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jeudi 12 février 2015

À l’Institut Montsouris, une consultation gynécologique (quasi unique) accueille les handicapées

 11/02/2015



Crédit photo : S TOUBON
À l’occasion des dix ans de la loi sur l’accessibilité universelle du 11 février 2005, la ministre de la Santé Marisol Touraine et la secrétaire d’État chargée des personnes handicapées Ségolène Neuville se sont rendues à l’Institut mutualiste Montsouris (IMM), qui propose deux consultations autour de la gynécologie et de la grossesse aux femmes handicapées.

Aucun protocole, aucune étude, aucune donnée

La sage-femme Béatrice Idiard-Chamois, elle-même concernée par le handicap, est à l’origine de cette double initiative. Elle a ouvert en octobre 2006 la première consultation parentalité handicap moteur, après s’être formée pendant 3 ans (à la langue des signes, aux différents types de handicap, à la neurologie, ophtalmologie, etc). Elle manœuvre en plein désert.

« L’article 7 de la loi de 2005 indique une obligation de formation des professionnels de santé et du secteur médico-social. Mais il n’existe aucune formation des soignants. Les cabinets ne sont pas accessibles aux handicapés, le monde est fait par et pour des valides. La T2A n’est pas adaptée, car une consultation de gynécologie peut demander parfois 2 heures. Il n’y a aucun protocole, aucune étude, aucune donnéeOr la prise en charge de la parentalité et de la grossesse pour les personnes handicapées est très différente », insiste-t-elle.
Béatrice Idiard-Chamois a mis en place un protocole adapté pour accueillir les femmes handicapées, avec un matériel ad hoc. Elle a installé une permanence téléphonique (elle est joignable à toute heure) pour éviter tout recours aux urgences. Elle a conduit le personnel à se former. Elle a tissé un fin réseau de partenariats externes (par exemple avec des associations, l’hôpital Poincaré, ou encore Garches, pour obtenir un fauteuil en un délai court de... 2 mois).

10 %des handicapées ont un suivi gynécologique

Constatant à la faveur de cette première consultation que seulement 10 % des femmes en situation de handicap voient régulièrement un gynécologue, Béatrice Idiard-Chamois a réfléchi à une consultation gynécologique handicap mental et sensoriel, destinée aux personnes de plus de 16 ans, victime d’une rupture dans leur suivi. La consultation, financée par l’IMM malgré des sollicitations réitérées auprès de l’Agence régionale de santé, a ouvert il y a 6 semaines, au rythme d’une vacation par semaine. Le Dr Nathan Wrobel, gynécologue obstétricien, et Béatrice Idiard-Chamois reçoivent pendant deux heures dans une salle adaptée les femmes atteintes de tout type de handicap. La sage-femme s’occupe de l’aspect social et des dossiers à soumettre à la MDPH, tandis que le médecin aborde les questions liées à la grossesse, à la contraception et à la sexualité.
« Depuis un mois, nous recevons 4 patientes par semaine dont la moitié vient de province. On va doubler ce chiffre. Nous sommes pleins à 3 mois », explique le Dr Wrobel au « Quotidien ». « Il ne faut pas être hypnotisé par le handicap, et écouter la femme venue parler de sa féminité. Au-delà de la formation, il faut que les soignants et le personnel de l’hôpital soient sensibilisés à l’accueil des personnes handicapées », explique-t-il.
Béatrice Idiard-Chamois espère grâce à cette consultation publier en 2016 un article scientifique, contribuer à l’élaboration d’un guide sur la mise en place d’une consultation gynécologique spécialisée, de recommandations sur la prise en charge gynécologique des handicapées et d’un diplôme universitaire sur le sujet.

Les ARS devront veiller au handicap

« La loi de santé ira au-delà et permettra une prise en charge des personnes handicapées sur la durée », a commenté Marisol Touraine, précisant que Ségolène Neuville travaille à la rédaction d’amendements gouvernementaux. La secrétaire d’État a rappelé qu’en matière de prévention, des campagnes seront lancées dans les établissements médico-sociaux, dont le personnel sera sensibilisé.
Côté curatif, les maisons de santé pluridisciplinaires devront être des lieux de références pour les personnes handicapées et les établissements de santé devront remplir des items sur l’accueil de ce public pour obtenir leur certification. Marisol Touraine a précisé que les ARS devront prendre en considération les besoins des personnes handicapées dans les territoires.
Coline Garré

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