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vendredi 15 juillet 2016

Où la pollution pousse au suicide

 01/07/2016


Réalisée par des chercheurs de Nagasaki et de Tokyo (Japon), en collaboration avec des collègues de Huddinge (Suède) et de Seattle (États-Unis), une étude épidémiologique évalue l’incidence possible de la pollution de l’air sur le risque suicidaire. Pour le préciser, les auteurs ont confronté les statistiques de la mortalité par suicide à Tokyo, entre 2000 et 2011, à des informations sur quatre types de polluants aériens : particules fines, particules en suspension, dioxyde de soufre (SO2) et dioxyde d’azote (NO2).

Durant cette période de onze ans, on recense 29 939 cas de suicides (20 547 hommes et 9 392 femmes) et les analyses stratifiées confirment l’existence d’une association entre la concentration de NO2 dans l’air et une augmentation de la mortalité par suicide, chez les sujets de moins de 30 ans : + 6,73 % (intervalle de confiance à 95 % [IC] 0,69–13,12.) On observe le même phénomène pour la pollution de l’air par des particules fines (associée à une augmentation de 10,55 % ; IC : 2,05–19,75 du taux de suicide) et pour la pollution par le SO2 (associée à une augmentation de 11,47 % [IC ; 3,60–19,93] de cette mortalité par suicide). Ces associations positives entre la pollution de l’air et le risque de suicide sont observées en été, mais elles s’estompent en automne.
Les auteurs estiment que des recherches ultérieures (notamment des études prospectives de cohortes) seront nécessaires pour élucider les mécanismes sous-jacents à cette association a priori insolite entre la pollution de l’air et le suicide, déjà suspectée depuis quelques années dans des études réalisées en Corée du Sud, à Taïwan, au Canada et aux États-Unis. La confirmation de cette relation à Tokyo (une ville « où les niveaux de pollution de l’air ont pourtant baissé durant les vingt dernières années ») constitue une nouvelle illustration de l’impact préjudiciable de la pollution de l’environnement sur la santé, y compris la santé mentale.
Dr Alain Cohen

RÉFÉRENCES
Fook Sheng Ng C et coll.: Ambient air pollution and suicide in Tokyo, 2000–2011. Journal Affect Disord., 2016; 201: 194–202.

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