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mardi 7 janvier 2014

Du prix de la santé au prix de la vie

LE MONDE Par 

En matière de santé, les coûts sont en hausse constante du fait de l’allongement de la durée de vie et de la sophistication des nouveaux médicaments.
En matière de santé, les coûts sont en hausse constante du fait de l’allongement de la durée de vie et de la sophistication des nouveaux médicaments. | AFP/JOEL SAGET

Quel est le prix de la vie ? 35 000 euros. C’est du moins l’estimation de l’Institut national de la santé britannique, correspondant au prix d’un traitement permettant de gagner une année de vie supplémentaire. Au-dessous, l’organisme autorise, au-dessus, cela se négocie.
En mettant les pieds dans le plat au sujet du prix des médicaments, les autorités du Royaume-Uni ont soulevé et répondu à l’une des questions majeures de ce début de siècle. On pourrait d’ailleurs la formuler en termes proches en ce qui concerne la sécurité, l’éducation ou la culture. Car si tout n’a pas forcément de prix, tout a un coût.

Et si un Etat moderne veut que l’ensemble de ses concitoyens bénéficient d’une même qualité de soin, comme d’éducation ou de sécurité, il doit savoir compter.
D’abord, parce que ses moyens ne sont pas illimités. Ensuite, en matière de santé, les coûts sont en hausse constante du fait de l’allongement de la durée de vie et de la sophistication des nouveaux médicaments. Le cancer, sur lequel la recherche est le plus active, n’est pas une maladie mais des centaines, répondant à des médicaments de plus en plus individualisés et dont les coûts de traitement dépassent désormais plusieurs dizaines de milliers d’euros par patient.
RENTES INDUES
Aussi, si l’on veut progresser vers une vie en meilleure santé, il faut combiner les efforts de l’Etat et des entreprises privées. D’ailleurs, le pays qui consacre, de loin, le plus d’argent public à la recherche médicale, les Etats-Unis, est aussi celui où la recherche privée est le plus développée. Pour cela, il faut donc que les entreprises fassent des profits et soient en concurrence pour continuer à innover. Il est donc normal que les médicaments soient vendus à un prix qui rémunère l’innovation.
Cela ne signifie pas que l’Etat est inactif. Il est aux deux bouts de la chaîne, en amont, dans la recherche fondamentale, bien public dont il doit garder la maîtrise, et, en aval, car il est le premier client des laboratoires pharmaceutiques par le biais du remboursement des médicaments. C’est ce qu’il fait en autorisant la mise sur le marché des traitements et en fixant le prix. Il doit combattre les rentes indues, réalisées sur des médicaments ancestraux ou d’efficacité douteuse, et les comportements commerciaux troubles. Mais aussi éviter de mélanger les genres, par exemple en négociant un prix contre des emplois.

Ce pas de deux entre régulation publique et initiative privée est au cœur de la problématique capitaliste moderne, et de toute politique. Le président Barack Obama a été élu sur la promesse de réforme d’un système de santé aussi coûteux qu’inégalitaire (mais très efficace en matière de recherche et de politique industrielle), et son rejet actuel est dû à son demi-échec sur ce terrain. Car le plus difficile aujourd’hui, comme on le voit aussi bien en Amérique qu’en France, est de maintenir le fil d’un système de plus en plus fragile qui doit continuer à bénéficier à tous, alors que l’Etat a de moins en moins les moyens de ses ambitions.

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