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mardi 18 octobre 2016

Souffrance au travail : des soignants libéraux et hospitaliers appellent à briser l'omerta

Christophe Gattuso   17.10.2016

Médecins libéraux, praticiens hospitaliers, infirmiers, orthophonistes, kinésithérapeutes, opticiens, dentistes… mais aussi l'économiste de la santé Frédéric Bizard et le philosophe Alexandre Jardin ! Plus de soixante-dix personnes ont participé ce lundi à une conférence-débat organisée par l'Union française pour une médecine libre (UFML) en collaboration avec la CGT, dans l'hôpital parisien de l'Hôtel-Dieu, pour dénoncer la souffrance protéiforme des professions de santé.
« L'amélioration de la qualité de vie au travail est aujourd'hui prioritaire, la souffrance est transversale à la ville et à l'hôpital avec des drames qui ont récemment touché des médecins et des infirmiers, a attaqué le Dr Jérôme Marty, président de l'UFML. Le généraliste de Fronton a cité une récente étude du réseau souffrance et travail, selon laquelle 112 médecins libéraux se seraient suicidés depuis le début 2016. « La médecine ne doit pas être guidée par des intérêts économiques et financiers », a-t-il ajouté.
« On ne veut plus de morts chez les soignants »
Dans ce contexte, les professionnels ne semblent pas attendre grand-chose du « plan pour l’amélioration de la qualité de vie au travail des professionnels de santé » que Marisol Touraine doit prochainement présenter.

Dénonçant « la situation mortifère de la souffrance au travail », le Dr Christophe Prudhomme, médecin urgentiste au SAMU de Seine-Saint-Denis et représentant de la CGT, a lancé un cri d'alarme : « On ne peut plus continuer comme ça, on minute les toilettes des aides soignantes [...], des patients souffrent de cette situation, des professionnels aussi. On ne veut plus de morts chez les soignants ! »
Les représentants syndicaux de différentes professions se sont succédé pour dénoncer à l'hôpital les « pressions » des directeurs, le « management humiliant pour le personnel », mais aussi l'écrasante « paperasserie administrative » en ville, les actes sous-payés. « On constate tous une perte de sens, les soignants sont confinés à un rôle d'ouvriers spécialisés, avec des administrateurs qui prennent des décisions à notre place, a déploré le Dr Gérald Kierzek, urgentiste parisien. Ça fait dix à vingt ans que l'on observe ce glissement, il faut que tous ensemble, les blouses blanches, nous disions stop ! »
Pression sur les politiques
Rose-May Rousseau, secrétaire générale de la CGT de l'AP-HP, a invité les participants à« décloisonner » la parole des médecins et des paramédicaux. « Il faut sortir de l'omerta, briser la loi du silence sur ce sujet et faciliter ce type de rencontres qui permettent des convergences pour mieux respecter le travail des soignants. »
Plus que des mots, il est urgent de passer aux actes, estime Frédéric Bizard. L'économiste appelle la communauté médicale à rédiger une plateforme commune pour refonder le système de santé sur des principes fondamentaux. « Vous devez redevenir acteurs d'un système qui vous échappe », a abondé le philosophe Alexandre Jardin. 
À l'occasion de ce débat, l'UFML a réclamé une nouvelle gouvernance du système de santé avec direction tripartite des ARS (État, soignants et patients) et participation accrue des soignants dans le pilotage des hôpitaux. Pour rétablir un système solidaire, le futur syndicat souhaite renforcer l'Assurance-maladie dans son rôle de financeur principal et interdire les réseaux de soins des mutuelles.
L'UFML va ouvrir un site Internet avec les projets santé des différents candidats à la présidentielle. « Nous demanderons à la profession de voter pour le programme qui nous semblera le meilleur, a prévenu le Dr Jérôme Marty. Nous allons les forcer à discuter, on ne peut plus décider de la santé de demain sans les professionnels. »

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