait pas tourner».
Autres précaires, les contrats aidés,

La grève n'a concerné hier qu'une poignée de salariés, sur les 790 équivalents temps plein qui travaillent sur l'une ou l'autre des antennes de Camille-Claudel dans le département.
Les députés votent un texte controversé sur la psychiatrie
Publié le 22/03/2011

PARIS (Reuters) - Les députés français ont adopté mardi en première lecture le projet de loi sur les droits et la protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques, un texte critiqué par les professionnels.

Ce texte, qui a été approuvé majorité contre opposition, devrait être examiné par le Sénat en mai ou en juin.

"C'est un texte d'affichage. C'est un leurre. C'est un texte contreproductif et dangereux", a dit la communiste Jacqueline Fraysse alors que son collègue UMP André Flajolet estimait qu'il s'agissait d'une réponse "attendue depuis longtemps".

Ce texte, qui modifie la loi de 1990 sur l'hospitalisation sans consentement, fait suite à un discours de Nicolas Sarkozy en décembre 2008 quelques jours après le meurtre à Grenoble d'un étudiant par un schizophrène en fuite.

Il prend en compte une décision du Conseil constitutionnel qui exige la présence d'un juge lorsque l'hospitalisation dure plus de deux semaines.

Le projet de loi propose notamment l'instauration de soins à domicile et institue une période d'observation d'une durée de 72H quand le malade est hospitalisé sans son consentement.

A l'appel d'un collectif qui a lancé une pétition ayant recueilli environ 21.000 signatures, quelque 200 personnes avaient manifesté contre la réforme la semaine dernière aux abords de l'Assemblée nationale.

La quasi-totalité des syndicats de psychiatres publics et privés, soutenus par des syndicats de magistrats et la Ligue des droits de l'homme, dénoncent ce projet de loi qu'ils qualifient "d'inadapté et d'inapplicable". Ils affirment que ce texte "assimile trouble mental à délinquance".

Emile Picy
, édité par Yves Clarisse

La loi sur la psychiatrie est l'indice d'un Etat qui préfère punir que guérir


L
e projet de loi relatif aux "droits et à la protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques" provoque à juste titre la colère et l'indignation des associations professionnelles. On dénonce la création d'un casier judiciaire psychiatrique ou d'une garde à vue psychiatrique. On pointe la dimension exclusivement sécuritaire du projet de loi, dont le vocabulaire et la logique relèvent plus du ministère de l'intérieur que de celui de la santé. Ce n'est pas tout à fait vrai. C'est pire : il est sanitaire pour les entrées et sécuritaire pour les sorties, ce qui rendra un peu plus infernale la situation sur le terrain, en engorgeant les unités d'hospitalisation temps plein et en entravant la réalisation des soins urgents, notamment pour les malades susceptibles de commettre un acte violent.

On critique l'absence de moyens qui rend ce projet irréalisable et la mauvaise foi de ceux qui feignent de l'ignorer. Tout cela est exact mais ces objections sont singulièrement naïves : comme si le projet du législateur était d'adopter une loi effective ! Il y a belle lurette que les lois ne sont plus faites pour être appliquées ou pour améliorer la situation de ceux qui auront à en subir les effets, mais pour afficher la force de l'Etat-gendarme.

En un mot, pour comprendre le contexte de ce projet de loi, il faut surmonter l'indignation, prendre la mesure d'un certain nombre de bouleversements et de changements de paradigme. On se donne alors une chance de saisir ce qu'il peut y avoir de commun entre des phénomènes apparemment aussi divers que la souffrance au travail, avec son lot de suicides, la plainte diffuse de corps professionnels comme les policiers, les enseignants, les chercheurs, les magistrats, les médecins hospitaliers... ou la recherche systématique de boucs émissaires.

Il est d'usage d'opposer l'Etat-providence à l'Etat-gendarme et de reléguer le premier à un passé révolu. Mais l'on n'a pas suffisamment pris la mesure des effets psychiques qui ont accompagné la façon dont s'est opérée cette mutation dans notre pays : c'est une chose de ne plus se sentir protégé par une instance bienveillante ; c'en est une autre de vivre dans toute leur cruauté les attaques de ce qui exerçait autrefois une fonction tutélaire. C'est ce retournement malveillant qui est au coeur d'un grand nombre de souffrances diffuses : le sujet ne se sent plus seulement "lâché", mais se sent attaqué violemment par l'Etat, qui se défausse sur lui. Pourquoi ?

C'est que les politiques doivent résoudre une équation singulièrement complexe : concilier le maintien, voire l'accroissement des attentes, la pression des lobbies associatifs et la diminution des moyens, sans déclencher la colère populaire avec ses conséquences électorales.

Force est de constater qu'il y a également des solutions perverses. Elles ne sont pas réductibles au mensonge. Elles reposent sur les mêmes mécanismes que ceux que l'on décrit dans la clinique des perversions et de la perversité : le déni ; le clivage ; la projection (on chasse le lampiste et on choisit le bouc émissaire, généralement parmi les plus vulnérables) ; le défi (on fustige tout argument critique) ; l'inversion des valeurs (les plus démunis deviennent les plus dangereux) ; la fuite en avant (tel un vulgaire escroc empêtré dans la course folle de sa cavalerie, l'Etat vole de loi inappliquée en loi inapplicable)....

En bout de course, ce sont les acteurs de terrain qui se voient désignés comme étant à l'origine du mal et qui en portent le poids. Qui dira la douleur de ceux qui ont choisi de donner un sens collectif à leur engagement et qui se voient, au coup par coup, au petit malheur la malchance, designés à la foule comme fauteurs de troubles à l'ordre public ; de ceux qui se débattent pour sauver ce qui peut l'être ? Policiers, magistrats, fonctionnaires de justice, enseignants, chercheurs, médecins hospitaliers... ils se reconnaîtront.

Mais là encore, pour bien saisir ces changements, il faut prendre la mesure de deux bouleversements de nos représentations. C'est sur eux que s'appuie la solution politique perverse : aujourd'hui, la question n'est plus "Que faire ?" mais "A qui imputer ?". Il ne s'agit plus tant de construire ensemble que de savoir qui est responsable des dysfonctionnements.

La bureaucratie managériale en est l'agent. Elle s'infiltre partout et nous commande ce qui doit être et comment faire plus avec moins. On réglemente. On établit des procédures. On impute. On communique. Mais il n'est pas certain que l'on construise ensemble l'avenir du pays.

Le second bouleversement est la désuétude de l'éthique de la responsabilité, qu'il ne faut surtout pas confondre avec la recherche permanente d'un responsable. Cette dernière relève d'une logique d'adjudant en quête de bidasse chargé de corvée. Comme Michel Foucault l'avait clairement pressenti, on a glissé du paradigme du sujet responsable (ou irresponsable s'il est malade) à celui de l'individu dangereux porteur de risques. Malade ou non, il est la nouvelle figure de la peur.

Le vrai responsable, celui à qui il convient d'imputer l'origine du crime, ce n'est donc plus celui qui l'a commis, mais le juge qui l'a libéré, le psychiatre qui a décidé de sa sortie de l'hôpital, ou l'agent de probation qui ne l'a pas suffisamment surveillé... Il suffit de réfléchir quelques secondes pour mesurer combien ce nouveau regard qui déresponsabilise l'auteur pour surresponsabiliser celui qui l'encadre est lourd de conséquences, puisque l'homme criminel n'est plus sujet de ses actes, transférant sur les acteurs du champ social l'opprobre de son geste.

On reconnaît la rhétorique habituelle de notre président : il n'y a pas de fatalisme ; il y a bien un responsable ; il faudra payer ; c'est la règle... Après le musulman, le Rom, c'est le tour du fou dangereux. C'est à lui d'incarner cette peur dont l'Etat sécuritaire a besoin pour s'auto-affirmer. Tous les pervers le savent : c'est aux plus faibles qu'il convient de s'attaquer si l'on veut être certain du résultat.

Dès lors, on comprendra que tous les arguments sensés, tous les développements sur notre histoire prestigieuse, nos valeurs de civilisation, soient de peu de poids. Au contraire, ils renforcent la détermination de ceux auxquels ces critiques s'adressent. Cette loi en discussion, si elle est votée, ne sera que le dernier avatar, affligeant, misérable, d'un système original qui avait fait ses preuves pendant près de deux siècles.

Elle sera appelée à être abrogée, pour ouvrir la voie à une judiciarisation des hospitalisations, comme dans tous les pays de développement comparable au nôtre. Les historiens se demanderont à quoi avait bien pu servir cet intermède législatif imposé contre le consentement de la profession. A des facteurs exclusivement conjoncturels. A pas grand-chose au regard des enjeux fondamentaux que sont, pour toute société, la façon dont elle traite les plus démunis de ses citoyens et l'équilibre fragile et délicat entre la nécessité de soins et le respect des libertés individuelles. C'est ce "pas grand-chose" qui semble caractériser la période que nous traversons.

La "philosophie" qui sous-tend l'ensemble de ce projet de loi est nauséabonde. Il faut le refuser.
 
Daniel Zagury, psychiatre, médecin-chef au Centre psychiatrique du Bois-de-Bondy (Seine-Saint-Denis), expert auprès des tribunaux
Plus de personnel pour offrir des services en santé mentale
20/03/2011

(Agence QMI)
Josianne Desjardins
 


MONTRÉAL - Six ans après la mise en œuvre d’un plan de transformation des services en santé mentale, des organisations syndicales déplorent le manque d’effectifs médicaux dans les équipes de travail et demandent au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) de déposer son bilan, prévu déjà depuis janvier.
Plusieurs personnes aux prises avec un problème psychiatrique sont «laissées à elles-mêmes», selon la Fédération interprofessionnelle du Québec (FIQ), parce qu’elles doivent absolument avoir un médecin de famille pour consulter un psychiatre.


Michèle Boisclair, vice-présidente de la FIQ, a dressé un «sombre bilan» concernant les postes laissés vacants que devraient combler notamment les médecins de famille et les psychiatres.


Selon cette dernière, toutes les équipes des 12 centres de santé et des services sociaux (CSSS) du territoire montréalais sont incomplètes, à l’exception du CSSS Ahuntsic/Montréal-Nord, qui compte 48 intervenants.


À titre d’exemple, la FIQ révèle que le CSSS du Sud-Ouest/Verdun serait le plus mal en point, étant donné que seulement 50% des postes en santé mentale seraient comblés.


Selon le bilan, «les heures de disponibilité des spécialistes varient entre 1 à 14 heures par semaine» d’un CSSS à l’autre pour ceux qui ont besoin d’avoir accès à des services psychiatriques.


Cette situation a donc pour conséquence que «les délais d’attente sont vraiment plus longs», allant même jusqu’à un an avant d’obtenir un premier rendez-vous en psychiatrie. «Les personnes concernées se retrouvent donc plus souvent aux urgences ou dans les services de détention», a soutenu Mme Boisclair.


«La pénurie de médecins est là. Si vous n’en avez pas, ce n’est pas possible de faire un suivi par la suite», a-t-elle ajouté.


Contactée à ce sujet, Nathalie Lévesque, porte-parole du MSSS, a affirmé que l’équipe de direction en santé mentale fait actuellement le tour des régions pour rédiger le rapport, qui devrait être rendu public prochainement.
 
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Les psychiatres de la Réunion en grève
Publié : mardi 15 mars 2011


Le syndicat des psychiatres des hôpitaux appelle tous les psychiatres à participer ce mardi 15 mars aux différentes actions de protestation programmées et à se déclarer grévistes au moins pour une heure. Les représentants syndicaux donnent rendez-vous aux praticiens à 11 heures à l’Etablissement publique de santé mentale, pour une assemblée générale.
 
Le Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux (SPH) de l’Établissement Public de Santé Mentale de la Réunion appelle le personnel à cesser le travail ce mardi 15 mars. Au cœur des revendications : la création d’une "loi psychiatrie et santé mentale" pour une politique de soins cohérente et le refus d’un service psychiatrique uniquement basé sur l’aspect sécuritaire. Une assemblée générale aura lieu à 11h mardi matin devant l’EPSMR et un point presse sur le site de Cambaie. Tous les membres du personnel de la psychiatrie sont appelés à débrayer durant une heure au moins.
 
Les praticiens de l’île réclament la mise en place d’une loi qui permettrait une psychiatrie ouverte et moderne et "pas uniquement une réforme des hospitalisations sous contrainte" comme le prévoit la loi de 90. L’application de ce dispositif permettra de :
 
- mettre en place une politique sanitaire cohérente en envisageant globalement l’organisation des soins publics et libéraux sur le territoire, la législation des soins sans consentement, le management hospitalier pour la psychiatrie, l’articulation santé/ justice et sanitaire/ médico-social ;
 
- définir des objectifs sociétaux au système de soins psychiatriques, l’accès aux soins, le soulagement de la souffrance psychique, l’intégration, la citoyenneté, la déstigmatisation, le droit aux compensations du "handicap psychique".
 
Les psychiatres de la Réunion s’insurgent par ailleurs contre la psychiatrie "exclusivement sécuritaire". Ils veulent également réitérer son attachement à une loi purement sanitaire qui viendrait enfin délimiter le champ d’intervention des psychiatres et structurer leurs pratiques , dans le respect de leur éthique soignante ;
 
Le syndicat des psychiatres dénonce enfin le "casier psychiatrique", qui implique la prise en compte des "antécédents" de la personne dans les modalités de sortie.

Législation psychiatrie

18.08.2009
Mise à jour le 30.03.2010

Code de santé publique

Version consolidée au 27 juin 2009

Livre II : lutte contre les maladies mentales

Sommaire détaillé :

TITRE Ier : Modalités d’hospitalisation

  • Chapitre Ier : Droits des personnes hospitalisées (art L3211 et suivants)
  • Chapitre II : Hospitalisation sur demande d'un tiers (art L3212 et suivants)
  • Chapitre III : Hospitalisation d’office (art L 3213 et suivants)
  • Chapitre IV : Hospitalisation des personnes détenues atteintes de troubles mentaux (art L3214 et suivants)
  • Chapitre V : Dispositions pénales. (art 3215 et suivants)

    TITRE II : Organisation

    • Chapitre 1er : Sectorisation psychiatrique (art L3221 et suivant)
    • Section 1 : Définition et organisation technique des secteurs (art r3221 et suivant)
    • Chapitre II : Établissements de santé (art L3222 et suivant)
    • Chapitre III : Commission départementale des hospitalisations psychiatriques (art L3223 et suivant)

      Consulter la suite ici


Lune gibbeuse ou pleine, brune ou rousse, blanche ou noire, elle intrigue !
19 mars 2011



Vous l’avez vu tous les jours depuis une semaine, l’astre de nuit était présent durant la journée d’ailleurs cette photo a été prise à 14H le 16 MARS à Saint Martin. Cela s’explique du fait de la distance particulièrement ‘courte’ entre la terre et la lune dont la  position est au plus près de la Terre : périgée à 356 530 km

Ce soir, la lune sera non seulement pleine, mais apparaîtra aussi plus grosse de 14 % et plus brillante de 30 % que normalement.

La NASA rapporte la date de  1993 pour trouver une pleine lune aussi près de la Terre !

La légende de la lune :

On peut s’interroger sur le fait que l’association entre loup-garou et la Lune (symbole de chasse et du mystère) ne soit pas plus ancienne. Mais, au XVIIe siècle, lorsque l’on prétendait que les loups-garous envahissaient l’Europe, on préféra certainement croire qu’ils étaient les signataires de pactes avec Satan et le fruit d’obscures incantations de magie noire plutôt que les victimes involontaires de cycle lunaire.

Aujourd’hui, les loups-garous ont bien entendu rejoint le peuple des lutins dans les contes et légendes mais il faut croire que le mythe est tenace dans l’inconscient collectif puisque l’on croit encore que la pleine Lune modifie le comportement humain.

Cette conviction s’est révélée suffisamment forte pour pousser certains chercheurs à tenter de trouver une corrélation entre les cycles lunaires et les suicides, les meurtres ou les dépressions nerveuses. Certains intellectuels fantastiques ont même été jusqu’à nommer ce phénomène “l’effet Transylvanie”.

Du psychologique au physique

Mais les résultats de ces études, certes passionnantes, ont été jusqu’à présent peu convaincants. En 1978, un article paru dans The Journal of Clinical Psychiatry (Le Journal de la Psychiatrie clinique) intitulé Agressivité chez l’homme et cycle lunaire synodique a provoqué une volée de réactions en affirmant que “Statistiquement, il y a une augmentation des cas d’homicides et d’agressions au moment de la pleine Lune… On soupçonne l’existence d’un rythme biologique de l’agressivité humaine en résonance avec le cycle lunaire”.

Pour les scientifiques américains James Rotton, Roger Culver et Ivan Kelly, une simple “méta-analyse” de la littérature parue sur le sujet les a amenés à démentir cette idée toute faite. En 1996, ils ont publié un article dans la revue canadienne Skeptical Inquirer, titré The Moon Was Full and Nothing Happened (La Lune était pleine et il ne s’est rien passé). Selon les auteurs : “Les phases de la Lune ne représenteraient pas plus de trois centièmes de 1 % de la variabilité des comportements qualifiés de “folie”, un chiffre trop minime pour être d’une valeur ou d’une signification réelles. “

Une réserve confirmée par le spécialiste français en chronobiologie (science de l’étude des rythmes biologiques touchant les processus vitaux d’un organisme vivant), Marc Schwob. Pour l’auteur de l’ouvrage Être au top à chaque heure (Éditions Hachette, 1998), aucune enquête n’a pu clairement confirmer un effet de la Lune et les recherches les plus sérieuses rendent des résultats contradictoires. Il rapporte ainsi les résultats d’une étude américaine paris en 1967 : le suivi des maternités de New York entre 1948 et 1957 a démontré une recrudescence des naissances dans les jours précédents et suivants la pleine Lune. Uns seconde étude menée par le même auteur sur autant de nouveau-nées entre 1961 et 1963 montra une diminution des naissances durant la période de pleine Lune ! Bref, rien de bien concluant.

Concernant le nombre de crimes et le taux de suicides imputables à la pleine Lune, “il y a, selon Marc Schwob, une évidente contradiction entre les statistiques et ce qui est constaté chaque mois à cette période par les professionnels, notamment les policiers et les infirmières d’asiles psychiatriques”.

Mais si les nuits de pleines Lune sont redoutées dans les urgences et chez les personnels en charge de psychotiques, comment peut-on expliquer un décalage entre l’observation empirique et les données statistiques officielles ?

Pour la plupart des médecins, les statistiques sont menées sur des périodes trop courtes et sur des éventails de populations insuffisants. Ils assurent qu’il est inconcevable qu’un astre si proche ayant une incidence directe sur les marées ne puisse pas avoir d’influence sur la physiologie de l’être humain.

Quoi qu’il en soit, depuis des temps immémoriaux, en admirant cette splendeur d’argent par une nuit sans nuages, le cartésien même le plus ardent devra reconnaître que la Lune semble nourrir de sombres mystères qui ne se dissiperont peut-être pas au grand jour.

Profitons d’elle car la Lune réclame son indépendance. Des mesures effectuées au laser sur la distance Terre-Lune révèlent que le satellite s’éloigne progressivement de notre planète à raison de 3,8cm par an (soit un éloignement de 10 % de sa distance actuelle au bout d’un milliard d’années). Se sentirait-elle mal-aimée de la Terre ? Certainement pas puisque des milliers d’yeux se sont tournés vers elle lorsque, le 11 août 1999, elle s’est placée dans l’alignement du Soleil pour l’éclipser.

dimanche 20 mars 2011

Psychiatrie: le rapport qui accuse
18/03/2011
Le contrôleur général des lieux de privation de liberté dénonce, dans un avis que s’est procuré «Libération», l’hospitalisation sous contrainte.
Par ERIC FAVEREAU

«Nous disons que tout cela est insupportable.» Les mots sont durs. Le contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue, est pourtant un homme posé, conseiller d’Etat de formation. Il va faire paraître au Journal officiel un avis sur l’hospitalisation d’office en psychiatrie (télécharger ici le document au format PDF), et une recommandation sur l’Infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de Paris (télécharger ici le document au format PDF et lire cet article), deux textes que Libération a pu se procurer.

Constat terrible. Leur parution intervient au moment même où le Parlement débat d’un projet de loi qui vise à étendre encore les mesures de contrainte pour les malades mentaux. «Nous ne parlons pas dans le vide, argumente Jean-Marie Delarue. Depuis deux ans, nous avons visité plus d’une vingtaine de lieux d’hospitalisation psychiatrique. Ce ne sont pas de simples visites. Nous arrivons à l’improviste, nous restons, nous regardons tout.» Le contrôleur général des lieux de privation de liberté lâche : «Au regard des droits de l’homme, la situation est inquiétante et elle s’aggrave.» Avec, en arrière-fond, un mal typiquement français : le législateur fait des lois, mais les droits qu’elles sont censées garantir ne sont pas accessibles.


C’est sur la question centrale de l’hospitalisation d’office qu’a planché le contrôleur. En vertu de la loi de 1990, les préfets peuvent, sur le fondement d’un certificat médical, faire admettre à l’hôpital des personnes, contre leur gré, «atteintes de troubles mentaux et qui compromettent la sûreté des personnes ou portent atteinte, de façon grave, à l’ordre public». Cette mesure, supposée exceptionnelle, est appelée «hospitalisation d’office» (HO). Elle peut être renouvelée, sans limite de temps. «Le malade en sort lorsque le médecin psychiatre, qui estime la sortie possible, la propose au préfet, lequel décide ou non la mainlevée de l’hospitalisation d’office», note Jean-Marie Delarue.


Droits formels.
Le législateur avait donc recherché un équilibre, entre le médical et l’administratif.
Mais «aujourd’hui, quatre éléments mettent en cause gravement cet équilibre». D’abord, note l’avis, dans de très nombreux cas, les droits formels du patient ne sont pas respectés. Exemple : «On interdit la plupart du temps au malade d’avoir recours à un avocat. On lui dit, certes, qu’il peut saisir un juge, mais sans lui donner l’adresse, ni le lieu. Les formulaires qui lui sont fournis sont illisibles. L’accès à ses possibilités de recours n’est pas possible», s’étonne le contrôleur.


Deuxième point qui noircit le paysage de la psychiatrie : «C’est le grand retour de l’enfermement qui caractérise désormais ces lieux de soins.» Cela n’est pas sans aberration : dans un même service de psychiatrie, les patients en hospitalisation libre sont contraints de vivre comme les autres, c’est-à-dire reclus, «en totale contradiction avec leur situation», note Jean-Marie Delarue. «Les portes d’un nombre croissant d’unités hospitalières psychiatriques sont en effet fermées à clef. Les patients, qui sont là librement, ne peuvent sortir, même pour se promener dans un parc, ni pour se rendre dans une cafétéria, ou participer à un office religieux.» Et de préciser : «Ces restrictions ne sont pas sans incidence sur la vie des malades et sur les relations avec leurs proches.» En d’autres termes, la logique de l’enfermement tire tout le monde vers le bas.


Troisième point : les sorties d’essai. Depuis des années, c’était une pratique essentielle pour permettre à un patient en HO de commencer à se réhabituer à la vie hors les murs. Le médecin responsable signait alors un certificat, qui était ensuite, la plupart du temps, validé par le préfet autorisant la sortie. Depuis le meurtre à Grenoble en novembre 2008 d’un étudiant par un patient en fugue, les préfets ont peur. Une crainte renforcée par une circulaire de 2010, signée par les ministres de la Santé et de l’Intérieur, rappelant leur responsabilité directe. «Aujourd’hui, devant ces demandes de sortie d’essai, le préfet hésite, diligente une enquête de police. Les sorties d’essai se sont réduites comme peau de chagrin. Des malades, habitués à sortir régulièrement, en sont interdits.»


Attaché. Dans le même ordre d’idée, les levées de HO, décidées par le préfet, sur demande du médecin, sont de plus en plus difficiles. «Aujourd’hui, le préfet hésite, demande une expertise, mais il n’a pas d’argent pour la faire. Au final, cela traîne des mois, voire des années»,lâche Jean-Marie Delarue. Des patients sont ainsi retenus, sans aucune justification médicale. «Le préfet fait ce qu’il veut au nom d’arguties juridiques qui ne sont pas opératoires.»

Quatrième point : la situation des détenus qui bénéficient de l’article D 398, permettant à l’autorité préfectorale de placer un détenu en hôpital psychiatrique. Voilà des personnes incarcérées qui sont en crise. Le médecin de la prison demande qu’ils soient hospitalisés, et le préfet peut transformer leur incarcération en hospitalisation d’office. Mais là encore, c’est d’abord le parapluie que l’on ouvre. «Le préfet craint, par-dessus tout, l’évasion. Il traîne. Alors qu’il y a urgence, cela peut prendre jusqu’à deux semaines, alors que la personne est en crise aiguë.» Pendant cette crise, le détenu reste en cellule. Quand il arrive enfin à l’hôpital, il est mis systématiquement en chambre d’isolement, durant tout son séjour. Parfois, il est même attaché, sans discontinuer, pendant deux semaines. Résultat ? «On ne leur donne pas les soins appropriés à leur état, cela est absolument inadmissible. Nombreux sont ceux qui préfèrent retourner en prison, car en prison au moins ils peuvent avoir des visites, ou bénéficier de promenades.»


De fait, c’est tout un monde caché que fait entrevoir le contrôleur général, un monde où les droits élémentaires des personnes ne sont pas respectés. Et dans ce monde-là, «ce n’est pas tant la loi, quelle qu’elle soit qui est en cause, mais la réalité des pratiques», conclut Jean-Marie Delarue.

La préfecture de police dans le collimateur

Jean-Marie Delarue demande la fermeture de l’infirmerie psychiatrique rattaché au préfet.
Par ERIC FAVEREAU

C’est un immeuble banal. Quatre étages, une façade qui aurait besoin d’être rénovée. Sur un côté, un panneau indique : «Accès pour le public.» Mais il n’y a jamais de public. Dans le quartier, il y a peu de mouvement. Au bout de la rue vivait Georges Brassens.


Nous sommes devant le numéro 3 de la rue Cabanis à Paris. Accolée à l’hôpital Sainte-Anne, trône l’Infirmerie psychiatrique de la préfecture de police (IPPP). Fermée à tous visiteurs. L’équipe du contrôleur général des lieux de privation de libertés est allée la visiter. Longtemps. Et pour la première fois dans l’histoire de ce lieu, ce représentant officiel, totalement indépendant, demande la fermeture de l’IPPP et son transfert dans une structure classique de soins. Une mesure hautement symbolique, car toucher à l’IPPP, c’est toucher à la sacro-sainte préfecture de police de Paris.


[Télécharger ici au format PDF l'avis du contrôleur général des lieux de privation de liberté et sa recommandation sur l'IPPP]


Agités.
Créé en 1872, l’IPPP est devenu un lieu mythique, sous la tutelle de la préfecture. C’est là que, via les commissariats de quartier, sont amenées des personnes interpellées dans la rue, pour leurs comportements agités ou violents. C’est le seul lieu de ce type en France : dans toutes les grandes villes, la personne arrêtée est soit incarcérée, soit transférée dans un hôpital pour décider d’une éventuelle hospitalisation d’office.


Chaque année, près de 3 000 personnes sont enfermées pour quarante-huit heures à l’IPPP. Sans la moindre présence d’un tiers. Elles sont examinées, traitées pour certaines, et parfois hospitalisées d’office. Dans sa recommandation, le contrôleur pointe l’extrême ambiguïté du lieu : «Sans remettre en cause la qualité intrinsèque avec laquelle les personnels de l’établissement exercent leurs fonctions, les contrôleurs ont vivement regretté la confusion des rôles résultant d’une tenue uniforme entre personnel de surveillance et personnel soignant.» Un peu plus loin :«Le dispositif entretient le doute sur la distance entre considérations d’ordre public et considérations médicales.» Enfin, surgit cette interrogation de bon sens : «Mais pourquoi l’appréciation compétente d’une situation pathologique a-t-elle des liens avec une institution de police ?»


Hospitalisation.
Dans ses réponses, la préfecture se défend, notant qu’elle prend en charge des patients violents. «Mais en tout état de cause, seuls 41% des patients sont placés après leur séjour dans l’établissement en hospitalisation d’office : par conséquent, tous ne sont pas violents», répond le contrôleur. Qui ajoute : «Les centres hospitaliers de droit commun assurent des prises en charge de même nature. A Paris, les hôpitaux accueillent un nombre bien supérieur d’urgences psychiatriques que l’IPPP.»


D’où cette conclusion : «Il est recommandé au gouvernement de mettre dès qu’il sera possible le transfert des moyens de l’IPPP au dispositif hospitalier de droit commun.»


La folie concerne tout le monde
14/03/2011
Tribune
Par Un collectif d'artistes

Un ouvrier peut être fou, un patron, ça va de soi. Une femme peut être folle, un homme n’en parlons pas. Un administrateur, un banquier, un fonctionnaire, un artiste, peuvent être vraiment fous. Quant aux hommes politiques, personne n’en doute (et passe l’image de Kadhafi, qui en recouvre bien d’autres, bien d’autres). Un bébé peut être fou, un adolescent, une femme de 30 ans, un homme très âgé, un mourant.


La folie traverse toute la société. Est-ce à dire que la folie est un virus, qui se refile, qui se transmet ? On essaie de nous faire peur en avançant ce genre de notion et de catégorie matraque comme «schizophrène dangereux». Mais la folie est un possible pour tout être humain, et il faut prendre les mots au sérieux. Est «fou» ce qui est «pas normal», et aussitôt la question rebondit : «normal» c’est quoi ? Qu’est-ce que c’est, vivre normalement ? Accepter la réalité ? Quelle réalité doit-on accepter ? Jusqu’où faut-il accepter la réalité ? Est-ce que vouloir changer la réalité, c’est être fou ? Pour Sigmund Freud, la santé mentale, c’est être suffisamment névrosé pour tenir compte de la réalité, et suffisamment psychotique pour vouloir la transformer.


En somme, la folie questionne la société tout entière et chacun en particulier. Or la démocratie est un régime où la norme est, peut être, sans arrêt questionnée, remise en cause, c’est un régime qui reconnaît, en principe, les conflits, et permet, en principe, leur élaboration. Le conflit va toujours avec de l’angoisse, et on peut refuser le conflit par peur de l’angoisse. Mais, à ce moment-là, on choisit : zéro angoisse (croit-on), zéro risque, zéro pensée, zéro vie. Et, sous le calme plat, la violence de l’ordre, de ce qui semble normal (à qui ?) à un moment donné (lequel ?). Est-ce normal de faire travailler les enfants ? De travailler cinquante heures ? De travailler à la chaîne ? Et la démocratie est toujours gravement menacée par le suivisme de la norme, par le conformisme, la convention. C’est une vraie menace parce qu’il y a une vraie possibilité de destruction : on n’a pas le choix, il faut penser, agir, de telle façon et non de telle autre, il faut surtout ne pas penser et ne rien faire. Zéro conflit, zéro vie. Le conformisme, c’est une façon d’intérioriser la répression et la peur. Big Brother vous surveille, et vous êtes d’accord.


Et le conformisme va toujours avec une vision naturaliste, déterministe, explicative, définitive, fermée. On est comme ci ou comme ça parce que : la famille, la catégorie sociale, les gènes, la biochimie. Mais il n’y a pas de «nature» humaine, prendre au sérieux l’être humain c’est tenir compte du possible, de la folie, c’est prendre au sérieux que certains voient des géants là où d’autres ne voient que des moulins à vents, que certains voient une baleine blanche là où d’autres ne voient rien, que certains voient un cafard à la place du fils… ou des nénuphars dans le ciel… ou des cieux de toutes les couleurs, etc. La réponse à ces «folies» peut évidemment être, et a souvent été : le ridicule, le feu, le bûcher, l’enfermement, l’opération, la lobotomie, la camisole chimique, l’abandon pur et simple.


Les 39 contre la Nuit sécuritaire appellent à manifester le 15 mars contre un projet de loi qui va dans le sens de la répression, de l’intériorisation de la norme, de la mise à l’écart de la folie comme dimension humaine. Nous y serons.


Signataires
 : Leslie Kaplan écrivaine, Nurith Aviv cinéaste, Lise Beaulieu monteuse, Raymond Bellour écrivain, Fréderic Léal écrivain, Rosie Pinhas-Delpuech écrivaine, traductrice, Guy Girard réalisateur, Frédérique Loliée metteuse en scène, Paul Otchakovsky-Laurens éditeur, Claude Régy metteur en scène, Joshka Schidlow critique de théâtre, Xavier Person écrivain, Elise Vigier comédienne et metteuse en scène et Catherine Weinzaepflen écrivaine.


Soins psychiatriques : "un texte criminalisant "

Mercredi soir, l'émission Ça vous regarde sur La Chaîne Parlementaire (LCP), en partenariat avec leJDD.fr, s'intéressait au projet de loi "relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge" actuellement débattu à l'Assemblée nationale.

Pour Paul Machto, psychiatre et membre du Collectif des Trente-Neuf, ce texte "est une charpente sur un seul axe : la criminalité des malades mentaux ce qui est une aberration". "Il s'agit essentiellement d'apporter une réponse de soins à des personnes qui sont aliénées", a pour sa part estimé le député UMP du Pas-de-Calais, André Flajolet. "Cette loi, c'est de faire exister la psychiatrie dans sa complexité", a renchéri Jean Canneva, le président de l'Unafam (Union Nationales des Amis et Familles de Malades Psychiques).

Émission à voir ici


ASSEMBLÉE NATIONALE

Droits et protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques

La séance publique ; Les comptes rendus ; Compte rendu provisoire de la séance

Avertissement : version provisoire réalisée à 15:05

Deuxième séance du mardi 15 mars 2011

Présidence de M. Marc Laffineur,
vice-président
M. le président. La séance est ouverte.
(La séance est ouverte à vingt et une heures trente.)

Droits et protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques

Discussion d’un projet de loi

M. le président.
L’ordre du jour appelle la discussion du projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge (nos 2494, 3116, 3189).


Je vous rappelle que la Conférence des présidents a décidé d’appliquer à cette discussion la procédure du temps législatif programmé, sur la base d’un temps attribué aux groupes de vingt heures.


Chaque groupe dispose des temps de parole suivants : le groupe UMP, cinq heures quinze minutes ; le groupe SRC, sept heures dix minutes ; le groupe GDR, quatre heures vingt-cinq minutes ; le groupe Nouveau Centre, trois heures dix minutes ; les députés non inscrits disposent d’un temps de quarante minutes.


En conséquence, chacune des interventions des députés, en dehors de celles du rapporteur et du président de la commission saisie au fond, sera décomptée sur le temps du groupe de l’orateur.


Les temps de parole qui figurent sur le « jaune » ne sont en tout état de cause qu’indicatifs.


La parole est à Mme Nora Berra, secrétaire d’État chargée de la santé.


Mme Nora Berra,
secrétaire d’État chargée de la santé. Monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les députés, la réforme qui est proposée aujourd’hui à votre examen relève d’un domaine très sensible humainement et médicalement car il concerne des personnes souffrant de troubles mentaux. Il s’agit d’un sujet douloureux, qui doit mettre notre pays à la hauteur de ses responsabilités. Je tiens d’ores et déjà à souligner la qualité des travaux parlementaires, et à remercier tout particulièrement le rapporteur Guy Lefrand pour l’investissement si important dont il a fait preuve.


Vous le savez : les troubles mentaux touchent un cinquième de la population française.

Lire la suite ici

Projet de loi psychiatrique: c’est l’âme qu’on assassine
Société

16/03/2011

CAROLE ZALBERG
, Ecrivain. Auteur de « l’Invention du désir » (Les éditions du Chemin de fer, 2010)  
Seule une petite poignée de lettres sépare «hospitalité» d’«hospitalisation», deux termes nés d’une même nécessité, déclinant un même geste: l’accueil. Selon les manifestants réunis le 15 mars devant l’Assemblée nationale, le projet de loi qui y était examiné le soir même met à mal cette notion partagée. Le collectif des 39 contre la nuit sécuritaire ainsi que les syndicats de l’ensemble de la profession, quelques patients et associations de familles de patients s’étaient donc rassemblés pour crier, chanter, mimer leur totale opposition à ce texte reposant, à leurs yeux, sur une mystification. Là comme ailleurs, il s’agirait d’attiser les peurs, de distiller l’idée d’un danger et, face à lui, d’instituer une réponse unique consistant essentiellement à contraindre, à mater. Une illusion, dénonçait le collectif devant une foule somme toute clairsemée et déjà convaincue.

L'élan qui a présidé au projet de loi «relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge» prend racine dans un amalgame entre folie et criminalité, distord en ce sens les chiffres, les données, le contexte professionnel, bref le réel. Au lendemain de faits divers certes tragiques mais isolés, au nom d’un péril aux contours flous, on rogne sur la liberté, on étend le fameux principe de précaution, cette maladie de notre temps. Plus précisément, on glisse de la notion d'hospitalisation sous contrainte à celle de soins sous contrainte. Résultat : le patient peut être soumis à une surveillance jusque dans son espace privé.

Gomme chimique

En rendant possible l’obligation de « se soigner », même à domicile, on prend le risque de rompre le lien nécessaire et fragile entre le patient et la profession, qui ne serait plus là pour aider, mais pour faire respecter l’« ordre ». Par quels moyens administratifs, judiciaires, voire policiers ? Le texte ne le précise pas. Par ailleurs, l’institution d’un délai de 72 heures durant lequel on pourra maintenir l’hospitalisation d’office d’un malade sans statuer sur son état, sans se poser la question du bien fondé de l’internement permet une sorte de garde à vue sanitaire qui risque de se transformer en « contention chimique ». Mystification, affirment encore le collectif et tous les signataires de la pétition (plus de 20 000) : le traitement chimique, souvent utile, ne soigne pas. Il fait taire. La folie, martèlent les opposants au projet, ne se réduit pas à un danger qu’on pourrait éradiquer en soignant, sous la contrainte s’il le faut ; autrement dit, en effaçant à la gomme chimique son expression.

Selon Patrick Chemla, membre du collectif des 39, « on devrait interdire pour meurtre d’âme toutes les volontés d’abrasion du délire ». On le sait depuis des décennies, la folie dit l’homme, le révèle, l’invente autant que les manifestations de la norme et sans doute avec une plus grande vitalité, la puissance de tout jaillissement. La plupart du temps, le psychotique a besoin qu’on soigne sa souffrance, qu’on accompagne sa différence, lui aménage une place et non qu’on détruise ce qui le fait lui. Il a besoin d’être entendu et accueilli dans son intégrité, non qu’on le musèle, non qu’on le fasse disparaître ainsi qu’on s’y ingéniait aux temps obscurs des asiles et du confinement censé parer à la honte.

Discrédit

La relation psychiatre/patient est fondée sur la confiance. Elle s’épanouit dans un espace et une durée où s’échangera ce que chaque situation, chaque personne présente de singulier, où se déploiera ce qu’Hervé Bokobza, le porte-parole des 39 appelle « la poésie ». Dans l'enfermement systématique, la contention ou le traitement forcés et donc violents résident toujours une menace accrue d’explosion, de rupture brutale du lien. C’est aussi ce lien psychiatre/patient qu’on entame en confiant au juge des libertés, ainsi que l’a exigé le Conseil constitutionnel, le soin de valider toute prolongation de plus de quinze jours d’une hospitalisation d’office. On prétend protéger les droits de l’individu mais on insinue du même coup que le psychiatre n’est pas nécessairement bienveillant. Insidieusement, on invalide sa capacité à exercer son expertise dans l’intérêt du patient ou de l’ensemble de la société. Ou alors, il faudrait qu’il garantisse seul et parfois contre l’avis du préfet un illusoire et symptomatique risque zéro.

Bien sûr, on doit écouter le désarroi des familles de patients, leur besoin de prévenir autant que possible, de confier – de partager, donc – les interrogations, les doutes, les difficultés. On doit constater l’état de délabrement du système psychiatrique et l’inquiétude de la profession, qui attendait de ce texte une réflexion profonde, y voyait l’occasion d’une concertation d’autant plus nécessaire que les voix en sont multiples et parfois carrément dissonantes. Il y a quelque chose d’absurde et de tragique à voir le débat se poursuivre dans l’hémicycle avec la quasi-certitude de l’issue : l’adoption de ce texte confus, essentiellement sécuritaire, tandis que ceux qui devront le porter, l’appliquer y sont unanimement et farouchement opposés. On butte là, une fois encore, sur le mépris et l’arrogance devenus la marque de fabrique et, à mon sens, d’infamie du pouvoir en place.

Les Livres de Psychanalyse

Freud collectionneur
Michelle Moreau Ricaud

2
Février 2011
Ed. Campagne première

Le visiteur du cabinet de Freud à Londres (Freud Museum), ne peut que remarquer l’accumulation d’objets antiques. Freud collectionne rêves, mots d’esprit, lapsus… et antiquités. Michelle Moreau Ricaud analyse le rôle de cette passion dans l’invention de la psychanalyse et nous aide à comprendre, à travers l’étude de plusieurs figures de collectionneurs, tels que sir Thomas Phillipps, Balzac, Gatian de Clérambault, les ressorts du désir qui les anime.

Psychanalyste, docteur en psychologie clinique, membre du Quatrième Groupe, chercheure associée au centre « Psychanalyse et Médecine » (univ. Paris Diderot-Paris7), Michelle Moreau Ricaud est secrétaire scientifique de l’Association internationale d’histoire de la psychanalyse, membre de la Société médicale Balint, présidente de la Maison Sándor Ferenczi-Paris. Elle a publié Cure d’ennui. Écrivains hongrois autour de Sándor Ferenczi, Paris, Gallimard, 1992 ; Michael Balint. Le renouveau de l'École de Budapest, Toulouse, Érès, 2000, rééd. 2007, et a collaboré à de nombreuses revues françaises et étrangères.

Les Livres de Psychanalyse

La fonction du père et ses suppléances. Sous la plume des poètes
Liliane Fainsilber

2

  • De Boeck; Édition

  • 15 mars 2011

  • Collection : OXALIS


  • Présentation de l'éditeur


    Le père est là pour poser un interdit sur le corps de la mère mais son rôle ne se limite pas à cela. Il doit devenir un guide précieux et avertir sur les chemins de nos désirs. Il faut donc qu´un temps le père soit préféré à la mère comme étant celui qui détient le signifiant du phallus. Ce temps Lacan l´a nommé « père-version » ou version vers le père. Cette attirance pour le père ne peut s´effectuer que si la mère a été en quelque sorte dépossédée de ce qu´enfin de compte elle n´a jamais eu, un phallus imaginaire et si l´enfant a renoncé à venir combler ce manque de la mère, à être son objet phallique. Or ce qui rend possible ce renoncement c´est le cas que la mère fait de la parole du père. C´est donc la mère qui a cette lourde charge d´assurer ce transfert vers le père. Dans cette nouvelle version, le père peut ne pas être toujours à la hauteur. De là, la nécessité de venir étayer, conforter cette fonction paternelle défaillante. Les poètes ont l´art d´y remédier et devancent donc, à ce titre, les psychanalystes. Par la mise au monde de leurs oeuvres, les poètes nous démontrent ce qu´il en est d´une version vers le père réussie. Ainsi montrent-ils la voie de ce qu´on peut attendre de la fin d´une analyse. Dans une langue simple et précise, l´auteur décrit les défaillances de la fonction paternelle et ses suppléances, en prenant appui sur les écrits de poètes et écrivains, parmi lesquels Rilke, Kafka, Zola et Mallarmé. Avec trois fictions littéraires, « La légende de Saint Julien l´Hospitalier » de Gustave Flaubert, « Les Mémoires d´un névropathe » de Daniel Paul Schreber et « Le Roi des Aulnes » de Michel Tournier, elle étudie ce que Lacan a appelé les trois modes d´instauration de la fonction paternelle, dans la névrose, la psychose et la perversion. Ces approches littéraires explicitent les élaborations de Lacan sur l´œuvre de Joyce, qu´il a nommé « Joyce-le-symptôme ».

    A l'hôpital psychiatrique de Clermont, la crainte d'un virage sécuritaire


    E
    lle n'est pas seule à s'interroger à propos de la réforme de l'hospitalisation sous contrainte en psychiatrie : "C'est quoi la logique ? Sécuritaire ? Économique ? En tout cas, on ne voit pas ce qu'il y a de sanitaire", lâche Isabelle Le Boussard, cadre de santé.

    Qu'ils soient soignants, psychiatres ou administratifs, les personnels de l'hôpital psychiatrique de Clermont (Oise), l'un des plus gros de France, ont du mal à discerner quel impact la réforme de la loi de 1990, discutée le 15 mars à l'Assemblée nationale, aura sur le quotidien des malades.

    "Usine à gaz",
    l'expression revient en boucle. Un schéma du ministère de la santé qui montre les nouvelles étapes de la procédure de contrainte laisse perplexe. Avec ses flèches dans tous les sens, ses certificats et demandes d'expertise multiples, on comprend que le suivi des patients risque de tourner au casse-tête.

    A la question de savoir qui sera concerné par les soins sans consentement en ville, nul ne sait vraiment répondre. Sûrement les mêmes que pour les soins sous contrainte à l'hôpital, des schizophrènes, des patients souffrant de troubles du comportement ou ayant fait une tentative de suicide, et qui sont jugés dangereux pour eux-mêmes ou la société. Ou un public plus large, craignent les psychiatres ?

    Le problème des moyens est souvent pointé. "S'il n'y a pas plus de personnel, nous devrons consacrer notre temps à surveiller les malades placés sous contrainte en ville au détriment de ceux qui suivent librement nos activités et nos consultations. Ils iront mal et risqueront d'être placés sous contrainte", imagine Sylvie Nunez, cadre de santé au centre médico-psychologique de Pont-Sainte-Maxence.

    Côté administration, on s'interroge sur le contrôle de l'internement par le juge, rendu obligatoire par la réforme. Plus de 1 000 patients seront concernés chaque année. Y aura-t-il assez d'infirmiers pour les accompagner au tribunal de Beauvais, celui de Clermont ayant fermé ? Pour les malades non transportables, la vidéoconférence sera permise. La caméra ne sera-t-elle pas source d'angoisse pour les malades ?

    La question de la responsabilité de la direction, qui sera engagée au même titre pour les malades obligés de se soigner à domicile, interpelle aussi. Les psychiatres savent que pour leur directrice, Geneviève Mahari, la pression sera lourde.

    Tracasseries administratives

    Si la réforme inquiète autant, c'est qu'elle s'inscrit dans un contexte de virage sécuritaire de la psychiatrie. Depuis le drame de Pau, où en 2004 deux infirmières avaient été tuées par un malade, et celui de Saint-Egrève (Isère), où un étudiant avait été poignardé, en 2008, par un malade, les moyens attribués à la psychiatrie ont surtout servi à la sécurité.

    "Des caméras sont arrivées, on a des bips pour travailleurs isolés, et une équipe mobile de vigiles qui peut intervenir en cas de problème, il y a aussi des chambres d'isolement sécurisées. Si la peur n'envahit pas les esprits avec cela...",
    juge Luc Duserne, cadre de santé. Ce dernier craint que les nouvelles générations, moins formées à la psychiatrie, se montrent plus sensibles au discours sécuritaire, au détriment des soins : les jeunes infirmiers auraient ainsi plus facilement tendance à recourir au placement en chambre d'isolement en cas de tension avec les malades.

    Même au sein des familles, demandeuses de ces soins obligatoires hors hôpital, on émet des réserves. "On ne voudrait pas que la justice ou la préfecture prennent le dessus sur l'avis des soignants", dit Marie-Bernadette Beaulieu, qui représente les usagers. Les familles ont déjà des difficultés à faire sortir leur proche pour le week-end en raison de la multiplication des freins administratifs.

    Preuve que le souci sécuritaire pèse de plus en plus, Isabelle Montet, chef de service, tente en vain depuis trois ans de redonner sa liberté à un patient. L'homme a tué il y a dix ans, et avait été jugé irresponsable. Toujours en internement d'office, il a pris l'habitude d'alterner entre l'hospitalisation et séjour dans son appartement. Mais depuis 2008, la préfecture refuse toute sortie. "Il est prêt à quitter l'hôpital, je suis d'accord, mais il est coincé. Si ça continue, il pourrait développer des troubles du comportement."

    Ses confrères ont aussi des patients dont la sortie traîne en raison de tracasseries administratives. Ils s'en ouvrent au Dr Helluy, le président de la Commission médicale d'établissement. "Je n'ai jamais eu autant de contacts avec la préfecture", explique-t-il. Les psychiatres font avec. "On connaît les expressions indispensables pour faire aboutir un dossier : "pas de trouble grave à l'ordre public", et "pas de dangerosité"", dit Olivier Boitard, chef de service. Car les médecins le savent bien : il faut rassurer le préfet. En cas d'accident, eux restent, lui peut sauter.
    Laetitia Clavreul

    L'archaïque : création et psychanalyse
    du 1 avril 2011 au 2 avril 2011

    Après les colloques « Cliniques de la création », et « Les enjeux psychopathologiques de l'acte créateur », le nouveau colloque du réseau création fondé à Lyon concerne l'archaïque dans le processus créateur.

    Dans le champ artistique comme dans la clinique, la dynamique de l'acte créateur correspond à une réactualisation et à une transformation de l'originaire, dans la double perspective d'une élaboration du lien à l'objet primordial et de la réactualisation d'expériences primitives jusque-là impensables et irreprésentables.

    Dans l'oeuvre d'art comme dans les médiations artistiques, la mise en travail de l'archaïque consiste à donner une forme à l'infigurable, à faire advenir dans l'oeuvre le non encore
    advenu et à activer ainsi les principes organisateurs de la psyché.

    INTERVENANTS

    Eliane ALLOUCH (Paris 13), Patricia ATTIGUI (Paris X- Nanterre)
    Anne BOISSIERES (Lille 3), Anne BRUN (Lyon 2)
    Bernard CHOUVIER (Lyon 2), Albert CICCONE (Lyon 2), Michèle EMMANUELLI (Paris 5)
    Nilüfer ERDEM (Istanbul), Alain FERRANT (Lyon 2), Guy GIMENEZ (Aix)
    Victor GUERRA (Montevideo), Christian GUERIN (Nîmes)
    Jean GUILLAUMIN (Lyon 2), Philippe GUTTON (Aix), Jacques HOCHMANN (Lyon 1)
    Florian HOUSSIER (Paris 5), Bernard JOLI (hôpital St Jean de Dieu)
    Alberto KINICHECKIS (Paris 5), Simone KORFF-SAUSSE (Paris 7)
    Alex LEFEBVRE (Bruxelles), Antoine MASSON (Namur), Yves MORHAIN (Lyon 2)
    René ROUSSILLON (Lyon 2), Jean-Marc TALPIN (Lyon 2)
    Daniele VIGLIETTI (Uruguay), Lourdes VILLAFANA (Montevideo)