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lundi 19 mai 2014

Entretien réalisé en août 2012. Le Psychiatre et psychanalyste Jean Oury, père de la « psychiatrie institutionnelle » et fondateur de la clinique de La Borde en 1953, est décédé le 16 mai à son domicile de Cour-Cheverny.

La Croix : En 1953, vous avez créé « La Borde », une clinique psychiatrique où la singularité du malade est au cœur du soin. Qu’est-ce qui a provoqué votre engagement ?
Jean Oury : Je ne peux pas dire que j’ai décidé qu’il y ait La Borde. C’est arrivé par une série de rencontres. En 1947, après mon internat, je me suis retrouvé à l’hôpital de Saint-Alban, en Lozère. Cet hôpital avait connu une profonde transformation sous l’influence du psychiatre François Tosquelles, réfugié catalan. Pour soigner les malades, Tosquelles pensait qu’il fallait d’abord soigner l’hôpital. Sans cela, le milieu hospitalier lui-même devient nocif.
Qu’est-ce que cela implique pour un hôpital comme La Borde ?
J. O. : Soigner l’hôpital, cela veut dire soigner les relations et, d’abord, soigner l’accueil. Quand les gens arrivent dans un état catastrophique, la façon dont on va les accueillir modifie beaucoup de choses. Il faut aussi s’intéresser à la vie quotidienne : le lever, les repas, les activités… Les schizophrènes sont dans un état très limite, très dissocié comme on dit. Ce n’est pas dans un bureau que le contact peut s’établir avec eux, mais de biais, en passant… Soigner l’hôpital, c’est organiser les choses pour éviter l’impassible, la monotonie. Le « club » est pour cela un instrument essentiel. C’est une structure collective, gérée par les pensionnaires, qui organise les sorties, les activités, les services.

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