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vendredi 12 août 2016

Violences en psychiatrie

04/08/2016

Dans la représentation classique de la maladie mentale ancrée dans le public (et même parmi les médecins), la place de la violence en psychiatrie demeure très importante, qu’il s’agisse de « simples » menaces verbales ou de passages à l’acte effectifs comme des agressions physiques. Et la médiatisation de faits divers tragiques (en particulier les tueries de masse) ne fait que renforcer cette conception caricaturale d’une violence qui serait consubstantielle aux maladies mentales, même si d’autres contextes (survivalistes, extrémistes religieux ou politiques) viennent parfois brouiller la donne.
Analysant des données recueillies pendant deux ans (mai 2010 à mai 2012) dans une unité de « soins psychiatriques intensifs » en Norvège, et portant sur 886 épisodes de violences commises par 230 patients (83 femmes et 147 hommes), une étude précise la fréquence de ces attitudes et comportements violents.
Les auteurs observent que les patients n’ayant connu qu’une seule hospitalisation en psychiatrie sont comparativement moins violents que ceux déjà hospitalisés à deux reprises (ou davantage). Autre constat : il existe une « différence statistiquement significative » entre le niveau d’études et celui de la violence, les comportements violents se révélant presque deux fois plus fréquents chez les sujets sans niveau d’études secondaires.

Les auteurs ont évalué aussi les variations saisonnières des épisodes violents et l’influence du jour de la semaine et de l’horaire dans la journée sur leur émergence. Ces statistiques montrent l’existence de deux pics (de comportements violents) au cours de la journée : les violences surviennent plus souvent vers 13 heures (premier pic de fréquence) et vers 20 heures (second pic). Quant aux variations à l’échelle de la semaine, les jours les plus calmes sont les dimanches et les mercredis à la fois en hiver et en été. Et alors que l’été connaît l’incidence maximale des violences psychiatriques, celles-ci se révèlent au contraire les moins fréquentes durant le printemps et l’automne. On peut conjecturer que cette raréfaction relative de la violence à ces deux périodes de l’année est peut-être un phénomène en lien avec leur caractère climatique moins contrasté, relativement à l’hiver et à l’été ?
Cette étude confirme ainsi le caractère hétérogène de la violence en unité de soins psychiatriques intensifs où plusieurs facteurs contribuent vraisemblablement à l’éclosion de passages à l’acte violents, en particulier des antécédents d’hospitalisation(s) similaire(s), le niveau d’éducation du patient, et des cycles à la fois d’ordre nycthéméral, hebdomadaire, et saisonnier.
Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCES
Iversen VC et coll. : Incidence of violent behavior among patients in Psychiatric Intensive Care Units. Eur. J. Psychiat. 2016 (1) : 67–78.

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