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mardi 22 septembre 2015

Le délai pour un premier rendez-vous en centre médico-psychologique en Rhône-Alpes dépasse deux mois

Selon une enquête réalisée par l'ARS Rhône-Alpes sur les centres médico-psychologiques (CMP) de la région, le délai moyen pour obtenir un premier rendez-vous hors urgence dépasse 67 jours. Ce travail a notamment mis en évidence une marge d'amélioration "sensible" des liens entre les CMP et l'hospitalisation complète ou d'autres structures.
À l'occasion des 4es journées nationales de l'information médicale et du contrôle de gestion en psychiatrie, qui se sont tenues les 17 et 18 septembre à Valence (Drôme), le Dr Sylvie Ynesta, conseillère psychiatrie et santé mentale à l'ARS Rhône-Alpes, a présenté lors d'un atelier les résultats d'une enquête sur les centres médico-psychologiques (CMP) de la région, publiée en juin 2015. Grâce à un taux de réponse très élevé (98,1%) des 324 CMP concernés par l'enquête, ce travail s'est révélé un "état des lieux complet", qui a permis à l'ARS de mieux connaître les modalités de fonctionnement de ces CMP, ainsi que leurs moyens. 

Cette enquête a été décidée notamment au regard du constat pointé par le schéma régional d'organisation des soins (Sros) de Rhône-Alpes, d'une problématique malheureusement nationale, à savoir des délais d'attente trop longs pour accéder aux CMP. Le Sros pointe en effet "des délais d'attente pouvant atteindre dans certains secteurs [de psychiatrie] six mois pour une consultation médicale". Sur les 318 centres répondants, rattachés à vingt établissements différents autorisés en psychiatrie, 159 sont rattachés à la psychiatrie infanto-juvénile (PIJ) et 159 à la psychiatrie générale (PG). Par ailleurs, 83% des CMP sont rattachés à un pôle de psychiatrie.

Des délais d'attente pouvant dépasser les six mois

L'une des limites de l'enquête a bien été rappelée : le questionnaire était auto-administré par les CMP et des biais de déclaration pouvaient exister à certaines questions. Et pourtant, les délais d'attente déclarés pour des premiers rendez-vous (RDV) apparaissent malgré tout comme longs, voire très longs. Ainsi, le délai moyen déclaré pour obtenir un premier RDV en centre (hors urgence), est de plus de 67 jours (21 en PG et 116 en PIJ). Moins d'un CMP sur deux déclare un délai de moins d'un mois, souligne l'ARS. Le délai moyen déclaré pour obtenir un RDV avec un médecin est de près de 82 jours (44 en PG et 120 jours en PIJ) et près de deux CMP sur dix (19,6%) déclarent des délais de premier rendez-vous avec un médecin supérieurs à six mois. Par ailleurs, le délai moyen déclaré pour obtenir un RDV avec un psychologue (hors urgence) est de près de trois mois. Enfin, le délai moyen déclaré de RDV en CMP après hospitalisation est de près de trois semaines mais près de six CMP sur dix déclarent des délais inférieurs à huit jours.

L'enquête montre également que plus de trois CMP sur dix ont déclaré ne jamais se rendre en hospitalisation pour rencontrer le patient avant sa sortie. Seulement 65 % des centres affirment tenir une liste d'attente de patients au sein du centre. Enfin, 44% des CMP déclarent garder des créneaux pour les urgences sur les plannings des médecins, 28% sur les plannings des psychologues et 39% sur les plannings des infirmiers. L'enquête montre que les CMP déclarent ouvrir, en moyenne, trente-six heures par semaine (avec des extrêmes entre 1 heure et 80 heures). Du lundi au jeudi, approximativement un CMP sur cinq déclare des horaires d'ouverture larges (> 8 h/jour) mais vingt-et-un CMP déclarent ouvrir moins de dix heures hebdomadaires, soit 6,8% des centres. Enfin, 19% ouvrent moins de cinq jours par semaine et seulement 59% déclarent ouvrir toute l'année. Ceci "probablement" en raison de faibles effectifs pour certains centres, avance l'ARS. 

Organisations hétérogènes et gestion des RH complexe

Concernant la permanence des soins (PDS) en dehors des heures d'ouverture, près de 73% des CMP affirment avoir mis en place une organisation particulière. Pour six CMP sur dix, c'est un répondeur avec les coordonnées du service d'urgence MCO et/ou indiquant les coordonnées de l'établissement psychiatrique. Pour moins d'un CMP sur quatre, c'est un répondeur avec les coordonnées de la PDS ambulatoire. Enfin, 28% des répondants déclarent avoir une affiche à l'entrée du centre sur la PDS et moins d'un CMP sur cinq affirme effectuer un transfert d'appel vers une autre structure. Par ailleurs, l'enquête montre que six centres sur dix environ déclarent avoir une activité de liaison et ce plus fréquemment en PG qu'en PIJ (80% versus 39%) : 50% en service d'urgence MCO, 41,5% en service de pédiatrie, 46% en service de gériatrie... Les professionnels qui participent à cette activité de liaison sont dans neuf cas sur dix un médecin et/ou un infirmier. C'est un psychologue pour 54 % des CMP répondants.

Au global, cette enquête met en évidence, souligne l'ARS, "une hétérogénéité des organisations" en place et une complexité de la gestion des ressources humaines (RH). Cette complexité passe par des temps des professionnels "très éclatés sur de nombreux sites", un "périmètre de responsabilités notamment des infirmiers et des psychologues fluctuant" ou encore "la nécessité de temps de synthèse collectifs et de regards croisés avec une présence médicale pas toujours assurée". Par ailleurs, il existe des "écarts sur les différentes dimensions de la qualité et de la performance" entre les centres, souligne l'ARS, citant les délais de rendez-vous, les délais pour obtenir un avis médical après un 1er accueil infirmier, la productivité du centre variable par équivalent temps plein (ETP) pourvu, etc. Enfin, il existe "une marge d'amélioration sensible des liens entre les CMP et l'hospitalisation complète", appuie l'ARS : échange d'information notamment quand le centre n'utilise pas le dossier personnel informatisé (DPI) de son établissement, rencontre du patient avant sa sortie d'hospitalisation, délai de 1er RDV après hospitalisation. Une marge d'amélioration qui existe aussi avec les partenaires extérieurs, pointe l'ARS, évoquant des "CMP plus ou moins ouverts sur l'extérieur" ou encore la possibilité de développer des "liens avec les centres médico-psycho-pédagogiques (CMPP)".
Caroline Cordier, à Valence 
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