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mercredi 16 décembre 2015

Moins de six accouchements déclenchés sur dix l'ont été après information et recueil de consentement

Le Ciane a publié une enquête auprès des femmes ayant accouché après un déclenchement. Pratiqué pour des raisons médicales, le déclenchement ne fait pas encore systématiquement l'objet d'information et d'un recueil de consentement auprès des patientes. Il est associé à une détérioration sensible du vécu de l'accouchement.
Le Collectif interassociatif autour de la naissance (Ciane) publie une mise à jour de son enquête* sur les expériences du déclenchement de l'accouchement avec les données 2012-2014. Entre le 1er janvier 2008 et le 31 décembre 2014, un déclenchement a été envisagé chez 40,5% des primipares et 36,3% des multipares et finalement réalisé chez, respectivement, 27,1% et 20,7%. Soit un taux redressé de 23,5% pour l'ensemble des accouchements. Chez les femmes primipares dont l'accouchement a été déclenché, trois sur dix disent ne pas avoir reçu d'information, note le Ciane. Pour autant, entre 2008-2011 et 2012-2014, on note une "progression sensible" de la proportion des femmes ayant reçu cette information puisque le taux de réponse passe de 58,8% à 66,3%. Les multipares sont "sensiblement plus nombreuses que les primipares" à l'avoir reçue. Si la demande de consentement a progressé entre 2008-2011 et 2012-2014 chez les primipares, pour passer de 59% à 64,3%, sur l'ensemble de la période, le collectif constate que moins de six femmes sur dix (58%) disent avoir reçu une information et s'être vu demander leur consentement.

Des gestes pratiqués sans accord

Information et consentement sont liés, ajoute le Ciane. Ainsi, plus les femmes sont informées, plus leurs consentement est demandé. Concrètement, chez les femmes à qui le consentement est demandé, 22% déclarent ne pas avoir reçu d'information, "ce qui limite fortement le caractère éclairé de ce consentement". Les femmes regrettent notamment de ne pas avoir été informées "dans tous les cas d'une possibilité de déclenchement et des conséquences que l'on peut en attendre". Elles mettent en avant, entre autres, la violence des contractions, la douleur et le risque de césarienne. Chez les femmes indiquant ne pas avoir eu de demande de consentement, le collectif relève deux cas de figure. Soit elles ont été informées de la pratique d'un déclenchement, "ce qu'elles admettent dans certains cas d'urgences médicales". Soit des gestes déclenchant l'accouchement ont été pratiqués sur elles sans les prévenir (décollement des membranes, percement de la poche des eaux...), "ce qu'elles jugent à juste titre inacceptable". Par ailleurs, certaines expliquent qu'on leur "a plus ou moins" demandé leur consentement mais en expliquant les choses de telle manière, qu'en fait la demande de consentement est perçue comme "un leurre" : les femmes n'ont donc pas d'autres choix que d'accepter.

Trois méthodes de déclenchement principalement utilisées

Environ 3% des primipares et 7% des multipares disent avoir refusé le déclenchement quand leur consentement leur a été demandé. Mais, in fine, parmi les femmes ayant refusé au départ, 19% de celles pour lesquelles des raisons médicales ont été invoquées et 25% de celles en dépassement de terme ont "finalement été déclenchées". Si dans un certain nombre de cas, les femmes "cèdent aux pressions" ; pour d'autres, le refus a enclenché une dynamique de négociations. Celles-ci ont permis de "trouver un compromis", soit sur le délai, soit sur la méthode de déclenchement. Trois méthodes sont principalement utilisées, indique le Ciane : la perfusion d'ocytocine (57,3%), l'insertion d'un tampon (41,2%) et l'insertion d'un gel dans le vagin (19,3%). Plusieurs méthodes à la fois sont utilisées fréquemment comme l'utilisation de la perfusion et du tampon (13,5% des cas) ou celle de la perfusion et du gel (8,6%). Le Ciane relève que la proportion de césarienne en cours de travail "apparaît nettement augmentée en cas de déclenchement", sans que cela soit lié à des causes médicales. "Autrement dit, on ne peut pas a priori expliquer le surcroît de césariennes lié au déclenchement par l'existence d'une pathologie avérée et grave qui justifierait le déclenchement et entraînerait in fine la césarienne". Pour autant, "il est possible que l'existence préalable d'un problème [...] puisse conduire à déclencher alors que les conditions ne sont pas favorables".
Géraldine Tribault 
* L'enquête a porté sur 18 648 réponses pour des accouchements entre 2008 et 2012 dans 617 maternités différentes. Elle exclut les césariennes programmées.
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