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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

samedi 28 décembre 2013

Les élites débordées par le numérique

Le Monde 




| ELZO DURT

Septembre 2013. Un bijoutier niçois tue son agresseur et reçoit, en cinq jours, plus d’un million de soutiens sur Facebook. Massif, ce mouvement numérique a laissé l’appareil d’Etat « comme une poule avec un couteau », avoue aujourd’hui un membre d’un cabinet ministériel. « Devant ces nouveaux usages en ligne,ajoute-t-il, nous avons du mal à formuler des réponses. »
Qu’il y ait eu ou non manipulation des chiffres, cette mobilisation hors norme est intéressante, quand on sait qu’un rassemblement en soutien au bijoutier, organisé à Nice le 16 septembre, n’a pas réuni plus de 1 000 personnes. « On a toujours relié manifestation physique et soutien affectif, observe le PDG d’Ipsos, Jean-Marc Lech. Or le numérique entraîne une révolution de l’appréhension sociologique. » Surtout, ce mouvement sociétal d’un nouveau type révèle que, dans leur grande majorité, les élites tombent de l’armoire numérique et ne soupçonnent pas la lame de fond sociétale qui se forme. L’« homo numericus » avance à toute vitesse. Bien plus vite que les gouvernants, institutions et intellectuels, souvent dépassés.

vendredi 27 décembre 2013

«On assiste à une forte dérive de la psychiatrie»



Denys Robiliard poursuit son chemin. Dans une relative solitude, ce député socialiste du Loir-et-Cher a porté pendant un an une «mission d’information sur la santé mentale et l’avenir de la psychiatrie». Il l’a fait, sans œillère, recevant tous les acteurs de cet univers fragmenté. En mai, dans un prérapport, il avait pointé une «hausse énorme» du nombre d’hospitalisations en psychiatrie sans le consentement de la personne : plus de 50% en cinq ans. Etat des lieux, à l’occasion de la fin de sa mission, d’une psychiatrie publique en panne d’avenir.

Ces dernières années, il y a eu beaucoup de rapports sur la psychiatrie qui préconisaient souvent des recommandations similaires. Mais ils n’ont pas été suivis d’effet…
Aucune des recommandations n’a en effet été mise en œuvre. Peut-être que cela pointe une force d’inertie du côté des soignants en psychiatrie, une sorte de résistance au changement.
Quel est votre diagnostic ?

Un rapport et des chiffres à donner le cafard



Le monde de la psychiatrie déteste les chiffres, considérant que les patients ne peuvent être réduits à un numéro. Dans le rapport de la mission parlementaire, des chiffres, il y en a pourtant en pagaille. Et rien que de les énoncer, cela donne une image cruelle de la situation.

Jean Starobinski: «La mélancolie peut être généreuse»

© Manuel Braun pour PM
Alors qu’il n’a cessé d’explorer dans les pas de Rousseau et de Baudelaire l’aspiration à une vie recommencée, à un autre monde, cet esprit enjoué, féru d’opéra et de spectacles, voit dans les masques la voie la plus courte vers l’authenticité.

SUICIDE MÉDICALEMENT ASSISTÉ : L’IFOP EST POUR

 

Un projet de loi autorisant le suicide médicalement assisté devrait voir le jour en 2014. Un institut de sondage y aura contribué via une «conférence de citoyens» controversée qui. Le président du Comité d’éthique anticipe-t-il le souhait de François Hollande ?

La Renaissance du sujet et l’Intelligence du rêve

Michele di Ridolfo del Ghirlandaio, d’après Michel-Ange, Allégorie de la Nuit, vers 1553-1555. Huile sur bois, 135 x 196 cm. Rome, Galleria Colonna. © Galleria Colonna, Rome
« La Renaissance et le rêve » : le titre de l’exposition est une promesse. Présentée au Musée du Luxembourg jusqu’au 26 janvier 2014, cette excursion dans la nuit de l’homme, dans sa renaissance et son éveil, explore les nouvelles perspectives nées de la révolution humaniste. Anne Dufourmantelle, philosophe et psychanalyste, auteur de l’“Intelligence du rêve” et de “Puissance de la douceur”, dévoile l’élargissement intellectuel, artistique et psychique dont témoigne ce renouveau dans la représentation du rêve. Où l’on découvre que la Renaissance fraie la voie royale de l’interprétation, en transgressant les frontières de l’art : un rappel heureux de la puissance de l’imaginaire et de l’intelligence du rêve.

«Un médiéviste est bien armé pour comprendre Internet»

INTERVIEW
Sienne 1338, le pouvoir sophistiqué des cités-républiques médiévales s’essouffle et celui des seigneuries revient sourdement. Sur les murs du Palazzo Pubblico de la puissante commune toscane, le peintre Ambrogio Lorenzetti peint des allégories sur le Bon et le Mauvais Gouvernement. Il commet un acte à la fois artistique et politique. Dans un essai magnifiquement illustré, Conjurer la peur, Patrick Boucheron, médiéviste, dévoile page après page les détails de la fresque de Lorenzetti. Tout le talent de l’historien consiste à faire résonner notre présent dans cette œuvre du passé.
Pourquoi Sienne ? Vous la décrivez comme capitale de l’art politique ou capitale de la politisation de l’art…
L’Italie médiévale est le plus urbanisé des pays d’Europe. Sienne n’est pas aussi importante que Florence ou Milan, mais à l’époque, avec ses 40 000 habitants, c’est avec une capitale européenne comme Paris ou Londres qu’il faut la comparer. L’ambition culturelle de la cité toscane est encore très sensible à qui la visite aujourd’hui. La ville semble figée dans une grandeur artistique un peu décalée par rapport à sa prospérité économique, comme si l’une compensait l’autre. Au moment où débute ce récit, on assiste à l’explosion d’une énergie culturelle, dans un contexte d’affaissement économique, la splendeur bancaire appartenant déjà au passé. Cette révolution symbolique est la traduction d’une urgence politique. Ce surinvestissement fiévreux dans l’art, et dans une intense communication politique, conjure la menace qui pèse sur le régime communal. Sienne est alors l’une des dernières cités-républiques d’Italie à tenir bon sur ses principes civiques avec un système politique très élaboré : rotation des charges, élections, décisions collégiales…

Des bébés délaissés pleins de ressources pour tisser des liens

26 DÉCEMBRE 2013
Mélanie a cinq jours et elle n’ouvre plus les yeux. Poupée de chiffon, elle laisse ses pieds et ses bras ballants lorsqu’on la soulève, ne se blottit pas, s’endort en plein biberon. A sa naissance, pourtant, Mélanie était un bébé tonique, yeux grands ouverts. Que s’est-il passé ? On cherchera en vain une maladie. Mélanie, bébé délaissé, souffre d’une absence de liens. Et la compréhension des causes de son atonie, tout comme le récit joyeux de son retour à la vie, forment l’un des chapitres les plus émouvants et instructifs du livre du pédopsychiatre Daniel Rousseau, le Pouvoir des bébés.

jeudi 26 décembre 2013

Handicap et international



Installée depuis quatre ans dans une pépinière d’entreprises face au canal Saint-Martin, à Paris, Yoola fait voyager les handicapés. Une idée évidente à laquelle personne n’avait pensé avant que son jeune fondateur, Malik Badsi, n’innove en abordant le créneau du handicap comme un marché… éthique. Avec 65 voyageurs en 2010 et 800 deux ans plus tard, Yoola a connu un élan remarquable, dû en partie à la détermination de son créateur.
Pour parvenir à ses fins, ce dernier s’est posé dès 2007 les bonnes questions. Quels obstacles concrets s’opposent au voyage des personnes à mobilité réduite ? Quels moyens techniques et humains doit-on mettre en œuvre pour ouvrir l’aventure à tous ? La solution qu’il offre aujourd’hui lui a valu le prix Talents des cités en 2012 et le grand prix de l’Innovation de la Ville de Paris en 2013.

Le présent n’a que 150 ans

Il y a ceux qui décollent soigneusement le papier. Ceux qui déchirent sauvagement l’emballage. Ceux qui secouent le paquet. Qu’on le place sous le sapin, dans l’assiette ou les souliers, qu’on l’achète à la dernière minute ou le planque pendant des mois, le cadeau de Noël, c’est tout un rituel. Un cérémonial familial tellement rodé qu’on le penserait ancré depuis des milliers d’années. Or, il date tout juste du XIXe siècle. Pire, toute cette tradition a été inventée. De quoi choper les boules ? Dans le Cadeau de Noël, histoire d’une invention (1), la sociologue Martyne Perrot conte à grands renforts de légendes, gravures, affiches des grands magasins l’émergence progressive de cette tradition qui touche toutes les sociétés occidentales. Si les «box» ont remplacé l’orange ou le ramasse-miettes (très en vogue au XIXe), le cadeau de Noël reste synonyme de fête. Déballage en cinq lettres.

Emmanuelle Guattari. Une saine enfance

ERIC FAVEREAU

Manou, fille de Félix Guattari… il y a pire comme filiation. Emmanuelle, dite «Manou», est la fille de ce magnifique philosophe, au sourire chaleureux, qui longtemps a codirigé, avec Jean Oury, ce lieu unique qu’a été - et qui reste - la clinique de La Borde, près de Blois (Loir-et-Cher).
Cet automne, Emmanuelle Guattari a publié deux petits livres autour de ce lieu mythique, dont la Petite Borde. L’air de rien, avec des mots ciselés, dans les petites histoires qu’elle raconte, transparaît le miracle de cet endroit qui voyait vivre ensemble des grands fous, des soignants, mais aussi leurs familles.

mercredi 25 décembre 2013

Mieux former les professionnels

BELGIQUE 02 octobre 2013
Parce que l’information aux femmes allaitantes passe essentiellement par les professionnels de la santé, le Comité fédéral de l’allaitement maternel (CFAM) fera prochainement des propositions aux différents pouvoirs de tutelle pour que l’allaitement maternel soit mieux intégré dans les formations du personnel médical (médecins généralistes, personnel infirmier, pharmaciens,…).
«Après 40 ans de culture du biberon massive, il est temps de réintroduire au niveau des cursus la nutrition au sens large, explique Laurence Doughan du CFAM. Des progrès ont été faits comme les hôpitaux Amis des bébés qui encouragent l’allaitement. Il reste un important travail d’information à faire car aujourd’hui les mamans quittent la maternité de plus en plus tôt, parfois même avant que la montée de lait n’ait eu lieu.»
Les sages-femmes qui ont suivi une formation de consultante en lactation font un travail remarquable mais cela n’est pas suffisant. Même si de plus en plus de médecins et d’infirmier(e)s se montrent intéressés par une formation sur l’allaitement. «Il reste encore pas mal de fausses idées qui compromettent l’allaitement comme ces dentistes qui affirment à leurs patientes que l’anesthésique qu’ils utilisent est incompatible avec l’allaitement.»
Ca.D.

Socio n°2 - Révolutions, indignations, contestations

Auteur :
 
Pénélope Larzillière, Boris Petric , Michel WieviorkaManuel CastellsHervé Le Bras

En librairie le 16 décembre 2013

Abonnez-vous à la revue Socio avant le 31 décembre et recevez gratuitement le n°1, Penser global.

Révolutions de couleur dans l'espace postsoviétique, révolutions de fleurs dans le monde arabe, mouvements des indignés en Europe, plusieurs ordres politiques ont été bouleversés par des mobilisations collectives aux modes d'organisations inédits. Au-delà de la singularité de ces différents événements politiques, Socio souhaite lancer un débat sur l'analyse de ces mouvements et leur comparaison. Relèvent-ils d’une rupture historique commune ?
Ces mouvements ont été caractérisés par des formes de mobilisation qui refuseraient hiérarchie et leader. Ils mettraient en avant une nouvelle horizontalité et fonderaient leur cohésion sur des modes d’action plutôt que sur le partage d’une idéologie commune. Les figures de l’intellectuel et les organisations classiques (syndicats, partis politiques) seraient marginalisées au profit de mobilisations spontanées émanant d’une « société civile » naturalisée et dépolitisée. Est-ce là que se situe le renouveau et les passerelles entre les mouvements ? Il semble nécessaire d’interroger et de mettre en perspective ces aspects.

Le défi diagnostique des formes précoces

À la veille de la Journée mondiale qui lui est consacrée, la démence d’Alzheimer touche en France, 8 000 patients de moins de soixante ans. Ces formes précoces, à l’impact social majeur, sont pénalisées par un diagnostic tardif.

Rares et déconcertantes, les formes précoces de la maladie d’Alzheimer pêchent par leur retard diagnostique. Ils sont 8 000 Français âgés de moins de 60 ans à souffrir de formes précoces de la maladie d’Alzheimer.

Un implant crânien révolutionnaire réduit de 38% les risques de crises d’épilepsie

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Corentin Vilsalmon, le 
Pour lutter contre l’épilepsie, l’administration américaine a autorisé la mise sur le marché d’un tout nouvel implant crânien. Cet objet révolutionnaire permettra de réduire de 38%  les risques de crises chez les personnes épileptiques sur lesquelles les médicaments n’ont aucun effet.
La Food and Drugs Administration (FDA) américaine a récemmentapprouvé la mise en vente prochaine d’un implant cérébral pour aider les patients atteints d’épilepsie. Après la migraine, cette maladie est la deuxième affection neurologique la plus répandue. Le nombre de personnes atteintes de ce mal est estimé à 40 millions dans le monde, 7 personnes sur 1000 en France. Heureusement, il existe des médicaments relativement efficaces pour limiter l’impact des crises.

L'hôpital ne doit pas rater son entrée dans l'ère numérique

Le Monde.fr Par 
Selon le rapport " Innovation 2030 " de la commission présidée par Anne Lauvergeon, la médecine personnalisée a été identifiée comme un des sept leviers de croissance. " La manière de se soigner en 2025 sera très différente de ce que nous connaissons. Ainsi, il est d'ores et déjà acquis que la médecine saura personnaliser son diagnostic en fonction des caractéristiques propres de chaque individu et notamment de son génome. Elle pourra adapter les modalités d'interventions médicamenteuses ou chirurgicales aux spécificités de chaque patient, diminuant ainsi le coût des soins à l'échelle d'une société. "
Son projet est complémentaire de celui d'Arnaud Montebourg.
La médecine personnalisée dont il est question ici, est en réalité une " médecine de précision " qui va nécessiter l'exploitation de données structurées d'un volume sans précédent dans l'histoire médicale.
L'infrastructure du " Big Data " est désormais indispensable pour réaliser les profilages génétiques et faire évoluer les registres traditionnels afin de rechercher systématiquement des corrélations entre le patrimoine génétique (le génotype) et l'expression de certaines maladies à commencer par le cancer (le phénotype).

Des militants d'Occupy Wall Street rachètent des dettes de santé des Américains

Le Monde.fr | 

Des militants d'Anonymous, d'Occupy Wall Street et d'autres collectifs lors d'une manifestation à Washington.
Des militants d'Anonymous, d'Occupy Wall Street et d'autres collectifs lors d'une manifestation à Washington. | AFP/CHIP SOMODEVILLA

Un groupe de militants du mouvement Occupy Wall Street a racheté, puis effacé, quelque 15 millions de dollars de dettes contractées par des ménages américains auprès des hôpitaux au cours de l'année écoulée.
L'opération, lancée le 15 novembre 2012 sous le nom de "Rolling Jubilee", a ainsi profité à plus de 2 600 individus endettés par des traitements médicaux. Des soins qui, pour le collectif, devraient être assurés gratuitement.
Pour racheter ces 14,7 millions de dollars de dettes, Occupy Wall Street n'aura déboursé que 400 000 dollars de dons récoltés sur le marché secondaire de la dette. Comme l'explique The Guardian, lorsqu'un ménage américain échoue systématiquement à rembourser certains prêts, l'institution financière peut réduire ses pertes en revendant ces prêts à un tiers.

Chemin faisant... Singularités des parcours et créations plurielles dans le champ de la psychiatrie de l’enfant et l’adolescent

ARECS Association de Recherche et d'Enseignement sur la Clinique dans son rapport au lien Social

Colloque Evry : les dates initialement prévues les 2 et 3 décembre 2013 sont reportées au 27 et 28 janvier 2014.


L’expérience de la clinique atteste qu’il n’est de propositions soignantes que sin- gulières, adaptées à chaque cas, inventées, élaborées avec chaque patient. La standar- disation des protocoles de soins est le plus souvent un raccourci trompeur. Toute la complexité de notre travail réside dans le cheminement qui nous mène de la demande sociale à la demande du sujet, et de cette dernière, à la construction d’un parcours de - dues possibles par le maillage institutionnel (CMP, groupes thérapeutiques, CATTP, CMPP, Hôpitaux de jours, UAFT...). 

Pour comprendre l’homme, rien ne vaut un robot !

Par  le 30/10/13


“L’un des plus grands mystères du monde qui nous entoure, c’est la manière dont les enfants grandissent, la manière dont ils apprennent à découvrir le monde, leur corps, les autres…”, estime le roboticien Pierre-Yves Oudeyer (@pyoudeyer), directeur de recherche à l’Inria et responsable de l’équipe Flowers, sur la scène de Lift France 2013. Or, le développement cognitif d’un enfant prend place à plusieurs échelles : à l’échelle des cellules, des organes (comme le cerveau), du corps et de son environnement physique, mais aussi au niveau de l’individu et de son environnement social ainsi qu’au niveau de toute une population. Et tout cela entretient des relations complexes. “Dans le génome, on ne trouve pas un plan pour construire un organisme. Les organismes qui ont le même génome ne donnent pas forcément lieu au même organisme. Nous reposons sur un système complexe. L’individu se construit en interaction avec son environnement, ce qui signifie qu’il faut une approche systémique pour le comprendre.”
oudeyerlift13fr

Image : Pierre-Yves Oudeyer sur la scène de Lift France à Marseille, photographié par la Fing.
L’observation et la verbalisation, qui sont les outils des sciences humaines et du vivant, sont-elles des outils suffisants pour comprendre cette complexité ? Pour Pierre-Yves Oudeyer, cela ne suffit pas. Nous avons besoin des mathématiques pour modéliser et faire des simulations que ce soit pour comprendre les galaxies, le climat ou la formation du vivant. Et si le développement cognitif d’un enfant est encore plus compliqué, alors nous avons aussi besoin de tenter de le simuler. Les simulations algorithmiques nous ont permis de comprendre les sociétés d’insectes. Et depuis une dizaine d’années, on utilise des robots pour tenter de comprendre le développement de l’enfant, parce que le corps et ses propriétés physiques jouent assurément un rôle fondamental dans le développement cognitif.
“On comprend mal pourquoi on marche avec deux jambes et nous sommes encore plus loin de comprendre comment les enfants l’apprennent”. Visiblement, marcher n’est pas calculer, souligne-t-il dans sa présentation (.pdf). La démarche peu naturelle des robots humanoïdes, comme Asimo, le robot humanoïde de Honda, le montre bien. Même si la manière de construire ces robots s’inspire du vivant, le résultat en est souvent très éloigné. “Des milliers de calculs à la seconde permettent certes de faire que ces robots se déplacent sur des jambes, mais cela ne permet pas qu’ils marchent d’une manière naturelle”. Pour trouver une manière plus naturelle de marcher, il faut se tourner vers les travaux de Tad McGeer, qui, il y a 20 ans, a construit une paire de jambes mécaniques sans moteur, en reproduisant la géométrie de la marche humaine (vidéo). “La structure totalement mécanique qu’il inventa génère une marche naturelle et stable et démontre que la marche s’auto-organise, c’est-à-dire qu’elle nait d’une interaction physique entre le corps et la gravité qui génère un ordre, un fonctionnement qui n’est pas programmé par les gènes.” Une expérience qui aurait été impossible à réaliser avec un animal… “Seul un robot a permis de comprendre la marche”, estime, enthousiaste Pierre-Yves Oudeyer.
L’une des caractéristiques de l’homme est qu’il sait apprendre par lui-même, rappelle Pierre-Yves Oudeyer. Les apprentissages de l’enfant se font progressivement et dans un ordre particulier… Il apprend d’abord à tenir sa tête droite, puis à avancer en rampant, puis à se tenir debout, puis à marcher sur ses jambes. Tous nos apprentissages ne sont pourtant pas préprogrammés dans notre génome… Mais pourquoi les enfants veulent-ils apprendre à marcher sur leurs jambes ? Bien sûr, l’environnement social est moteur, mais cela ne suffit pas. La curiosité a certainement un rôle. Beaucoup de travaux de psychologie se sont récemment intéressés à comprendre notre motivation à pratiquer quelque chose pour le pur plaisir de le pratiquer. Mais force est de reconnaître qu’on ne sait pas encore grand-chose de la curiosité en neurosciences, souligne le chercheur.

Désendeuiller le langage par la parole analytique

16 novembre 2013 


Résumé : André Green, psychiatre et psychanalyste mort en 2012, est une figure reconnue de la psychanalyse contemporaine.  Ce livre présente des entretiens entre lui et plusieurs analystes.

Certains des ouvrages d'André Green sont devenus des classiques de la littérature psychanalytique : Narcissisme de vie, narcissisme de mort (1983), La Folie privée (1990) ou Le travail du négatif (1993).Dialoguer avec André Green reprend, sous la forme dialoguée, les points théoriques qui ont fait l'intérêt de ces ouvrages de référence. La plus grande partie des questions posées à Green ont été formulées par Fernando Urribarri, qui apparaît ici comme un ami et un admirateur de Green. Les questions qu'il lui pose semblent issues d'une parfaite connaissance de son oeuvre, Green reconnaissant lui-même leur pertinence. 

TOUS LES HOMO SONT ERECTUS

Une de science Homo DmanisiUne de science Homo DmanisiUn choc de simplification. Ayrault et Hollande en ont rêvé. Une équipe de préhistoriens l’a fait. C’est annoncé ce matin par la revue Science, dans un article retentissant dont le premier auteur est David Lordkipanidze, du Muséum de Tbilissi en Géorgie. Soyons «parcimonieux», proclament les huit signataires (1).
Vidons dans la poubelle de la science tous lesHomo habilisHomo ergaster et autres Homo rudolfensis qui ont peuplé l’Afrique et Eurasie il y a 1 à 2 millions d’années selon les manuels en cours. Et ne conservons pour désigner tous ces êtres qu’un seul nom, celui d’Homo erectus, (ouhomme érigé qu'est-ce que vous allez imaginer), car ils ne formaient qu’une seule espèce.
Zut de zut ! Et comment inscrire son nom dans l’histoire des sciences vont se demander certains ? Si, désormais, on ne peut plus attacher son patronyme à la création d’une espèce nouvelle, décrite à l’aide de caractères censés la distinguer de ses voisines.
Cette simplification radicale est proposée les chercheurs, sur la base d’une analyse impitoyable de la variété de ces espèces… au regard de la seule variabilité observée dans un seul groupe, de cinq individus, tous dénichés dans une seule grotte, à Dmanisi, en Géorgie. Située à 90 km au sud-ouest de Tbilissi, elle a fait parler d’elle lorsqu’à partir de 1991 et surtout de 1999, on y a découvert des os fossiles d’Homo, datés d’il y a 1,8 million d’années. Des êtres dont les outils de pierre, trouvés par milliers, sont de simples galets percutés pour obtenir un tranchant, typiques de la culture oldowaïenne apparue en Afrique de l’Est.

Minium et mort-aux-rats, souffrir mille modes

Extravagances, les excentricités de la mode à travers les âges Barbara CoxCarolyn Sally JonesDavid Stafford,Caroline StaffordAriana Klepac



Marie Gunning, une belle et coquette Anglaise, mourut d’une septicémie à 27 ans. Suites de couches ? Suite de céruse et de minium, plutôt, substances dont les belles du XVIIIe siècle s’enduisaient la face pour avoir joli teint clair et joues roses. Résultat, l’épouse du comte de Coventry est morte cachée dans le noir, la peau surinfectée.
C’est l’une des histoires racontées dans Extravagances, les excentricités de la mode à travers les âges, un ouvrage collectif richement et bellement illustré, qui se promène en dix chapitres sur les n’importe quoi et les beautés de la mode : talons de 50 centimètres qu’on appelle des chopines ; macaronis, «une sorte d’animal ni mâle ni femelle, une chose du genre neutre, qui est apparue récemment parmi nous», écrit l’Oxford Magazine, en 1770, sur ces créatures éthérées portant d’énormes perruques ; manie des gants chez Napoléon, qui en possédait 240 paires ; faux sourcils en poils de souris ; winckel-pickers des mods des années 60 londoniennes ; ou version moderne de la poulaine, la crème dépilatoire à la mort-aux-rats ; coiffes à cornes du XVe siècle… La liste est longue et extrêmement réjouissante.

Ultimes contraintes pour un monde sans social ?

Les contraintes sont toujours censées venir d'ailleurs : des autres, d'Amérique du Nord, de l'industrie... Elles brutalisent les aidants et les aidés, les travailleurs sociaux et les « travaillés » par le social... Qu'en est-il du « sujet » qui perd sa souveraineté aujourd'hui, qu'il soit dans un Foyer, en prison, à l'école, à l'hôpital, au pôle Emploi, ou devenu une ombre silencieuse dans les rues ? Pris dans la tourmente d'une activité professionnelle dite « contrainte » par des réalités institutionnelles nouvelles, les acteurs d'aujourd'hui sont soumis à des injonctions paradoxales répétées : principe de précaution et obligation de prendre des risques par exemple. Les « demandes » évoluent, réponses rapides et résultats exigés. La technologie confondue avec la science incite à demander la maîtrise de la maladie, la mort, la sècheresse, les inondations, le chaud, le froid, l'angoisse... La rationalité des contraintes et des mesures rassure certains, tandis que d'autres défendent le « tout subjectif » sans mesure et sans compte-rendu. Le social est-il encore un travail ? Y a-t-il encore des travailleurs sociaux ? Ce numéro rassemblera témoignages et approches de ces réalités par ceux qui les vivent et ceux qui essayent de les penser.

La prise en charge médicale d'Alzheimer se heurte à un labyrinthe juridique

18/10/13

LE FAIT

Intervalles de lucidité et incapacité d'arbitrage, risques d'abus, responsabilité des soins... Devant le caractère évolutif de la pathologie Alzheimer, les malades, la famille, et le personnel soignant se confrontent rapidement à la complexité de la loi. Entre les différents outils destinés à la protection des patients et les nombreux obstacles juridiques, la loi se prend les pieds dans le tapis. Charlotte Robbe, avocate associée du cabinet BWG, fait le point.

L'ANALYSE

"La première phase de protection, lorsque tombe le diagnostic, c'est l'anticipation", lâche l'avocate. Pour lutter contre le risque d'inertie avant l'aggravation de la maladie, deux mécanismes juridiques existent : la procuration générale et le mandat de protection future (acte sous seing privé via formulaire Cerfa, ou acte notarié). "L'un comme l'autre pallient les carences futures du majeur, explique Charlotte Robbe. Ces outils lui permettent de concéder ses pouvoirs à des personnes bien identifiées, le tout en conservant sa pleine capacité juridique." À l'image de "dernières volontés", le mandat de protection future permet au malade de s'organiser en amont des vulnérabilités. Il décide donc de ce qu'il délègue.