blogspot counter

Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

vendredi 1 mai 2015

Le lien dépression sérotonine, mythe ou réalité ?

par Dr Alain Trébucq le 30-04-2015

David HealySerotonin and depression. BMJ 2015;350:h1771, éditorial publié le 21 avril 2015
Professeur de psychiatrie au Pays de Galles (Hergest unit, Bangor), David Healy lance un pavé dans la mare en publiant dans le British Medical Journal un éditorial dans lequel il remet en cause le lien entre la dépression et de faibles taux de sérotonine au niveau cérébral, mettant ainsi à mal la justification neurobiologique des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine pourtant largement prescrits, souvent jusqu’à l’excès, comme antidépresseurs.

Le Pr David Healy, en analysant les faits, reprend l’antienne classique d’un marketing pharmaceutique redoutablement efficace pour installer un concept sans véritable fondement scientifique, imposant des produits plus récents et plus coûteux en remplacement de produits anciens, peu chers mais parfois plus efficaces. Selon lui, le concept de la dépression causée par un déficit sérotoninergique est "confortable" aussi bien pour le thérapeute que pour le patient, le premier parce qu’il dispose ainsi d’un argument a priori solide pour justifier la prescription d’un médicament devant permettre de restaurer des taux normaux de sérotonine au niveau cérébral, le second parce qu’il est partiellement rassuré de savoir que sa dépression a une explication biochimique.
Cet éditorial un brin provocateur a sans doute vocation à lancer ou relancer le débat sur une maladie psychiatrique dont la prise en charge reste complexe et pour laquelle chacun s’entend à reconnaître le mésusage qui est souvent fait des médicaments antidépresseurs. La dépression est une pathologie qui présente de multiples visages et pour laquelle il n’y a certainement pas de médicament à visée thérapeutique universelle. Les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine ont certainement leur place, comme d’autres, un arsenal thérapeutique diversifié valant toujours mieux qu’une option unique. Mais au moins le débat est-il de nouveau relancé sur le bon usage des antidépresseurs !


Aucun commentaire: