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jeudi 24 septembre 2015

Les psychiatres de Ville-Évrard refusent la "perspective régressive" d'un GHT avec le MCO



Pas question pour la communauté médicale de l'EPS Ville-Évard à Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis) d'intégrer le futur groupement hospitalier de territoire (GHT) préfiguré par l'ARS d'Île-de-France avec le CHI André-Grégoire de Montreuil, le CHI Robert-Ballanger d'Aulnay-sous-Bois et le GHI Le Raincy-Montfermeil. C'est en substance ce qu'elle clame dans une lettre ouverte adressée le 14 septembre aux députés et sénateurs de Seine-Saint-Denis et signée par le Dr Didier Boilet, président de la commission médicale d'établissement, le Dr Sylvia Rener, sa vice-présidente, le Dr Dominique Januel, présidente du collège médical, et le Dr Marie-Christine Beaucousin, sa secrétaire. "La psychiatrie n'est pas une spécialité mais une discipline médicale au même titre que la médecine, la chirurgie et l'obstétrique. Elle nécessite une organisation spécifique", tonnent les auteurs. Alors que la psychiatrie publique aimerait bien que la ministre des Affaires sociales de la Santé et des Droits des femmes lui confirme la possibilité de GHT spécifiques, Marisol Touraine a rétorqué mi-septembre au colloque de l'Intersyndicat national des praticiens hospitaliers que le dispositif tiendra compte des "spécificités des différentes spécialités", notamment la psychiatrie (lire ci-contre).


Pour les médecins de Ville-Évard, "le GHT, c'est le retour à l'hospitalo-centrisme, à une gouvernance lourde en opposition avec ce qui a permis le succès de la politique de secteur. C'est le déni de ce que sont les maladies mentales." À les lire, le GHT vient donc à nouveau, passée la loi HPST, "menacer l'organisation nationale des soins en psychiatrie". Or cette discipline est la première à s'être ouverte au travail en réseau et aux collaborations interdisciplinaires, rappellent les signataires : "Le GHT consiste à faire rentrer la psychiatrie dans une caricature aggravante de l'hospitalo-centrisme alors même que notre discipline traite actuellement les quatre cinquièmes de ses patients en ambulatoire !" Et de citer l'exemple de leur EPS, qui couvre près de 80% de la Seine-Saint-Denis, compte cinq sites hospitaliers et plus de 90 structures extra-hospitalières. De fait, il "pourrait être en lui même considéré comme étant un GHT. (...) Il n'est donc pas exposé au risque "d'isolement", comme l'affirme l'ARS Île-de-France !" Aussi, pour contrer cette "perspective régressive" des GHT, la communauté médicale réclame "une nouvelle impulsion" à la politique de secteur en faisant en sorte que le projet de loi de Santé prévoit "la possibilité de GHT psychiatrie et santé mentale incluant des établissements médico-sociaux".



Dans un communiqué intersyndical*, les personnels de l'EPS Ville-Évard suivent en tout point ce 22 septembre leur communauté médicale, refusant de devoir lier leur sort à celui d'hôpitaux de soins généraux. Selon eux, ceux-ci "confondront bien vite le budget de l'EPS (...) avec les moyens leur permettant de combler leurs propres insuffisances financières".
Thomas Quéguiner 
* L'intersyndicale regroupe la CGT, la CFDT et Sud mais aussi le Syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH) et l'Intersyndicale de défense de la psychiatrie publique (Idepp).

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