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mardi 2 décembre 2014

La sage-femme et la patiente toxicomane

26/11/2014

Le système de prise en charge périnatale australien permet une réelle continuité des soins, depuis la période prénatale jusqu’au post partum en passant par l’accouchement. C’est un véritable partenariat de santé entre la femme et la sage-femme qui contribue à diminuer le recours à la pharmacopée pendant l’accouchement, réduit le nombre d’interventions opératoires lors de la naissance et augmente le taux d’allaitement au sein ainsi que le bien-être maternel. Bien évidement, toutes les femmes ne sont pas satisfaites de ce type de démarche : les toxicomanes par exemple qui connaissent parfois des rapports difficiles avec les professionnels de santé et hésitent à se faire suivre de peur d’être dénoncées à la police ou que leur enfant leur soit retiré à la naissance.

En Australie, l’usage de drogues illicites concerne 14 % des femmes en âge de procréer. Elles sont souvent vues comme déviantes, non compliantes ; la relation de soin n’est pas toujours évidente dans ces conditions pourtant lorsque ces femmes sont soutenues, le bénéfice obtenu est important.
Lorsque des sages-femmes en charge des patientes toxicomanes sont interrogées, un des principaux thèmes qui émerge pour décrire la relation de soin est la nécessité d’établir un partenariat. Pour ce faire, honnêteté, confiance et respect sont nécessaires mais les patientes toxicomanes sont facilement muettes sur leur addiction et ont tendance à ériger des barrières entre elles et les professionnels de santé. De leur côté, les sages-femmes ont tendance au début de la rencontre à penser qu’elles vont pouvoir « faire la différence » et résoudre toutes les difficultés ; elles considèrent que si elles le veulent vraiment, les femmes peuvent arrêter de se droguer. Au fur et à mesure que leurs connaissances concernant la toxicomanie s’améliorent, leur regard change, les doutes se dissipent et une relation performante peut s’établir, ce qui provoque un fort sentiment de satisfaction de la part des sages-femmes. Elles manient avec précaution l’art de la relation en évitant de prendre le rôle d’une mère, en présentant clairement les termes de l’engagement qui établit les règles et formalise ceux que l’une attend de l’autre et vice versa. Dans la vie souvent chaotique de ces femmes, la présence à la consultation est déjà une victoire en soi car et l’attitude de l’équipe comme la qualité de la relation sont plus importantes que la qualité des soins.
Enfin, l’efficacité passe parfois par un contournement des habitudes comme par exemple rassembler en un même temps plusieurs consultations, médicales et sociales, et par un fort investissement en particulier dans l’élaboration de relations avec les autres acteurs de santé. Le but est de fournir à ces femmes des pistes et des opportunités, à elle ensuite de faire leurs choix.
Marie Gélébart
RÉFÉRENCE
Maureen M et coll. : Midwives experiences of establishing partnerships :Working with pregnant women who use illicit drugs. Midwifery 2014; 30 : e1082-1087

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