En matière de santé, où se situe la France par rapport à ses voisins européens ? Comme chaque année, l’OCDE (1) et la Commission européenne publient leur «panorama de la santé en Europe»Un gros pavé à entrées multiples. On trouve un peu de tout : la consommation en fruits et légumes par habitant dans chaque pays, mais aussi en drogue (cannabis, ecstasy…) Quelques pages plus loin : un palmarès européen de l’espérance de vie, de la mortalité par cancer… Ou encore un classement en consommation de médicaments, d’antibiotiques notamment.

UNE ESPÉRANCE DE VIE PARMI LES PLUS ÉLEVÉES D’EUROPE

L’espérance de vie a nettement progressé en moyenne depuis les années 90 dans l’Union européenne, s’établissant à 79,2 ans en 2012 soit 5,1 ans de plus qu’en 1990. La France fait partie des pays où l’on vit le plus longtemps : en moyenne (homme et femme confondus), 82,1 ans. L’espérance de vie la plus élevée se situe en Espagne (82,5 ans) suivie de l’Italie (82,4 ans). La France arrive juste derrière. En bas de ce classement : la Lituanie et la Lettonie avec une espérance de vie de 74,1 ans.
L’espérance de vie des femmes reste supérieure à celle des hommes dans l’UE (82,2 ans en 2012 pour les femmes contre 76,1 ans pour les hommes), même si l’écart entre les sexes s’est légèrement réduit passant de 7,2 ans en 1990 à 6,1 ans en 2012. En France, l’écart est de 6,7 ans (85,4 ans pour les femmes et 78,7 pour les hommes).

LES DÉPENSES HOSPITALIÈRES AU-DESSUS DE LA MOYENNE

Il y a un domaine dans lequel la France excelle, c’est en dépenses hospitalières. On est le deuxième pays européen, derrière la Grèce, à consacrer une si grande part du budget santé aux frais hospitaliers. En 2012, ils ont représenté 38% des dépenses totales de santé contre 31% en moyenne en Europe et 29% en Allemagne. Soit 4,4% du produit intérieur brut (PIB).
Au total, les dépenses de santé ont diminué dans les pays de l’Union européenne entre 2009 et 2012, en moyenne de 0,6% chaque année, après des hausses annuelles moyennes de 4,7% entre 2000 et 2009. Une baisse due à la crise financière, qui a entraîné coupes budgétaires, réductions de salaires et de personnel ou encore baisse des remboursements, selon l’OCDE. La France est plutôt bien lotie, avec des dépenses de santé par personne atteignant 3 220 euros contre 2 193 en moyenne dans l’Europe des 28. Des dépenses en hausse de 0,8% par an de 2009 à 2012 (contre 2% de hausse annuelle moyenne de 2000 à 2009).

TOUJOURS TROP D’ANTIBIOTIQUES

La France fait partie des quatre pays plus gros consommateurs d’antibiotiques, juste derrière la Grèce, Chypre et la Belgique. «L’utilisation des antibiotiques est supérieure de 41% à la moyenne européenne en France», pointe le rapport. Un sujet «préoccupant» estime l’OCDE, à cause de «la nette corrélation entre le volume d’antibiotiques prescrits localement et la prévalence des souches bactériennes résistantes».
Globalement la dépense pharmaceutique reste élevée en France, avec 469 euros par an par personne contre 350 euros en moyenne dans l’Union européenne. Un point positif relevé par l’OCDE : la consommation d’anticholestérols en France est inférieure de 5% à la moyenne européenne, alors qu’elle était la plus forte en volume en 2000. La consommation d’antidépresseurs est également inférieure de 11% à la moyenne européenne, alors que c’était la troisième plus forte en Europe en 2000.

EN SUICIDES ET CANCERS, LA FRANCE DANS LA MOYENNE

Les cancers sont la deuxième cause de mortalité en Europe derrière les maladies cardiovasculaires, représentant 24% des décès en 2011. En la matière, les Chypriotes, Finlandais, Bulgares, Suédois et Suisses sont les plus épargnés. A l’inverse, les taux de mortalité par cancer sont élevés en Hongrie, Croatie, République tchèque, Slovénie et Danemark. Dans tous les pays de l’Union, les cancers tuent plus les hommes que les femmes. L’écart est particulièrement prononcé dans les pays baltes.
Autre point, sur lequel s’est penché l’OCDE : les morts par suicide. Si l’on additionne les 28 états membres, quelque 60 000 Européens se sont suicidés en 2011. Avec des différences significatives entre les pays. On se suicide huit fois plus en Lituanie qu’à Chypre. La France se situe dans la moyenne. La Grèce, Malte, l’Italie et l’Espagne font partie des pays où le taux de suicide était le plus faible en 2011. A l’autre extrémité, on trouve la Slovénie, la Hongrie, la Lettonie et la Lituanie qui enregistre le plus de suicides par habitant, même si la tendance est à la baisse. Selon le rapport, en Estonie et Lettonie par exemple, le nombre de suicides a chuté de 35% entre 2000 et 2011. De manière générale, on se suicide moins qu’avant. L’OCDE parle d’une baisse de 20% en onze ans sur l’Europe.
(1) L’Organisation de coopération et de développement économiques.