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mardi 23 août 2016

L’hyperactivité, taille adulte

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO  | Par Sandrine Cabut
Vous êtes un forcené de l’action, un distrait qui oublie tout, un impulsif qui s’emporte pour un rien ? Vous êtes un ténor de la procrastination ? Vos idées se bousculent, votre impatience est légendaire ? Et quand vous ressortez vos bulletins scolaires, vous retrouvez les agaçants « Il faut apprendre à se concentrer » ou « Ne tient pas en place » ? Alors, vous êtes probablement un hyperactif, si l’on en croit le livre du docteur Gabriel Wahl, Les Adultes hyperactifs. Dans un style enlevé et percutant, le psychiatre et ­pédopsychiatre, également spécialiste de la précocité et de l’échec scolaire, fait un tour d’horizon complet de ces troubles fréquents, mais méconnus au-delà de l’adolescence.
« Il faut se souvenir que l’hyperactivité peut perturber toute une vie, qu’elle n’abandonne que rarement ses victimes (près de 60 % des enfants hyperactifs gardent ce trouble à l’âge adulte) », souligne-t-il, en expliquant pourquoi bien des cas restent sous le radar. Si l’on retient pour seule définition du TDAH (trouble avec déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) la triade observée dans l’enfance (inattention, agitation et impulsivité), le risque est grand de conclure que l’hyper­activité tend à disparaître avec l’âge. En effet, les symptômes évoluent : l’agitation diminue tandis qu’apparaissent des signes spécifiques de l’âge adulte.

Dépression, anxiété
Puisant dans l’histoire, la littérature scientifique et la littérature tout court, Gabriel Wahl montre bien que le TDAH de l’adulte n’est ni un phénomène de mode (les premiers ouvrages médicaux décrivant ce tableau clinique ont été écrits par des médecins nés au XVIIIe siècle) ni une pathologie anodine. « L’hyperactivité peut briser les parcours scolaires, mais ce trouble n’est pas moins redoutable dans la vie professionnelle », écrit l’auteur, témoignages et données scientifiques à l’appui. Ainsi, des études ont établi que le taux d’emploi stable à plein temps est moitié moindre chez les hyperactifs que dans la ­population générale (30 % contre 60 %). Et leur revenu annuel moyen est significativement plus faible. Les adultes TDAH souffrent plus souvent de dépression, d’anxiété. Ils sont aussi exposés à un risque accru d’accidents de la route, de toxicomanie, de conduites délictueuses… Mais ces excès de risque sont diminués par la prise régulière de psychostimulants comme le méthylphénidate (Ritaline et autres), rassure Gabriel Wahl.
Avocat des hyperactifs, grands et petits, il n’hésite pas à tacler les professionnels qui ne croient pas à leurs souffrances : de ceux de l’éducation nationale qui les assomment de reproches aux médecins et psychologues qui, pour certains, récusent encore l’existence même de ces troubles. Au chapitre traitement, le docteur Wahl se lâche même complètement sur la psychanalyse, « pas plus efficace sur l’hyperactivité qu’elle ne l’est sur la myopie ou les pieds plats ».
Les Adultes hyperactifs, de Gabriel Wahl (Odile Jacob, 194 p.

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