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mardi 27 septembre 2016

Un jeune sur deux vivant en bidonville n’est toujours pas scolarisé

LE MONDE | Par Adrien Pécout
Une jeune volontaire en mission « éducation pour tous » au sein de l'association Les Enfants du Canal (auprès des Roms).
Une jeune volontaire en mission « éducation pour tous » au sein de l'association Les Enfants du Canal (auprès des Roms). Jean Larive
La situation ne s’arrange pas. Malgré l’obligation de scolariser tout enfant sur le sol français entre 6 et 16 ans, un jeune sur deux vivant dans un bidonville ou un squat ne va pas à l’école (53 % de déscolarisation), selon une enquête publiée mardi 27 septembre par le Collectif pour le droit des enfants roms à l’éducation (CDERE).
Ce taux est largement supérieur à la moyenne nationale (7%, d’après la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance, en 2013). Et il monte même à 67%, si l’on ajoute les adolescents scolarisés, mais « non assidus ».
Menés entre novembre 2015 et juillet 2016 avec l’aide des universités Paris Ouest - Nanterre et Paris-Diderot, les travaux du CDERE portent sur 161 adolescents âgés de 12 à 18 ans et répartis dans 34 bidonvilles et squats du pays. Originaires en majorité de Roumanie et de Bulgarie, ces jeunes « se reconnaissent souvent comme Roms ou désignés comme tels », précise l’étude.
Le temps de trajet, « facteur déterminant »
De cette enquête, il ressort surtout que, chez les adolescents scolarisés, le taux de fréquentation est « relativement élevé ». Sept élèves sur dix (71 %) déclarent fréquenter l’école tous les jours. Une large majorité (77 %) va à la cantine, mais seule une petite minorité prend part aux activités extrascolaires (6 %). « Alors que l’assiduité est souvent mise en cause par les acteurs institutionnels, indique l’enquête, ce chiffre met à mal cette idée pourtant assez répandue. » Cependant, 6 % des jeunes interrogés reconnaissent se rendre à l’école moins de deux fois par semaine.
Le temps de transport est un « facteur déterminant ». Il est inférieur à trente minutes pour 47 % des jeunes scolarisés, bien que cette durée « ne nous renseigne pas sur l’accessibilité réelle (marcher dans la boue ou le long d’une route par exemple) », précise l’étude.
Les moyens de transport, eux, sont principalement les transports en commun (76 %), mais pas le bus scolaire. Seuls 20 % des élèves déclarent se rendre à pied à l’école, et le taux descend à seulement 1,3 % pour les jeunes transportés en voiture.
L’impact de l’âge et du sexe sur le taux de scolarisation constitue un autre point important de l’enquête. Le CDERE observe une différence entre le taux de déscolarisation des filles (56 %) et celui des garçons (50 %). Celle-ci est surtout importante à l’âge de 12-13 ans : 28 % des garçons sont déscolarisés, contre 50 % des jeunes filles.
« Refus de scolarisation »
L’étude montre cependant que la scolarisation baisse de façon « alarmante » pour les deux sexes dans la catégorie des 16-18 ans : le taux n’est alors que de 4 %. Cette dernière tranche d’âge n’est plus concernée, en effet, par l’obligation légale.
Avant 16 ans en revanche, celle-ci vaut pour tout enfant, même si ses parents sont étrangers ou en situation irrégulière. Vendredi 23 septembre, la préfecture de Seine-Saint-Denis a ainsi indiqué avoir mis en demeure la mairie (UDI) de Saint-Ouen de scolariser cinq enfants roms qu’elle refuse d’inscrire dans ses écoles. La municipalité a jusqu’au samedi 1er octobre.
« En cas de non-réponse ou de refus, le préfet désignera par arrêté un délégué spécial chargé d’effectuer l’inscription », a détaillé la préfecture. En 2014, une étude de l’ONG European Roma Rights Centre établissait que la déscolarisation n’était pas due principalement à la volonté des familles roms, mais plutôt aux « refus de scolarisation » opposés par les collectivités territoriales.

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