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jeudi 22 octobre 2015

Marches exploratoires, des militantes à pied d’œuvre

LE MONDE CULTURE ET IDEES |  | Par 



A Paris, en 2012 .


Imaginées par des citoyennes féministes, les marches exploratoires ont fait leur apparition dans les ­années 1980 sur le continent américain. Du Brésil au Canada, des groupes de femmes se mirent à arpenter leurs ­villes pour expérimenter les difficultés et la violence urbaine qu’elles y ren­contraient. 

Au Québec, leurs réflexions ont eu des résultats concrets, souvent simples à réaliser  : changer un éclairage défectueux, compenser la présence d’un terrain de football par un espace vert et des tables de pique-nique, ins­taller des toilettes publiques près d’un marché (en veillant à ce que l’accès ­réservé aux femmes y soit plus grand que celui des hommes, puisqu’elles y passent en moyenne, pour des raisons pratiques, deux fois plus de temps que les hommes).

Cette approche a inspiré la mairie de Paris, qui organisait, le 13 octobre, une journée de réflexion sur le thème « Genre et espace public », afin de sensibiliser ses agent(e)s à une vision plus égalitaire de l’aménagement de la ville.


Impensé


« Les mécanismes sociaux, culturels, ­environnementaux et urbanistiques qui “font la ville” d’aujourd’hui contribuent à exclure les femmes et les jeunes filles non seulement de l’espace public, mais aussi des décisions concernant l’urbanisme », constatent les organisateurs de cette rencontre. 

Cette inégalité relevant pour l’essentiel de l’impensé, il faut une démarche volontaire, si ce n’est volontariste, pour l’infléchir. D’où l’intérêt de ces marches, parfois conduites de nuit. « Au-delà de la question de la sécurité, les marches exploratoires de femmes dans les quartiers sont un véritable outil de démocratie participative. Elles permettent de donner efficacement la parole aux femmes sur les questions de leur environnement, d’élaborer un diagnostic participatif de territoires et de faire des propositions concrètes », souligne-t-on à la mairie du 14e arrondissement de ­Paris, qui a mené l’expérience au ­printemps dernier autour de la porte de Vanves.

Au Canada, cette approche s’est progressivement intégrée aux politiques de la ville. Elle a aussi porté ses fruits en Amérique latine, aboutissant par exemple, à Bogota (Colombie), à un ­conseil consultatif des femmes désormais pérenne. En France, en revanche, elle reste rare et fragmentaire. 

Pourtant, affirme l’urbaniste et sociologue Marie-Dominique de Suremain, du laboratoire d’idées Maturescence, « l’utilité de ces marches s’impose peu à peu pour identifier et atténuer les causes sociales et ­urbanistiques des inégalités hommes-femmes dans l’espace public ».

Organisées ça et là sous l’égide des municipalités ou des associations, ­elles viennent timidement s’ajouter à d’autres initiatives militantes, comme la campagne menée sur les réseaux sociaux par le collectif Stop harcèlement de rue, qui affiche des slogans tels que « Ma minijupe ne veut pas dire oui ! » et « Me siffler n’est pas un compliment ». Ou encore les actions du collectif Place aux femmes, qui œuvre pour la mixité dans les cafés d’Aubervilliers. Elles y ­occupent l’espace, et remettent aux plus accueillants un autocollant jaune portant leur label : « ICI, les FEMMES se sentent chez elles, AUSSI. »

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