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lundi 22 juin 2015

« Tunis sur le divan », quand le théâtre psychanalyse une ville

Le Monde Blogs , par Olivia Barron
« Et si on psychanalysait Tunis ? » C’est le projet loufoque et poétique imaginé par l’Agence française de psychanalyse urbaine (ANPU) avec le Théâtre national de Tunis (TNT). Du 9 au 19 Juin, Laurent Petit, directeur de l’ANPU, orchestre une grande enquête de terrain avec son équipe de chercheurs et les élèves comédiens de l’école du TNT. Vêtus de blouse blanche, équipés de transats, ils sillonnent la capitale et collectent la parole des Tunisois lors d’improbables « opérations divan ». Parallèlement, des experts-urbanistes, politologues et psychologues prennent la température de la ville au cours de débats passionnants. Le diagnostic final sera présenté sur la place Halfaouine, le 19 juin. Une performance inédite, mêlant science et art. Rencontre avec Laurent Petit, directeur de l’ANPU, et Essia Jaïbi, étudiante tunisienne en master Espace public à l’université Paris I, à l’initiative du projet.
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Comment faites-vous pour psychanalyser une ville ?
Laurent Petit : C’est très simple. Nous installons nos transats en pleine rue et les Tunisois viennent à notre rencontre, intrigués. Ce sont les apprentis comédiens du TNT qui mènent l’enquête. Ils proposent aux passants de répondre à un questionnaire décalé,  propice aux associations d’idées. Chaque comédien s’est créé un personnage fictif, sorte d’avatar, en vue de la restitution publique. L’un d’eux s’est improvisé « vandalologue ». Il étudie les villes sous le prisme du vandalisme. C’est un clin d’œil à l’histoire de cette ville qui a été sous domination vandale pendant près d’un siècle ! Une autre étudiante s’est transformée en « urban profiler ». Elle détecte des archétypes comme « l’ado enragé », « le vieux mélancolique », ou « la bimbo qui a peur de se faire agresser ». Certains discutent des heures, d’autres cinq minutes. La séance est plus ou moins prolifique. Quand on demande aux Tunisois « qui sont les parents de Tunis ? » certains répondent « Didon et Enée », d’autres « Bourguiba ». D’autres diront que ce sont leurs propres parents, car ils sont totalement en fusion, ils font corps avec leur propre ville.

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