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mardi 10 mars 2015

L’extension du domaine des neuroleptiques atypiques en pédopsychiatrie

03/03/2015


Les éditorialistes du Canadian Journal of Psychiatry commentent les données d’une étude sur la prescription des neuroleptiques de deuxième génération (ou antipsychotiques atypiques, AA) en pédopsychiatrie au Canada (informations concernant l’année 2011). Les auteurs évoquent à ce propos un « tableau déconcertant », marqué par une « augmentation de 114 % de ces prescriptions d’AA. » À titre de comparaison, les statistiques pour la même période montrent que les prescriptions de médicaments psychostimulants (contre les Troubles Déficitaires de l’Attention avec Hyperactivité, TDAH) n’ont augmenté « que de 36 % », et celles des antidépresseurs inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine « que de 44 %. » Cette croissance à trois chiffres des prescriptions d’AA chez des jeunes laisse donc perplexe.

Il faut dire que, malgré leur nom, les indications de ces médicaments ne se sont pas résumées aux troubles psychotiques, mais étendues à d’autres diagnostics : TDAH (17 % des prescriptions), troubles de l’humeur (16 %), ou troubles des conduites et du comportement (14 %). Curieusement, les indications pour troubles psychotiques ne viennent d’ailleurs qu’en quatrième place (13 %). Durant les cinq années étudiées, le nombre de recommandations pour prescrire un AA contre les TDAH a « plus que triplé. » Dans le même temps, la prévalence des TDAH dans les écoles canadiennes s’établissait à environ 4 % (et même à 6 % en cas de trouble oppositionnel avec provocation), et il n’est pas rare que plusieurs troubles soient associés (par exemple TDAH ou troubles psychotiques avec troubles du comportement), ce qui peut contribuer à expliquer l’extension du domaine des neuroleptiques.
Ce chevauchement fréquent des pathologies ne rend que plus aiguë l’importance d’un consensus sur les meilleurs protocoles thérapeutiques (best evidence-based guidelines) actuellement disponibles. « Fondées sur des données probantes de la pharmacothérapie», ces lignes directrices permettent d’optimiser les chances de succès pour apaiser un jeune au comportement perturbateur et agressif, « après épuisement des interventions de nature psychosociale, quand leur application est jugée insuffisante comme traitement unique. »
Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
Wilkes TCR et Nixon MK: Pharmacological treatment of child and adolescent Disruptive Behaviour Disorders: between the Scylla and Charybdis, what do the data say? Can J Psychiatry, 2015; 60: 39–41.

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