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lundi 12 octobre 2015

Une gouvernance inadaptée pour la psychiatrie dans les Centres Hospitaliers Généraux

psychiatrie et politique  |  PAR AGNÈS PIERNIKARCH

L'insertion des services de psychiatrie de secteur dans les Centres Hospitaliers Généraux part de l'idée développée notamment par Lucien Bonnafé qu'il faut construire le contraire de l'asile et disséminer les lieux d'accueil et de soins dans le territoire.
La gouvernance de cet asile était assurée par un médecin-directeur, centre de l'organisation tutélaire. Dans les années 70, le psychiatre a obtenu l'équivalence de son statut avec celui des médecins des Centres Hospitaliers Généraux. Les services de psychiatrie ont pu réduire leur capacité d'accueil en se multipliant. Ainsi, les services de 200 lits ont disparus, car le temps du médecin passé avec chaque patient ne pouvait être que dérisoire. Ils ont été remplacés par des services de soins incluant un dispositif de consultation et d'accueil de jour, répartis par territoire, comprenant arbitrairement 70 000 habitants, pour les services accueillant des patients adultes, et 210 000 habitants pour les services s'occupant des enfants.
Cette organisation de la desserte du territoire quasi-militaire, avait comme objectif de donner à chaque citoyen le droit d'accès à des soins de qualité, tout en garantissant le libre choix de son médecin par le malade.
En 40 ans, cette organisation a connu des avatars, et est actuellement remise en cause.
Paradoxalement, c'est dans les Centres Hospitaliers Généraux que la gouvernance des services de psychiatrie devient intenable, et caricaturale pour les services qui s'occupent des enfants et des adolescents, minoritaire chez les minoritaires.
Progressivement, le corps des Directeurs des Hôpitaux a assuré son emprise sur la politique de santé. L'économie de la santé a pris le pas sur une réflexion humaniste et s'empare de la politique de santé. Les Directeurs des Hôpitaux deviennent des managers de santé, dans la pure logique de l'hôpital-entreprise. Comme dans beaucoup de domaines, la réflexion politique a cédé devant l'emprise du lobbying. Les économistes de la santé sont susceptibles de dicter une organisation qui va seule faire loi, selon l'idéologie la plus communément répandue actuellement. Ainsi, le sacro-saint impératif de budget à l'équilibre justifie que des locaux et les patients qui y sont accueillis soient laissés à l'abandon, sans la moindre couche de peinture pendant quarante ans.

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