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samedi 24 février 2018

Les frontières éthiques du revenu universel

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Cet article est rédigé par Gildas Monnerie, économiste et philosophe de formation. Il n’engage pas le MFRB dans son ensemble mais ouvre une réflexion plus générale autour du revenu de base.
« La justice sociale se fonde sur l’espoir, sur l’exaltation d’un pays, non sur les pantoufles », confiait le général de Gaulle à Malraux[1]. Mais lorsque ce dernier lui rétorque : « Mon général, est-ce que vous savez ne rien faire ? – Demandez au chat. Nous faisons des réussites et des promenades ensemble. Personne ne s’impose aisément une discipline d’oisiveté, mais c’est indispensable. La vie n’est pas le travail : travailler sans cesse rend fou. Souvenez-vous-en. Vouloir le faire est mauvais signe. Ceux de vos collaborateurs qui ne pouvaient se séparer du travail n’étaient aucunement les meilleurs. »
Cet appel du Général à une « discipline d’oisiveté » sonne comme une rémanence de l’esprit de noblesse, pour qui, faut-il le rappeler, le travail est un acte de dérogeance (ou « d’intendance », dirait le Général). Le terme est d’ailleurs bien choisi : l’« oisiveté », censée délivrer l’homme du temps économique, n’est pas égale à la paresse, qui le provoque, ni au loisir, qui le prolonge. Mais peut-on aisément s’« imposer » la délivrance du temps économique sans un certain sentiment de sécurité ? « Est-il un sort plus heureux que celui de ne pas trembler pour son existence […] »[2].
Or, quoiqu’immense, l’obstacle financier que représenterait une garantie universelle de revenu, sans condition, de la naissance jusqu’à la mort, ne paraît plus aujourd’hui insurmontable. Au pire, cet obstacle mérite d’être étudié au regard des bénéfices. Dans son dernier « moniteur des finances publiques » (oct. 2017), le F.M.I. estime ainsi qu’un revenu fixé à 25 % du revenu médian par habitant coûterait en moyenne 6,5 pour cent du P.I.B. pour les pays avancés. A contrario, les retombées positives sur l’égalité et la pauvreté seraient substantielles, avec une baisse cumulée de 5,3 points du coefficient de Gini et de 10,4 points de pourcentage de la pauvreté. L’institution centrale du système monétaire et monétaire international admet donc le caractère « optionnel » de l’utopie de Thomas More, a fortiori pour les pays en situation d’abondance ou au système de protection sociale défaillant.

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