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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mercredi 27 octobre 2010




IMAGES DE LA FOLIEC. QUÉTELGallimard Albums Beaux Livres
188 pages
Prix : 49 euros


 Présentation de l'éditeur :

Aucune maladie n'a été plus porteuse d'iconographie que la folie. Le mot lui-même a toujours été ambivalent, signifiant à la fois absence de sagesse et perte de la raison au sens médical du mot. Les artistes se sont engouffrés dans la brèche en jouant sur les deux tableaux. Des pures allégories de la folie comme La Nef des fous, on a cependant tôt fait d'arriver à des représentations où la pathologie a déjà sa place. C'est néanmoins avec la naissance de la psychiatrie, à l'orée du XIXe siècle, que les images de la folie se multiplient : peintures édifiantes, types d'aliénés, scènes de la vie asilaire... L'asile, voulu comme un instrument de guérison, se transforme en vision d'épouvante à travers les images-reportages de ses cours et de ses dortoirs, de ses médications et de ses appareils de contention.
L'iconographie de la folie s'exprime aussi dans les représentations de maladies «vedettes» comme l'hystérie, dans le regard des artistes à diverses époques, dans les figurations d'une antipsychiatrie aussi ancienne que la psychiatrie elle-même. Enfin, les fous eux-mêmes font oeuvre dans l'expression de l'art brut.
Au total, ces images constituent une véritable histoire de la folie, d'une folie qui, rapidement débarrassée de ses oripeaux allégoriques, apparaît en dépit de la diversité de ses représentations comme ce qu'elle a été de tous temps : une maladie toujours aussi mystérieuse et encombrante pour la société.

L'historien Claude Quétel a publié une Histoire de la folie, de l'Antiquité à nos jours (Tallandier, 2009), qui constitue la synthèse de nombreux travaux publiés sur l'histoire de la folie, le plus souvent en collaboration avec des psychiatres (notamment la Nouvelle histoire de la psychiatrie, dirigée avec le Dr Jacques Postel).





Société
26/10/2010
«Ce n'est pas demain la veille qu'on fera des consultations par Internet»
RECUEILLI PAR FÉLIX PENNEL

La télémédecine dispose désormais d'un cadre juridique : un décret qui vient d'être publié au Journal officiel réglemente à partir d'avril 2012 des activités telles que téléconsultation, téléexpertise, télésurveillance médicale ou téléassistance médicale.

Révolution ou simple reconnaissance de ce qui se fait déjà? Le docteur Claude Leicher, président du syndicat des médecins généralistes MG France, opte pour le second choix.

La téléconsultation marque-t-elle un tournant pour la médecine en France ?

Déjà, je ne suis pas favorable à l'emploi de ce terme de «téléconsultation». Ce n'est qu'une façon de résumer les choses. En fait, dans les cabinets médicaux, nous avons tous les jours des appels téléphoniques de patients qui ont des questions. Nous, médecins, leur donnons des conseils pratiques et d'orientation vers tel ou tel spécialiste.

Donc oui, ce décret est intéressant parce qu'il reconnaît ce que nous faisons déjà depuis longtemps. Mais concrètement, ça ne s'appliquera qu'à quelques situations particulières. Par exemple sur une île sans médecin ou en montagne, ce système va permettre de rassurer, de prodiguer des conseils précis grâce aux images retransmises. Mais ça ne remplacera absolument pas la consultation.

Est-il possible de tirer un diagnostic précis d'une «consultation» par Internet ?

Ce système ne permet aucun diagnostic. Bien sûr, si par exemple, une mère signale que son enfant a la varicelle, une description des boutons nous permet de le confirmer. Mais si un patient signale qu'il est anormalement essoufflé, on ne peut rien faire. Un médecin doit le voir pour l'examiner et faire le diagnostic.

C'est pour ça que le terme «téléconsultation» n'est pas approprié, ce n'est pas une consultation.

Quels sont les avantages et les inconvénients d'un «Internet médicalisé» ?

Cela va faciliter l'accès à la santé et permettre aux médecins qui seront en contact avec les patients de donner un degré d'urgence face à un problème.

Mais depuis qu'Internet existe, beaucoup de gens viennent nous voir avec des informations qu'ils ont trouvées, et ne comprennent rien à ce qu'ils ont pu lire. Il ne suffit pas d'avoir les informations, il faut aussi avoir l'interprétation. Nous verrons comment ça se met en place.

Pourquoi avoir attendu si longtemps pour l'autoriser ?

Parce qu'en France on a toujours du retard... Dans les pays anglo-saxons ça existe déjà depuis longtemps. Chez nous c'est toujours soit bon, soit mauvais. On a peur du changement, alors on a attendu.

Pourtant le monde ne va pas changer. Ce n'est pas de la médecine à distance mais bien du conseil. Et ce n'est pas demain la veille qu'on fera des consultations par Internet ou téléphone comme dans un cabinet.





APRÈS LA PARUTION DU DÉCRET TÉLÉMÉDECINE

La e-consultation : fantasme ou réalité ?

Floue sur certains points, la toute fraîche réglementation de la télémédecine laisse le champ libre à l’interprétation, notamment pour ce que sera – ou ne sera pas – une téléconsultation.

LA PARUTION à la fin de la semaine dernière du décret organisant la télémédecine (« le Quotidien » du 25 octobre) a suscité de nombreux commentaires dans les médias, certains voyant déjà pour demain la téléconsultation d’un patient par un médecin via Internet, avec rédaction d’une e-ordonnance et télépaiement à la clé. À l’origine de cet emballement, un certain flou dans l’interprétation de la nouvelle réglemenation. Que dit le décret en cause ? « La téléconsultation a pour objet de permettre à un professionnel médical de donner une consultation à distance à un patient. Un professionnel de santé peut être présent auprès du patient et, le cas échéant, assister le professionnel médical au cours de la téléconsultation. »

À l’Ordre des médecins, le Dr Jacques Lucas, vice-président en charge des questions de télémédecine remet les pendules à l’heure. Pour lui, la téléconsultation dispose essentiellement de deux champs d’application. Soit le patient est suivi régulièrement par le médecin dans le cadre d’une pathologie de longue durée, et après élaboration d’un protocole de télésuivi, il peut lui télétransmettre directement des résultats d’analyse par exemple, ou un électrocardiogramme, ou encore une radiographie dans le cadre de ce suivi. Soit le patient est en consultation chez un autre professionnel de santé ou dans un établissement de santé, et il est demandé à un médecin extérieur d’analyser à distance des symptômes, ou des résultats d’analyses. En dermatologie par exemple, la télétransmission de l’image d’une plaie peut aider au diagnostic.« La téléconsultation, ce n’est pas un diagnostic fondé sur les déclarations fournies par le patient, continue Jacques Lucas, c’est un examen médical différent basé sur l’analyse de données objectives. »

Il n’est donc pas question pour le moment d’imaginer qu’un patient puisse se connecter au cabinet d’un médecin pour lui décrire ses symptômes, encore moins que le médecin rédige une ordonnance et que le patient paye cette téléconsultation. « Non que nous y soyons opposés, précise le Dr Lucas, mais le décret ne prévoit pour l’instant rien de tel et il nous semble que si des évolutions doivent y être apportées, elles doivent se faire petit à petit, en prenant en compte le seul intérêt du patient. »

Accélération.

Mais au chapitre des évolutions futures que pourrait connaître la téléconsultation, le Pr Guy Vallancien a quelques idées. « Les choses vont s’accélérer, prophétise-t-il, car la téléconsultation est l’une des réponses à la désertification médicale et à l’encombrement des cabinets qui en résulte. » Guy Vallancien, qui a rédigé de nombreux rapports à la demande des pouvoirs publics, tant sur les maisons de santé pluridisciplinaires que sur la réforme des hôpitaux ou la rémunération des médecins, est également le père du projet expérimental de cabinet médical mobile. Il prend l’exemple du Canada où certains médecins ont une patientèle disséminée sur des territoires de plusieurs centaines de kilomètres carrés. « Dans chaque village, continue-t-il, des professionnels de santé spécialement formés, et de niveau master, vont voir les malades, procèdent aux examens et analyses nécessaires, et télétransmettent les résultats au médecin qui pose alors son diagnostic et fait sa prescription. »
Mais Guy Vallancien, jamais en retard d’une avancée potentielle, voit encore plus loin et estime que la téléconsultation directe, sans l’intervention d’un autre professionnel de santé, verra le jour tôt ou tard. « Ca n’est pas pour demain, reconnaît-il, et tout dépendra des corporatismes qui se manifesteront. » Mais il en est persuadé,si les collectivités locales investissent dans des bornes Internet, les progrès de la technologie rendront un jour la chose possible. « Les Français vont comprendre qu’on ne perd pas nécessairement de lien humain par Internet, conclut-il. Parfois même, les patients se confient plus en écrivant leurs symptômes ou en les décrivant par webcam interposée. »

HENRI DE SAINT ROMAN

Le Quotidien du Médecin du : 27/10/2010

 


La figure du psy dans les séries

Psychiatres, psychologues, psychanalystes, thérapies courtes, de couple, de groupe… : nombreuses sont les séries télé qui intègrent à leur intrigue un personnage de thérapeute, régulier ou occasionnel. Mais si les années 2000 ont marqué l’apparition du psy comme possible figure centrale de la série (In Treatment, Huff, State Of Mind, Tell Me You Love Me, Head Case, Lie To Me), certaines avaient déjà exploré cette voie quelques années auparavant (The Bob Newhart Show, Sessions). Aujourd’hui, rares sont les séries dont les personnages ne sont pas amenés, à un moment ou à un autre, à livrer leurs tourments dans le secret d’un cabinet de psy

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La Parole et la mort
, comment une société humaine est-elle possible?
Moustapha Safouan
Essai
Paru en 10/2010

Les questions relatives à l’essence des choses et à leur définition tournent court. Il est préférable de leur substituer celles concernant leurs relations. « Qu’est-ce que l’inconscient ? » devient : quelles sont les relations de l’inconscient au signifiant, à la vérité, au savoir, aux lois universelles de la parole et, last but not least, à l’objet de la pulsion telle que Freud l’articule dans sa métapsychologie ?

Mais encore : en quoi ces relations nous renvoient à notre situation au sein du langage ? Quel est le sens qu’elles donnent à la division du sujet ? et non pas du moi, ce dernier étant l'instance où s'investit le leurre de l'unité.

Ces questions sont traitées dans cette réédition de La Parole ou la Mort dont la première édition portait plus particulièrement sur les lois universelles de la parole, en tant qu’elles constituent les conditions des possibilités de la société humaine. Ce changement du centre de gravité du livre a entraîné des modifications substantielles ; il ne serait pas exagéré de parler d’un nouvel ouvrage.

Moustapha Safouan est analyste, formé au sein de la Société Psychanalytique de Paris. Il a été parmi les premiers à suivre l’enseignement de Lacan dès ses débuts, en 1951, ce qui lui a permis de mesurer combien cet enseignement renouvelait la pratique et la théorie psychanalytiques. Parmi ses nombreux ouvrages : L’Inconscient et son scribe (Seuil, 1982) et Le Langage ordinaire et la Différence sexuelle
(Odile Jacob, 2009).





Traité du bas de l'être
Jean Broustra

Essai 
Paru en 10/2010

Le traité du bas de l'être est un essai sur les modalités contrastées entre le bas et le haut, le lourd et le léger, le corporel et le spirituel. Inscrit dans la tradition occidentale, tel le Traité de la concupiscence de Bossuet ou le célèbre livre de Bachelard L'air et les songes, il accorde une place privilégiée à la philosophie (d'Héraclite à Deleuze), à la psychanalyse, à la poésie. Plusieurs pratiques sont données en référence, à partir de l'expérience de l'auteur dans la médecine psychiatrique, la psychanalyse, la psychothérapie en ateliers d'expression, l'écriture dans la tenue de carnets personnels et la publications de romans. Loin d'être conceptuel et abstrait, cet ouvrage relate une histoire de vie à la recherche d'une pensée, d'un sens, par le jeu de la transmission mais aussi par la prise de risque d'une nécessaire invention.

Jean Broustra est psychiatre, psychanalyste, écrivain. Ancien chef de clinique (Bordeaux 2), il est formateur en thérapeutiques d'expression.

magicmaman.com
http://www.magicmaman.com/,les-fessees-rendraient-les-enfants-anxieux,2222,1663349.asp

Les fessées rendraient les enfants anxieux


La chercheuse en psychiatrie de l'Université de Montréal Françoise Maheu a rendu les premières conclusions de sa grande enquête sur la fessée. Elle vient confirmer ce que plusieurs autres études avaient déjà démontré au préalable : « des pratiques courantes comme donner la fessée ou punir avec excès (...) ne permettent pas d'inculquer une bonne discipline. Au contraire, il y a des effets psychologiques sur les enfants.» Les fessées développeraient en effet selon elle l'anxiété des enfants.

La chercheuse fait bien la distinction entre les fessées fréquentes qui visent à punir l'enfant et la maltraitance ou l'abus physique.

Pour mener à bien cette étude, Françoise Maheu et son équipe a suivi près de 2 500 enfants de 5 mois à 12 ans. «Nous avons découvert que de cinq à sept pour cent des femmes qui ont de nombreuses pratiques parentales coercitives alors que leur enfant est âgé de cinq mois les conservent au fil du temps, indique Françoise Maheu. D'où l'importance d'intervenir le plus tôt possible afin d'avoir un effet à long terme sur le bien être des jeunes.»




Une nouvelle forme de harcèlement
Par Vincent Olivier
04/10/2010

Les médecins ont défini un harcèlement ni sexuel ni professionnel : la "traque furtive".

Le "stalking": c'est ainsi que les Anglo-saxons appellent cette forme de harcèlement (littéralement: le fait de traquer quelqu'un) que les Français ont traduit par "traque furtive". Ce terme est apparu durant les années 90 pour qualifier, notamment, les admirateurs de célébrités en tous genres qui harcèlent ces dernières à coups de coups de fil, lettres ou même de cadeaux non demandés! 

Si, aux Etats-Unis, ce comportement est réprimé sur le plan légal, il n'en va pas de même en France: les seules formes de harcèlement reconnues par le code pénal sont d'ordre sexuel et professionnel. Impossible, donc, pour les victimes de porter plainte quand ce harcèlement n'est pas accompagné de menaces. 

"J'ai vu arriver aux urgences des personnes brisées par le stalking", explique le Dr Nicolas Dantchev, chef de clinique dans le service de psychiatrie de l'Hôtel-dieu à Paris, qui est intervenu sur ce thème dans le cadre des Entretiens de Bichat qui se sont achevés ce week-end à Paris. "Des gens traqués pendant des années, détaille-t-il, qui ont reçu des centaines de lettres, ont été épiés, pris en filature, parfois même obligés de déménager plusieurs fois." 

Les femmes premières victimes


Le plus souvent, le "stalker" est un ex-partenaire qui n'a pas accepté une rupture amoureuse. Parfois "l'histoire n'a même tout simplement jamais eu lieu, le stalker s'est imaginé quelque chose et a, ensuite, le sentiment d'avoir été trahi", note le Dr Dantchev. Mais la victime peut être également un collègue de travail, un supérieur hiérarchique voire... le psychiatre qui a suivi, un temps, cette personne! 

S'il n'existe pas, à proprement parler, de "profil type" du stalker, on peut néanmoins dégager quelques grandes tendances. Dans 80%, le stalker est un homme. Pas nécessairement pervers, ce dernier manifeste souvent une intolérance à la séparation; il se caractérise également par un sentiment exagéré de sa propre importance. Bref, il s'agit en général d'une personnalité "border-line", quand elle n'est pas profondément narcissique. 

La prise en charge des victimes repose avant tout sur un soutien psychologique, très proche de celle que l'on propose en cas de stress post-traumatique. Elle est "d'autant plus nécessaire que la victime n'est pas reconnue comme telle par la justice", regrette Nicolas Dantchev. 

Lorsque le stalker passe aux menaces directes toutefois, une mesure d'éloignement peut être ordonnée, du même genre que celles qui sont prononcées dans le cadre des violences conjugales. Dans les faits, de telles décisions de justice restent malheureusement trop rares. 





Alzheimer: "Des pistes de recherche" à foison selon un spécialiste

PARIS - Vaccins, alimentation, génétique et nouvelles molécules, la recherche sur la maladie d'Alzheimer présente de multiples facettes et offre des pistes d'avenir, même si l'effort et les financements doivent vraiment s'intensifier, explique un spécialiste.

"On ne dispose d'aucun traitement spécifique efficace susceptible de guérir la maladie" constate le professeur Alexis Brice, neurologue (hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris), directeur de l'institut thématique "neurosciences, sciences cognitives, neurologie et psychiatrie".

"Mais il y a pas mal de pistes de recherche grâce à une meilleure connaissance des mécanismes fondamentaux" qui mènent à la formation des plaques amyloïdes et à la dégénérescence.

La maladie d'Alzheimer et les démences apparentées touchent quelque 860.000 personnes en France et ce nombre, avec le vieillissement de la population, ne fera qu'augmenter.

Sur le plan thérapeutique, des inhibiteurs ont été développés. "Il faudra en vérifier l'effet sur les plaques et les symptômes de la maladie" (troubles intellectuels, perte de mémoire...)", explique-t-il à l'AFP, à l'occasion de la Journée mondiale Alzheimer.

Objectif par exemple des inhibiteurs (ou activateurs) d'enzymes appelées "sécrétases": bloquer la formation du peptide beta-amyloïde, une molécule qui s'accumule autour des neurones et forme les plaques séniles.

Les inhibiteurs de la gamma sécrétase empêchent la protéine précurseur de se transformer en peptide bêta-amyloïde. Les activateurs de l'alpha sécrétasse aboutissent au même résultat. "Il y a des essais en cours déjà en phase 3, sur plusieurs centaines de malades en Europe et aux Etats-Unis", relève le Pr Brice.

Il existe aujourd'hui des marqueurs d'imagerie cérébrale (TEP) qui vont permettre de visualiser l'évolution des plaques caractéristiques de la maladie. "Avec cet outil, qui n'existait pas il y a une dizaine d'années, on peut suivre in vivo les effets des nouveaux traitements sur les plaques amyloïdes", raconte le médecin.

Les vaccins, malgré les premiers écueils, restent une "piste prometteuse" et de nouveaux essais sont en cours.

Selon lui, "l'immunothérapie passive, qui devrait avoir moins d'effets secondaires (encéphalite)", fait l'objet d'essais avancés. Elle consiste à administrer des anticorps afin de favoriser l'élimination du peptide beta-amyloïde.

Autre champ de recherche, la génétique. "Les formes héréditaires, purement génétique, d'Alzheimer, qui surviennent plus jeune, avant 60 ans, représentent moins de 1% des cas, même si elles nous ont beaucoup appris sur la maladie", souligne le Pr Brice.

Plus généralement, il existe des facteurs de prédisposition, comme le gène Apo4. "Les porteurs d'une copie de cette forme du gène ont 2 à 3 fois plus de risque de développer un Alzheimer et ce risque augmente significativement en présence de deux copies".

La recherche a permis d'en identifier d'autres, comme l'a montré récemment l'équipe du Pr Philippe Amouyel (Inserm), souligne-t-il. "En combinant les différents facteurs de risque génétique, on pourrait imaginer de repérer les personnes à risque significativement augmenté". "Un risque ne veut pas dire une certitude, à l'exception de certaines formes familiales", met-il cependant en garde.

Par ailleurs, dans le domaine alimentaire, l'effet de suppléments en oméga 3 sur la survenue de nouveaux cas d'Alzheimer chez des personnes de 70 ans ou plus est en cours d'étude à Toulouse, selon la Fondation pour la recherche médicale.

Outre Atlantique, l'impact d'un antioxydant, le resvératrol, un polyphénol contenu dans le raisin et le vin est actuellement testé sur des formes de la maladie d'Alzheimer débutante ou modérée.

(©AFP / 21 septembre 2010)






Des éléments clés contre les démences

Une équipe INSERM montre que la lutte contre le diabète et la dépression pourrait réduire le risque de démence après 65 ans.

L’équipe de Karen Ritchie (INSERM 888, Montpellier) a suivi 1 433 personnes en bonne santé âgées de 65 ans et plus, recrutées entre 1999 et 2001 et habitant dans l’agglomération montpelliéraine. Ces personnes étaient soumises à des tests cognitifs à l’entrée dans l’étude puis deux, quatre et sept ans plus tard.

L’étude montre que la suppression de la dépression et du diabète ainsi qu’une augmentation de la consommation de fruits et légumes conduiraient à une réduction globale de 21 % des nouveaux cas de démences ou de déficits cognitifs modérés ; la dépression a la plus forte contribution (10 %).

L’amélioration des capacités intellectuelles conduirait à une réduction de 18 % du nombre de cas. En ce qui concerne le gène de l’apoE4, bien connu dans l’Alzheimer, son élimination ne réduirait que de 7 % le nombre de nouveaux cas.

Pour les auteurs, les programmes de santé publique devraient inciter aux activités intellectuelles, au traitement rapide des symptômes dépressifs et à la détection précoce de l’intolérance au glucose et de la résistance à l’insuline.

Dr E. DE V.

« BMJ online », 5 août 2010.
Quotimed.com, le 23/08/2010

samedi 23 octobre 2010




Grand Sud » Toulouse
23/10/2010
EMMANUELLE REY

Marchant : le personnel réclame des moyens

Depuis lundi, une partie du personnel de l'hôpital Marchant est en grève reconductible. Pour le retrait de la loi sur les retraites mais surtout pour dénoncer le manque de moyens.

De part et d'autre de la grande tente blanche dressée depuis lundi devant l'entrée de l'hôpital Marchant, les revendications sont clairement affichées. « Non à la retraite à 67 ans », « Oui à l'emploi », « Sauvons l'hôpital », « Davantage de petites cuillères en métal »… Votée en assemblée générale vendredi dernier, la grève, soutenue par l'intersyndicale CFDT-CGT-FO-SUD et le personnel non syndiqué, a vite dépassé le cadre national de lutte contre la réforme des retraites. « Tout est lié, c'est la même volonté politique. On veut faire payer aux salariés et aux plus faibles, l'ardoise de la crise. On manque de moyens humains, l'hôpital public est en danger. On en arrive même à pleurer pour réclamer une petite cuillère… C'est peut-être anecdotique, mais, dans mon service de pédopsychiatrie, les enfants ne peuvent plus manger de kiwis parce que les cuillères en plastique se cassent », lance Isabelle Morère, secrétaire du syndicat CGT de l'hôpital Marchant. « Ce qui a mis le feu aux poudres ici c'est le manque de personnel infirmier dans le service de gériatrie. Pour pallier l'absence de huit titulaires sur dix - arrêts de travail ou départs - la direction a fait appel en urgence, la semaine dernière, aux infirmiers des autres unités de l'hôpital alors que les gestes ne sont pas les mêmes, ils demandent même une certaine expertise. », ajoute Jean-Paul Fauré, secrétaire Sud santé de Marchant.

Dans la tente des grévistes, les témoignages se succèdent et remplissent le cahier de doléances. Tous témoignent d'un épuisement professionnel. « Les infirmiers ne doivent pas être baladés comme des pions, c'est inhumain », souligne encore Isabelle Morère en précisant que la pénurie d'infirmiers en psychiatrie devient de plus en plus critique.

« Le contexte de recrutement des personnels infirmiers est difficile », confirme Michel Thiriet, directeur de l'hôpital Marchant qui compte 563 lits en psychiatrie et 47 en gériatrie. Il parle aujourd'hui d'une « douzaine de besoins de remplacement ». « Nous faisons face à une pénurie de candidatures et c'est souvent le cas en fin d'année. Nous devons attendre début décembre et la sortie des étudiants diplômés de l'école. D'ici là, pour les remplacements, il est normal de faire jouer la solidarité d'établissement », conclut le directeur après avoir rappelé que huit postes médicaux et quarante non médicaux ont été créés en quatre ans.

Les grévistes, reçus au tout début de leur mouvement par le directeur, ont décidé de « tenir le camp ». « Postes, besoins, on joue sur les mots. Nous, nous ne voulons plus travailler dans des conditions dégradées », explique Isabelle Morere.

vendredi 22 octobre 2010





Des psychanalystes mettent en cause la politique du gouvernement français à l’égard des Tsiganes


Journée de réflexion et de protestation à l’initiative d’Espace Analytique - Dimanche 21 novembre 2010, de 13h30 à 19, ENS rue d’Ulm, Paris


Cibler une population pour l’exclure, comme le gouvernement français l’a fait envers les Gens du Voyage, français, et les Roms, étrangers communautaires, est un acte condamnable. Dans une Europe fragilisée par une crise économique majeure, ce genre de geste risque de transférer le malheur quotidien en vindicte populaire, dès lors qu’est désigné un bouc émissaire.

Mais il y a plus grave. L’histoire du XXe siècle nous enseigne que c’est là un engrenage politique fatal. Les institutions européennes ont protesté. L’idéologie de la libre circulation des personnes est constamment affichée. Pourtant la mise en place de la zone Schengen et une phraséologie multiculturaliste à géométrie variable provoquent des formes de clôture ségrégative intra-européenne.

La psychanalyse a cerné la tendance à la ségrégation, relevée par Lacan après la Massenpsychologie de Freud, propre au fonctionnement de l’inconscient individuel. Espace Analytique en avait fait le thème de son Congrès de 2004. Il importe d’y revenir aujourd’hui, alors que fonctionne cette "exclusion interne" que nous connaissons bien, en invitant nos collègues à une journée de réflexion et de protestation le 21 novembre prochain, autour d’Henriette Asséo, historienne, professeur à l’EHESS et de Patrick Williams, anthropologue, directeur de recherches au CNRS dont les recherches font autorité sur l’histoire et l’anthropologie des Tsiganes.

La politique gouvernementale française actuelle a une double dimension.

Sur le plan intérieur, elle laisse entendre que la nationalité ne confère plus la citoyenneté de plein droit. Ainsi, en gommant le fait que les Gens du Voyage vivant en France sont des citoyens français, elle teste des techniques de suspicion sur l’ « identité nationale » d’une partie des Français.

Sur le plan extérieur, elle déconnecte des étrangers relevant du droit communautaire, les Roumains ou Bulgares dits « Roms », de leurs attaches nationales. Elle contribue à accélérer les expropriations en Europe centrale et orientale et à fabriquer une catégorie politique unique de « roms migrants », ethniquement responsable de leurs discriminations.

La tentation partagée par tous les États européens de l’« ethnicisation politique » remet en cause les principes de la souveraineté nationale ; elle met en péril le fonctionnement démocratique de notre société, tel qu’il s’est bon an mal an établi depuis la Seconde Guerre mondiale. C’est de cela que nous parlerons dimanche 21 novembre 2010.

Programme ici






PARIS (Reuters)
Les valeurs à suivre à la Bourse de Paris

[...]
* ORPEA, spécialiste des maisons de retraite et des cliniques de moyen séjour et de psychiatrie, a annoncé l'acquisition de 4.866 lits en Europe, offrant un chiffre d'affaires potentiel supplémentaire de 250 à 280 millions d'euros, et a relevé son objectif de chiffre d'affaires pour 2011.

* TRANSGENE a publié lundi un chiffre d'affaires sur neuf mois de 11,1 millions d'euros. La société de biotechnologies, qui précise disposer d'une trésorerie d'environ 194 millions d'euros à fin septembre, confirme être en bonne voie pour mettre sur le marché un premier produit en 2015.
[...]
Raoul Sachs, Florent Le Quintrec et Marie Mawad, édité par Dominique Rodriguez



Dépression grave : la piste de la thérapie génique
Anne Jouan

6 à 7 % des dépressifs souffriront d'une forme grave de la maladie.

Des chercheurs ont testé avec succès cette technique chez la souris.


La dépression touche plus de 3 millions de Français. Mais ce terme englobe des réalités très diverses, avec des souffrances d'intensité et de durée variables. De manière générale, on estime qu'environ 20 à 30% de la population connaîtra un jour un épisode dépressif à un moment de son existence. Et 6 à 7% d'entre eux souffriraient d'une forme plus grave que les spécialistes appellent la dépression «majeure» ou sévère. Si une grande proportion répond favorablement aux traitements, un petit nombre de malades ne réagit pas aux antidépresseurs. Soit parce que les médicaments ne produisent pas sur eux l'effet escompté, soit parce qu'ils n'agissent que momentanément, voire, dans certains cas, aggravent même les symptômes. Dans ces formes graves, différentes thérapeutiques plus lourdes sont parfois proposées : électrochocs, stimulation cérébrale (à l'essai)…
Dans ce contexte de pauvreté thérapeutique face à la dépression grave, des scientifiques se sont penchés sur l'intérêt de la thérapie génique. De manière expérimentale pour l'instant. Des chercheurs de l'université Cornell et de l'hôpital Presbyterian à New York viennent en effet de publier un article dans la revue américaine Science Translational Medicine qui conclut que la thérapie génique pourrait être une solution pour les dépressions graves ne répondant à aucun traitement chimique. Schématiquement, ils ont injecté un gène activant une protéine dite «p11» dans une partie du cerveau appelée le «noyau accumbens». La restauration de ce gène a permis d'éliminer les symptômes dépressifs chez des souris de laboratoire (symptômes évalués selon des protocoles standardisés).

Une protéine du plaisir

Les chercheurs avaient l'intuition que cette protéine p11 activée dans le noyau accumbens du cerveau est fondamentale pour ressentir du plaisir et éprouver un sentiment de satisfaction, absent chez les sujets dépressifs. Des analyses post-mortem ont montré que les patients souffrant de dépression grave avaient des taux de protéine p11 très bas. C'est pourquoi le Dr Michael Kaplitt de l'université Cornell a choisi d'insérer le gène produisant la protéine p11 dans le noyau accumbens en utilisant un virus comme vecteur. Il avait lui-même testé avec succès cette technique pour un traitement génétique de malades souffrant de Parkinson dans un essai clinique (phase 1). «En matière de dépression, il ne faut s'interdire aucune recherche, analyse le psychiatre Bruno Falissard, professeur à Paris-Sud. Il n'est pas complètement fou de vouloir essayer la thérapie génique, même si cette dernière était réservée jusqu'à présent aux maladies génétiques.»
Stéphane Jamain, chercheur à l'Inserm dans l'équipe de psychiatrie génétique (hôpital Henri-Mondor à Créteil), juge les résultats de ses collègues américains très intéressants. «Ils apportent de beaux résultats sur la physiopathologie de la maladie. C'est l'une des premières fois que l'on montre qu'il est possible de modifier un comportement en touchant aux gènes. Même si nous sommes encore loin de la thérapie génique pour l'homme dépressif», estime le chercheur, qui rappelle que les spécialistes soupçonnent depuis quelque temps le noyau accumbens d'être impliqué dans la dépression.

Des doutes subsistent


«En revanche, nous ne savons pas aujourd'hui avec certitude si la protéine p11 est réellement la protéine de la dépression», tempère Stéphane Jamain. «Ces recherches sont très intéressantes pour mieux comprendre les mécanismes qui entrent en jeu dans une dépression, observe la Pr Chantal Henry, psychiatre au CHU Albert-Chenevier (Créteil). Dotés de meilleures caractérisations cliniques, nous pourrons améliorer la prise en charge des malades et affiner leur prise en charge.»
Traiter la dépression, fût-elle sévère, par la thérapie génique n'est pas sans poser des questions d'ordre philosophique. «Cela équivaut à dire que l'on ne peut rien faire contre cette maladie et que la seule réponse est d'ordre génétique. Or c'est faux», insiste le Dr  Bruno Falissard. L'équipe américaine espère rapidement transposer sa découverte des rongeurs à l'homme.







La thérapie génique au chevet de la dépression
22.10.10

"Je suis le Ténébreux, - le Veuf, - l'Inconsolé (...) Ma seule Etoile est morte, - et mon luth constellé porte le Soleil noir de la Mélancolie", soupire Gérard de Nerval dans son poème El Desdichado ("le déshérité"). En écho, Baudelaire, dans son Spleen, décrit les affres de "l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis", où "l'Angoisse, atroce, despotique (...) plante son drapeau noir".


Les poètes et les peintres, dont les états cafardeux ont maintes fois inspiré la veine créative, jugeraient sans doute que l'étude américano-suédoise publiée dans l'édition du 20 octobre de la revue Science Translational Medecine manque furieusement de romantisme. Ce travail laisse entrevoir - de façon encore très préliminaire - la possibilité d'une thérapie génique des dépressions sévères.

Cette stratégie curative, consistant à remplacer des gènes défectueux, ou à introduire des gènes correcteurs dans certaines cellules, est expérimentée depuis peu chez des malades parkinsoniens. Mais elle est inédite pour la dépression. L'enjeu est énorme, puisque cette pathologie est en passe de devenir la deuxième cause d'invalidité après les maladies cardio-vasculaires, selon l'Organisation mondiale de la santé. Et qu'elle résiste, chez près d'un patient sur trois, à l'arsenal des médicaments antidépresseurs.

L'expérience, conduite par Brian Alexander (Weill Cornell Medical College de New York), a pris comme cobayes six jeunes souris mâles. Elle a d'abord inactivé à l'aide d'un virus, dans une minuscule région de leur cerveau appelée noyau accumbens, le gène p11, qui gouverne la synthèse de la protéine du même nom. Celle-ci est connue pour réguler le signal transmis aux cellules cérébrales par la sérotonine, un neuromédiateur impliqué dans l'humeur, le sommeil et la mémoire.

Les chercheurs ont alors observé les mouvements des rongeurs, lorsqu'ils les suspendaient par la queue, ou qu'ils les plongeaient dans une bassine d'eau dont ils ne pouvaient s'échapper. Ils ont constaté que les animaux renonçaient plus vite à se débattre ou à nager, une résignation classiquement observée dans les modèles animaux de dépression. Signe corroboré par leur moindre appétence pour une boisson sucrée, rappelant l'anhédonie (insensibilité au plaisir) des personnes dépressives.

L'équipe a ensuite procédé à l'expérience inverse, en réintroduisant dans leur cerveau, par le truchement d'un autre virus, le bon gène, afin de restaurer l'expression de la protéine. Les animaux ont retrouvé une agitation normale, en même temps que leur goût pour le sucre.

Parallèlement, les chercheurs ont passé au scalpel les tissus cérébraux de 34 cadavres d'humains, dont la moitié avait souffert de dépression et les autres non. Et ils ont découvert, dans le noyau accumbens des premiers, un niveau plus faible de la protéine p11.

Ils en concluent que, chez l'homme comme chez la souris, le noyau accumbens et le gène p11 jouent un rôle-clé dans la dépression. Et qu'une thérapie génique pourrait être envisagée pour "des patients présentant une dépression majeure, et réfractaires aux autres traitements antidépresseurs".

"Il s'agit d'un travail sérieux et novateur, qui apporte des éléments importants sur la physiopathologie de la dépression", commente Stéphane Jamain, de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm, équipe de psychiatrie génétique, hôpital Henri-Mondor de Créteil). Mais, ajoute-t-il, "cela ne signifie pas qu'il va révolutionner la psychiatrie".

"Le recours à la thérapie génique pour traiter des troubles psychiatriques complexes reste un domaine inexploré", estiment eux aussi, dans une mise en perspective publiée dans la même revue, trois chercheurs de la firme pharmaceutique américaine Johnson & Johnson. A leurs yeux, "même si nous nous engageons sur une nouvelle voie prometteuse, un grand nombre de questions cliniques et réglementaires doivent être résolues avant que de telles thérapies puissent être mises en œuvre ".

Entre la réaction d'un rongeur pendu par la queue et le comportement humain, il existe un fossé vertigineux. Même si les tests de la pendaison et de la nage forcée font partie de la batterie des protocoles standards utilisés avant l'éventuelle mise sur le marché d'un antidépresseur.

Dans le cas précis, l'extrapolation du modèle animal à l'homme semble d'autant plus hasardeuse que la thérapie génique a été effectuée sur des souris âgées de onze semaines seulement. Ce qui, transposé à l'homme, reviendrait à un traitement précoce, de post-adolescents, potentiellement avant l'apparition des premiers symptômes.

En outre, l'observation, post mortem, d'une carence de la protéine p11 dans le cerveau des sujets dépressifs pose l'éternelle question de la poule et de l'œuf. Comme il en va pour d'autres troubles psychiatriques, comme la schizophrénie ou l'autisme, il est impossible de déterminer si les anomalies cérébrales repérées sont la cause ou, au contraire, la conséquence de ces affections.

L'étude se focalise de surcroît sur un gène particulier, alors que la dépression, pour autant qu'elle puisse s'expliquer par des causes génétiques, implique vraisemblablement de nombreux gènes.

Il reste à démontrer que celui dont les chercheurs ont mis en évidence l'action joue un rôle plus déterminant que les autres. Cela, pour l'ensemble des manifestations dépressives, et non pas seulement pour un type spécifique de dépression.

Enfin, et peut-être surtout, ce travail propose une approche strictement biologique d'un trouble du comportement, dont les praticiens considèrent qu'il est la résultante d'un faisceau complexe où se mêlent des facteurs personnels, sociaux et environnementaux, associant traumatismes, stress et conditions de vie.

En dépit de toutes ces réserves, les résultats rapportés ont le mérite d'établir l'importance d'une zone très localisée du cerveau dans les états dépressifs. De l'établir, ou de la confirmer, puisque des essais de stimulation profonde du noyau accumbens, par des électrodes, ont déjà été menés pour des cas de dépression sévère résistant aux médicaments.

En outre, note Stéphane Jamain, qu'ils débouchent ou non sur une future thérapie génique, ils offrent un espoir aux dépressifs. Ils suggèrent, en effet, que cette pathologie, même dans l'hypothèse où elle serait inscrite dans les gènes, "peut être corrigée a posteriori, en compensant un déficit de neurotransmetteur".

L'étude est cosignée par treize biologistes, dont le patron, Michael Kaplit, professeur associé au Weill Cornell Medical College, est aussi cofondateur et consultant de la société américaine de biotechnologies Neurologix Inc. Cette société, cotée en Bourse, a acquis la licence d'un brevet déposé par l'université Cornell, sur la thérapie génique avec le gène p11. Les intérêts financiers en jeu expliquent, peut-être, s'agissant des perspectives thérapeutiques, le raccourci un peu rapide fait entre des souris et des hommes.
Pierre Le Hir





Gard« La santé mentale souffre d’une omerta, d’un défaut d’image très grave »

Denis Reynaud est secrétaire général de l’Union des cliniques psychiatriques privées

Jusqu’au 27 octobre, les cliniques psychiatriques diffusent une campagne radio nationale en faveur d’une meilleure compréhension des maladies mentales. Pourquoi ?

La santé mentale souffre d’une omerta, d’un défaut d’image très grave. Se faire hospitaliser en psychiatrie, cela reste tabou pour la plupart des gens. Pourtant, la maladie mentale, cela se soigne, il y a des résultats. Surtout si elle est prise en charge très tôt. Une dépression qui est prise en charge dès les premiers jours aura alors beaucoup plus de chances d’être guérie. C’est vrai aussi pour d’autres pathologies.

Votre action s’inscrit justement dans la semaine nationale de la dépression. Cette maladie continue-t-elle de progresser ?
Il faut savoir qu’actuellement, il y a une chance sur quatre, ou cinq, que tout un chacun soit un jour hospitalisé en psychiatrie. La plus fréquente des maladies mentales est la dépression ; selon l’INVS, de 5 % à 8 % des Français sont frappés par un épisode de dépression majeur. On constate un accroissement régulier des pathologies, la dépression en tête.

À cause de la crise ?
Oui, la crise se traduit par l’augmentation de la prise en charge de pathologies liées au stress.
L’image négative de la psychiatrie ce n’est pas qu’une affaire de tabou. C’est aussi le manque de moyens, les infirmiers surmenés...

Non ?

Il est exact qu’on a du mal à trouver des infirmières. On dit d’ailleurs au gouvernement qu’il faut en former plus.

La spécialisation en psychiatrie a d’ailleurs été supprimée pour les infirmières...
Ce n’est pas forcément une mauvaise chose : enfermer toute sa vie un infirmier en psychiatrie, c’est terriblement usant. Mais voilà, cette réforme a été mal faite : on n’a pas augmenté la formation en psychiatrie des infirmières. Il y a aussi un manque de moyens financiers. Depuis trois ans, on nous autorise une augmentation tarifaire d’un pour cent l’an. Comment pourrait-on dès lors augmenter le salaire de nos personnels ? Aujourd’hui, aucune clinique privée n’est en mesure d’équilibrer ses comptes en fonction des tarifs accordés par la tutelle. Les tarifs ne couvrent pas les coûts.

Comment faites-vous alors ?
On récupère avec les tarifs des chambres individuelles : mais voilà, tous les patients ne peuvent pas se permettre de se payer une chambre individuelle.

Dans le Sud, plus d’établissements
Les cliniques psychiatriques sont particulièrement implantées dans le Sud-Est. Une raison historique à cela : cette terre d’élection des sanatoriums, a vu, à leur disparition, nombre de ces établissements muer en cliniques psychiatriques. Aujourd’hui, en Languedoc- Roussillon, plus de la moitié des hospitalisations sont prises en charge par des établissements privés. En France, le privé prend en charge près de 25 % de l’activité, avec un budget inférieur à 10 % du total de la psychiatrie en France. « On ne trouve pas cela équitable », dit M. Reynaud au nom de l’Union nationale des cliniques psychiatriques privées (UNCPSY, 163 établissements) laquelle milite pour une meilleure reconnaissance de leur action par les pouvoirs publics et la population.

Mont Duplan : clinique rachetée
« On n’arrive plus à s’en sortir », affirme M. Reynaud. Il y a un an, « à contrecœur », il a vendu la clinique du Mont Duplan au groupe VP Investissement. En 1931, son grand-père avait fondé l’établissement qui sera l’un des derniers sanatoriums de France avant sa mue, en 1974. Cette année, la clinique (58 lits, dont 30 en chambres individuelles) a été la première à décrocher la certification V2010, et ce sans réserve de la Haute autorité de santé (HAS). Un gage de qualité, « grâce à la mobilisation exceptionnelle du personnel », souligne M. Reynaud.
Recueilli par Richard BOUDES
 




Les femmes survivent mieux à un traumatisme grave

Une femme victime d’un traumatisme violent a 14 % de plus de chance de survivre qu’un homme blessé de la même façon. Selon une équipe de l’université Johns Hopkins (Baltimore), il faudrait y voir une action délétère des androgènes. Adil H. Haider et coll. ont analysé les données nationales des traumatisés, soit plus de 48 000 cas survenus entre 2001 et 2005, vus aux urgences en hypotension et hypovolémie. Ils ont séparé ces accidentés en trois catégories : moins de 12 ans, 13-64, 65 ans et plus.

Dans les deux groupes extrêmes, les plus jeunes et les plus âgés, c’est-à-dire ceux aux taux d’hormones sexuelles les plus bas, il n’existe pas de différence de survie entre hommes et femmes. En revanche, chez les adultes soumis à une pression hormonale, les femmes se sont montrées avantagées par estrogènes et progestérone.

Une hypothèse thérapeutique en est née. Peut-être lors d’un traumatisme important serait-il utile de traiter les hommes par des inhibiteurs des androgènes, de façon temporaire. Des tests antérieurs réalisés sur des souris confortent cette option.
› Dr G. B.

« Journal of Trauma », septembre 2010.
Quotimed.com, le 21/10/2010




Ce que prévoit le projet de loi de bioéthique

La ministre de la Santé Roselyne Bachelot a présenté en conseil des ministres son projet de loi de révision de la loi bioéthique de 2004, qui devrait être discuté au Parlement au début de l’année prochaine.

LA PRINCIPALE innovation est la possibilité pour les enfants issus d’un don de gamète (sperme ou ovocyte) – soit à peu près 1 300 naissances par an – d’avoir accès à leurs origines. À leur majorité, ils pourront avoir accès à des données non identifiantes sur le donneur (âge, origine, catégorie socioprofessionnelle...) mais aussi à son identité, si celui-ci, informé de la demande, y consent. La mesure ne s’appliquera pas aux dons antérieurs à la loi, a souligné le ministère, répondant ainsi à une inquiétude des donneurs et des professionnels de santé.

Critères élargis.


Autre point très attendu par la communauté scientifique, le sort réservé à la recherche sur l’embryon et les cellules souches embryonnaires. La loi de 2004 l’interdit, tout en prévoyant des autorisations dérogatoires par l’Agence de la biomédecine pour une période limitée à 5 ans, ce moratoire venant à échéance en février 2011. Le projet de révision supprime le moratoire, mais maintient le principe d’interdiction de la recherche et le régime d’autorisations à titre dérogatoire. Les critères sont élargis, puisque pourront être autorisées les recherches « susceptibles de permettre des progrès médicaux majeurs » (et non plus des « progrès thérapeutiques majeurs »), « ce qui permettra d’inclure les recherches en matière de diagnostic et de prévention », est-il précisé.

En matière d’assistance médicale à la procréation (AMP), le texte met en exergue le caractère strictement médical des critères justifiant d’y recourir. Il prévoit le même droit d’accès aux couples hétérosexuels pacsés qu’aux couples mariés (sans avoir à justifier de deux ans de vie commune comme prévu dans les autres cas). Les conditions de recours au diagnostic pré-implantatoire ou DPI (une quarantaine de naissances par an) restent inchangées, dans le cadre d’une AMP lorsqu’un couple a une forte probabilité de donner naissance à un enfant atteint d’une maladie grave reconnue comme incurable. En revanche, le gouvernement ouvre enfin la porte à la technique de la congélation ovocytaire ultrarapide (ou vitrification). Roselyne Bachelot s’était montrée, depuis le début des débats, défavorable à la gestation pour autrui : sans surprise, le texte ne l’envisage pas.

En matière de greffe, enfin, le don croisé d’organes est envisagé. En revanche, le gouvernement n’ouvre pas la voie à la conservation autologue de sang de cordon.
› STÉPHANIE HASENDAHL

Quotimed.com, le 20/10/2010




Le Sénat a adopté la réforme de la médecine du travail

Le Sénat a adopté dimanche matin la disposition réformant la médecine du travail introduite par les députés dans le projet de loi sur les retraites (dans le cadre du volet sur la pénibilité). Durant le débat, les sénateurs de gauche ont bataillé contre cette disposition, estimant qu’il y aurait une « perte d’indépendance de la médecine du travail ». Plusieurs parlementaires ont brocardé un texte écrit « sur le bureau de Laurence Parisot », présidente du MEDEF, un « passage en force », ou encore la « démédicalisation programmée de la santé au travail ». Certains élus ont dénoncé un cavalier législatif (une disposition n’ayant aucun lien avec le texte dans lequel il est incorporé).

La réforme stipule notamment que les missions des services de santé au travail« sont exercées par les médecins du travail, en lien avec les employeurs et les salariés désignés pour des activités de protection et de prévention des risques professionnels (...) ».

Le ministre du Tavail, Éric Woerth, s’est justifié sur tous les points sensibles.« Le secret professionnel (du médecin) est garanti. Son indépendance est garantie, a-t-il assuré. Il faut des équipes pluridisciplinaires, prenant notamment en compte la dimension psychologique, il faut aussi mieux coordonner les services de santé. Nous organisons un pilotage au niveau national et régional. Enfin, nous transposons des directives européennes car c’est une directive qui impose la désignation par l’employeur de personnes chargées de la protection et de la prévention des risques. »
› C. D.

Quotimed.com, le 18/10/2010




Des enfants sur la bonne voix

Critique


L’ethnopsychiatre Marie Rose Moro se penche sur les parcours langagiers chez les migrants


Par GENEVIEVE DELAISI DE PARSEVAL psychanalyste

Le maestro Georges Devereux (1908-1985), personnage étonnant - à la fois hongrois, américain, et français -, fondateur de l’ethnopsychanalyse, a marqué une génération d’ethnologues et d’analystes. Il n’a pas eu de descendance, a eu peu d’élèves, mais il a une postérité. Dont celle qu’incarne à double titre Marie Rose Moro (même si elle est trop jeune pour l’avoir connu personnellement). Son livre, très savant, se lit pourtant comme un roman, tissé d’histoires dont l’écheveau se dévide dans les consultations que l’ethnopsychiatre a menées d’abord à l’hôpital Avicenne à Bobigny et, désormais, à la maison des adolescents à Cochin, à Paris.

Ce ne sont pas des consultations classiques. Partant de l’hypothèse ethno-psychanalytique selon laquelle c’est le passage entre les langues et les logiques qui fait problème, le setting est celui d’un groupe bilingue animé par un(e) pédopsychiatre et d’autres cothérapeutes familiers des parcours langagiers des enfants et de leurs familles, sans compter des stagiaires internationaux, apprentis thérapeutes.

Tragédie grecque. Ces consultations s’adressent aux enfants de migrants, mais Marie Rose Moro a désormais mis l’expérience du travail transculturel mené à Bobigny au profit des enfants et adolescents de l’adoption internationale, de plus en plus nombreux (80% des adoptés). Le dispositif du groupe est celui du respect des langues et des histoires (le récit des rêves en particulier a une place très importante) ; il sert d’écho ou de chœur comme dans la tragédie grecque. S’élabore ainsi à chaque consultation un récit unique, mais à plusieurs voix, dont le contenu, pris en note par un cothérapeute, est repris à la séance suivante. Telle par exemple la séance avec Solange, la mère qui ne savait plus chanter de berceuse à son bébé ; le groupe a une importance toute particulière dans ces consultations mère-bébé : associé aux «co-mères» (les cothérapeutes), il porte véritablement les interactions conscientes et inconscientes. Où l’on voit que, pour grandir, un enfant doit se sentir protégé par sa langue maternelle ; encore fallait-il ici que sa mère puisse chantonner dans la langue de sa mère à elle.

Marie Rose Moro ne se pose pas en spécialiste de toutes les cultures et religions. Fidèle à Georges Devereux, sa méthode repose sur l’analyse des positions contre-transférentielles du (des) thérapeute(s), ainsi que sur l’observation participante, neutre, et bienveillante des références culturelles qui semblent parfois échapper au champ de compréhension tant anthropologique que psychanalytique. Le psychiatre Paul-Claude Racamier remarquait lui aussi que «le meilleur de la psychiatrie a toujours résidé dans cette nécessité naturelle de porter aux êtres un regard en plusieurs dimensions et une écoute en plusieurs registres (dont le registre interculturel)».

Décentrage. Remarquons que Marie Rose Moro a su, avec talent, éviter l’écueil d’une soi-disant empathie transculturelle, quasi magique ou incantatoire. Car les patients africains, serbes, irakiens, vietnamiens, tamouls, comoriens, qui font confiance au système hospitalier français, viennent chercher une médecine scientifique et non une médecine traditionnelle qu’ils pourraient de toute façon trouver chez eux, y compris à Paris où des praticiens de ces autres médecines pullulent. On trouvera de très belles pages - toujours illustrées par des histoires cliniques - sur le principe épistémologique du décentrage. «Se décentrer c’est accepter de ne pas ramener à soi des choses qu’on ne comprend pas d’emblée, et ne pas les considérer comme pathologiques ipso facto ; accepter en somme la notion de codage culturel pour soi et pour l’autre.» Avec d’autres mots, Paul Ricœur (que cite l’auteur) écrivait que le plus court chemin de soi à soi est bien l’autre.


jeudi 21 octobre 2010


Nouvelles psychanalytiques

Cronenberg dévoile son vrai faux biopic sur Freud

Le réalisateur a levé le voile sur son adaptation de "The Talking Cure" de Christopher Hampton : une histoire de folie, d’adultère et de rivalité masculine déguisée en biopic sur Freud.

“ On s’étonnait un peu de voir le réalisateur des Promesses de l’ombre s’embarquer dans le genre très calibré du biopic. Après un retour magistral au cinéma amorcé avec A History of Violence, David Cronenberg s’est lancé dans l’adaptation de The Talking Cure de Christopher Hampton sur la relation tumultueuse entre Sigmund Freud et son élève Carl Jung. Un film en costume donc, tourné entre l'Allemagne et l'Autriche, mais qui n’aura probablement rien de la reconstitution académique à l’œuvre dans la majorité des biopics. “ (…)
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Bouli Miro revient sur scène et dans le ventre de sa mère
07.10.10


L'auteur Fabrice Melquiot est un père d'un genre un peu particulier : celui d'un bébé de théâtre irrésistible. Bouli Miro est né en 2003 et a déjà vécu pas mal d'aventures. La dernière, Bouli année zéro, est mise en scène avec une joyeuse fantaisie par Emmanuel Demarcy-Mota au Théâtre des Abbesses, à Paris.

On a connu Bouli bébé : il faisait son entrée dans le monde sur la scène du studio-théâtre de la Comédie-Française, rien de moins. A la naissance, il pesait déjà 9 kg, et à un an, 49. Il avait "la vue bigleuse", et "les frissons de la peur de tout". Pas fastoche, mais l'amour de ses parents, Daddi Rotondo et Mama Binocla, et de sa cousine, Petula Clark, allaient faire des miracles.

Deux ans plus tard, en 2005, et toujours à la Comédie-Française, Bouli avait beaucoup grandi. Et aussi beaucoup maigri : dans Bouli redéboule, il avait perdu tous les kilos qu'il avait mis entre lui et la méchanceté du monde. Pas fastoche non plus, de grandir : avec Petula, rien n'allait plus. Entre les parents, rien n'allait plus non plus. Ils se "tapaient dessus comme des poissons pourris". Mama était amoureuse d'un drôle de type : Sigmund Freud.

En 2009, Bouli avait 12 ans. Il avait émigré au Théâtre des Abbesses, la deuxième salle du Théâtre de la Ville, dont Emmanuel Demarcy-Mota avait pris entre-temps la direction. Il s'était nettement regonflé : 101 kg, et beau gosse, avec ça. Le problème, c'était Petula : elle avait tellement maigri qu'elle était devenue comme une feuille de salade, avant de disparaître. C'était Wanted Petula.

Aujourd'hui, revoilà Bouli. Mais, surprise, comme au théâtre le temps fait ce qu'il veut, on découvre notre héros... dans le ventre de sa mère. Il est déjà bien gros pour sa taille lilliputienne. Alors ses parents décident de l'appeler Bouli. Ils auraient préféré Rahan, mais bon.

"C'EST ARCHI LA HONTE"


Dans sa bulle amniotique, Bouli, version foetus, travaille sérieusement du casque. Il parle à sa mère, à son père, à Petula, dont il est déjà amoureux, et aussi à Gunther, le rhinocéros de la voisine. Avant de faire ce constat : "En fait, je crois que je suis tout seul au fond de ma mère. Je n'ai pas vraiment d'yeux pour voir ce monsieur qu'il faut que j'apprenne à appeler Daddi. Je n'ai pas vraiment d'oreilles pour entendre. Je suis un tout petit machin, une graine en train de germer. Je suis grand comme une crotte de nez. Une grosse crotte de nez. C'est archi la honte."

La plume de Fabrice Melquiot est aussi délicate, poétique et ludique pour aborder les mystères de la naissance que la vie pas toujours simple des enfants d'aujourd'hui.

Fabienne Darge


"Bouli année zéro" de Fabrice Melquiot, au Théâtre des Abbesses, 31, rue des Abbesses, Paris 18e. Mo Abbesses. Jusqu'au 15 octobre, tous les jours à 14 h 30 ; et à 19 h 30 (sauf le mercredi). De 10 € à 16 €.

mercredi 20 octobre 2010



L'internement psychiatrique, nouvelle arme des préfets

La suite ici


Les «fous» sont-ils dangereux ?

Au cours de ses journées scientifiques qu’elle organise les 23 et 24 octobre prochains à Hammamet, l'ATPEP (Association Tunisienne des Psychiatres d’exercice privé) engagera un processus de réflexion autour du thème Psychiatrie et Violence avec un large panel d'Intervenants pluri-disciplinaires : philosophes, psychanalystes, sociologues, anthropologues, juristes, praticiens et psychiatres, tous concernés par le fait psychiatrique et ses conséquences sur nos sociétés contemporaines.

Des asiles-prisons aux neuroleptiques et thérapies comportementales, les pratiques psychiatriques ont bien évolué vers une meilleure compréhension et maîtrise des troubles de l’esprit humain. Mais la médiatisation à outrance de quelques cas de malades mentaux dont les actes criminels ont choqué l’opinion publique de par leurs dimensions sordide, perverse et morbide, risque de jeter le discrédit sur des décennies d’avancées thérapeutiques qui ont pratiquement anéanti les risques de dangerosité de la plupart des maladies mentales.

Mais dans ce domaine, comme dans tous les autres, le risque zéro n’existe pas. Faut-il pour autant, céder à la tentation du tout juridique, comme l’a récemment entrepris la France où la judiciarisation de la folie dangereuse prend de plus en plus la place des thérapies, comme le précise l’ATPEP dans la présentation de ses journées ?
C’est autour de cette thématique, violence et psychiatrie, que se réunissent un ensemble de spécialistes tunisiens dont le Professeur Essedik Jeddi qui vient de publier un livre intitulé Filiation et altérité (présentation de l’ouvrage et interview avec l’auteur à suivre), le Professeur Sofiène Zribi, le Professeur Michel Petterson de Montréal, le Professeur Youssef Seddik de Paris, M. Abdelkader Zghal, etc.

La relation entre la violence et certaines maladies dont la psychose, la schizophrénie et la limitose fera, notamment, l’objet des interventions de ces journées scientifiques en plus de réflexions philosophiques et sociologiques sur la pratique psychiatrique d’aujourd’hui, son intervention dans les milieux pénitenciers et son rôle dans la prévention des comportements déviants.
Société Médecine et Psychanalyse

MÉDECINE & PSYCHANALYSE
12e colloque

Nouvelles formes de vie et de mort : une médecine entre rêve et réalité

Sous la direction de Danièle Brun
Professeur émérite à l'université Paris 7 - Denis Diderot
Présidente de la "Société Médecine et Psychanalyse" SMP

Vendredi 14, samedi 15,
dimanche 16 janvier 2011


En hommage et à la mémoire de Conrad Stein
Les perspectives de vie et de mort sont renouvelées par les avancées de la médecine et par les compétences accrues des services hospitaliers.

Comment les possibilités désormais ouvertes et offertes aux patients transforment-elles ou infléchissent-elles leur regard sur la vie et la mort ? Qu’en est-il de leurs désirs : Vivre ou mourir, à quel prix ? Dans quelles conditions ? Pour soi-même et pour les autres ?

Existe-t-il des facteurs psychiques qui orientent nos manières de vivre et de mourir ? Ou qui influencent lesmodalités d’accompagnement des proches ? En bref, comment nos désirs sont-ils sollicités par les nouvelles conditions de soins ?

Autant de questions à débattre au cours de ce prochain colloque où l’accent se portera sur la condition du patient et de son entourage, sur les services d’urgence, sur le rôle de la génétique, de la gynécologie obstétrique et de la néonatologie comme anticipation de l’avenir. On pensera également aux nouvelles exigences de formation des soignants, en particulier lors des décisions de maintien ou d’arrêt des soins.

Un récent rapport de l’IGAS (Institut général des Affaires sociales) intitulé « La mort à l’hôpital » a fait le point sur ces questions et sur leurs impasses actuelles, notamment sur celles qui concernent la mort dans l’enfance et dans l’adolescence ainsi que sur les modalités d’annonce du décès.

Quant à la problématique du deuil, il ne semble pas pertinent de la limiter à l’occurrence de lamortmais de l’envisager selon la différence que chacun fait entre la vie d’avant et la vie d’après.

Trois journées de colloque qui favoriseront le croisement des témoignages issus de la pratique et de la réflexion des intervenants dans le champ de la médecine, de la psychanalyse, de l’éthique, de l’anthropologie, de la sociologie et de la théologie.

Argument et programme ici



Des plantes contre l'anxiété

Certaines peuvent être efficaces, mais aussi développer des effets indésirables.

Les plantes ont longtemps été la base de la pharmacopée, avant d'être présentées en gélules, puis remplacées par des substances chimiques et maintenant par des produits de biotechnologies.

Peut-on cependant faire confiance aux spécialités à base de plantes vendues en pharmacie pour lutter contre l'anxiété ou encore la «déprime»? Début octobre, des médecins californiens ont présenté dans la revue américaine Nutrition Journal leurs conclusions après avoir analysé de manière exhaustive des dizaines d'études consacrées à l'effet psychotrope, en particulier anxiolytique d'un certain nombre de plantes. Ils concluent au final que certaines -mais pas toutes- peuvent être efficaces contre l'anxiété, sans effet secondaire notable.

Ce trouble psychologique est caractérisé par un sentiment d'inquiétude persistant, perturbant les activités quotidiennes et le sommeil. Il concernerait 16% de la population, à des degrés divers et pour des durées variables.

Trois plantes étudiées


Les prescriptions de médicaments de la famille des benzodiazépines (avec des effets secondaires non négligeables) restent souvent la première réponse des médecins. La pharmacopée à base de plantes a plus rarement leur faveur, mais fait l'objet de recommandations par les pharmaciens ou sont prises en automédication. «Aucune formation concernant l'effet des plantes sur la santé n'est délivrée pendant les études de médecine, regrette le Pr Robert Anton (pharmacologue, Strasbourg). Pour la première fois cependant, à la faculté de médecine de Strasbourg, nous envisageons un module sur la place des médecines complémentaires, incluant un cours de phytothérapie pour les futurs médecins. Rappelons que cette discipline est enseignée dans toutes les facultés de pharmacie.»

Trois plantes ont été retenues par les médecins américains contre l'anxiété. La passiflore, Passiflora incarnata, a été l'objet de multiples études en Europe et aux États-Unis. L'une d'entre elles en particulier, la comparant à une benzodiazépine, conclut à un effet similaire contre l'anxiété des deux produits. Le «kava» , boisson préparée à partir d'une plante, le Piper methysticum, connue pour ses effets anxiolytiques depuis plusieurs siècles, a été plus récemment testé sur des rats avec la mise en évidence d'un impact incontestable au niveau cérébral. Six études pharmacologiques ont montré un effet anxiolytique, que quatre autres ont infirmé… Cependant, des cas de toxicité hépatique dans plusieurs pays incitent à une grande prudence avec ce produit. La troisième plante, le millepertuis, Hypericum perforatum, utilisé depuis des décennies contre l'anxiété, la dépression, les troubles du sommeil, a fait l'objet de multiples études, avec le plus souvent des résultats supérieurs au placebo dans des formes de dépression légère ou modérée. Mais certaines données ne démontrent pas d'activité réelle.

«La passiflore est une plante a priori ultradouce, avec des effets sur l'anxiété, qui, s'ils existent, sont sans doute très mineurs mais avec aucune toxicité démontrée, commente le Pr Robert Anton. Pour ce qui est du kava, c'est un produit très prisé en Asie du Sud-Est avec des effets contre l'anxiété mieux documentés sur le plan pharmacoclinique. Sa mise sur le marché à des fins thérapeutiques a été interdite depuis 2003 par l'Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, ndlr) du fait de quelques cas de toxicité hépatique. Quant au millepertuis, il a beaucoup été étudié, avec des effets assez probants dans le cadre de dépression légère.» Attention, tous les produits à base de plantes ne se valent pas, en terme de sécurité en tout cas. Certains - mais pas tous -ont reçu une autorisation de mise sur le marché par l'Afssaps, ce qui représente une garantie, indiquant qu'un dossier a été déposé, examiné et accepté par les autorités sanitaires.

«Ce sont des petits médicaments, qui ont peut-être un effet un peu supérieur au placebo, précise le Pr Jean-François Bergmann (pharmacologue, hôpital Lariboisière, Paris). Mais quand un médecin prescrit un tel produit avec conviction, il y a des chances pour qu'il ait une certaine efficacité. Il faut vérifier aussi que le patient ne souffre pas d'une pathologie nécessitant une molécule vraiment efficace.»

Vraies souffrances mentales

Pourquoi les psychiatres n'ont-ils jamais ou très peu souvent recours à de tels produits? «Je ne prescris pas de plantes, sans doute par ignorance, mais surtout parce qu'en tant que psychiatre hospitalier je vois surtout des patients souffrant de troubles psychiatriques plus graves, répond le Pr Jean-Pierre Olié, chef du service de psychiatrie (Saint-Anne, Paris). On dit que le millepertuis est efficace dans les dépressions mineures. Mais qu'entend-on par mineure? Est-ce que l'on est dans la dépression ? Ou dans un mal-être momentané qui relève de la normalité, que tout un chacun peut connaître au cours de son existence, et qui ne relève pas forcément de la psychiatrie?»
Pour le Pr Michel Lejoyeux (psychiatre, hôpital Bichat), «il y a le risque, avec une plante utilisée en automédication, de passer à côté d'un traitement nécessaire dans le cas d'une vraie souffrance mentale. Il ne faut pas oublier dans la prise en charge de l'anxiété ou de la dépression, la pertinence du soin relationnel, avec le généraliste, le psychothérapeute et aussi le pharmacien».
Martine Perez