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mardi 13 mai 2014

Les personnes âgées prêtes à la solitude pour être autonomes

LE MONDE | Par 
Sur la Croistte à Cannes le 12 mai. Une enquête Viavoice pour "Le Monde" révèle que plus de 88 % des plus de 70 ans se disent "heureux".
Il est possible de vivre après 70 ans comme on l'a fait avant, et même mieux. Tel est le sentiment dominant des personnes âgées, selon les nouveaux résultats de l'Observatoire de l'âge, une enquête annuelle effectuée par l'institut de sondage Viavoice, pour le groupe Harmonie mutuelle et Le Monde, publiée mardi 13 mai.
La deuxième vague de cette étude menée auprès de 1 176 personnes de plus de 70 ans fait apparaître un fort désir d'autonomie et un besoin de se réaliser personnellement bien au-delà de l'âge de la retraite. Loin des clichés souvent associés à l'âge, l'enquête démontre un ressenti positif du vieillissement, vécu comme une opportunité – pourvu que la santé et les moyens financiers suivent.
Une nouvelle fois, les personnes âgées de plus de 70 ans se déclarent heureuses à 88 % (le taux chute à 78 % quand les revenus du foyer sont inférieurs à 1 000 euros mensuels). Un score élevé conforme au sentiment du reste de la population. Contrairement aux idées reçues, près de 90 % se sentent « bien entourées ». Autre source d'étonnement, la solitude, souvent perçue comme un fléau, n'est pas forcément négative. Une courte majorité (51 %) des personnes qui ne s'estiment pas bien entourées dit « apprécier cette solitude ».

Pour les sondés, la solitude, c'est aussi « la possibilité de s'organiser comme on veut, avec ses horaires », et « ne pas subir les contraintes des autres ». L'inconvénient majeur est d'abord de « risquer d'avoir un accident sans pouvoir être aidé »« Moins voir ses proches » ne vient qu'en deuxième position (22 % contre 39 %).
« PAS DE NOSTALGIE DE LA GRANDE FAMILLE TRADITIONNELLE »
En outre, 93 % des personnes âgées s'estiment bien intégrées dans la société, mais elles ont le sentiment d'en faire plus pour les jeunes que l'inverse (71 % considèrent que les plus vieux aident les plus jeunes, contre 45 % pour la proposition inverse). Le désir d'entretenir des relations avec les générations plus récentes n'est cependant pas universel : 55 % des personnes qui vivent chez elles souhaiteraient en avoir davantage, contre 43 % qui ne le souhaitent pas (ou les estiment suffisantes…). Les pensionnaires d'établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), dont les réponses ont été isolées, n'en souhaitent pas davantage… à 71 %.
« Il n'y a pas de nostalgie de la grande famille traditionnelle avec des liens intergénérationnels très forts, décrypte François Miquet-Marty, le président de Viavoice. Les personnes âgées aspirent à être autonomes et libres. C'est une période où l'on peut être plus indépendant que lorsqu'on a un travail et des enfants. » Une attente d'autant plus forte que les baby-boomers, plus individualistes que leurs aînés, atteignent cet âge. Logiquement, l'aspiration à vivre le plus longtemps chez soi, même seul, est écrasante (93 %), contre 6 % qui estiment que l'idéal en vieillissant est de vivre en résidence collective.
Les clichés sur la vie en maison de retraite ne sont pas vérifiés dans l'enquête. Les 164 résidents en Ehpad interrogés se disent heureux, quoique dans une proportion moindre que ceux qui vivent chez eux (77 %). Même si des faits divers rappellent régulièrement l'existence de maltraitance, 93 % se disent « bien entourés »« Au départ, c'était la seule solution pour moi, maintenant c'est un soulagement », estime un résident cité par Viavoice.
Ils ont la même vision des avantages de la solitude que le reste de leur tranche d'âge, mais redoutent davantage de moins voir leurs proches et d'être oubliés. Le sentiment qu'on se préoccupe bien des personnes âgées en France y est plus fort (85 % contre 68 %).
« Changer les représentations des maisons de retraite serait une bonne chose, juge la secrétaire d'Etat chargée des personnes âgées, Laurence Rossignol. Si l'intimité est protégée, ce n'est pas un renoncement, on y retrouve du lien social alors que le maintien à domicile le plus longtemps possible peut être compliqué dans la dernière phase. »
L'enquête met au jour un certain nombre de demandes. « Des transports en commun pour aller où je veux », « une vie culturelle plus proche », « plus de commerces : on habite dans un village où il n'y a rien », « plus de présence, quelqu'un qui passe de temps en temps », « des infirmières dans ma commune », « avoir un ascenseur dans mon immeuble », ont relevé les enquêteurs. Pour la petite minorité qui se sent mal intégrée à la société, l'accès aux services publics est problématique. « Quand on part à la mairie, on nous dit qu'on doit les contacter par le Web et tout le monde n'a pas le Web », dit un sondé. « Je n'ai pas Internet ni beaucoup de moyens pour rencontrer des gens », estime un autre.
LUTTER CONTRE LA SURCONSOMMATION DE MÉDICAMENTS
Fait étonnant, car il est rarement évoqué : l'attente concernant un meilleur accès à des activités culturelles ou de loisirs est très forte. Elle arrive en deuxième position chez les personnes vivant chez elles, après l'accès aux services de santé, et en premier pour celles qui vivent en Ehpad. Les services en ligne, de plus en plus développés, sont eux jugés peu utiles. Les personnes âgées souhaiteraient également avoir davantage accès à des conférences ou des services de prévention (ateliers, groupes de parole)…
Ceux-ci sont cruciaux pour favoriser un vieillissement en bonne santé. « On vit de plus en plus vieux, mais l'espérance de vie sans incapacité, soit sans problème de santé qui vienne altérer la vie quotidienne, stagne à 63,5 ans pour les femmes et 61,9 ans pour les hommes », relève Stéphane Junique, secrétaire général du groupe Harmonie mutuelle. Améliorer la santé au travail, lutter contre la surconsommation de médicaments et prévenir les chutes, qui sont souvent une porte d'entrée dans la dépendance, sont, selon M. Junique, des impératifs. Les deux derniers doivent figurer dans le projet de loi d'adaptation au vieillissement.
Est-ce l'effet du discours positif sur l'âge martelé par l'ex-ministre chargée de l'autonomie Michèle Delaunay ? Le sentiment que l'on se préoccupe des personnes âgées en France progresse (68 % contre 61 % en 2013). « On sort de l'approche où le vieillissement est vu seulement sous l'angle de la charge financière », affirme M. Junique.

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