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vendredi 1 janvier 2016

Une histoire sans fin

LE MONDE  | Par Nicolas Truong
Avec Patrick Boucheron, c’est l’histoire ouverte sur la pluralité des mondes et des aires géographiques qui s’affirme.

Avec Patrick Boucheron, c’est l’histoire ouverte sur la pluralité des mondes et des aires géographiques qui s’affirme. Dusault

L’époque est à la colère, à la déprime et au chagrin. Et le discours dominant martèle – jusqu’à l’épuisement – la rengaine du déclin. La résignation est de mise : l’impuissance politique, la désillusion économique, les états de violence permanents, l’anomie sociale, l’inégalité endémique, les opérations de police mondialisées, le nihilisme et le djihadisme mondialisé seraient notre horizon, presque notre destinée. Orient contre Occident, islam versus chrétienté, eux contre nous : la guerre des mondes serait une fatalité.
Or l’Histoire revient. Tragiquement, le plus souvent, comme lors des tueries qui ont « ensanglotées » Paris en janvier et en novembre derniers. Malgré le fracas des armes, elle fait aussi entendre d’autres possibles, comme en témoigne le combat mondial pour endiguer la dévastation planétaire, du réchauffement climatique aux projets de « développement » aberrants. Et l’histoire, entendue comme la science du passé, fait aussi un retour remarqué sur la scène des idées.
L’entrée de Patrick Boucheron au Collège de France est l’un des signes manifestes de ce mouvement. Ce n’est donc pas un hasard si, lors de sa leçon inaugurale du 17 décembre, l’historien débuta son discours destiné à fixer le cap de sa chaire « Histoire des pouvoirs en Europe occidentale XIIIe-XVIsiècle » par une histoire bien vivante : celle de la place de la République de Paris où se recueille le peuple d’une ville-monde à nouveau meurtrie par les massacres du 13 novembre.
Cette leçon – dont nous reproduisons ici des extraits choisis avec l’auteur – est symbolique pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce qu’avec Patrick Boucheron, c’est l’histoire ouverte sur la pluralité des mondes et des aires géographiques qui s’affirme. Tout comme son collègue au Collège de France, l’Indien Sanjay Subrahmanyam, Patrick Boucheron préfère, en effet, le décentrement du monde au choc des civilisations, l’histoire globale au roman national et l’histoire connectée à l’obsession de l’identité (Histoire du monde au XVe siècle, Fayard, 2009 et L’Entretemps, Verdier, 2012).

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