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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mardi 17 novembre 2009




SCIENCES

16/11/2009 19:14


La contrainte en psychiatrie, un moindre mal ?

En partenariat avec Bayard, la Cité des sciences de la Villette organise le 17 novembre 2009 les Rencontres vidéo en santé mentale. A cette occasion, « La Croix » donne la parole à des personnes malades.

Grégoire, 19 ans, allait mal depuis quelques mois, sans que ses parents aient vu la « crise » arriver. Puis le couperet est tombé violemment : il s’est mis à ne plus dormir, à marcher de long en large dans l’appartement, et à tenir des propos incohérents… Une nuit, alors que son état s’était encore aggravé, ses parents ont appelé les pompiers. « Votre fils est majeur, leur a-t-il été répondu. S’il ne veut pas aller à l’hôpital, on ne peut rien faire pour lui, il faut que vous appeliez la police. » Mais, explique son père, « face à notre désespoir, ils nous ont proposé d’utiliser un subterfuge : “Posez-lui n’importe quelle question (“Veux-tu que quelqu’un vienne s’occuper de toi ?”), s’il répond oui, on vous envoie une équipe.” » La ruse a fonctionné. Grégoire a été embarqué aux urgences de l’hôpital du secteur, puis hospitalisé sous la contrainte.«

C’est une vraie violence qu’on lui a faite, reconnaît son père. Nous avons abusé de sa faiblesse, profité de son désarroi pour le piéger. Mais on n’avait pas le choix : c’était comme jeter la couverture sur quelqu’un qui brûle. Mon fils ne nous l’a d’ailleurs jamais reproché. » Après un mois d’hospitalisation, Grégoire vit dans un appartement thérapeutique et accepte de prendre ses médicaments. Mais son père ne sait pas s’il les prend pour son bien-être, les médecins ayant réussi à le convaincre, ou par peur de la menace répétée d’un retour à l’hôpital s’il ne les prend pas. « C’est dur à dire, soupire-t-il, mais c’est sans doute plus difficile encore à entendre. »

L’hospitalisation sous contrainte, que l’on impose à certains malades psychiques – notamment lors de leur première crise, parce qu’il y a urgence, voire danger, ou que le déni de leur maladie fait partie de leurs troubles –, reste une expérience traumatisante pour tous, à commencer par les malades eux-mêmes. Si certains reconnaissent a posteriori qu’on leur a rendu service, d’autres en gardent un sentiment de persécution et une perte de confiance douloureuse.

"C’est traumatisant, vous perdez toute croyance en toute valeur de la société"

Ainsi Philippe, 56 ans, hospitalisé à deux reprises à cause de « syndromes bipolaires », est persuadé que c’est « la contrainte qui (l’)a rendu malade ». « C’est traumatisant de subir cela, dit-il, vous perdez toute croyance en toute valeur de la société : ce passage par l’infirmerie de la préfecture, cette espèce de garde à vue punitive, où on ne vous parle pas, mais où on vous bourre de médicaments. Puis l’hôpital où on vous refuse toute activité, tout contact avec l’extérieur, et où vous n’avez aucun droit, sauf celui de prendre vos médicaments. Si vous refusez de les prendre, on vous met dans une cellule d’isolement, et on vous les injecte de force… » Aujourd’hui, il vient dans un accueil de jour participer à des activités et prendre ses médicaments. Le fait-il de son plein gré ? «Cette question n’a pas de sens, rétorque-t-il avec humour. Notre seul choix est de dire oui, sinon on nous réinterne : c’est l’injonction de l’injection ! »

François, 53 ans, interné il y a dix ans à la demande de ses frères pour une « grosse dépression » (diagnostiquée comme trouble bipolaire), garde le sentiment amer qu’on a voulu « se débarrasser de lui » et souffre qu’on l’ait « privé de sa décision ». « Mes frères ont fait venir un psychiatre chez moi, mais comme je ne voulais pas bouger (je disais que je n’étais pas malade, c’est ce qu’on dit dans ces cas-là), ils ont appelé la police, qui m’a conduit à l’hôpital. Peut-être ont-ils eu raison, mais je l’ai très mal vécu : j’aurais voulu qu’on m’explique, qu’on me rassure ; j’avais plus besoin de soutien psychologique que de police et d’ambulance. »

Il a souffert d’autres choix dont il s’est senti spolié, notamment la mise sous curatelle. « Peut-on vous priver de vos droits et libertés parce que vous êtes en souffrance psychique ? On nous dit : c’est pour notre bien… Mais on ne sait pas tout le mal que cela nous fait. En même temps, y avait-il d’autres solutions ? »

"La contrainte n’est pas tenable sur le long terme"

Ces « autres solutions », préservant à la fois la liberté et la santé du malade et celles de son entourage, Catherine les cherche encore. Son fils Julien, 21 ans, souffre depuis deux ans de troubles psychotiques, et refuse de se soigner. Il ne peut pas être hospitalisé sous la contrainte, car il n’est pas en crise aiguë, n’est pas considéré comme dangereux pour lui-même ou pour les autres. « Or, souligne Catherine, la famille peut vivre des situations de violence psychique, d’épuisement nerveux, de tyrannie quotidienne du malade, sans qu’il y ait pour autant délire ou passage à l’acte violent. Par ailleurs, l’hospitalisation ne résout pas tout, quand la personne est renvoyée chez elle au bout d’un certain temps. Car la contrainte n’est pas tenable sur le long terme.»

Pour obliger certains patients à se soigner sur une plus longue durée, sans pour autant les hospitaliser, l’Union nationale des amis et familles de malades psychiques (Unafam) préconise, avec l’appui de psychiatres, une réforme de la législation qui permette d’imposer des soins en ambulatoire sans consentement. Une mesure qui n’est pas à l’abri d’une récupération sécuritaire, craignent certains médecins, et qui soulève de nombreuses questions éthiques (lire débat) : doit-on et peut-on soigner un malade psychique contre son gré, voire par la force ? Dans quels cas et dans quel but ? Qui cherche-t-on avant tout à protéger : le patient, l’entourage, la société ? Et de quels types de soins parle-t-on ?

« La famille pourrait intervenir au déclenchement de la procédure, car elle est le veilleur au quotidien. C’est elle qui est en risque aujourd’hui, estime Jean Canneva, président de l’Unafam. C’est donc elle qui pourrait faire cette demande de soins intensifs. L’idéal est de rechercher le consentement de la personne, mais il est difficile d’attendre sa volonté quand la maladie porte sur sa capacité à décider. Il faut donc qu’à certains moments quelqu’un décide à sa place. Qui ? Je ne serais pas contre une décision judiciaire quelque part. »

Pour Claude Finkelstein, présidente de la Fédération nationale des patients en psychiatrie (Fnapsy), la réflexion devrait rester dans un tri comportant le patient, le soignant, et éventuellement le juge, mais pas la famille : « Ce n’est pas de sa responsabilité de priver une personne de sa liberté. Je comprends leur peur, leur terrible demande de prise en charge. Mais tout cela n’est pas toujours très sain. Je souhaiterais que cette obligation de soin ne soit pas perçue comme une menace ou une punition, comme les hospitalisations sous contrainte le sont souvent, ce qui empêche la personne de prendre conscience qu’elle est malade, la désinsère immédiatement, et l’empêche de s’en sortir. Mais qu’elle prenne la forme d’un contrat de soin entre le médecin et la personne, et qu’on ne la médicalise pas tout de suite. Sous prétexte qu’il n’y a pas assez de soignants, on ne prend plus le temps de le faire. Or, je suis sûre que dans 85 % des cas d’hospitalisation sous contrainte, si on prenait le temps de leur expliquer, on arriverait à leur faire accepter un contrat de soin, qui respecte leur liberté. »
Christine LEGRAND

lundi 16 novembre 2009




Une nouvelle stratégie pour la santé mentale

NOUVELOBS.COM | 17.11.2009 |

De la souffrance au travail aux difficultés de la vieillesse, en passant par le malaise des jeunes, les inégalités ou l’estime de soi… C’est une notion élargie de la santé mentale que Nathalie Kosciusko-Morizet souhaite promouvoir.


Sortir la santé mentale du seul cadre médical et thérapeutique pour l’envisager de façon beaucoup plus large, incluant un grand nombre d’éléments qui définissent notre qualité de vie… Telle est l’ambition affichée par Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’Etat chargée de la prospective et du développement de l’économie numérique, en présentant aujourd’hui un nouveau rapport intitulé La santé mentale, l’affaire de tous: pour une approche cohérente de la qualité de vie.

Si un tel sujet est abordé hors des auspices du ministère de la Santé, c’est justement pour dépasser une approche normative et curative, a précisé ce matin Mme Kosciusko-Morizet. L’actuel plan santé mentale est centré sur les troubles mentaux et la psychiatrie. Le rapport du centre d’analyse stratégique se place lui dans le sillon creusé par le rapport Stiglitz qui prône la création de nouveaux indicateurs économiques tenant compte du bien-être des ménages, et plus seulement de leurs revenus.

La maladie mentale n’est qu’un aspect de la santé mentale, écrivent les auteurs du rapport, un groupe présidé par la psychiatre et épidémiologiste Viviane Kovess-Masféty. Il faut aussi prendre en compte «la détresse ou souffrance psychologique» (stress, anxiété, culpabilité, etc..) et la «santé mentale positive» (estime de soi, réalisation, accomplissement…). Une bonne santé mentale semble être indispensable à une vie réussie, note le rapport. Or les jeunes de 15 à 19 ans, les actifs, les femmes et les personnes âgées seraient les groupes les plus exposés à la souffrance psychologique.

Eviter la consommation excessive d’antidépresseurs, aider les jeunes à prendre confiance en eux, réhabiliter la qualité de vie au travail, s’intéresser davantage aux difficultés des personnes âgées dépendantes sont quelques unes des recommandations des auteurs. Vaste programme…

Nathalie Kosciusko-Morizet a insisté sur le fait que ce rapport était une première étape dans la considération des enjeux de santé mentale, une initiative destinée à lancer le débat.

C.D.
Sciences-et-Avenir.com
17/11/09



jeudi 12 novembre 2009

L'anorexie (et autres souffrances adolescentes) vue de face

Par Louis Mesplé | Consultant photo | 05/11/2009 |

















C'est l'expérience délicate d'un travail photographique collectif, mené par Marc Pataut et réalisée entre 2003 et 2006 dans une unité de soins institutionnelle pour adolescents (Usipa). Elle est racontée dans un livre paru récemment aux éditions Lienart, « Toujours ou jamais ».Marc Pataut se définit comme artiste photographe. Depuis plus de vingt ans, il intervient sur des sur des territoires « de handicaps, de paroles empêchées, d'échecs ou d'exclusions, de souffrances ». Sa méthode s'approche de l'enquête documentaire de longue durée.

« Un témoignage n'existe pas : il se fabrique. »

Le portrait est le terrain muet sur lequel il emmène, après l'écoute et le dialogue, les participants à se déclarer, à affirmer leur existence. Cité dans le livre, le critique d'art et historien Jean-François Chevrier précise :


« La position de l'artiste n'est ni celle du journaliste ni celle du sociologue. En soi, un témoignage n'existe pas : il se fabrique. La parole est pour moi de la matière et de la terre. Je m'autorise à l'utiliser comme la lumière ou l'image. Les images sont des paroles. »


































Là, dans cet Usipa de l'hôpital Esquirol de Limoges (aujourd'hui restructurée), face à des adolescents hospitalisés (beaucoup pour troubles du comportement alimentaire et d'autres pour troubles psychologiques), la parole et la notion d'image sont relatives. On est au centre du corps et de son identité, de sa représentation.

Comment, dans un univers asilaire, emmener des jeunes patients (majoritairement des filles) à se représenter ? Comment le photographe va t-il s'y prendre ? Maurice Corcos, psychanalyste, psychiatre, spécialiste des troubles psychologiques des adolescents, commente ainsi les images de Pataut :

« Lui… Un corps masculin imposant, contre des corps féminins qui, pour des raisons compliquées, ont choisi de ne pas avoir de corps -d'imaginer, en tout cas, de ne pas en avoir. »

« L'artiste sait, comme les psychiatres, que la modestie est la condition de l'efficacité »


« Pataut privilégie la durée, avec tous les risques que cela implique . Il suspend l'obligation de résultat », explicite de son côté Jean-François Chevrier, tandis que Philippe Vigouroux, directeur du CHU de Limoges entre 2004 et 2008 compare sa démarche à celle des soignants :

« Trois années de résidence… L'artiste choisit une approche modeste. Il sait, comme les psychiatres eux-mêmes, que la modestie est la condition de l'efficacité. »

Le photographe commence ses ateliers par le conseil de « ne pas faire de belles images », mais de produire des photos (à la fin de l'expérience, il y en aura 9 000 environ).

Pour cela il confie aux adolescent(e)s des appareils reflex 24x36 argentique (le maniement de l'appareil et la prise de vue avec une pellicule demandent plus d'attention et incitent à limiter le nombre de clichés).

En contre-point, les portraits que réalisera le photographe. Ce sera en noir et blanc.

Le temps et le sujet des prises de vues sont libres. Les adolescent(e)s vont se photographier dans leur coin, leur chambre, et à l'extérieur, ils se tournent vers des paysages. L'autoportrait est privilégié. Ce sera tout en couleur.

Le lieu de l'échange, du dialogue, du choix, de la comparaison se fait sur des murs d'images dans une pièce polyvalente alternant la salle de consultation et le studio photo. On y crée des montages.










Jean-François Roche, pédopsychiatre, chef de service au centre hospitalier Esquirol de Limoges, commente ce travail au long cours :

« Un des aspects passionnants du travail de Marc Pataut est la réalisation des murs d'images. Il semble ne rien faire d'autres que de mettre des photographies les unes à côté des autres. Mais c'est justement la juxtaposition, la mise en liaison, qui permet de sortir de l'image et d'entrer dans la représentation.


Si je regarde le montage réalisé avec les photos de Virginie, ce qui m'intéresse c'est qu'elle se photographie non pas en train de se mutiler, mais en train de faire le geste de se mutiler. Ce qui n'est pas la même chose. »



























Faut-il parler d'art-thérapie ? « L'art-thérapie n'existe pas » Jean-François Roche. « L'art ne soigne rien, jamais-je parle de la maladie mentale sévère-. ».Maurice Corcos.

Simplement, « quelque chose s'est passé » . Selon le directeur du CHU, les hospitaliers ont découvert « une nouvelle forme de langage chez leurs patients, », et ces derniers une forme d'écriture -souvent poétique - pour une découverte de leurs corps et de sa représentation.

Photos : autoportrait de Judith, jardin de la cathédrale de Limoges ; sur la couverture : autoportrait de Morgane ; Mathilde par Marc Pataut ; Morgane par Marc Pataut ; autoportrait de Mathilde ; le mur de l'hôpital où sont affichées les travaux des participantes ; Virginie par elle-même ; Dalila et Elodie par elles-mêmes.

Toujours ou jamais de Marc Pataut - Lienart Editions, avec l'Arthotèque du Limousin - textes de Jean-François Chevrier, Maurice Corcos, Véronique Nahoum-Grappe, Jean Poussin et Jean-François Roche - 176 pages - 150 illustrations - 24X30 cm - 39€.




Lutte Ouvrière n°2154 du 13 novembre 2009

Dans les entreprises
Hôpital psychiatrique Maison-Blanche - Paris 19e - La mobilisation commence à payer

Cela fait maintenant plus d'un mois et demi que le personnel de Rémy-de-Gourmont, une des structures du groupe Maison-Blanche, débraye quotidiennement. C'est le manque de personnel qui a déclenché le mouvement : mutations, départs en retraite, arrêts maladie non remplacés, cela a pour conséquences une surcharge de travail et une dégradation des soins apportés aux patients.

Il faut dire qu'au nom des économies, et comme pour les hôpitaux généraux, la psychiatrie est touchée par les fermetures de lits. À Rémy-de-Gourmont, pour « régler » le problème de sous-effectif, la direction a fermé tout un service, la Thérapie Brève. Face à cette provocation, le personnel est resté mobilisé, si bien que mardi 27 octobre, lors d'une réunion avec les représentants du personnel, la direction a promis l'embauche de cinq infirmier(e)s sur les huit revendiqués. Cette embauche devrait se faire en décembre, lors de l'arrivée sur le marché du travail des nouveaux diplômés. La direction a aussi promis en début de semaine la réouverture de la Thérapie Brève pour le 1er janvier.

Ce ne sont pour l'instant que des promesses, encore insuffisantes, à mettre à l'actif de la mobilisation et, d'ici la fin de l'année, il faudra rester vigilant pour qu'elles soient tenues.

Correspondant LO




Les Maisons du handicap financièrement étranglées par l'Etat
LEMONDE.FR | 09.11.09 |


L'Etat doit 34,3 millions d'euros aux Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH). C'est la conclusion de l'enquête sur les financements de l'Etat mené par l'association des directeurs de MDPH rendu le 16 octobre. A l'origine de cette dette qui menace la pérennité des services aux personnes handicapées, des non-compensations de postes. Résultat : l'Etat a été mis en demeure de paiement avant fin novembre, selon Le Parisien du 9 novembre. "En cas de non-versement, les structures de Paris et Seine-et-Marne déposeront un recours contre lui auprès du tribunal administratif", écrit le quotidien.


Créées le 1er janvier 2006 et placées sous l'égide des conseils généraux, ces Maisons du handicap ont été constituées dans chaque département pour servir de "guichet unique" auprès duquel les personnes handicapées peuvent faire valoir leurs droits. L'accord initial "engage l'Etat à prendre en charge les personnels des MDPH. Les fonctionnaires ont par ailleurs une possibilité de retour dans leur administration d'origine, l'Etat doit alors verser une compensation permettant l'embauche d'un remplaçant", explique Christine Dupré, directrice de la MDPH de Seine-et-Marne et membre de l'association des directeurs de MDPH de France. "Dans les faits, nous cumulons des postes vacants depuis le début de la mise en place de ce système. Des postes que nous tentons d'assurer afin de mener à bien nos missions. Nous faisons intervenir des vacataires alors que les versements de compensation ne correspondent pas aux montants prévus", note-t-elle.


INÉGALITÉS ENTRE DÉPARTEMENTS


Cette alerte n'est pas la première. Déjà, dans un rapport publié le 24 juin, les sénateurs Paul Blanc (UMP) et Annie Jarraud-Vergnolle (PS) mettaient en cause les dysfonctionnements du dispositif. Côté finances, les parlementaires soulignaient la "grande disparité des situations entre les départements", avec une part de l'Etat qui peut varier de 12 % à 67 %, amenant les conseils généraux à compenser le manque financier. Cela pose "la question de l'équité de traitement sur tout le territoire", selon M. Blanc. On remarque que la dette de l'Etat vis-à vis-de Paris se monte à plus de 1,2 million d'euros. La situation est encore plus difficile en Seine-Saint-Denis, où le montant atteint 1,8 million d'euros selon l'association des directeurs de MDPH. D'autres départements ne semblent pas touchés : le montant dû par l'Etat au département des Hauts-de-Seine est ainsi de 0 euro.

"A Paris, le département devrait budgéter 100 000 euros de subventions pour 2010" indique Véronique Dubarry, adjointe au maire de Paris chargée des personnes en situation de handicap et présidente de la MDPH de la capitale. Cette somme ne couvre pas le montant dû par l'Etat. Tous les départements français ne sont, en outre, pas en mesure de provisionner un tel montant. "Certains conseils généraux ont atteint leurs limites dans leur capacité à nous aider", s'inquiète Christine Dupré.

BESOIN D'UN INVESTISSEMENT LOCAL ET DE MOYENS


Parallèlement à la publication de son rapport, l'association des directeurs de MDPH a proposé au ministère du travail et de la solidarité un plan en dix recommandations pour résoudre la question du financement des Maisons du handicap. "Nous n'avons aujourd'hui reçu aucune réponse", s'inquiète Christine Dupré.


Le 4 novembre, le ministre Xavier Darcos et Nadine Morano, sa secrétaire d'Etat chargée de la famille et de la solidarité, ont présenté en conseil des ministres un décret créant le comité interministériel du handicap chargé "de tenir les engagements pris par le président de la République lors de la conférence nationale du handicap et de concrétiser les objectifs de la loi du 11 février 2005 d'assurer la pleine citoyenneté aux personnes en situation de handicap". " Un objectif qui passe par un investissement local et des moyens", rappelle, désabusée, Véronique Dubarry, présidente de la MDPH de Paris.

Eric Nunès


Sur le même sujet 6,5 millions pour les MDPH Selon le secrétariat d'État chargé de la famille et de la solidarité, "le gouvernement tient son engagement de garantir le bon fonctionnement des Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH)". Nadine Morano devrait annoncer, mardi 10 novembre, le versement de 6,5 millions d'euros aux MDPH au titre de leur budget 2009. Dans son état des lieux de la situation financière, l'association des directeurs de MDPH de France estime à 34,3 millions d'euros la dette de l'État.

Selon le cabinet de Nadine Morano, la différence serait due au mode de calcul des compensations. L'association des directeurs de MDPH de France n'a pas encore été reçue par la ministre. Elle le sera "prochainement" selon un collaborateur de la secrétaire d'État.

mercredi 11 novembre 2009





Communiqué commun du 6 novembre 2009

Non à la destitution hypocrite des chefs de service et à la déstructuration de la psychiatrie sectorisée

vendredi 6 novembre 2009


Comité de liaison des Syndicats de la Psychiatrie Publique Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux Union Syndicale de la Psychiatrie Intersyndicale de Défense de la Psychiatrie Publique

Alors même que l’élaboration des décrets d’application de HPST se trouve en panne de concertation, le Centre National de Gestion vient d’annoncer précipitamment son refus de publier une liste de postes de chefs de service en psychiatrie, tandis que plusieurs chefs de service on vu s’interrompre brutalement leur procédure de renouvellement en cours.

A l’inverse des réassurances antérieures distribuées ici ou là, cette révocation subreptice des médecins chefs de service confirme que l’esprit de la loi HPST consiste bien à réduire la place des médecins à une simple fonction d’exécutants au sein de l’organisation hospitalière.


Faisant déjà table rase des dispositions existantes particulières aux nominations des psychiatres PH et chefs de service, le CNG estime que l’absence de référence aux services dans l’organisation en pôles de gestion des établissements de santé suffit à justifier la disparition des médecins responsables de secteur de psychiatrie.


Pour la psychiatrie, la réforme Hôpital 2007 avait en effet reconnu les particularités de l’exercice par des mesures dérogatoires en matière de nomination que le CNG veut balayer avant leur terme de 5 ans pourtant légalement défini par l’ordonnance du 2 mai 2005 et son décret d’application du 13 novembre 2007.


Les services sont aussi des secteurs, bases de notre organisation nationale de la psychiatrie. Les mesures spécifiques de nomination des psychiatres hospitaliers indépendante des pouvoirs locaux représentent une garantie fondamentale des droits des usagers hospitalisés. Des mesures transitoires doivent préserver ces dispositions particulières en attendant qu’une véritable concertation avec la profession puisse permettre d’élaborer une loi spécifique pour la psychiatrie. Cette future loi de santé mentale devra prendre en compte le secteur et sa direction médicale en lieu et place du service.


Les syndicats signataires composant le Comité de Liaison et représentant l’ensemble des praticiens hospitaliers de la discipline s’élèvent unanimement contre cette nouvelle effraction dans l’organisation médicale et sectorisée de la psychiatrie.

dimanche 8 novembre 2009




Un cas de désobéissance clinique

Créé le 03.11.09
Quel avenir se profile pour la pratique psychiatrique ? « On ne va pas revenir cinquante ans en arrière avec des grosses structures fermées », pronostique Marylène Fabre, médecin inspecteur en psychiatrie auprès de la Ddass. Sans aller jusqu'à ce genre de réformes, la loi Hôpitaux, patients, santé et territoires (HPST) provoque néanmoins quelques craintes auprès du personnel. « La nouvelle forme de gouvernance inquiète, les soignants ont peur de perdre une certaine autonomie », témoigne Marylène Fabre.

Surtout depuis que le docteur Pierre Paresys (lire l'interview ci-dessous), un chef de service de l'établissement public de santé mental (EPSM) de Bailleul a été démis de ses fonctions en juillet par l'agence régionale de l'hospitalisation (ARH). Contacté pour expliquer les raisons de cette décision, l'ARH n'a pas donné suite.


« Il n'avait pas de projet pour son service et un bilan qui ressemblait à un réquisitoire contre les projets gouvernementaux », assure Jean-Jacques Montagne, directeur de l'EPSM de Bailleul. Derrière cette sanction se cacheraient donc, entre autres, les prises de position radicales du docteur Paresys contre la politique « libérale » de la santé. « C'est un bon médecin, mais avec un caractère entier. Il est capable de débarquer dans un conseil d'administration de l'ARH avec une pancarte intitulée menteur », explique Jean-Jacques Montagne.


Le personnel semble, en tout cas, solidaire de son ancien chef de service. Sans candidat pour le remplacer, le docteur Paresys assure lui-même sa succession par intérim depuis déjà un mois.

Gilles Durand

« Vers un développement du carcéral »

Créé le 03.11.09


On vous reproche de ne pas avoir présenté de projet pour les cinq prochaines années...


On me reproche surtout d'avoir dénoncé la dérive comptable de la réforme hospitalière. On navigue dans le culte de la mesure et de l'évaluation. Or, la psychiatrie, c'est avant tout passer du temps avec les patients. Et ça ne se mesure pas. La tarification à l'activité est inadaptée en psychiatrie. Aujourd'hui, je peux encore dire à un patient que je n'ai aucun intérêt à le garder plus longtemps, car je ne suis pas payé plus. Bientôt, ce ne sera peut-être plus le cas.


Pourquoi ?


Parce que la logique comptable voudra qu'on s'intéresse aux cas les plus « rentables ». Les établissements chercheront à hospitaliser davantage pour justifier leur budget. L'autre danger, c'est qu'avec moins de personnel, on s'oriente vers un développement du carcéral. C'est-à-dire un retour en arrière.


Rien dans la loi Bachelot ne préconise cette évolution...


Bien sûr, le gouvernement n'attaque pas de front, il fragilise. Prenez par exemple le projet de spécialisation des services. Depuis les années 1960, la psychiatrie mène une politique de secteur géographique avec l'idée d'un dispositif complet pour une population donnée. C'est cohérent. Si quelqu'un se présente chez nous, on est obligé de s'en occuper. Et il y a aussi une garantie de continuité de soins. Avec des structures spécialisées, j'ai bien peur que chacune ait la tentation de se débarrasser des patients dont la prise en charge apparaît lourde, difficile et coûteuse.


Le code de déontologie ne doit-il pas éviter ce genre de dérives ?


Le code de déontologie est insoluble dans la loi Bachelot. Il supprime les instances démocratiques dans les centres pour les remplacer par des instances usine à gaz coûteuses. On se dirige vers une médecine à l'américaine. On aura tendance à retarder les soins. Or, aux Etats-Unis, 15 % du PIB est consacré à la santé, contre 10 % en France. Et 40 millions d'Américains ne sont pas pris en charge. W


Reccueilli par G. D

samedi 7 novembre 2009





Les principales mesures du plan gouvernemental d'aide aux sans-abriCréé le 09.11.09 à 22h52

EXCLUSIF - 20 Minutes dévoile les principales mesures du plan gouvernemental d‚aide aux sans-abri...

«La situation est connue de tous. Le problème, c’est qu’on n’a pas su bouger.» Quatre mois après sa prise de fonction ausecrétariat d'Etat au Logement, Benoist Apparu doit présenter, ce matin en Conseil des ministres, vingt mesures pour venir en aide aux sans domicile fixe. Tour d’horizon des principales dispositions.

Un référent unique pour chaque SDF
C’est le point phare du plan de Benoist Apparu. «On doit avoir un suivi personnalisé de tous les sans-abri.» Dès aujourd’hui, le secrétaire d’Etat commencera à installer des «référents personnels» auprès des SDF. Leur rôle sera de connaître leur situation et de suivre leur évolution. Il faudra toutefois six mois pour que cette mesure soit pleinement opérationnelle. «Mais on va passer d’un problème hivernal à une situation durable», promet-il.

Un outil pour recenser les places
Aujourd’hui à Paris, quand on appelle le 115, on tombe sur le Samu social, qui ne gère que 30% des places d’hébergement d‚urgence. «Certains soirs, les 30% de places sont remplies, mais pas les autres», confie Benoist Apparu. Le 1er décembre, un outil informatique recensant l‘ensemble des places disponibles dans la capitale sera fourni.

Un planning pour les associations
En quatre mois au ministère, c’est l‚une des soirées dont Benoist Apparu se souvient le plus. «J’ai suivi une maraude. Il y avait deux associations qui travaillaient dans la même rue. Le lendemain, j’ai appris que personne n’était passé dans le quartier d’à côté.» Le plan prévoit donc de mutualiser le travail des associations à l’aide d’un planning pour que tout le territoire soit couvert par les maraudes et que certains SDF ne soient pas réveillés par différentes associations.

Logement plutôt qu’hébergement
«Les personnes en capacité d’accéder au logement doivent être immédiatement orientées vers cette solution», prévoit le plan gouvernemental. Aujourd’hui, on propose toujours dans un premier temps une place dans un foyer d’urgence. Pour faciliter la démarche, le secrétaire d’Etat compte «généraliser les partenariats entre les associations et les bailleurs sociaux».

Vincent Vantighem

Aide psychiatrique
Pour venir en aide aux plus exclus, 92 équipes «psychiatrie précarité» et 451 permanences de soins seront mises en place prochainement. Le plan de Benoist Apparu prévoit aussi le renfort de 2.000 jeunes volontaires du service civique, placés auprès des associations de solidarité.




jeudi 5 novembre 2009



Délinquance sexuelle : punir ou éliminer ?, par Cécile Prieur
LE MONDE | 05.11.09 |
http://abonnes.lemonde.fr/opinions/article/2009/11/05/delinquance-sexuelle-punir-ou-eliminer-par-cecile-prieur_1263131_3232.html

Le jury populaire qui a condamné Francis Evrard, le 30 octobre, ne s'y est pas trompé. Malgré l'horreur du crime que ce pédophile a commis en récidive - la séquestration et le viol d'un enfant de 5 ans, le petit Enis -, c'est bien un homme qu'a condamné la cour d'assises de Douai et non "une bête" comme l'avait qualifié l'avocat général. Le verdict de trente années de réclusion criminelle assorti d'une peine de sûreté de vingt ans et d'une obligation de soins, alors que le parquet général réclamait la peine maximale - la réclusion criminelle à perpétuité - signe la volonté du jury d'inscrire le condamné du côté des hommes en ne fermant pas la porte à l'idée d'amendement.

A une époque où la figure du délinquant sexuel est l'objet d'une surenchère sécuritaire du gouvernement, le choix des jurés de Douai mérite d'être salué : il sonne comme une prise de distance face aux réponses toujours plus simplistes qu'engendre ce sujet brûlant.

Le contexte ne se prêtait pourtant pas à une condamnation mesurée. Un mois avant l'ouverture du procès de Francis Evrard, le viol et le meurtre d'une femme en forêt de Rambouillet, commis par un récidiviste, donnait l'occasion au gouvernement de brandir un thème qui lui est cher : la répression des infractions à caractère sexuel, dont la pénalisation ne semble plus connaître de bornes. Suivant une logique désormais rodée de communication politique, la ministre de la justice, Michèle Alliot-Marie, a immédiatement exhumé, sur commande du chef de l'Etat, un texte de loi qui s'assoupissait dans les cartons de la chancellerie. Comme toujours après un fait divers, il s'agit de signifier à l'opinion que la souffrance des victimes est entendue et que tout sera mis en oeuvre pour que l'acte réprouvé ne se reproduise plus.

Ce nouveau projet de loi de lutte contre la récidive sera débattu les 17 et 18 novembre à l'Assemblée nationale. Il viendra compléter la loi de "rétention de sûreté" adoptée en 2008 en réponse, déjà, à l'affaire de Francis Evrard. Mme Alliot-Marie a précisé que la future législation permettrait la réincarcération d'un condamné libéré qui se serait soustrait à une obligation de soins de type "castration chimique" - en réalité un traitement inhibiteur de la libido, qui est efficace dans certains cas, mais n'est pas indiqué pour tous les délinquants sexuels. Puis elle a ouvert la porte à une "réflexion" sur la "castration physique" des délinquants sexuels.

Cette dernière proposition ferait presque sourire si le sujet n'était si grave. La garde des sceaux reprenait en l'espèce une demande formulée par Francis Evrard lui-même, sans craindre d'accorder du crédit aux propos d'un condamné considéré comme pervers et manipulateur. Or la castration physique, qui consiste en l'ablation des testicules et non du pénis, n'est en rien une garantie contre les pulsions déviantes. Et si elle est pratiquée aux Etats-Unis, au Canada, en Suisse et en République tchèque, elle est considérée partout ailleurs comme une barbarie : "La castration chirurgicale est une intervention mutilante et irréversible, estimait le Comité pour la prévention de la torture, organe du Conseil de l'Europe, en 2008. Elle ne peut pas être considérée comme une nécessité médicale pour le traitement des délinquants sexuels."

La garde des sceaux est-elle allée trop loin dans la surenchère ? Le Front national, conscient que la majorité chasse à nouveau sur ses terres à l'approche des élections régionales de mars 2010, ne s'y est pas trompé. Il a réclamé la "castration de la tête" des pédophiles, et donc le rétablissement de la peine de mort. L'extrême droite souligne ainsi l'indicible du message gouvernemental en matière de délinquance sexuelle : au-delà de punir pointe la tentation d'éliminer.

Depuis 1998, année de la loi instaurant le suivi socio-judiciaire des délinquants sexuels, une kyrielle de textes législatifs s'est succédé pour accroître le filet pénal contre les pédophiles. Insidieusement, on est passé d'une logique individualisée de sanction, qui caractérise le droit pénal classique, à une logique de risque, de "dangerosité" potentielle d'un individu dont il s'agit de se prémunir. La loi sur la rétention de sûreté a consacré ce changement de paradigme en créant une possibilité de retenue des criminels sexuels, une fois leur peine purgée, en fonction de leur dangerosité. Il ne s'agit plus seulement de condamner un passage à l'acte, mais de tout faire pour s'en prémunir.

"Avec la rétention de sûreté, le criminel est oublié au profit des dangers encourus par les victimes potentielles", analyse le magistrat Denis Salas dans l'ouvrage collectif Un droit pénal postmoderne ? (PUF), sous la direction de Michel Massé, Jean-Paul Jean et André Guidicelli. "Les finalités habituelles de la peine disparaissent devant une fonction de neutralisation pure et simple. (...) Plus rien ne masque une volonté d'exclusion fondée sur des postulats d'incurabilité et d'appartenance à des catégories à risque." Dans un précédent ouvrage, Denis Salas dénonçait le "populisme pénal" des pouvoirs publics : quand l'insistance sur la dignité des uns (les victimes) en vient à nier celle des autres (les agresseurs potentiels) au risque de bafouer les droits les plus élémentaires de l'homme.
Courriel : prieur@lemonde.fr.
Cécile Prieur (Service France)





Actualités

Tribunes de la santé

19 novembre 2009, 19h15, en salle Leroy-Beaulieu


L'émergence du mouvement infirmier par Anne PERRAUT-SOLIVERES
, Praticien-chercheur, ancien cadre infirmier, Directrice de la revue Pratiques - Les cahiers de la médecine utopique

Inscription en ligne :
http://www.chairesante.sciences-po.fr/fr/tribune_emergence_infirmier/index.html

Je vous invite à assister à la conférence que je donnerai à Sciences Po, dans le cadre des Tribunes de la santé, le 19 novembre prochain sur l'émergence des mouvements infirmiers.


Celle-ci aura lieu en salle Leroy-Beaulieu (située au 27 rue Saint-Guillaume) à partir de 19h15. Pour votre information, un formulaire d'inscription en ligne est disponible sur le site de la Chaire santé, à l'adresse suivante : www.chairesante.sciences-po.fr


L'accès à ces conférences est libre et gratuit. Vous pouvez donc transmettre l'information et inviter des personnes intéressées qui n'auraient pas eu l'information par ailleurs.


Cordialement, Anne Perraut Soliveres


P.S. Vous recevez ce message parce que vous avez participé à quelques débats sur mon blog "Tapage nocturne à l'hôpital" :
http://infirmiere.blogs.liberation.fr/

Si vous ne souhaitez plus recevoir d'information de ma part, il vous suffit de me le dire par retour.
Je reçois de nombreuses lettres me demandant de reprendre mes chroniques, suspendues par Libé parce que pas assez fréquentes. Êtes vous intéressés par une poursuite de ces chroniques ? Y compris si elles changent d'adresse ?




http://www.sudouest.com/lot-et-garonne/actualite/article/760618/mil/5327707.html


RÉFÉRENCE. A l'Enap, plus de 15 000 documents, certains datant du XVIIe siècle, retracent l'histoire mondiale des crimes et des peines

Crimes et délits à la portée de tous









Le fonds de l'Enap recèle des précis
écrits par les maîtres de la criminologie.
(photo jean-louis borderie)


Si, dans le sillage des séries TV américaines où experts, profilers, légistes philosophent et poétisent tout haut au-dessus des cadavres, vous vous êtes toqué de criminologie, mais si bien trop vite vous vous êtes résigné à assouvir cette passion devant l'écran plat de votre LCD, sachez qu'à l'Enap d'Agen, il existe un fonds documentaire en la matière susceptible de faire pâlir la plus pourvue des bibliothèques parisiennes.


Riche d'environ 15 000 documents traitant de l'histoire des prisons (en France mais également dans le monde entier), de la criminologie, de la psychiatrie criminelle ou encore des représentations du crime et du criminel dans les médias et la littérature, le centre de ressources de la médiathèque de l'Enap, inauguré en 2004, est aujourd'hui un centre de référence. La bibliothèque nationale de France (BNF) ne s'y est pas trompée en passant une convention avec la médiathèque agenaise afin de numériser sur un délai de trois ans, 60 000 pages et images qui seront donc à terme disponibles sur Internet (1) (5 000 références et 1 500 ouvrages sont déjà en libre accès).


2200 plans des prisons


« Les plus remarquables de nos documents seront ainsi traités », précise Jack Garçon, conservateur et gardien des trésors du centre de ressources sur l'histoire des crimes et des peines. Des précis des premiers maîtres à penser de la criminologie, Cesare Lombroso, Alexandre Lacassagne et Gabriel Tarde (dont la médiathèque porte le nom et hérita de sa bibliothèque), les grandes affaires criminelles du siècle dernier et du XIXe (Petiot, Landru, Ravachol, Sacco et Vanzetti, Jack l'éventreur, l'étrangleur de Boston etc.), des documents de l'application des peines en Chine, les annales médico-psychologiques, depuis 1931, de Jean Dubineau, expert psychiatre auprès des tribunaux, une édition originale de l'Esprit des lois de Montesquieu, un recueil d'arrêtés Papon des cours souveraines de France de 1621 (le plus vieil ouvrage de la médiathèque) ou encore les 2 200 plans des prisons de France entre 1836 et 1975 (exceptés ceux concernant les établissements en activité...) sont entre autres les quelques bijoux auxquels étudiants, chercheurs mais également particuliers peuvent avoir accès. « Mais le plus grand trésor, juge Jack Garçon, est sans doute l'extrême variété du fonds sur les prisons et l'application des peines. » L'acquisition du fonds de la société générale des prisons qui possédaient des correspondants dans le monde entier depuis le XIXe siècle n'est pas étrangère à cela.


Les Gascons férus de criminologie n'ont donc pas à attendre la LGV pour se sustenter. Il leur suffit de se rendre 440, avenue Michel Serres à Agen.


(1) Le site Internet : enap-mediatheque.paprika.net/enap1/
Auteur : Bastien souperbie



lundi 2 novembre 2009





Lun. 02nNov.

LE JOURNAL


Pendant la remise des décorations, le sécuritaire … et l’action continuent !


01 Novembre 2009 Par Paul Machto
Edition : Contes de la folie ordinaire


Récemment, Claude Finkelstein, présidente de la F.N.A.P.S.Y, fédération d’associations d’usagers de la psychiatr
ie, et Yvan Halimi, président de la conférence des présidents des commissions médicales des établissements psychiatriques, ont été promus au titre de chevaliers de la légion d’honneur.

On peut y voir la reconnaissance de l’action engagée par les associations de patients, et notamment par la FNAPSY. Il est vrai que les patients en psychiatrie ont plus que d’autres, des difficultés à se manifester, à se faire entendre, à faire valoir leurs droits. Il y a encore quelques années, c’est une association de parents de malades mentaux, l’Union Nationale des Amis et Familles des Malades psychiques, qui se démenait pour faire valoir et défendre les droits de leurs proches. C’est un patient travail militant qui a abouti à la réussite et à la reconnaissance des associations de patients. (J’évoquerai juste le débat : Patient ou Usager, terme qui est de plus en plus prôné. Mais il y a pour moi avec ce terme, à l’époque à laquelle nous sommes actuellement confrontés, une telle connotation à la consommation, usager, consommateur de soins, que je trouve beaucoup plus honorable, celui de patient, d’acteur de ses propres soins. Les associations de patients atteints de SIDA, Aides, Act up, ont bien sûr montré la voie dans les années 80, et restent une belle référence).


La mise en avant des soignants en psychiatrie, par la nomination du président de la conférence des CME, voudrait aussi souligner le soutien aux acteurs de la psychiatrie.


Peut-on s’en réjouir ?

N’y aurait-il pas là une nouvelle illustration des méthodes de communication du Président de la République, et de ses conseillers ? Car il est bien malin, et très habile dans le genre. Ne l’avait-on pas vu, tel Zorro, à Gandrange, manifester son volontarisme pour sauver les emplois ? Nous avons vu la suite.

De même sur la question de l’identité nationale et de l’immigration.

Ou encore au niveau judiciaire avec l’exploitation des faits divers les plus « croustillants »…
Car tout de même le sécuritaire, la politique de la peur, sont bien les instruments de sa politique en psychiatrie comme ailleurs.

Par exemple, à l’hôpital de Montfavet, dans le Vaucluse, les menaces sur la direction par le préfet à propos des risques de fugue, ont eu comme résultat, la construction d’un mur d’enceinte en un week-end !


À l’hôpital de Saint Avé dans le Morbihan, les bracelets électroniques ont bien été commandés par la direction de cet établissement.


À Auch, dans le Gers, une grève de 37 jours pour les effectifs et le refus des entraves aux soins en ambulatoire a été un succès. Mais les caméras et le rehaussement des grillages sont bien effectifs.

Dans d’autres hôpitaux psy, relèvement des grillages, construction de murs.


Autre illustration : à l'hôpital de Gonesse, effectivement, les procédures de sécurisation se mettent en place, et les médecins ne sont pas forcément tous consultés....Dans un service psychiatrique de cet hôpital général, un groupe s'est formé pour décider comment utiliser l'enveloppe associée à la circulaire du 22 janvier 2009, (diffusée dans les suites du discours de Nicolas Sarkosy à Antony, et qui a prévu en urgence ! un budget spécifique pour renforcer la sécurité), ils ont choisi avec l'aval des chefs de services, mais surtout des cadres, de resécuriser les chambres d'isolement.

A savoir: refaire les fenêtres pour qu'on ne puisse plus les ouvrir et aérer par un système artificiel de soufflerie d'air chaud ou froid, et de renforcer toutes les parois pour y intégrer les installations électriques....

Le groupe de travail devait donner ses propositions très rapidement pour obtenir le financement, donc pas d'enquête auprès d'autres services, ni de réel travail avec les équipes ....Et je crois qu'on a évité de justesse la porte blindée ....


Partout encore, la pression managériale, l'individualisation, la volonté de briser les collectifs, les solidarités, les remises en questions voire la disparition des réunions institutionnelles, des réunions cliniques. La mise en œuvre des protocoles et procédures d’homogénéisation, comme par exemple dans un service hospitalier de Seine Saint Denis, le même protocole pour tous les patients admis en service d’hospitalisation plein temps, quelque soit leur histoire singulière, leur pathologie individuelle, tous pareils !


Alors, certains continuent, à inventer des formes de résistance, pour préserver leurs espaces de travail, défendre les soins psychiques, soutenir les associations et clubs thérapeutiques. Mais aussi, et surtout à multiplier les espaces de débat, les forums publics.



Ainsi deux rendez-vous en novembre.

Une rencontre nationale le samedi 28 novembre 2009, à la Maison de l’Arbre – La Parole Errante à Montreuil, à l’initiative des 39, Contre la Nuit Sécuritaire, sur le thème : « QUELLE HOSPITALITÉ POUR LA FOLIE ? »


L’autre, le Mercredi 11 novembre 2009 de 15h à 19h. 2ème Forum de Seine Saint Denis, à l’initiative du Collectif des 39 du 9-3.
Le thème : « CONTRAINTES ET RESPONSABILITÉS »
A la Maison de l’Arbre – « La Parole Errante » 9 rue François Debergue 93100 - Montreuil-sous-Bois,Metro Croix de Chavaux.

Voici l'argument de ce forum :

Le Collectif des 39 du 9-3 regroupe des professionnels de la psychiatrie de Seine Saint Denis qui mettent en question les pratiques actuelles de la psychiatrie. Ce collectif appelle à un débat dans l’espace public, avec celles et ceux qui se sentent concernés, car ces pratiques touchent au lien social et à la Culture.


L’enfermement a marqué de façon profonde l’histoire de la psychiatrie.


Cependant depuis cinquante ans, des soignants ont su mettre en œuvre des pratiques ouvertes,- en rupture avec l’exclusion et la stigmatisation de la maladie mentale, de la folie - des pratiques prenant en compte la dimension de sujet et de citoyen du patient : thérapies institutionnelles et communautaires, psychiatrie de secteur, alternatives à l’hospitalisation.


Au cours des dernières années, le retour de pratiques coercitives s’est pourtant instauré en écho à ce qui se passe dans le champ social. Les discours politiques, les projets gouvernementaux viennent amplifier une perspective répressive, prônant un nouvel enfermement des patients, un abord avant tout sécuritaire de la question de la folie.Les contraintes aux soins viennent alourdir les contraintes qui s’imposent par le biais de la gestion bureaucratique et comptable, sous le couvert d’une idéologie généralisée de l’évaluation. Ainsi une visée de « production des soins », une rentabilité inadaptée viennent transformer les relations soignants - soignés, modifier l’ambiance institutionnelle, affecter l’atmosphère des espaces de soins.


Il n’empêche que la contrainte s’impose à nous, que ce soit sous la forme de pensées dérangeantes, ou plus largement des lois, du social. Il en va aussi parfois de la responsabilité de chacun d’être confronté à une contrainte aux soins, nécessaire. Sa mise en œuvre dans le respect des individus est une vraie question.


Affirmer la dimension de soin, préserver les espaces de travail thérapeutiques, l’apport des créations culturelles, pourraient être des thèmes de rencontre avec l’autre et ouvrir des espaces de parole partagée.


Avec Philippe Rappard, psychiatre honoraire des hôpitaux, Monique Thizon, psychiatre des hôpitaux, Équipe infirmière du 14ème secteur, Association Advocacy avec Martine Dutoit, Équipe de psychiatrie infanto-juvénile de Saint Denis, Appel des 39 : Guy Dana, psychiatre des hôpitaux, psychanalyste, Mounia Terki, interne des hôpitaux, Didier Boillet et Pedro Serra, psychiatres de Seine Saint Denis, Anne Corlaix, éducatrice, Pierre Sadoul, psychiatre.


N’est-ce pas en multipliant les espaces de rencontre, de débats, de « disputes », de controverses, en partageant et en faisant connaître les « bricolages » à l’œuvre que nous construirons les meilleures garanties pour les espaces de travail et les meilleurs outils pour améliorer l’accueil de la folie, les soins psychiques et l’engagement des patients, leurs familles, leurs associations pour lutter contre toutes les dérives actuelles?

mercredi 28 octobre 2009



Paroles de psychanalystes


Dans les salles : mk2 Quai de Seine

Programme :

Elisabeth Roudinesco - entretiens avec D.Friedmann de Jérôme Blumberg, Daniel Friedmann

François Roustang - entretiens avec D.Friedmann de Daniel Friedmann, Jérôme Blumberg
La psychanalyse et la politique/Les psychanalystes et l'argent de Daniel Friedmann, Jérôme Blumberg
Lacan et les psychanalystes de Daniel Friedmann
Laurence Bataille, entretiens avec D.Friedmann de Jérôme Blumberg, Daniel Friedmann
Objet et fin de la psychanalyse de Daniel Friedmann, Jérôme Blumberg

Projection d’une série d’entretiens filmés par Daniel Friedmann (chercheur au CNRS) en 1983 puis en 2008

Du 24 octobre 2009 au 14 février 2010

Rencontres avec le réalisateur et les psychanalystes Laurence Bataille, Isi Beller, André Green, Gérard Haddad, Patrick Landman, Catherine Millot, Jean-Bertrand Pontalis, Eduardo Prado de Oliveira, Ginette Raimbault, Elisabeth Roudinesco, François Roustang, Jean-Paul Valabrega, Markos Zafiropoulos

Au MK2 Quai de Seine
Les Samedis à 11h30 - Projection
Les Dimanches à 11h - Projection + débat


PROGRAMME :

Les débats seront animés par le réalisateur Daniel Friedmann

OCTOBRE
• Le 24 à 11h30 "Qu'est ce qu'être psychanalyste ? (1983)"
• Le 25 à 11h00 "Lacan et les psychanalystes (1983)" + suivi d'un débat en présence d’E.Roudinesco
• Le 31 à 11h30 "Ginette Raimbault (1983)"

NOVEMBRE
• Le 1er à 11h00 "Georg Garner (1983)" + suivi d'un débat en présence de C.Asch et P.Eyguesier
• Le 7 à 11h30 "Objet et fin de la psychanalyse" (1983)
• Le 8 à 11h00 11h00 "Les psychanalystes et l'argent (1983)" // "La psychanalyse et la politique (1983)" + suivi d'un débat en présence d’E.Prado de Oliveira
• Le 14 à 11h30"Jean-Paul Valabrega" (1983)
• Le 15 à 11h00 "Jean-Paul Valabrega" (2008) + suivi d'un débat en présence de J-P.Valabrega
• Le 21 à 11h30 "Markos Zafiropoulos (1983)"
• Le 22 à 11h00 "Markos Zafiropoulos (2008)" + suivi d'un débat en présence de M.Zafiropoulos
• Le 28 à 11h30 "Gérard Haddad (1983)"
• Le 29 à 11h00 "Gérard Haddad (2008)" + suivi d'un débat en présence de G.Haddad

DÉCEMBRE
• Le 5 à 11h30 "Elisabeth Roudinesco (1983)"
• Le 6 à 11h00 "Elisabeth Roudinesco (2008)" + suivi d'un débat en présence d’E.Roudinesco
• Le 12 à 11h30 "Jean-Bertrand Pontalis (1983)"
• Le 13 à 11h00 "Jean-Bertrand Pontalis (2008)" + suivi d'un débat en présence de J-B.Pontalis
• Le 19 à 11h30 "Isi Beller (1983)"
• Le 20 à 11h00 "Isi Beller (2008)" + suivi d'un débat en présence d’I.Beller

JANVIER
• Le 9 à 11h30 "Eduardo Prado de Oliveira (1983)"
• Le 10 à 11h00 "Eduardo Prado de Oliveira (2008)" + suivi d'un débat en présence d’E.Prado de Oliveira
• Le 16 à 11h30 "André Green (1983)"
• Le 17 à 11h00 "André Green (2008)" + suivi d'un débat en présence d’A.Green
• Le 23 à 11h30 "François Roustang (1983)"
• Le 24 à 11h00 "François Roustang (2008)" + suivi d'un débat en présence de F.Roustang
• Le 30 à 11h30 "Laurence Bataille (1983)"
• Le 31 à 11h00 "Catherine Millot (2008)" + suivi d'un débat en présence de C.Millot

FÉVRIER
• Le 6 à 11h30 "Jean Clavreul (1983)"
• Le 7 à 11h00 "Patrick Landman (2008)" + suivi d'un débat en présence de P.Landman
• Le 13 à 11h00 "Qu’est ce qu’être psychanalyste ? (1983)" + suivi d’un débat (intervenant à définir)
• Le 14 à 11h00 "Psychanalyse, thérapies comportementales et sciences cognitives (2008)" + suivi d'un débat (intervenant à définir)


En 1983 puis en 2008, DANIEL FRIEDMANN, chercheur au CNRS, filme certains des plus grands analystes exerçant en France, tous courants confondus : ELISABETH ROUDINESCO, FRANÇOIS ROUSTANG, JEAN-BERTRAND PONTALIS, JEAN-PAUL VALABREGA LAURENCE BATAILLE, ISI BELLER, JEAN CLAVREUL, ANDRÉ GREEN, GEORG GARNER, GÉRARD HADDAD, EDUARDO PRADO DE OLIVEIRA, GINETTE RAIMBAULT, MARKOS ZAFIROPOULOS, PATRICK LANDMAN, CATHERINE MILLOT.

Les questions de DANIEL FRIEDMANN sont simples et correspondent à celles que le grand public et les psychanalystesse posent : Quel est le but de la psychanalyse ? Quelles sont ses enjeux, ses défis, ses limites ? Ses différences avec la médecine, la psychiatrie? Quel est l’importance réelle de Freud, de Lacan ? Y-a t-il eu d’autres percées psychanalytiques sérieuses après eux ? La psychanalyse doit-elle évoluer avec son temps ? Quels sont ses rapports avec la religion, les idéologies politiques et l'État ? Faut-il la réglementer et si oui comment ? Quel est le rôle de l'argent dans tout cela ?


Tarif unique 6.50 euros (cartes UI acceptées)

Cinéma MK2 Quai de Seine 14, quai de la Seine 75019 Paris (M°Jaurès ou Stalingrad)


Des chercheurs refusent les primes d'excellence
LE MONDE | 24.10.09 | 14h16

A bas les primes ! Le 19 octobre, Didier Chatenay, directeur de recherche en physique du CNRS, a écrit à sa direction pour refuser "a priori" la nouvelle prime d'excellence scientifique (PES), créée cette année par le gouvernement.

En tant que titulaire d'une médaille d'argent du CNRS, obtenue en 1999, il devrait bénéficier "de droit" d'une dotation de 15 000 euros annuel sur quatre ans (en échange de 42 heures de cours), mais n'en veut pas. "Je suis par principe opposé à l'existence d'un quelconque système de primes", a argué ce membre du Collectif Sauvons la recherche. Ce n'est pas à ses yeux "un mécanisme acceptable d'amélioration des rémunérations". Estimant "suffisants" ses 4 600 euros net mensuels, M. Chatenay préférerait que les fonds attribués aux primes aillent à la revalorisation des salaires des autres personnels.

Et il n'est pas le seul à plaider pour une autre répartition des fonds. Les syndicats de la recherche partagent aussi cet avis. Depuis quelques mois, de nombreuses motions ont été votées dans les instances du CNRS et d'autres organismes de recherche comme l'Inserm, l'INRA ou l'Inria... Toutes condamnent "un système qui exacerbe la compétition et l'individualisme au détriment du collectif" et qui "masque la faiblesse des rémunérations des personnels de la recherche publique".

"RÉTABLIR L'ÉQUILIBRE"

Les syndicats de l'enseignement supérieur, eux, sont beaucoup plus discrets. Et pour cause, cette nouvelle prime remplace la prime d'encadrement doctoral et de recherche (PEDR) qu'obtenaient traditionnellement chaque année 20 % des universitaires. "Pendant des années, les chercheurs se plaignaient de gagner moins que les professeurs, du fait de cette PEDR... Nous avons donc voulu rétablir l'équilibre entre les deux catégories. Si certains n'en veulent pas, c'est leur problème...", explique l'entourage de Valérie Pécresse.

Une répartition provisoire a été décidée pour 2009. "Afin de pouvoir effectuer un versement dès décembre, nous avons décidé de remettre cette PES aux chercheurs distingués par des prix nationaux ou internationaux", explique Alain Resplandy-Bernard, secrétaire général du CNRS. Les chercheurs titulaires d'une médaille de bronze du CNRS toucheront donc 6 000 euros, les titulaires d'une médaille d'argent, 15 000. Ce qui représente cette année environ 500 personnes sur 11 000 chercheurs. "Au-delà, nous avons lancé un groupe de travail pour définir les modalités d'attribution l'an prochain. Celles-ci pourront être collectives, mais rien ne nous interdit de donner individuellement cette prime à tous les membres d'une équipe de recherche. A condition qu'ils enseignent." L'objectif est en tout cas de la remettre à 20 % des chercheurs d'ici à 2011.


Cette PES n'est qu'un des éléments du plan de revalorisation des carrières, tiennent à préciser les autorités. La majeure partie des fonds va à l'augmentation des taux de promotions des universitaires et des chercheurs. "En 2004, nous avons réalisé 279 promotions au CNRS. En 2009, 431 et, l'an prochain, nous en aurons 645, détaille M. Resplandy-Bernard. Limiter le débat de la revalorisation à cette seule prime est réducteur."


Philippe Jacqué
Article paru dans l'édition du 25.10.09


samedi 24 octobre 2009




Drame, information et maladie mentale


http://www.sudouest.com/accueil/actualite/opinions/article/747730/mil/5275943.html

Mercredi matin, colère de deux personnes de ma connaissance. Le titre de une du journal du jour les révolte : « Folie meurtrière au coeur du Béarn » ; il est complété par une accroche de trois lignes : « Momas (64). Un homme de 66 ans a été retrouvé mort, hier, auprès de sa locataire grièvement blessée. Le fils de celle-ci, Nicolas Plévent, 28 ans, soigné pour des troubles psychiatriques, était activement recherché. »


Les reproches pleuvent. « Vous stigmatisez la maladie mentale... Vous accréditez l'idée que les " fous " sont des criminels en puissance... Vous mettez la psychiatrie en accusation sans rien savoir des conditions dans lesquelles ce drame s'est déroulé... Vous détruisez le travail que nous faisons dans des conditions très difficiles... » L'un d'eux ajoute : « Vous croyez tenir un bon filon : l'hôpital de Pau serait encore coupable de négligence... » (1)


Leur réaction est compréhensible. Quiconque exerce un métier aussi difficile que celui d'infirmier ou de médecin en milieu ouvert ou fermé, confronté à un fait divers de cette nature, ne peut qu'en être blessé, et toute évocation réductrice ne peut que l'indigner. Or, un titre est, par nature, réducteur. Cependant, il n'est jamais seul et renvoie à un ou des articles plus développés, qui apportent des précisions, soulèvent des questions. Dans le cas d'espèce, l'article publié donnait l'ensemble des informations recueillies à chaud, formulant des soupçons et des hypothèses sans énoncer de certitudes. Le suspect était en fuite, le plan Épervier avait été déclenché et, qu'on le veuille ou non, la révélation de la souffrance mentale qu'affrontait le jeune homme apparaissait comme un élément important pour la suite de l'enquête.


Le lendemain, « Sud Ouest » est revenu sur l'affaire en y consacrant une page. Entre-temps, le garçon avait été arrêté et, selon les enquêteurs et le procureur de la République de Pau, était passé aux aveux. En outre, certains éléments matériels venaient conforter les hypothèses de la veille. En complément du récit factuel, le témoignage de la soeur, l'analyse d'un psychiatre et les réactions des équipes soignantes de l'hôpital de Pau permettaient de mieux cerner les problèmes soulevés par cette douloureuse affaire. Nous pouvions alors estimer - sous réserve de ce que nous pourrions apprendre dans les jours à venir - que l'information était assez diversifiée pour permettre à nos lecteurs de prendre la mesure de ce drame et d'échapper à la simplification que notre titre de première page de mercredi matin, rédigé dans l'urgence, pouvait suggérer.


La maladie mentale fait peur. Des personnes qui ne craignent pas d'affronter et de chercher à comprendre les souffrances du corps reculent dès qu'il s'agit de troubles psychiques. Nous préférons ne pas voir, ne pas savoir, et l'enfermement apparaît alors comme une panacée. Un fait divers survient et c'est immédiatement la question accusatrice qui pointe : « Que faisait-il dehors ? » Jusqu'au jour où un groupe, une famille est touchée par la « folie » à travers l'un de ses membres. Alors le regard change, le besoin de comprendre l'emporte sur les idées reçues. Il y a, bien sûr, des cas où la nécessité de l'enfermement est évidente, aussi bien dans l'intérêt du sujet, de son entourage, que de la société. Mais il y a tous les autres cas, où la souffrance est avérée sans que la dangerosité soit patente. La psychiatrie s'y frotte quotidiennement. Les journalistes la rencontrent occasionnellement, au risque de ne pas toujours trouver les mots les plus justes. (1) Le 17 décembre 2004, Romain Dupuy, interné à plusieurs reprises dans cet établissement, avait tué deux infirmières. Il a été reconnu pénalement irresponsable trois ans plus tard.


la chronique du médiateur
Auteur : Patrick Berthomeau
22/10/2009
Les infirmiers de Sud-Santé chahutent leur Conseil de l'Ordre


MANIFESTATION. Boules puantes, fanfares et cornes de brume: c’est ainsi que les personnels hospitaliers du syndicat Sud santé ont manifesté ce jeudi leur opposition à la création de l’Ordre national des infirmiers.


Sans cartons, mais sous bonne escorte policière, ils se sont invités à la réunion du Conseil régional de cette nouvelle instance. Cris et slogans d’un coté et tentatives d’explications de l’autre: Les deux camps n'ont peut-être pas réussi à s'entendre.


14H30. Face à la Cité de l’Espace, la Maison des Professionnels de Santé est le siège de l’Ordre des médecins et de l'Ordre des infirmiers. Une vingtaine de manifestants sont rassemblés, certains en blouse, d’autres en tenue de ville. Une fois les lieux repérés, ils s’engouffrent dans le hall de la salle de réunion.


«Nous contestons la légitimité de cette instance décrétée l’an dernier dans le cadre de la réforme de l’hôpital (loi Bachelot. Ndlr), explique François, 33 ans, infirmier en psychiatrie et porte parole du syndicat
Sud Santé. Elle n’est pas représentative car elle a été élue par à peine plus de 10% des infirmiers. En plus, ils nous imposent de payer une cotisation annuelle de 75 euros.»

«La plupart des membres de ce Conseil sont des infirmiers libéraux ou des cadres. Il y a très peu de personnel des hôpitaux
, affirme à son tour Victor, infirmier en psychiatrie lui aussi.
Ambiance cour de récré: les activistes interrompent la réunion en cours:
«Vous ne représentez que vous-même. Arrêtez de nous harceler avec votre cotisation», crient les manifestants.

Pris par surprises, le bureau de l’instance écoute bouche bée.
«C’est la loi, nous ne faisons que l’appliquer. Nous ne vous imposons rien du tout, tente de répondre l’une de ces membres. Il fallait réagir avant.»

Vingt minutes plus tard, les manifestants repartent en fanfare. L'infirmier hospitalier président du Conseil régional de l'Ordre regrette l’incident:
«Nous ne soutenons pas forcément la réforme de l’hôpital dans son ensemble», dit-il.

«Ils se trompent de cible
, ajoute Marie Hélène, trésorière de ce Conseil, et infirmière en bloc opératoire. Ce n’est pas nous qui avons voté la loi.» J-ME
Enfermés ou libres, vêture d'asile et robes de rêve - Neuilly Sur Marne

date : du 21 Octobre 2009 au 18 Décembre 2009
lieu : Neuilly Sur Marne - Seine Saint Denis (93)

description

Le Musée d’Art et d’Histoire de la psychiatrie de Neuilly-sur-Marne accueille l’exposition thématique baptisée « Enfermés ou libres, vêture d'asile et robes de rêve ».

Au programme, plusieurs robes de fées aux mille et une beautés conçues et fabriquées essentiellement par les patients de la clinique de La Borde à l'atelier Extravagance clinique de Cour-Cheverny, ainsi que les créations des patients du Centre de jour de Montfermeil à l'atelier de Marie Boisson, peintre et plasticienne.

A voir également l'exposition des tenues, vestiaires et uniformes de l'asile.

Musée d'Art et d'Histoire de la psychiatrie - SERHEP
202, avenue Jean Jaurès
93330 Neuilly sur Marne

entrée gratuite

http://www.a-gites.com/actualites/enfermes-ou-libres-veture-d-asile-et-robes-de-reve-c2229.html


dimanche 18 octobre 2009













Mary et Max


Film australien de Adam Elliot

SYNOPSIS :
Sur plus de vingt ans et d'un continent à l'autre, Mary et Max raconte l'histoire d'une relation épistolaire entre deux personnes très différentes : Mary Dinkle, une fillette de 8 ans joufflue et solitaire, vivant dans la banlieue de Melbourne, en Australie, et Max Horovitz, un juif obèse de 44 ans, atteint du syndrome d'Asperger et habitant dans la jungle urbaine de New York. En faisant la chronique du voyage de Mary de l'adolescence à l'âge adulte et du passage de Max de la maturité à la vieillesse, le film explore un lien qui surmonte bien plus d'aléas qu'une amitié classique. C'est un parcours à la fois hilarant et poignant à travers l'amitié, l'autisme, la taxidermie, la psychiatrie, l'alcoolisme, l'origine des bébés, l'obésité, la cleptomanie, les différences sexuelles, la confiance, l'accouplement des chiens, les différences religieuses, l'agoraphobie et bien d'autres surprises de la vie.

Pour voir la bande annonce, cliquez sur ce lien ou copiez-le dans votre barre d'adresse :
http://www.youtube.com/watch?v=lzC1TRwLm2o








Elle habite une petite ville tristouille et marronnasse d'Australie. Lui vit à New York la noire, où tout le monde fait la gueule, même la statue de la Liberté. Elle vit avec des parents barges (père empailleur, mère klepto et alcoolo : le sherry, y a que ça de vrai !). Lui est seul ou presque : est-ce que ça compte, un ami invisible qui se taille quand bon lui semble, un chat borgne et un poisson rouge - Henry, neuvième du nom, car il est arrivé des bricoles aux huit précédents...

Mary est moche, Max est obèse. Elle a 8 ans et lui plus de 40. Sauf que tous les deux ressemblent à d'éternels enfants terrifiés, frustrés de tendresse et fous de chocolat...

Ils reflètent si bien nos angoisses et nos chagrins, ces deux-là, qu'on oublierait presque qu'ils ne sont pas tout à fait humains. Car Mary et Max, comme leurs deux cent huit collègues, sont des créatures en pâte à modeler, issues de l'imaginaire mystérieux et tourmenté d'Adam Elliot.

Après un moyen métrage acclamé, c'est son premier long, à ce jeune homme, dont on soupçonne qu'il ressemble peu ou prou à ses personnages (son père était clown-acrobate, éleveur de crevettes et quincaillier, et Adam dit avoir hérité de sa mère un tremblement physiologique...). D'un seul coup d'un seul, Mary et Max renvoie à leur médiocrité tous les films d'animation dont on (Hollywood !) nous abreuve : gros machins moralisateurs et neuneus.

Au départ, la petite Mary trouve par hasard le nom de Max dans un annuaire. Max Horovitz, quel drôle de nom ! se dit-elle. Elle lui écrit. Il lui répond. Dès lors, durant près de vingt ans et sans se voir jamais, ils vont correspondre. Aussi perdus l'un que l'autre, et donc parfaitement comiques et pitoyables, ils vont affronter brouilles et retrouvailles, gaffes et regrets. De ces lettres pas vraiment roses, pas toujours drôles, la vie va surgir, avec son cortège d'espoirs entêtants et de désillusions féroces.

Car Max, que chaque missive et chaque question de Mary plongent dans le désarroi (« Est-ce que tu connais des filles, Max ? » « Est-ce qu'on ne s'est jamais moqué de toi, Max ? »), va tout subir : l'emprisonnement, l'internement, les électrochocs et, même, incroyable, la chance : « Un débile gagne au Loto », titrera alors le journal...

Mary, elle, grandit, se marie avec l'amour de sa vie - un Grec bégayant et, hélas, fan de Boy George -, devient, grâce à Max, la spécialiste mondiale des maladies nerveuses et des pathologies obsessionnelles, avant de renoncer brusquement à la gloire et de sombrer dans la dépression. La scène où - cernée par les sons inquiétants de Que sera sera, interprété par Pink Martini, et ses photos de famille, qui tournoient autour d'elle comme des menaces - elle tente vraiment d'en finir est un moment de grâce absolue, un pur bonheur cinématographique et psychanalytique...

Paradoxe : tout est drôle dans ce film sombre. Mais d'une drôlerie acide, grinçante, dénuée de guimauve. Car la moindre silhouette d'Adam Elliot provoque en nous un amusement attendri : Max et le pompon rouge posé sur sa kippa, mais aussi l'incroyable mère de Mary, avec ses grosses lèvres de vamp défraîchie, la vieille petite voisine ridée de Max, suffisamment miro pour faire bouillir le pauvre Henry IX dans son bocal. Sans oublier le psy - l'incroyablement moustachu Dr Hazelhoff - ni, au bas de l'immeuble de Max, son clodo détesté, rivalisant de formules inventives pour provoquer la pitié des passants indifférents..

Loin de nous plomber, cet hymne aux solitaires, aux paumés, aux doux-dingues - nettement moins fous que les gens dits normaux, au demeurant - rassure : ouf, il existe donc encore, de par le monde, des créateurs aussi doués qu'Adam Elliot pour savoir peindre la misère humaine avec une telle ferveur et mêler aussi bien l'insolence à la magie... Car, dans le ciel au-dessus de la maison australienne de Mary, brille une lune à la Méliès. Et dans le New York de Max, l'ombre fugitive d'Audrey Hepburn, échappée de Diamants sur canapé, semble attendre le taxi qui la déposera, à l'aube, devant les vitrines de Tiffany's...