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lundi 19 février 2018

L'alcool mis en cause dans 56,5 % des cas de démences précoces dans une cohorte français

 Charlène Catalifaud    | 21.02.2018

L'alcool est une nouvelle fois pointé du doigt. Une équipe franco-canadienne a analysé l'effet d'une consommation excessive (plus de six verres standard par jour chez les hommes et plus de quatre chez les femmes) sur le risque de démences. Les résultats ont été publiés dans The Lancet Public Health.
Grâce au Programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI), les données de tous les patients de plus de 20 ans résidant en France métropolitaine et hospitalisés entre 2008 et 2013 - soit plus de 30 millions de personnes - ont pu être analysées. Il est compliqué d’inclure et de suivre des patients ayant une consommation excessive d'alcool dans les études de cohorte. Le recours à cette base de données a permis de contourner le problème.

Un effet direct et majeur d’une consommation excessive 
Les critères « consommation excessive d'alcool » et « démences » ont été définis à partir de la Classification Internationale des Maladies de l'OMS (CIM-10). 
Sur l'ensemble de la cohorte, 1,3 million de personnes avaient un diagnostic de démences. Les personnes ayant des maladies pouvant être à l'origine de démences spécifiques (par exemple, la maladie de Parkinson) ou ayant des troubles mentaux pouvant augmenter ou perturber le diagnostic de démence (par exemple, la schizophrénie) ont été exclues. Chez les 57 000 personnes pour lesquelles une démence précoce (< 65 ans) a été diagnostiquée (64,9 % d'hommes), une consommation excessive d’alcool était mise en cause dans 56,5 % des cas. 
« Notre étude montre qu'une consommation excessive d'alcool est le facteur de risque principal de survenue de tous types de démences », déclare le Dr Michaël Schwarzinger, premier auteur de l'étude. Une consommation excessive d'alcool triple le risque de démence après prise en compte de tous les facteurs de confusion connus. « Les résultats sont encore plus marquants que ce que nous attendions, du fait de l’effet direct et majeur d’une consommation excessive d’alcool sur le risque de démences, mais aussi de l’association d’une consommation excessive d’alcool avec l’ensemble des autres facteurs de risque ». 
L'effet de l'abstinence a également été analysé. Si l'arrêt de la consommation d'alcool ne semble pas avoir d'effet protecteur sur le risque de démence, le Dr Schwarzinger rappelle que l’étude démontre que le sevrage a un effet bénéfique en termes de survie et ce, à tout âge.
Mieux dépister les patients ayant une consommation excessive d'alcool
En parallèle de ces résultats, cette cohorte de grande ampleur montre que 80 % des personnes de plus de 65 ans ont été hospitalisées au moins une fois en 6 ans. « Cela témoigne de la place de l'hôpital dans notre système de soins. Une telle cohorte offre une perspective totalement nouvelle sur la mesure des bénéfices et des risques en santé », indique le Dr Schwarzinger. Plus inquiétant, une consommation excessive d'alcool a été constatée chez plus de 940 000 personnes hospitalisées.
Un meilleur dépistage des patients ayant une consommation excessive d'alcool semble essentiel. « Si la même approche que pour le tabac était mise en place, des bénéfices considérables en termes de santé publique seraient à attendre dans la population française », estime Dr Schwarzinger. 
« Cette étude s’inscrit dans le programme de recherche du groupe QalyDays visant à mesurer l'effet de l'alcool, du tabac et de la surcharge pondérale sur les multiples risques de maladies graves, le risque de dépendance et l'espérance de vie », ajoute-t-il.

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