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lundi 22 décembre 2014

Sanofi : « C’est de l’argent de poche », témoigne un médecin

LE MONDE ECONOMIE |  • Mis à jour le  | Propos recueillis par 


Le docteur James Randy Long est le seul à avoir volontiers accepté de s’exprimer. Au cours des cinq derniers mois de l’année 2013, il a touché un peu plus de 15 000 dollars (12 250 euros) de la part de Sanofi pour « éduquer » ses pairs à la prise en charge du diabète. Il a commencé à travailler pour le laboratoire français il y a environ six ans, un peu par hasard. « Mon nom leur est parvenu par le bouche-à-oreille », raconte-t-il.

Depuis, il donne un ou deux « speechs » par mois, devant une audience de 20 à 30 participants. « Les invitations sont lancées par les commerciaux. Ils ciblent en général un établissement où le Lantus est devancé par le Levemir, l’insuline concurrente fabriquée par Novo Nordisk », explique le docteur, pas dupe des objectifs de Sanofi, mais convaincu par la supériorité du Lantus. « Je n’utilise le Levemir que si j’y suis contraint par l’assurance », précise-t-il.


Une fois par an, il est convié par Sanofi à un débriefing à Chicago. Les 300 membres du « Speakers Bureau », comme on les appelle, sont invités à donner leur avis sur les produits et à prodiguer des conseils sur la façon dont le groupe pourrait mieux « communiquer » avec les médecins et les « aider à faire un meilleur job ». Il sait que « l’essentiel du marketing des laboratoires repose sur les bonnes relations avec les médecins ». Mais, selon lui, c’est aussi profitable aux médecins. « Il faut bien se tenir au courant de ce qui se passe. Ce qui n’empêche pas ensuite les médecins de faire leurs propres recherches », ajoute-t-il, regrettant d’être considéré par certains de ses pairs comme un VRP.


Une firme qui se conduit avec davantage d’ « éthique »


Sa motivation n’est pas financière, assure-t-il. « C’est de l’argent de poche, insiste-t-il. Cela compense tout juste ce que je perds en m’absentant de mon cabinet. » Bon orateur, il trouve l’exercice « amusant ». Selon lui, la firme est plutôt moins « agressive » que ses concurrentes et se conduit avec davantage d’« éthique ».

Elle est en tout cas la grande gagnante dans l’affaire, en termes tant d’influence que de business. Les données du Prescriber Checkup, un outil mis au point par les journalistes de ProPublica, qui analyse les données publiques de prescription aux Etats-Unis, révèlent que les médecins payés pour promouvoir le Lantus sont aussi ceux qui le prescrivent le plus. Le Lantus se situe à la 36e place des médicaments prescrits par le docteur Long, alors que cette insuline n’arrive qu’au 51e rang en moyenne chez les autres internistes.


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