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samedi 16 janvier 2016

Le Front national opère une poussée "historique" dans la fonction publique hospitalière


Chez les hospitaliers, le vote FN s'est confirmé "de manière impressionnante" aux régionales. Depuis 2012, il a grimpé de 19 à 26% et dans la seule catégorie C, il culmine désormais à 39%. Les échéances de 2017 s'annoncent compliquées pour les partis traditionnels. créant une ligne de faille entre les catégories C et les autres agents.
La montée du vote Front national (FN) dans la fonction publique hospitalière (FPH), déjà évoquée par Hospimedia en mars 2015 en amont des élections départementales (lire ci-contre), s'est encore renforcée en décembre à l'occasion du scrutin régional. C'est du moins ce qui ressort de la première vague de l'enquête électorale française menée par le Centre de recherches politiques de Sciences Po Paris pour comprendre les enjeux à venir en 2017 de la présidentielle puis des législatives. Ce travail a porté fin novembre sur un peu plus de 23 000 personnes, dont 5 498 fonctionnaires et, parmi eux, 796 hospitaliers. Dans la note n° 3 (à télécharger ci-contre) spécialement consacrée au vote des fonctionnaires, Luc Rouban, par ailleurs directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS)*, constate ainsi que l'implantation du FN au sein des trois fonctions publiques "s'est confirmée de manière impressionnante" lors du premier tour des élections régionales. Il s'avère désormais "l'un des trois partis préférés des fonctionnaires", bien que ce milieu "lui a toujours été très hostile, du fait d'un ancrage politique et historique à gauche comme d'une sociologie particulière liée à la forte présence de diplômés et de surdiplômés". Le vote FN était certes déjà "affirmé" lors de la présidentielle de 2012 mais ce mouvement "s'est sensiblement accéléré" fin 2015, notamment chez les agents de catégorie C pour lesquels "on peut parler d'un tournant historique".

44,7% chez les actifs de catégorie C certains de voter

En votes et intentions de vote, le FN voit globalement ses suffrages exprimés grimper de 19 à 26% dans la FPH (+7 points) entre le premier tour de la présidentielle de 2012 et celui des dernières régionales. Dans les deux autres versants de la fonction publique, la progression est de 6,5 points pour la Territoriale (FPT) et de 6,7 points pour l'État (FPE). En outre, "la différence observable jusqu'ici entre les salariés du public et les salariés du privé s'estompe sérieusement, ce qui conduit à relativiser l'argument selon lequel le vote FN serait la marque politique des salariés précaires ou en danger de perdre leur emploi comme des personnes peu diplômées", relatent les auteurs de l'enquête. 

Autre enseignement du scrutin des régionales : le penchant frontiste diffère très nettement selon les catégories hiérarchiques, le niveau de vote pour le FN diminuant avec l'augmentation du niveau de diplôme et du niveau de vie. À ce titre, "l'écart le plus impressionnant" concerne la FPH, avec des scores à 17,9 et 16,3% respectivement dans les catégories A et B mais un pic, le plus haut de la fonction publique d'ailleurs, à 38,9% chez les agents de catégorie C (voir l'infographie ci-dessus). Et encore, ces résultats moyens ne séparent pas les actifs des retraités, ni ceux fortement décidés à voter des autres qui le sont moins. Or, à ne prendre que les actifs certains de voter, le niveau de vote FN culmine à 44,7% chez les hospitaliers de catégorie C.

61% des hospitaliers de catégorie C voient dans l'islam "une menace"

La flambée du FN, les auteurs de l'enquête l'expliquent par plusieurs facteurs : l'évolution politique de ce parti qui s'est mis à défendre les services publics ; le gel du point d'indice constant depuis 2010 et la diminution régulière des effectifs ; une contestation sociale qui passe de moins en moins par l'action syndicale ; le décalage entre les discours nationaux sur la laïcité et le terrain où les demandes communautaires se multiplient. Sur ce point et dans la FPH d'ailleurs, 45% des agents de catégorie A considèrent que "l'islam constitue une menace pour l'Occident", un taux qui flambe à 61% chez les seuls hospitaliers de catégorie C.

Le Front de gauche et l'extrême gauche s'effondrent


"La croissance du vote FN chez les fonctionnaires s'est affirmée depuis l'élection de François Hollande à l'Élysée", résume le Centre de recherches politiques de Sciences Po Paris. Pour autant, cela ne joue pas tant contre le Parti socialiste (PS), "qui obtient encore des scores honorables en 2015, ni contre les écologistes, que contre le Front de gauche et l'extrême-gauche qui s'effondrent". La gauche contestataire chute ainsi de 16 à 8% dans la FPH entre la présidentielle de 2012 et les dernières régionales. Dans le même temps, la droite parlementaire se replie de 33 à 28%. "Au total, néanmoins, le vote en faveur de l'ensemble de la gauche n'est plus que [...] de 45% dans la FPH." Les nouveaux hospitaliers qui choisissent le vote FN proviennent avant tout de la droite : aux régionales, 18% des agents électeurs FN avaient ainsi voté pour Nicolas Sarkozy en 2012. Par ailleurs, si l'adhésion au parti de Marine Le Pen ne varie guère d'une région à l'autre, l'écart selon les caractéristiques sociales des électeurs est à son paroxysme côté fonction publique. Dans la FPH : "20% de ceux qui ont un diplôme d'études supérieures préfèrent le FN contre 43% de ceux qui ont le niveau baccalauréat. Tout semble indiquer [...] que ce sont les fonctionnaires de rang modeste et les plus exposés aux usagers dans leur travail quotidien qui ont la plus forte probabilité de voter FN. La progression de ce dernier est néanmoins impressionnante même chez les diplômés."
Thomas Quéguiner 
* Directeur de recherche CNRS, Luc Rouban enseigne à Sciences Po Paris depuis 1987 et travaille depuis 1996 au sein de son Centre de recherches politiques, jusqu'en 2003 dénommé Centre d'études de la vie politique française (Cevipof) et dont l'acronyme a toujours cours.
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