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jeudi 8 mai 2014

Des centaines de mutations trouvées dans le sang d’une supercentenaire

25/04/2014


Henny van Andel lors de son 113e anniversaire. - Crédit photo : Houghi (licence GNU)
En analysant le sang d’une super centenaire âgée de 115 ans, des chercheurs ont détecté plus de 400 mutations somatiques acquises dans les cellules sanguines au fil des ans sans causer de maladies. L’étude, publiée en ligne dans « Genome Research », aide à mieux comprendre le vieillissement et les limites de la longévité.

Une prématurée devenue doyenne de l’humanité

Née en 1890, prématurée chez qui de nombreux doutes sont émis quantà ses possibilités de survie, Hendrikje van Andel-Schipper est finalement devenue la doyenne de l’humanité peu avant son décès en 2005 à l’âge de 115 ans. Cette Hollandaise qui a conservé toute sa tête jusqu’à la fin, avait donné son corps à la science avec l’autorisation de publier les résultats scientifiques en dévoilant son identité.

L’autopsie n’avait montré aucun signe de maladie d’Alzheimer ni de maladie cardio-vasculaire mais avait révélé un cancer gastrique.
Cette fois les chercheurs ont cherché à déterminer si, avec l’âge, des mutations s’accumulent dans les cellules normales. Notre sang est continuellement repeuplé en cellules par les 10 000 à 20 000 cellules souches hématopoïétiques (CSH) situées dans la moelle osseuse qui s’autorenouvellent (une fois tous les 6 à 12 mois) et se différencient dans les différentes lignées sanguines. Au cours des divisions, ces cellules sont susceptibles d’acquérir des mutations somatiques. Des centaines de mutations ont été détectées dans le sang des patients leucémiques.
En recourant au séquençage génomique complet, Holstege et coll. ont détecté environ 450 mutations au niveau des cellules sanguines de cette femme de 115 ans. Ces mutations somatiques qui n’ont pas été observées au niveau cérébral ni dans les autres organes, résident dans des régions non-codantes du génome et n’ont jamais été associées à une maladie. Elles ne semblent pas conférer un avantage de croissance aux cellules. Selon les auteurs de l’étude, cette découverte suggère que des mutations somatiques sont habituellement acquises dans les CSH durant le vieillissement normal, et la majorité ne sont pas nuisibles à la santé.

Épuisement des cellules souches

En examinant la fraction des globules blancs porteurs de mutations, les chercheurs ont fait une découverte majeure expliquent les limites de la longévité. « À notre grande surprise, nous avons découvert que, au moment de son décès, le sang périphérique n’était produit que par deux cellules souches actives apparentées – par contraste aux 1 300 cellules souches simultanément actives », explique le Dr Henne Holstege(Centre universitaire médical d’Amsterdam) qui a dirigé ce travail.
De plus, les globules blancs sanguins avaient des télomères – les extrémités protectrices des chromosomes qui se raccourcissent à chaque division cellulaire – 17 fois plus courts que les télomères des cellules cérébrales ou d’autres tissus.
« Puisque ces cellules sanguines avaient des télomères extrêmement courts, nous pensons que la majorité des CSH sont mortes du fait d’un "épuisement des cellules souches", lorsque la limite maximale des divisions des cellules souches a été atteinte », poursuit le Dr Holstege.
L’épuisement des cellules souches pourrait-il ainsi jouer un rôle dans la longévité humaine ? « Pour s’en assurer, il faudra étudier de manière similaire d’autres personnes extrêmement âgées comme Mme Van Andel-Schipper afin d’obtenir des preuves supplémentaires », confie au « Quotidien » le Dr Holstege.
Dr Véronique Nguyen
Genome Research, 23 avril 2014, Holstege et coll.

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