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dimanche 15 mars 2015

Comment faire face aux comportements suicidaires en Ehpad ?


LE PROBLÈME

Longtemps tabou la problématique du suicide des personnes âgées se retrouve au cœur de récents dispositifs. Plus d'un quart des suicides concernerait les 65 ans et plus. La HAS et l'Anesm se sont penchées sur le sujet.

LA SOLUTION

Le suicide des personnes âgées de 65 ans et plus n'a rien de marginal. Il représente 28% des suicides survenus en France en 2010, selon les données du Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès (CepiDc-Inserm).
La définition de la Haute Autorité de santé (HAS)
Dans ses recommandations sur le suicide - en général -, datant du début des années 2000, la HAS propose une définition de la crise suicidaire. Elle peut être "représentée comme la trajectoire qui va du sentiment péjoratif d’être en situation d’échec à une impossibilité ressentie d’échapper à cette impasse. Elle s'accompagne d’idées suicidaires de plus en plus prégnantes et envahissantes jusqu’à l’éventuel passage à l’acte". 



Les recommandations de l'Anesm

Se basant sur des analyses épidémiologiques, l'Agence nationale de l'évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (Anesm) estime que "près de 90% des suicides des personnes âgées sont en lien avec un trouble psychiatrique, et particulièrement un état dépressif". Elle a dressé ce constat il y a un peu moins d'un an à l'occasion de la publication de ses recommandations de bonnes pratiques professionnelles (RBPP) intitulées Prise en compte de la souffrance psychique de la personne âgée : prévention, repérage, accompagnement.

L'agence consacre un chapitre à la gestion des situations des crises suicidaires où elle propose dix-sept recommandations organisées en trois temps.
  • La gestion des moments de crise avec risque de passage à l’acte


À titre de prévention, l'Anesm suggère de sensibiliser les professionnels à faire la distinction entre la formulation d'idées suicidaires et une simple discussion en rapport avec la mort. Et d'ajouter : "Les préoccupations liées à la mort peuvent être un sujet très fréquemment abordé par les personnes âgées. Si ces propos restent isolés, ils ne traduisent pas systématiquement une réelle volonté de se donner la mort mais plutôt une préoccupation sur la fin de leur vie." L'agence préconise donc de désigner des personnes ressources et d'établir des protocoles à utiliser si un suicide avait lieu dans l'établissement.


  • L'évaluation du degré d’urgence suicidaire


Pour l'Anesm, il semble incontournable que l’évaluation du degré d’urgence et de la dangerosité de la situation soit réalisée par des professionnels formés. Elle épingle aussi les "idées reçues" : il est faux d'affirmer que "parler avec une personne de ses intentions suicidaires, c’est faciliter son passage à l’acte". L'Anesm indique que "cela permet, dans la mesure où la personne évoque ses intentions suicidaires, de mieux évaluer le risque de passage à l’acte". Il ne faut pas pour autant penser que "si elle parle de son suicide, c’est qu’elle ne le fera pas". Pour l'agence, il ne faut jamais banaliser des propos relatifs au suicide. "Dans 80% des cas, une personne se confie à ses proches sur ses intentions suicidaires dans les jours qui précédent le passage à l’acte." Autre mauvaise idée : "On ne peut rien faire face à quelqu’un qui veut se suicider." L'agence souligne que "la reconnaissance de la souffrance psychique peut permettre à la personne d’envisager autrement son avenir". 


  • Le soutien aux personnes ayant été confrontées directement ou non au passage à l'acte suicidaire


L'Anesm insiste sur le soutien notamment lorsqu'il s'agit d'une tentative de suicide. "La période qui suit un passage à l’acte est considérée comme une période à risque de récidive car la personne demeure dans un état vulnérable." Autre constat : "Une majoration du risque suicidaire est souvent observée chez les proches d’une personne suicidée ou ayant accompli un geste suicidaire."



Les outils
  • L'Observatoire national du suicide
L'Observatoire national du suicide a été mis en place par décret du 9 septembre 2013. Organisme indépendant et pluridisciplinaire, il a pour mission de coordonner et d'améliorer les connaissances sur le suicide et les tentatives de suicide, d'évaluer l'effet des politiques publiques et de produire des recommandations, notamment en matière de prévention. Il élabore chaque année un rapport. Le premier a été rendu public en décembre 2014.
  • Mobiqual
Le programme Mobiqual a vu le jour en 2007 avec pour objectif de soutenir l'amélioration de la qualité des pratiques professionnelles, en Ehpad, en établissement de santé et à domicile. Dans ce cadre, des outils de sensibilisation et d'aide au repérage et à la prise en soins de la dépression ont été créés. Un focus sur le risque suicidaire y est développé. Les outils Mobiqual sont désormais disponibles sur la plateforme en ligne du dispositif.
Lydie Watremetz 

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