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samedi 10 janvier 2015

Le monstre n’est pas caché dans un lac : il est au fond de nous

Didier Morisot | Infirmier psy



         et

Didier Morisot est infirmier en psychiatrie. Il nous raconte les pathologies, les délires de cet « abruti » d’inconscient, les coups de blues des soignants, la délicatesse dont il faut faire preuve avec les patients.

Il y a longtemps, un de mes profs a eu une parole prophétique : « Morisot, vous finirez mal si vous continuez comme ça. » Il avait raison, j’ai fini en psychiatrie.
Bon, d’accord, je suis du bon côté de la barrière, si tant est qu’il y en a un meilleur que l’autre. En attendant, ça me change des urgences, ce pays de cow-boys où l’on enfonce, avec zèle, un tas de tuyaux dans le corps des gens.

En psychiatrie, on a le temps

Il y a donc un temps pour tout ; la conquête de l’Ouest est finie, et la bête passe de l’agitation à l’introspection.
Le modèle n’est plus l’agité du bocal qui saute sur le beefsteak, mais la force tranquille qui temporise afin d’éviter l’horreur absolue : la précipitation. Même que pour certains collègues qui cavalent en médecine ou en chirurgie, il faut être un gros fainéant pour bosser en psychiatrie.
En tout cas, on y trouve un truc qui n’existe plus ailleurs : du temps ! Royal. Très souvent, on peut même soulager sa vessie en direct. Si, si, je vous promets.
Infirmier en soins généraux, c’est comme être caissière en supermarché ; il faut s’organiser à l’avance (sortir l’agenda, calculer le nombre de perfusions à poser, d’injections, de pansements, etc.) avant d’envisager une délivrance vésicale. Mais en psychiatrie, non. Si vous avez envie de changer l’eau du bocal, vous y allez.

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