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lundi 22 août 2016

Le sport d’endurance, une arme antivieillissement ?

LE MONDE  | Par Florence Rosier
Vous manquez de motivation pour chausser vos baskets, enfiler votre maillot ou enfourcher votre vélo ? Eh bien, voici une nouvelle raison de vous y mettre. L’argument n’est plus seulement hédoniste ou sanitaire : il est biologique. Publiée dans la revue Science Advancesle 27 juillet, une étude souligne l’impact du sport d’endurance sur vos cellules : il stimule l’activité de vos télomères, ces capuchons d’ADN qui coiffent les extrémités de vos chromosomes – et qui les protègent de l’usure liée à l’âge. Ainsi, le sport d’endurance pourrait retarder le vieillissement de vos tissus.
« Un lien statistique avait déjà été observé chez l’homme entre le niveau d’activité physique et la longueur des télomères [un marqueur du vieillissement] », indique Anabelle Decottignies, de l’Université catholique de Louvain (Belgique), dernière auteure de la nouvelle étude.

Activations moléculaires
En 2008, une analyse avait ainsi porté sur 2 401 individus, âgés de 18 à 81 ans. Plus leur niveau d’activité physique était important au cours des douze derniers mois, plus la longueur de leurs télomères, dans les globules blancs, était préservée. Et ce, même une fois éliminée l’influence de l’âge, de l’indice de masse corporelle, du tabagisme, du niveau socio-économique ou du sexe. « C’est comme si le groupe le plus actif avait “gagné” six ans d’âge biologique par rapport au groupe sédentaire », estime Anabelle Decottignies.
Mais l’argument restait épidémiologique, donc indirect. Pour apporter un élément de preuve biologique, les chercheurs belges ont mis à contribution dix volontaires sains, âgés en moyenne de 20 ans. Ceux-ci devaient pédaler durant quarante-cinq minutes, avec un niveau d’intensité variable. Avant l’épreuve, une petite biopsie d’un muscle de leur jambe était pratiquée (sous anesthésie locale), puis deux nouvelles bio­psies après l’épreuve. Les auteurs ont comparé, avant et après l’effort, la production de molécules-clés protectrices des télomères dans les cellules musculaires.
Résultats : les quarante-cinq minutes de vélo ont stimulé l’activité des télomères, qui ont alors produit ces molécules protectrices. « L’activité physique agit comme la restriction alimentaire, explique Anabelle Decottignies. Toutes deux brûlent le combustible de la cellule, l’ATP[adénosine triphosphate]. Elles font baisser le niveau d’ATP dans la cellule. » Il s’ensuit une cascade d’activations moléculaires.
Une heure par jour
Le premier acteur est une enzyme, l’AMPK : elle ajoute un groupe phosphate à un second acteur (PGC1). Celui-ci pénètre alors dans le noyau. Là, il se lie à un troisième acteur (NRF1) : c’est le déclic pour stimuler l’activité de ces télomères. Au final, des molécules protectrices importantes sont produites : les Terra (des ARN non codants). « Plus l’effort d’endurance est intense – dans une gamme raisonnable – plus la quantité de Terra produites est importante, indique Anabelle Decottignies. Ces molécules pourraient avoir un effet sur le vieillissement, même si notre étude à court terme ne le montre pas. » Mais d’autres études ont ­révélé un effet protecteur des Terra sur les télomères.
« L’originalité de cette étude est de relier une voie métabolique anti­vieillissement à la fonction des télomères », estime Eric Gilson, de la faculté de médecine de Nice (laboratoire Ircan, CNRS-Inserm). Mais pourquoi l’exercice physique renforce-t-il la fonction des télomères ? « La conséquence de cet effet sur la santé reste à découvrir. »
Vous voulez un gage supplémentaire pour vous mettre à courir, marcher ou pédaler ? Le voici. Une heure d’activité physique par jour suffit à compenser les effets nocifs pour la santé d’un travail assis durant huit heures par jour, suggère une analyse publiée dans The Lancet le 27 juillet.
Les auteurs ont scruté les données de seize études, portant sur plus d’un million de personnes. « Notre message est positif, assure Ulf Ekelund, de l’Ecole norvégienne des sciences du sport, premier auteur. Vous pouvez réduire – et même éliminer – les risques liés à la sédentarité si vous avez une activité physique suffisante, même sans aller dans une salle de sport. » Quand la science s’en mêle, vous n’avez plus d’échappatoire… sauf à entrer dans la course, bien sûr.

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