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mardi 20 février 2018

«Pour diagnostiquer l'autisme, tout se fait par l’observation»

Par Claire Thoizet — 

Dans un centre pour adultes autistes, en Isère.
Dans un centre pour adultes autistes, en Isère. 
Photo Jean-Philippe Ksiazek. AFP


Amaria Baghdadli, coprésidente du groupe de travail de la Haute Autorité de santé sur l’autisme, recommande de mobiliser tous les acteurs entourant l’enfant pour détecter dès le plus jeune âge les premiers signes de trouble du développement, et de mieux écouter les parents.

La Haute Autorité de santé (HAS) a publié lundi de nouvelles recommandations pour dépister l’autisme le plus tôt possible chez l’enfant. En France, les troubles du spectre de l’autisme (TSA) touchent 1% de la population, soit 100 000 jeunes de moins de 20 ans, selon les estimations des pouvoirs publics. La professeure Amaria Baghdadli du CHU de Montpellier, coprésidente du groupe de travail sur l’autisme pour la HAS, recommande de mobiliser toutes les personnes en contact avec l’enfant pour repérer les signaux d’alerte et explique le rôle déterminant des parents, qui ne doit pas être pris à la légère.
A partir de quel âge peut-on détecter un trouble du spectre de l’autisme (TSA) ?

De manière précise à partir de 18 mois, mais on peut déjà déceler avant des difficultés comportementales, qui peuvent être liées à d’autres troubles et qui ne relèvent pas forcément de l’autisme. Si on le détecte plus tard – souvent vers l’âge de 4 ou 5 ans – c’est parce qu’il y a une méconnaissance sur l’autisme et ses formulations à un âge précoce. C’est un problème de santé complexe et il peut parfois être caché par d’autres troubles, notamment neurologiques. Il est parfois difficile de différencier l’autisme d’autres troubles, comme l’hyperactivité par exemple. Par ailleurs, le réseau de dépistage et de diagnostic n’est pas assez armé.
Les parents jouent un rôle important pour détecter l’autisme…

Oui, il existe des signaux que les parents peuvent repérer, comme l’absence de capacité à communiquer, le fait de ne pas pointer du doigt, de ne pas s’exprimer par du langage ou même de ne pas répondre du tout. Les parents sont des observateurs très fins de leur enfant.
L’idéal ensuite, c’est qu’ils soient reçus rapidement par leur médecin traitant ou le pédiatre et que ce dernier s’assure auprès d’intervenants paramédicaux que le développement de l’enfant, au niveau du langage ou de la motricité, n’est pas en difficulté. Malheureusement, cela arrive souvent que le médecin cherche à rassurer les parents, en leur expliquant que ce n’est pas grave, que leur enfant parlera plus tard, quand il sera prêt. C’est pour cela que dans nos recommandations, nous avons beaucoup insisté sur le fait de bien prendre en compte l’inquiétude des parents. 
Comment le diagnostique-t-on ?

Le diagnostic est posé par une équipe spécialisée, composée de plusieurs professionnels : médecins, pédopsychiatres, pédiatres, orthophonistes ou encore psychologues. Ensemble, ils vont faire une observation de l’enfant et rechercher les particularités qui sont reliées à l’autisme. Il n’y a ni prise de sang, ni examen radiologique, tout se fait par l’observation. Cela explique aussi que ce soit difficile à diagnostiquer.
Excepté les parents, qui peut repérer ces signaux ?

La surveillance du développement relève aussi de tous les professionnels de la petite enfance : les assistantes maternelles, le personnel en crèche ou à l’école. Ce ne sont pas eux qui vont faire le diagnostic bien sûr, mais ils peuvent aussi détecter les signaux, et orienter convenablement les parents pour que l’enfant bénéficie d’un suivi. Ils sont de mieux en mieux formés pour, mais il y a encore beaucoup à faire. Il faut réfléchir convenablement à comment offrir un accueil le plus inclusif possible à ces enfants qui ont des troubles.

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