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jeudi 7 mai 2015

8es Assises françaises de sexologie La sexualité sous influence

08.05.2015


« Sexualité et société ». Pour leur 8e édition, les Assises françaises de sexologie ont mis l’accent sur les déterminants sociologiques qui influencent la sexualité. Avec, notamment, la présentation de plusieurs études confortant le retentissement d’Internet sur les pratiques. 

Sexualité virtuelle chez l’adolescent, apparition de nouvelles conduites sexuelles addictives chez les plus âgés, etc. En matière de sexualité, Internet a clairement modifié la donne, comme l’ont souligné les experts réunis lors des 8es Assises françaises de sexologie et de santé sexuelle (8-12 avril 2015, La Rochelle). Avec, en corollaire, l’émergence de pratiques pouvant devenir envahissantes ou mettre en péril les plus vulnérables.

Le boom des cyber-addictions sexuelles.

L’apparition de nouveaux médias, en particulier d’Internet, a induit de nouveaux comportements sexuels et suscité de nouveaux motifs de consultation en sexologie. Addiction, compulsion, hypersexualité, fantaisie sexuelle... Afin de mieux appréhender ces conduites sexuelles addictives ou apparentées, une enquête de la Société française de sexologie clinique est en cours dont les premiers résultats ont été dévoilés lors du congrès. « L’étude fait ressortir des conduites sexuelles avec un usage intensif d’Internet chez des personnes présentant des troubles sexuels (type dysfonction érectile, troubles de l’identité sexuelle) ou des troubles du désir avec une sexualité de couple en difficulté, résume le sexologue Arnaud Sévène, (Paris). On relève aussi des conduites d’hypersexualité où Internet est un moyen facile pour multiplier les occasions d’assouvir ses besoins tel la recherche de partenaires ».
Internet fait aussi office de substitut pour des personnes présentant des difficultés relationnelles afin de compenser une incapacité à rencontrer quelqu’un. Trois grandes catégories d’« addiction » ont pu être isolées : recherche d’une excitation de type masturbatoire, recherche de partenaires et le troisième groupe « paraphilie-pédophilie » (fétichisme, échangisme, sexe avec mineurs, pédophilie..).


Autre constat préliminaire, ces conduites ne sont pas si rares. « Pour l’instant, depuis le début de l’été 2014, les retours des sexologues sont faibles mais ceux qui répondent déclarent à chaque fois plusieurs cas repérés dans leur patientèle. On peut donc penser que si tous les praticiens rapportaient les cas qu’ils observent il y en aurait un nombre non négligeable », estime le Dr Sévène. Sur 43 cas déjà recensés, 93 % concernent des hommes d’âge intermédiaire (âge moyen 41 ans), actifs pour près de 80 % d’entre eux. Ces sujets sont plutôt bien sociabilisés et 73 % vivent en couple avec des taux de séparation plutôt bas compte tenu du nombre de plaintes importantes des partenaires (55 % des cas). Les répercussions sont nombreuses : sociales (isolement, problèmes judiciaires... 45%), familiales (48,8 %). Si 87,5 % déclarent ressentir du plaisir sur le moment, 88,1 % ont cependant le sentiment que leur conduite est anormale. La majorité (95,2 %) a du mal à refréner sa conduite même lorsqu’elle est perçue comme inappropriée et 91,1 % se disent dominés par leur désir sexuel. Dans les antécédents, si les abus émotionnels sont fréquents (50 %), les abus physiques représentent 8,6 % et les abus sexuels 13,6 %. Les périodes d’anxiété sont fréquentes (82,9 %) et 38,1 % sont traités pour problème psychologique ou émotionnel.

Les adolescents, premières «victimes » du sexe 2.0

Toujours en rapport avec les nouvelles technologies, les pratiques des adolescents et des jeunes adultes qui
en sont directement issues sont en forte croissance. Expériences virtuelles non interactives (consultations d’images ou de films pornographiques) ou expériences sexuelles interactives (sexting, réseaux sociaux), les modalités d’utilisation de ces nouvelles technologies dans le champ de la sexualité ont été explorées dans une enquête Ifop 2013.

Le sexting (envoi de messages, vidéos ou de photos à caractère sexuel) est régulièrement pratiqué chez les moins de 25 ans : 35 % en ont déjà reçu et 25 % en ont déjà envoyé, surtout les filles qui prennent plus de risques. Les sextapes (vidéo X amateur à usage privé) ont été réalisées par 11 % et seraient réalisables pour 40 %. « Les pratiques voyeuristes sont plus courantes que les pratiques exhibitionnistes, analyse le Dr Laure Grellet, sexologue et addictologue (Montpellier) et 22 % des moins de 25 ans ont déjà visionné un “ live show sexuel ” réalisé par une personne devant sa webcam ». De plus, la proportion des moins de 25 ans s’étant déjà adonné à l’amour virtuel via une webcam a doublé en quatre ans (9 % en 2009 contre 16 % en 2013). 

« Les expériences sexuelles virtuelles, interactives ou non, augmentent, poursuit-elle, et particulièrement chez ceux qui sont très à l’aise avec ces outils, à savoir les jeunes. » Or les risques sont bien présents : déshumanisation, clivage entre sexualité et affect, conséquences négatives sur le développement psychosexuel des adolescents, agressions, «?cyberbullying »...

« Les vulnérabilités “ off line ” sont prédictives des vulnérabilités "on line", constate la sexologue, d’où l’intérêt d’identifier les jeunes vulné-rables et connaître certains facteurs de risque : sociaux, liées à la personnalité
(antécédents d’abus sexuels ou de maltraitance, recherche de sensations fortes, mauvaise estime de soi ou au contraire très sûr de soi, difficultés psychologiques), liés aux technologies elles-mêmes (niveaux d’aisance...), mais aussi l’accès privé à Internet, le temps passé en ligne, etc. »

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