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lundi 17 novembre 2014

Le handicapé reste un salarié géré « à part »

LE MONDE Par 
Le plus souvent, le handicap commence par une rupture. « A la suite d’un accident de sport, j’ai été déclarée inapte à mon métier de chauffeur ambulancier. J’ai aussitôt cherché à me convertir »témoigne Sandra Lomenie, 40 ans. Elle a rejoint, en 2008, les 200 000 personnes reconnues inaptes chaque année, sur une population active de 2 millions de personnes en situation de handicap. Seuls 15 % des handicapés le sont de naissance, rappelle l’Agefiph, l’organisme chargé de la collecte des contributions auprès des entreprises privées.
Leur nouveau parcours professionnel passe donc par une reconversion mais avant, il y a l’acceptation. L’accès à l’emploi reste la dernière étape d’un cheminement psychologique difficile, notamment pour les personnes victimes d’un accident ou d’une maladie. Le dépôt d’un dossier à la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) est une étape indispensable pour pouvoir bénéficier d’allocations ou d’un accompagnement vers l’emploi.
Une étape douloureuse pour Sébastien Delfino, un ancien chargé du personnel en université, en situation de handicap après avoir subi un accident vasculaire cérébral, à l’âge de 33 ans. « J’étais grand, fort, en pleine santé. J’ai dû accepter mon nouveau corps, que ce ne serait plus jamais comme avant. Le mot “handicap”, c’est très difficile. J’ai mis des mois à pouvoir déposer mon dossier », souffle-t-il.

Certains ne peuvent s’y résoudre. Selon le ministère du travail, seule une personne handicapée sur quatre déclare son handicap à l’administration. « Il y a du déni, parfois de la honte, la peur du regard des autres ou la peur de ne pas être embauché à cause de son handicap, explique Priscilla Coutépéroumal, ergonome pour l’association Comète, qui œuvre pour l’accès à l’emploi des personnes handicapées. C’est un choix personnel, nous ne pouvons que le conseiller. »
Car le parcours est difficile et nécessite de l’accompagnement mais aussi de l’enthousiasme. Il faut souvent repartir de zéro, se battre pour que l’employeur voie toujours les capacités de travail derrière le handicap. Sandra Lomenie a suivi une formation de mécanicienne pour rebondir dans l’aéronautique. « Je me suis renseignée sur les aides financières et les démarches administratives auprès de l’Agefiph, puis je suis allée à Paris pour faire une formation de mise à niveau générale – maths, français – à l’AFPA et, désormais, je suis en apprentissage de trois ans chez Dassault. En juin, c’est le bac pro qu’il me faut pour continuer », dit-elle.
Les salariés handicapés sont aujourd’hui mieux intégrés dans les entreprises mais le management ne leur est pas toujours favorable.« L’évolution de carrière n’est pas prévue dans les processus de l’entreprise et les salariés handicapés sont gérés comme des exceptions en leur sein, explique Stephane Forgeron, inspecteur dans le secteur bancaire et aveugle. Dans 99 % des situations, les cadres handicapés n’ont bénéficié d’aucune évolution de carrière dix ans après leur embauche au sein d’une entreprise », raconte-t-il dans Témoignages de travailleurs aveugles de Philippe Chazal (Le Cherche Midi, 306 p., 17 €).
Le seul triumvirat qui soutient le parcours professionnel des personnes en situation de handicap se résume en trois points : système D, parcours du combattant et solidarité des collègues.
Laura Buratti et Anne Rodier


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