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lundi 2 novembre 2015

Alcool, drogue et suicides expliquent la hausse de la mortalité prématurée chez les blancs Américains

03.11.2015


Addictions et suicides sont sans doute pour quelque chose dans la hausse de la mortalité des blancs américains. Depuis 1978, la mortalité chez les Américains blancs d’âge moyen était en déclin, une diminution de 2% en moyenne pendant vingt ans. Mais chaque année depuis 1999 elle augmente à nouveau de 0,5%. C’est une recherche parue dans les Comptes-rendus de l’Académie américaine des Sciences (PNAS) qui révèle cette évolution.

Les Etats-Unis semblent faire tristement exception dans ce domaine, puisque ce renversement n’est pas observé dans les autres pays riches comme la France ou l’Allemagne. De la même manière, on ne constate pas ce phénomène dans les groupes ethniques des mêmes tranches d'âge (45-55 ans) aux Etats-Unis comme les Noirs et les Hispaniques, précisent les auteurs. Selon eux, il s'agit d'une véritable "hécatombe" avec un bilan comparable au nombre d'Américains qui ont succombé au sida, soit 658.000 au total, depuis l'apparition de l'infection au début des années 1980.

Mortalité plus forte chez les moins diplômés

Bien que les taux de mortalité liés à la drogue, à l'alcool et aux suicides aient augmenté chez tous les Blancs d'âge moyen, l'accroissement le plus important a été constaté parmi ceux avec les niveaux d'études les moins élevés. Chez ceux avec seulement le baccalauréat ou moins, le taux de mortalité lié à la drogue et à l'alcool a quadruplé depuis quinze ans tandis que les suicides ont augmenté de 81%. Les décès provoqués par une maladie du foie et la cirrhose se sont accrus de 50% sur cette même période. Ainsi, la mortalité de toutes causes a grimpé de 22% depuis 1998 chez les Blancs d'âge moyen avec les niveaux d'étude les moins avancés et donc les plus vulnérables économiquement.

Héroïne et crise économique

Parmi les causes potentielles de cette hausse de la mortalité, les chercheurs américains mettent notamment en avant l’accès de plus en plus facile aux opiacés à la partie de la fin des années 90. Avec le resserrement des contrôles de la distribution des analgésiques à base de morphine, un nombre croissant d'Américains ayant développé une accoutumance à ces antidouleurs se sont tout simplement tournés vers l'héroïne dont la consommation a fait un bond de 63% de 2002 à 2013. Cette dernière année a marqué la fin d'une décennie durant laquelle les décès dus à cette drogue ont quadruplé, selon les Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies (CDC).

La crise économique et tout ce qui l’accompagne pourrait aussi jouer son rôle dans cette évolution. En effet, les chercheurs citent par exemple le stress provoqué par les difficultés financières.
Le revenu moyen des ménages parmi les Américains blancs d'âge moyen a commencé à nettement baisser à partir de la fin des années 1990. La stagnation des salaires qui a débuté avec le ralentissement économique des années 1970 a continué à frapper le plus durement les Américains qui n'ont pas fait d'études supérieures. A cela s'ajoute l'incertitude grandissante quant aux retraites, de plus en plus soumises aux aléas des marchés financiers, et le fait que les Américains n'épargnent pas suffisamment.

Cette plus grande mortalité coïncide aussi avec des enquêtes auprès du public dans lesquelles depuis une quinzaine d'années les personnes interrogées font part d'un déclin de leur santé physique et mentale ainsi que de leurs difficultés grandissantes à faire face à la vie, surtout chez les Blancs d'âge moyen. L'étude constate également que deux fois plus de personnes en 2013 dans ce groupe de la population américaine disaient souffrir de douleurs chroniques et de dysfonctionnement hépatique, par rapport à 1999. La proportion de ceux se déclarant incapables de travailler a aussi doublé pendant cette même période.

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