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lundi 1 janvier 2018

Les médecins de plus en plus malades ?

02/01/2018
 Bien que l’expression « médecins malades » sonne comme un oxymoron, les praticiens sont également des humains et donc exposés, comme leurs patients, aux mêmes affections que tout être humain. Dans le contexte du Royaume Uni, caractérisé par l’importance du National Health Service[1](considéré comme « l’un des plus grands employeurs » du pays, et un secteur d’activité où les taux d’arrêt pour maladie sont parmi les plus élevés, par comparaison à d’autres professions), une étude réalisée à l’Université de Manchester rappelle que l’incidence du stress et des troubles psychiatriques liés au travail « est plus forte chez les médecins, par rapport à d’autres métiers, comme les enseignants, les comptables et les cadres de santé. » Des statistiques montrent que les médecins tendent à prendre « moins de congés pour cause de maladie» que d’autres professionnels comme les infirmier(e)s, malgré un profil de santé similaire.
 
Visant à préciser les fréquences et les tendances observées en matière de problèmes de santé en lien avec le travail, et s’appuyant (avec une analyse de régression multiple) sur des données collectées entre 2001 et 2014, cette enquête épidémiologique compare les statistiques pour les médecins et celles concernant d’autres professions (infirmier(e)s, travailleurs sociaux, ambulanciers, enseignants) à propos de problèmes de santé relatifs au travail (PSRT) et plus spécifiquement de problèmes de santé mentale relatifs au travail (PSMRT). 

Les taux de problèmes de santé liés au travail sont en augmentation

Chez les médecins britanniques, les auteurs observent des taux respectifs de 515 PSRT et de 431 PSMRT pour 100 000 praticiens. Si les taux les plus élevés de PSRT et de PSMRT sont constatés parmi les ambulanciers et les infirmier(e)s, les taux annuels moyens sont en augmentation dans le corps médical, « en particulier chez les femmes médecins », alors que l’incidence de ces PSRT tend au contraire à rester stationnaire ou même à diminuer dans d’autres métiers, et cette différence entre les diverses activités professionnelles se révèle « statistiquement significative. » 

Les auteurs estiment donc que des recherches ultérieures sont nécessaires pour repérer des éléments sous-jacents pouvant contribuer à l’évolution observée, surtout dans l’espoir d’identifier certains facteurs susceptibles d’être modifiés. Cela permettrait de proposer des interventions pouvant « optimiser la prise en charge » de l’ensemble des PSRT chez les médecins, et en particulier les problèmes de santé mentale. Cette perspective a un corollaire important : « contribuer à maintenir et améliorer » la qualité des soins délivrés aux patients, en minimisant chez ceux-ci le retentissement éventuel des PSRT pouvant affecter leurs médecins...


Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
Anli Yue Zhou et coll.: Work-related ill health in doctors working in Great Britain: incidence rates and trends. B J Psychiatry, 2017: 310–315.


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