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vendredi 2 septembre 2016

Si « Le Généraliste » était paru en 1912 À quels signes extérieurs voit-on qu'une femme est vierge ?

Alain Létot
01.09.2016
Existe-t-il un signe extérieur de la virginité ? Il en existe même deux, à entendre notre distingué confrère, le Dr Félix Chavernac. Un oculiste avisé reconnaît de loin un cataracté à son attitude, la tête penchée vers le sol, fuyant la lumière ; il le distingue de l’amaurotique qui, au contraire, relève la tête, cherchant la clarté. De même, le chirurgien reconnaît un coxalgique, « rien qu’en l’entendant marcher », suivant l’expression imagée de Marjolin ; le médecin signale à distance un ataxique qui s’annonce par sa démarche saccadée, etc. Pourquoi ne reconnaîtrait-on pas la virginité ?
Parallélisme podalique
Le Dr Chavernac est prudent toutefois : si, après une pratique cinquantenaire, il croit pouvoir, à première vue, faire un diagnostic, qu’il sait délicat entre tous, il s’empresse d’ajouter, « pour la tranquillité du genre humain » que son signe n’est ni constant ni infaillible. Mais ce signe, quel est-il ? C’est le parallélisme podalique : « Le sacrifice consommé, nous dit-il, se traduit immédiatement à l’extérieur par un écart très prononcé de la pointe des pieds, c’est-à-dire par la disparition rapide du parallélisme podalique ».

Hélas ! de nombreuses, très nombreuses causes viennent souvent, de bonne heure et aussi plus tard dans la vie modifier le parallélisme, peut-être même le détruire, tout au moins nous plonger dans le doute et l’incertitude sur sa valeur. Ainsi, au moment de la naissance en présentation des pieds, une traction maladroite ou intempestive sur les membres inférieurs peut occasionner une luxation de la tête du fémur qui aura pour effet de dévier la pointe des pieds en dehors de l’axe du corps. Le maillot mal exécuté produira le même résultat. Un coussin trop lourd, posé dans le berceau sur les pieds de l’enfant, amènera un commencement de déviation.
Mais c’est surtout à l’école que cette déviation prendra naissance : si la jeune fille ne se trouve pas bien assise, elle prend tout de suite une attitude vicieuse, qu’elle trouve plus agréable ou plus commode ; par exemple, elle croise les pieds l’un sur l’autre, la pointe en dehors ; les muscles qui président à ce mouvement d’abduction ne tardent pas à prendre une supériorité sur leurs antagonistes et l’habitude contracte reste définitivement acquise.
La jeune fille est, naturellement, portée à écarter les genoux : elle conserve pendant l’adolescence la difformité congénitale ou acquise de bonne heure à l’école et souvent aggravée par une chaussure trop étroite : ni les soins de la toilette, ni les exigences de la coquetterie n’arrivent à la corriger car elle passe inaperçue. Une autre cause de déviation podalique, l’eussiez-vous cru, c’est la danse, les professeurs recommandant en effet à leurs élèves d’écarter la pointe des pieds ; et ce que nous disons de la danse peut également se dire des autres sports auxquels s’applique la jeunesse féminine. Mais il est un certain nombre d’états pathologiques qui peuvent donner au pied une déviation vicieuse : nous ne ferons que citer les fractures mal consolidées de la jambe ou de la cuisse, les luxations mal réduites, la fièvre typhoïde, etc.
L'écartement des pieds annonce que le sacrifice est consommé...
Ces réserves faites, sachez que l’écartement des pieds annonce que… le sacrifice est consommé ! Mais voici une autre observation qui ne manque pas de piquant : « Dans le mariage, écrit le bon Dr Chavernac, la conjonction des sexes détermine chez la femme un écartement des pieds, dont les extrémités ne sont pas à égale distance de l’axe du corps. L’une d’elles s’en éloigne beaucoup plus : c’est celle qui est du côté du côté du conjoint dans le décubitus dorsal. Ce signe est précieux pour reconnaître la place des époux et pourrait être utilisé en médecine légale.» D’une manière générale, c’est le pied droit de la femme qui est le plus dévié parce que le conjoint se place à sa droite ; quand c’est le pied gauche, ce qui est plus rare, il y a beaucoup de probabilités pour que le conjoint soit gaucher.
La grossesse et les tumeurs de l’abdomen altèrent la déambulation et détruisent le parallélisme podalique : « La femme, quand le ventre la gêne, par le poids intra-abdominal qui augmente sans cesse cherche, en écartant les pieds, à déplacer le centre de gravité et agrandir l’aire ou la base de sustentation. Chez les multipares, les pieds forment entre eux un angle presque droit, quelquefois obtus, et la déambulation devient lourde, pesante et désagréable à la vue ».
L’anatomie en fournit une explication qui trouvera mieux sa place ailleurs. Si, du rez-de-chaussée anatomique où nous avons rencontré le parallélisme podalique, nous nous élevons jusqu’au faîte de l’édifice humain, nous y constaterons le deuxième signe indiqué par le Dr Chavernac, mais qui nous paraît un peu plus contestable que le premier. La jeune vierge présenterait sur les joues, les lèvres et le menton, une fine inflorescence, un imperceptible duvet, plus ou moins apparent ou touffu, suivant la nature du tégument cutané. Car il y a des peaux qui sont réfractaires au développement duveteux : c’est ce qui fait que ce signe n’est pas constant. Il y aurait cependant une corrélation physiologique et, peut-être, une suppléance entre les fonctions de la peau et celles des organes générateurs : ainsi, le duvet disparaîtrait rapidement après la conjonction des sexes tandis qu’une abstinence prolongée le fait réapparaître : « à tel point que les veuves, dans ce cas et les vieilles femmes deviennent très duveteuses ».
Le signe est donc loin d’être infaillible. Messieurs les candidats au mariage, vous voilà donc prévenus : si votre fiancée marche les pieds écartés et que son teint vous paraisse, comment dirais-je, dévelouté, méfiez-vous et, sans prononcer une condamnation sans appel, prenez vos informations : si vous n’aimez pas les surprises, ce ne sera pas la « précaution inutile ».
(« La Chronique médicale »,1912)

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