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jeudi 28 mai 2015

Quel régime pour le cerveau ?

19/05/2015


Le régime méditerranéen est supposé bénéfique pour le maintien, voire pour l’amélioration des fonctions cognitives. C’est ce que suggèrent la plupart des études observationnelles. PREDIMED est l’un des rares essais randomisés menés à grande échelle pour tester l’impact clinique de la diète méditerranéenne sur plusieurs années. Trois groupes de sujets ont été constitués par tirage au sort, l’un affecté à un régime hypolipidique, un second à un régime méditerranéen enrichi en huile d’olive et le troisième à un régime méditerranéen mais enrichi en noix et autres amandes. Les résultats principaux de cette étude, construite pour examiner le bénéfice cardiovasculaire, ont été publiés en 2013. Ils montrent une réduction de 30 % des événements cardiovasculaires chez les sujets randomisés dans les deux groupes « régime méditerranéen » par rapport à ceux soumis au régime hypolipidique.
Une analyse secondaire a concerné l’effet de la diète méditerranéenne sur les fonctions cognitives. Des sujets recrutés de façon consécutive dans l’un des centres de l’étude situé à Barcelone  (n = 578) ont été interrogés par des spécialistes en neuropsychologie qui n’étaient pas informés du groupe d’appartenance des sujets. 
Les fonctions supérieures ont ainsi été évaluées grâce à une batterie de tests effectués au début puis vers la fin du suivi. Trois scores composites (spécifiés a priori comme étant les critères principaux de cette analyse post-hoc) ont été calculés : un score de mémoire, un second évaluant les fonctions du lobe frontal et enfin un troisième score fournissant une information globale sur les fonctions cognitives.
Les tests initiaux ont pu être réalisés chez 447 volontaires, mais 25 % d’entre eux n’ont pas pu être examinés  pour diverses raisons (refus des sujets, abandon de l’étude, décès, perte de contact). La durée médiane de suivi a été de 4,1 ans, similaire dans les trois groupes de l’étude.

Une meilleure mémoire avec les noix et c’est encore mieux avec de l’huile d’olive !

Les trois scores composites se sont détériorés dans le groupe témoin. Par rapport à ces derniers, les sujets du groupe « régime méditerranéen enrichi en noix » ont amélioré leur score de mémoire tandis que les volontaires soumis à la « diète méditerranéenne enrichie en huile d’olive » ont amélioré à la fois leur fonction cérébrale frontale et leur score cognitif global. L’incidence des nouveaux cas de déficit cognitif survenus pendant la période de suivi n’était pas différente entre les groupes, mais la puissance de l’étude est probablement trop faible pour mettre en évidence un tel effet.
Le bénéfice du régime méditerranéen était indépendant de l’âge, du sexe, de l’apport calorique mais aussi de plusieurs facteurs reconnus pour leur association aux fonctions cognitives : le niveau d’éducation, les facteurs de risque cardiovasculaires et le génotype de l’apoprotéine E. Ces résultats confirment les hypothèses issues des études observationnelles qui ont établi des relations entre l’adhésion aux diètes méditerranéennes et le niveau cognitif. Il s’agit de l’unique essai randomisé, mené à relativement long terme, ayant examiné ces relations.
Les mécanismes incriminés semblent multifactoriels. On ne peut pas directement attribuer le bénéfice ni aux noix ni à l’huile d’olive. Les effets antioxydants des polyphénols compris dans ces aliments peuvent jouer un rôle face aux processus oxydatifs intracérébraux supposés en cause dans le déclin cognitif. Ces mêmes composés chimiques améliorent le flux sanguin intracérébral et facilitent la signalisation neuronale. En outre, le régime méditerranéen, dans son ensemble, a un effet favorable sur les facteurs de risque cardiovasculaire, ce qui peut réduire les lésions vasculaires cérébrales qui accélèrent le déclin cognitif. Enfin la diète méditerranéenne semble diminuer les dépôts amyloïdes associés à la maladie d’Alzheimer.
La principale limite de cette étude est qu’il s’agit d’une analyse post-hoc d’un essai qui n’était pas spécifiquement construit pour étudier l’effet du régime méditerranéen sur la fonction cognitive.
Ces résultats, uniques, méritent donc d’être confirmés mais ils prônent largement en faveur du régime méditerranéen au-delà même de son intérêt pour la prévention cardiovasculaire.
Dr Boris Hansel
Article rédigé dans le cadre de la rubrique nutrition, soutenue par Lesieur. Le choix des sujets et la ligne éditoriale sont sous l'entière responsabilité du JIM.



RÉFÉRENCE
Valls-Pedret C et coll. : Mediterranean Diet and Age-Related Cognitive Decline: A Randomized Clinical Trial. JAMA Intern Med., 2015; publication avancée en ligne le 11 mai. doi: 10.1001/jamainternmed.2015.1668.

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