DÉCRYPTAGE
Le ministre de l’Education, Benoît Hamon, veut réformer la notation à la française qui casse plutôt qu’elle n’encourage les élèves. Il a lancé lundi une conférence nationale sur l’évaluation qui devrait déboucher en décembre sur des propositions pour une nouvelle politique.

POUR UNE ÉVALUATION «BIENVEILLANTE»

«Le but n’est pas de faire disparaître les notes purement et simplement,il est évident que l’on pourra toujours continuer à noter, a expliqué le ministre, mais à quoi servent-elles si elles ne disent rien des progrès à accomplir et très peu des progrès déjà réalisés ?» Il a pris l’exemple d’un élève qui a 0 à une dictée. Il progresse ensuite en grammaire mais il reste toujours aussi faible en vocabulaire, et il se ramasse encore 0 à la dictée suivante. «N’est-ce pas décourageant et vain ?» s’est en substance interrogé le ministre, qui défend «les notes à bon escient».

Benoît Hamon a par ailleurs répondu aux critiques, souvent venues de la droite, dénonçant le laxisme derrière sa réforme. «Une évaluation bienveillante ne veut pas dire lâcher sur le niveau et sur l’exigence», a-t-il assuré. Puis il a souligné le côté injuste de la notation, qui avantage les élèves les plus favorisés, au fait des codes scolaires, au détriment des plus modestes.

ECOUTER «LES USAGERS» PLUTÔT QUE LES EXPERTS

Sur un sujet qui passionne un grand nombre de Français - parents, profs, élèves… -, le ministre «fait le pari du consensus». Pour cette raison, il a imaginé une conférence, loin du «débat d’experts», ouverte aux «usagers» et à la société civile. Un jury de 30 personnes, présidé par le chercheur Etienne Klein, chroniqueur sur France Culture, lui fera des recommandations après deux jours de débats publics - Hamon a cité en exemple le jury du prix Inter. Le problème est qu’avec cette méthode il court-circuite deux conseils d’experts créés par son prédécesseur Vincent Peillon - celui des Programmes et celui de l’Evaluation.

OÙ L’ON NE PARLE PLUS DES RYTHMES

L’ambiance autour de l’école est «trop nerveuse», d’après le ministre qui«ne veut pas ouvrir un nouveau champ de bataille». L’avantage en lançant le chantier de la notation, marronnier du débat scolaire, est que l’on ne parle plus des rythmes. Un bref répit ? Benoît Hamon est attendu début juillet sur les ABCD de l’égalité (filles-garçons), ce dispositif devenu la bête noire des militants anti-genre. Il devrait annoncer son abandon, tout en affirmant qu’il ne recule pas et que l’école transmettra la culture de l’égalité, sous une autre forme.