Voilà des enfants qui ont simplement du mal avec la vie, certains décrochent dès la maternelle, d’autres piétinent dans leur contact avec les autres, d’autres encore se replient ou s’agitent trop. Ils sont mis à l’écart, ils souffrent. Des enfants un peu perturbés qui vivent en Seine-Saint-Denis, ce département le plus peuplé et le plus précaire de France, situé au nord de Paris. Ceux qui s’occupent d’eux ont décidé de s’arrêter : «On ne peut plus assurer», lâche une psychologue.
Dans les beaux quartiers, il y a toujours le secteur privé qui peut prendre le relais. Dans le périmètre qui couvre Saint-Ouen, Saint-Denis et Pierrefitte, il n’y a aucune échappatoire. «Quand une école nous appelle pour nous demander un rendez-vous pour un enfant qui ne va pas bien, c’est au minimum neuf mois d’attente, et plutôt un an», explique Marie Cousein, psychologue. «Qu’est-ce que vous voulez que l’on fasse ? Et en plus, cela empire, des postes sont supprimés.» Hier, lundi, toute la pédopsychiatrie du secteur de Saint-Denis s’est arrêtée. En grève 24 heures «pour interpeller les autorités sur les effets dévastateurs des conditions de travail du secteur de pédopsychiatrie pour ses enfants et leurs familles».