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mercredi 5 mars 2014

Les Etats européens inégaux en matière de violences envers les femmes

Le Monde.fr 
Le taux de femmes agressées ou harcelées est plus élevé dans les pays nordiques que dans le reste de l'Europe. C'est ce que révèle une vaste enquête conduite par l'Union européenne, et dévoilée mercredi 5 mars.
C'est, à ce jour, la plus grosse enquête au monde sur les violences envers les femmes. L'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne (organisation basée à Vienne, chargée de collecter des données et de publier des rapports et des recommandations concernant les droits énumérés par la Charte des droits fondamentaux de l'UE) a interrogé 42 000 femmes, dans les 28 Etats de l'Union européenne. Elle a relevé tous les cas de violences ou de harcèlement.

Si les résultats sont plutôt alarmants – 33% des femmes sondées ont été victimes de violence physique ou sexuelle depuis l'âge de 15 ans –, ils surprennent par l'ampleur des différences entre pays. Ainsi, au Danemark, 52% des femmes disent avoir subi des violences, contre 19% en Pologne et 22% à Chypre. De même, 68% des femmes vivant en Angleterre ont été victimes de harcèlement sexuel, contre 32% au Portugal et 35% en Autriche.

Les femmes sont moins en sécurité dans les pays nordiques, pourtant réputés progressistes et égalitaires. Au Danemark, en Finlande et en Suède, ce sont respectivement 52%, 47% et 46% des femmes qui disent avoir subi des violences, bien plus qu'en Grèce (25%) ou à Malte (22%). Plus de trois quart des sondées vivant au Danemark, en France ou en Suède été harcelées, alors que cela concerne moins du tiers de celles résidant en Bulgarie ou en Roumanie.
TAUX DE HARCÈLEMENT PLUS ÉLEVÉ DANS LES PAYS ÉGALITAIRES
L'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne (FRA) souligne que ces résultats sont relativement proches des sondages effectuées par les différents Etats membres. « Par exemple, une étude danoise indiquait que 50% des sondées avait été agressées ou menacées, et notre enquête indique 52% d'agressions », explique Joanna Goodey, directrice du département « Justice et liberté » de la FRA et co-auteure de l'enquête.
La chercheuse propose plusieurs explications à ces chiffres. Premièrement, il est possible que, dans des pays peu égalitaires, les femmes interrogées passent sous silence certaines violences subies :« Nous sommes conscients du fait que certaines femmes n'ont pas peut-être pas tout dit à l'enquêteur. Dans les pays les plus progressistes, il est plus facile de parler de ces choses-là. » Selon elle, il est aussi normal que le taux de harcèlement soit plus élevé dans les pays égalitaires : « Une femme qui occupe un poste habituellement dévolu aux hommes est plus exposée aux risques qu'une femme qui n'a pas d'emploi et reste au foyer », insiste-t-elle.
Enfin, le rapport souligne la nécessité d'analyser ces résultats au regard des contextes nationaux. Cela implique de prendre en compte d'autres facteurs, comme le taux d'urbanisation. Ce dernier est en effet généralement corrélé au taux de criminalité. « Mais c'est aux Etats membres de faire ce travail », continue Joanna Goodey. Elle ne se dit, d'ailleurs, pas fâchée de l'aspect surprenant de ces résultats : « Cela va forcer ces États à se dire “tout n'est pas parfait”, et à se remettre en question. »

Jean Comte

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