Un coup à faire les coqs : la France peut s’enorgueillir d’avoir enregistré la naissance de 811 510 nouveau-nés en 2013. La performance est certes un peu moindre qu’en 2012 (-1,2%), mais, à en croire ce dernier relevé des berceaux publié par l’Insee, «le nombre de naissances reste néanmoins important.» Depuis 2005, comme un défi lancé au pessimisme ambiant, nous affichons une belle moyenne de 800 000 bébés par an. Un rythme plus soutenu que dans les années 90, même si les records du baby-boom (environ 850 000 naissances annuelles entre 1946 et 1974 pour la seule métropole) restent à battre.
Guerres. Voilà pour le tableau général. Nous les bons élèves de la natalité en Europe, continuons à procréer sans rechigner. Mais pas tout à fait comme avant. D’un point de vue sociologique s’entend.
Ainsi, parmi les bébés nés en 2013, 57% sont nés hors mariage. La tendance amorcée dans les années 70 progresse fortement. Auparavant, elle n’avait dépassé les 10% qu’à deux reprises, à des périodes marquées par les guerres : entre 1915 et 1919, puis en 1945.
Mais au fond qu’importent ces questions maritales, l’évolution la plus fondamentale concerne l’âge des mères : il continue de croître. Jusqu’où ? Là où les femmes accouchaient en moyenne à 26 ans au milieu des années 70, l’âge moyen des mères en 2013 atteint 30,3 ans. Dans le détail, parmi les bébés nés l’an passé, seulement 14% ont une mère de moins de 25 ans (l’année de leur naissance), tandis que près des deux tiers ont une mère âgée de 25 à 34 ans. Et 22% de 35 ans ou plus. Autrement formulé, c’est bien la part des femmes de 30 ans ou plus qui augmente depuis 1975, souligne la chercheuse Vanessa Bellamy.
Dans la catégorie au-dessus, les mères de 40 ans ou plus, qui représentaient seulement 1% des naissances dans les années 70, comptent désormais pour 5%. Et passé 45 ans ? La science a beau faire de plus en plus de merveilles dans les berceaux, seuls 0,3% des bébés nés en 2013 ont une mère qui a passé ce cap. Difficile à ce stade de parler de phénomène. Même si une ribambelle de people exposant fièrement leur tardive progéniture pourrait laisser penser l’inverse.
Dans un même élan, si l’âge de la mère monte, celui du père aussi. 71% des enfants nés l’an passé ont des pères d’au moins 30 ans et 16% de 40 ans ou plus. A l’arrivée, plus de la moitié des nouveau-nés ont des parents de plus de 30 ans, et 4% d’entre eux de plus de 40 ans. 
In vitro. A ce rythme, il faudra sans doute revoir un jour l’expression de «jeunes parents», systématiquement accolée à la joyeuse (forcément) naissance d’un nourrisson… En attendant, cette évolution a déjà des conséquences : un sursaut de jumeaux (ou plus). En 2013, un accouchement sur soixante a donné naissance à deux enfants ou plus. En dix ans, la proportion d’accouchements doubles, comme disent les statisticiens, est passée de 1,5% à 1,7%. Mais alors que le pourcentage de jumeaux reste stable chez les moins de 40 ans, il est passé de 1,8% à 2,4% pour celles de 40 à 44 ans, et de 2,8% à 5,7% pour les femmes de 45 ans ou plus. A cela une explication toute simple : plus les femmes sont âgées, plus elles ont recours à l’assistance médicale à la procréation (stimulations ovariennes ou fécondations in vitro) : autant de techniques qui provoquent plus fréquemment des naissances multiples.